François Garasse

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 7 avril 2021 à 09:46 et modifiée en dernier par Vargenau (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
François Garasse
Biographie
Naissance
Décès
Activités
Autres informations
Ordre religieux

François Garasse, né à Montauroux en 1585 et mort à Poitiers , fut en son temps un jésuite redouté de toute la sphère littéraire.

Son père qui était ligueur, conspira contre le duc d'Épernon, gouverneur d'Angoulême pour Henri III, et fut tué à la porte du château, comme il essayait d'y pénétrer. En 1601, Garasse entra dans la compagnie de Jésus : il sollicita et obtint de ses supérieurs la permission de se livrer à la prédication. Il mit toute son énergie à lutter contre l'hérésie et le libertinage. Sa propension à la calomnie effraya, dit-on, l'ordre des Jésuites même, et il fut démenti par nombre de ses pairs. Son éloquence virulente servit toutefois l'ordre lors de sa querelle avec l'Université de Paris, opposant l'allégeance romaine des Jésuites au gallicanisme de la Sorbonne.

Biographie

Toute la vie de l'abbé Garasse a été tendue vers la dénonciation et la répression du libertinage, mot qui qualifie avant tout, au XVIIe siècle, le libertinage de pensée, celui-ci pouvant entraîner une certaine liberté de mœurs.

Il s'implique dans la mise en accusation de Théophile de Viau, qui manqua à mener ce dernier au bûcher. Pourtant, il a enseigné à Guez de Balzac au collège jésuite Sainte Marthe à Poitiers en 1607-8[1].

En 1624 il publie Nouveau jugement de ce qui a été dict et escrit pour & contre le livre de "La doctrine curieuse" des beaux esprits de ce temps[2], pamphlet contre les libertins, dans lequel il accuse Homère et Virgile de nécromancie. Le bibliothécaire Gabriel Naudé lui répond par une Apologie pour tous les grands personnages qui ont été faussement soupçonnés de magie (1625), un des ouvrages fondateurs de la critique historique.[3],[4]

On le retrouve à l'origine du long conflit entre jésuites et jansénistes, Saint Cyran, en 1626, ayant attiré avec succès l'attention de la censure sur un de ses écrits. Il est mort à Poitiers, de la peste[5].

Anecdotes

Un jour de controverse publique, Garasse traita l'un des partisans de l'Université de « sot par nature, sot par bécarre, sot par bémol, sot à la plus haute gamme, sot à double semelle, sot à double teinture, sot en cramoisi, sot en toutes sortes de sottises ! » On dit que le jésuite sortit de cette tirade le visage écarlate de fureur.

Citations

  • « I'appelle Libertins nos yvrongnets, mouscherons de tavernes, esprits insensibles à la piété, qui n'ont autre Dieu que leur ventre, qui sont enroolez en cette maudite confrerie, qui s'appelle la Confrerie des Bouteilles, à laquelle nous gardons son Chapitre à part. Il est vray que ces gens croyent aucunement en Dieu, haïssant les Huguenots & toutes sortes d'heresies, ont quelquesfois des interualles luisants, et quelque petite clarté qui leur faict voir le misérable estat de leur ame : craignent et apprehendent la mort, ne sont pas du tout abbrutis dans le vice, s'imaginent qu’il y a un Enfer : mais au reste ils viuent licentieusement, iettant la gourme comme ieunes poulins, iouïssant du bénéfice de l'aage, s'imaginant que sur leurs vieux iours Dieu les receura à misericorde, & pour cela sont bien nommés quand on les appelle Libertins ; car c'est comme qui diroit apprentis de l'Athéisme » (Extrait de La doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, ou prétendus tels, Paris, 1624, p. 37)[7]
  • « Le jésuite Garasse, le jésuite Hardouin, et d’autres menteurs publics, trouvaient partout des athées ; mais le jésuite Garasse, le jésuite Hardouin, ne sont pas bons à imiter. » (Extrait d'une lettre de Voltaire au docteur Pansophe, avril 1766)

Œuvres

  • Le Rabelais réformé par les ministres et nommément par Pierre du Moulin, ministre de Charenton, pour réponse aux bouffonneries insérées en son livre de la vocation des pasteurs (Bruxelles 1619, édition originale très rare, autres éditions : 1620 et 1621)
  • La Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, ou prétendus tels (1623-1624)
  • Histoire des jésuites de Paris pendant trois années (1624-1626)
  • Lettre du Père François Garassus, de la Compagnie de Jésus, à M. Ogier, touchant leur réconciliation, et response du sieur Ogier sur le mesme sujet (1624)
  • La somme théologique des vérités capitales de la religion chrétienne (1625)
  • La royalle reception de leurs Majestez tres-chrestiennes en la ville de Bourdeaus, ou le siecle d'or ramené par les alliances de France & d'Espaigne , recueilli par le commandement du Roy, Bordeaux, Simon Millanges, (lire en ligne sur Gallica).
  • Rapport d'un Parlement au ciel et d'un premier president au soleil. A Monseigneur de Nesmond chevalier, conseiller du roy en ses conseils d'Estat & privé, & premier president au parlement de Guyenne, a l'occasion d'une belle harangue faicte par ledict seigneur à Bourdeaus, à l'ouverture du parlement, le 12. de novembre 1611. De la ressemblance entre la lumiere du soleil et la justice. Pour ses estrennes de l'an M.D.C.XII, Bordeaux, Simon Millanges, , 23 p. (lire en ligne).
  • Les Champs élyziens ou la Réception du roy très chrestien Louys XIII [treize] au collège de Bourdeaus de la Comp.[agnie] de Jésus, le huictiesme de novembre 1615, Bordeaux, Simon Millanges, , 213 p. (lire en ligne).
  • La Royalle réception de leurs majestez trés chrestiennes en la ville de Bourdeaus ou le Siècle d'or ramené par les Alliances de France & [et] d'Espagne recueilli par le commandement du roy, Bordeaux, Simon Millanges, , 128 p. (lire en ligne sur Gallica)
  • Carthusia B. Mariae M. Misericordiae ab illustrissimo ... Cardinale de Sourdis, ... edificata, dotataque.., Bordeaux, Simon Millanges, , 22 p. (lire en ligne).

Notes et références

  1. Rémy Foisseau, Jean-Paul Taillé, Le Chevalier de Méré : énigmatique honneste homme du XVIIe siècle, Mon Petit Éditeur, 408 p., (ISBN 978-2-74837-759-0), p. 41-2.
  2. Garasse, Nouveau jugement de ce qui a été dict et escrit pour & contre le livre de, J. Quesnel, (lire en ligne)
  3. Gabriel Naudé, Apologie pour les grands personnages qui ont été faussement soupçonnés de magie, 1625. Reproduit dans Libertins du XVIIe siècle, vol.1, Collection La Pléiade, Édition critique de Jacques Prevot., Paris, Gallimard, , p. 137-380
  4. Edition de 1653 (lire en ligne)
  5. Pierre Rambaud, L’Assistance publique à Poitiers jusqu’à l’an V, Paris, Honoré Champion, p. 431.
  6. François Garasse, Les Recherches des recherches et autres œuvres de Me Estienne Pasquier, pour la défense de nos roys contre les outrages, calomnies et autres impertinences du dit autheur, Paris, Sébastien Chappelet, 1622, p. 681-682.
  7. Extrait copié d'après le livre original qui a été scanné par Google books, ainsi que par Gallica. Cet extrait est souvent transformé avec une orthographe modernisée et un morceau manquant.

Annexes

Bibliographie

  • Stéphane Van Damme, « Garasse, François (1585-1631) », Dictionary of Seventeenth Century French Philosophers, Luc Foisneau (éd.), Londres - New York, Thoemmes - Continuum, 2008, vol. I, p. 524-526.
  • Mathilde Bombart, « Un antijésuitisme "littéraire" ? La polémique contre François Garasse », in Pierre-Antoine Fabre, Catherine Maire (dir.), Les Antijésuites. Discours, figures et lieux de l'antijésuitisme à l'époque moderne, Presses universitaires de Rennes (PUR), 2010, p. 179-196.

Articles connexes

Liens externes