Ernestine Albertine du Bost du Pont d'Oye
Naissance | |
---|---|
Décès |
Date inconnue |
Ernestine Albertine du Pont d’Oye [1], née le 3 août 1756, est issue d’une famille noble luxembourgeoise, les du Bost-Moulin.
Famille
La famille du Bost-Moulin[2],[3] dont descend Ernestine Albertine par son père, Christophe-Charles (1714-1785), est originaire du Forez, dans le Lyonnais, en France. Cette famille s’installa dans le pays du Luxembourg au XVIIe siècle lorsque Gaspar du Bost-Moulin, trisaïeul d’Ernestine Albertine, racheta la seigneurie d’Esch-sur-Sûre. Christophe-Charles du Bost-Moulin, fut adopté, en 1733 par son parrain, François-Laurent de Raggi, Marquis du Pont d’Oye, célibataire et sans héritier. À la mort de celui-ci, le 3 février 1742[4], il hérita donc de l’imposante et riche seigneurie du Pont d’Oye[5],[6] (également écrit Pont d’Oie), comprenant notamment, outre le château construit en 1652[7], plusieurs forges (des Epioux, du Pont d’Oye, de Chamleux, du Prince,….) et fourneaux, des usines, une platinerie, des terres,…..A l’époque en effet, le bassin de la Rulles, offrant d’importantes ressources en bois, eau et minerai, connaissait une spectaculaire prospérité et les usines métallurgiques (forges, platineries, fourneaux,…) tournaient à plein rendement.
Le 3 mai 1742, Christophe-Charles épousa Louise Thérèse de Lambertye (1720-1773), une noble française élevée à la cour du roi Stanislas Leszczynski à Nancy[8],[9]. De cette union naquirent 8 enfants[10],[réf. à confirmer][11] :
- Stanislas Charles du Bost (1743-1815)
- Marguerite Charlotte Thérèse du Bost (1744- ?)
- Charles Philippe du Bost (1745-1801?)[12]
- Camille Joseph du Bost (1746-1825), qui prit le nom de Lambertye à la place de du Bost.
- Conrard Maurice Ange du Bost (1747- c.1820)[13]
- Louise Françoise Victoire (ou Victorine) du Bost (1748- ?)
- Françoise Thérèse Catherine du Bost (1750- ?)
- Ernestine-Albertine du Bost dite Charlotte Albertine dite Titine (1756- ?)
Le 16 octobre 1748, Christophe-Charles du Bost-Moulin est fait marquis du Pont d’Oye par l’Impératrice Marie-Thérèse d'Autriche[2],[14].
Les multiples mondanités organisées au domaine par la marquise puisent profondément dans la trésorerie familiale. Au fil des ans, le domaine est largement démembré et le couple, acculé par les dettes, se sépare en 1762, la marquise restant à Habay et son époux partant chercher du travail à Montigny-sur-Chiers[15]
Biographie
Ernestine (Charlotte) Albertine du Bost du Pont d’Oye naquit le 3 août 1756, à Habay (Anlier). Il est rapporté qu’en 1771, alors âgée de 15 ans, elle aurait obtenu une prébende à Andenne sur Meuse et serait devenue chanoinesse de Sainte-Begge[16]. Toutefois, des sources plus fiables ne font mention d’une prébende à Andenne à la même époque, que pour sa sœur Marguerite-Charlotte-Thérèse[17]. D’écrits de Pierre Nothomb, il ressort qu’une demande de prébende pour Albertine est également introduite en 1771, à force d’intrigues menées par sa mère et l’abbé Pagès, personnage qualifié de peu scrupuleux[18],[19]. Les manigances n’aboutiront cependant pas et Albertine restera aux côtés de sa mère jusqu’au décès de celle-ci en 1773. Elle aurait résidé à Habay, et vraisemblablement pour partie au Pont d’Oye, et aurait effectué plusieurs voyages au Luxembourg ou vers Metz avec sa mère[20]. Dans son roman « La dernière marquise du Pont d’Oye », Léon Wocquier dresse quant à lui le portrait, sans doute romancé, d’une enfant puis d’une jeune fille qui prodigue grand soin à sa mère, laquelle l’obligera toutefois à partir avec son frère Maurice vers Montigny-sur-Chiers alors qu’elle est âgée de 17 ans, afin de chercher un mari et d’échapper à la disgrâce qui frappe la marquise ruinée[21]. Après la mort de sa mère, il devient difficile d’encore suivre sa trace. Des correspondances recueillies par Pierre Nothomb[22] parlent d’elle comme résidant à Habay avec son père le marquis, en février ou mars 1774 puis comme « reléguée »[22] dans un couvent à Luxembourg où elle ferait pénitence d’actes et de dépravations cependant peu précisés. On ne sait combien de temps elle resta ainsi cloîtrée. En 1785 et 1790, elle aurait résidé à Pont-à-Mousson[23]. Elle est mentionnée comme célibataire en 1790[24]. D’autres documents tendent plutôt à montrer qu’elle serait retournée au Pont d’Oye où elle aurait « mené une vie fort peu édifiante » et qu’en 1790, une fois le château vendu, elle serait alors allée vivre chez sa sœur à Pont-à-Mousson[23]. Au sujet de sa mort, les informations divergent une fois encore. En effet, selon certains, elle aurait quitté Pont-à-Mousson et aurait rejoint une communauté religieuse à Luxembourg où elle semblerait être décédée[23] tandis que selon d’autres, elle serait décédée « à la fleur de l’âge » à Pont-à-Mousson chez sa sœur aînée[25],[11].
Ses armes
Les armes de la famille du Bost-Moulin dont Ernestine Albertine du Bost du Pont d’Oye est l’une des dernières descendantes (il n’y en a actuellement plus[11]) sont « D’or au chêne au naturel englanté d’or, au sanglier issant de derrière le chêne »[2]. L’anoblissement de Christophe-Charles du Bost-Moulin en tant que Marquis du Pont d’Oye ajoutera aux armes une couronne de marquis ainsi que, en tant que support, « deux lions d’or armés et lampassés de gueules »[2].
Le Château
Ruinés, les enfants du Bost seront contraints de vendre le château le 5 mars 1790 au duc de Corswarem-Looz[26],[27],[4], cinq ans après la mort de Christophe-Charles du Pont d’Oye, lequel château sera détruit la même année au cours des troubles de la Révolution française[7].
Il sera reconstruit en 1820 par le baron de Vauthier Baillamont, pour passer ensuite aux mains de Constant d'Hoffschmidt. Il est, depuis 1932, propriété de la famille Nothomb.
Seuls subsistent du bâtiment originaire le porche d’entrée et les dépendances y attenantes[7].
Références Bibliographiques
- Nothomb 1937, p. 201
- Loutsch 1974, p. 250
- Annuaire de la noblesse belge 1877, p. 119
- Bourguignon 1960, p. 121
- Mersch 1970, p. 444
- Bourguignon 1960, p. 120-124
- « Le château du Pont d'Oye », sur Loger dans l'Histoire (consulté le )
- Lecler 1895, p. 68
- Mersch 1970, p. 446
- Mersch 1970, p. 461-465
- Généanet, consulté le 14-04-2014.
- Nothomb 1937, p. 232
- Nothomb 1937, p. 226
- Janssens et Duerlo 1992, p. 350. À noter toutefois une source contradictoire datant la concession du titre de marquis au 3 mai 1742, date du mariage de l’intéressé dans Annuaire de la noblesse belge 1877, p. 119.
- Nothomb 1937, p. 198 et suivantes
- Hudemann-Simon 1985, p. 187
- Misson 1888, p. 273
- Nothomb 1937, p. 163
- Informations transmises par le Professeur Philippe Annaert, Docteur en Histoire, archiviste actuel du Pont d’Oye, le 17-04-2014.
- Nothomb 1937, p. 198-201 ; 204 ; 209
- Wocquier 1850, p. 139-189
- Nothomb 1937, p. 221-224
- Mersch 1970, p. 465
- Nothomb 1937, p. 164
- Wocquier 1850, p. 271
- Mersch 1970, p. 450
- Wocquier 1850, p. 266
Bibliographie
- Marcel Bourguignon, « Note sur la commune de Habay-la-Neuve », Le Pays Gaumais, Virton, Éditions du Musée gaumais, vol. 21, nos 2-4, , p. 118-124
- Isidore de Stein d'Altenstein et O. t'Serclaes, Annuaire de la noblesse belge, Bruxelles,
- Calixte Hudemann-Simon, La noblesse luxembourgeoise au XVIIIe siècle, Paris/Luxembourg, Publications de la Sorbonne/Publications de l’Institut Grand-Ducal, , 619 p. (ISBN 2-85944-093-3, lire en ligne)
- Edouard M. Kayser, La petite cour littéraire de la marquise du Pont d'Oye. Un aspect méconnu de la vie culturelle dans le duché de Luxembourg au Siècle des Lumières; in Revue luxembourgeoise de littérature générale et comparée, [Luxembourg] 1992, pp. 67-77 (réf. bibliogr. pp. 76-77).
- Paul Janssens et Luc Duerlo, Armorial de la noblesse belge du XVe au XXe siècle, Bruxelles, Crédit Communal, (ISBN 978-2-87193-168-3)
- A. Lecler, Généalogie de la maison de Lambertie, Limoges, Édition Vve H. Ducourtieux,
- Jean-Claude Loutsch (préf. Léon Jéquier), Armorial du pays de Luxembourg, Luxembourg, Publications nationales du Ministère des Arts et des Sciences,
- Jules Mersch, Des Francs-Maçons luxembourgeois au XVIIIe siècle, Luxembourg, Imprimerie de la Cour Victor Buck, coll. « Biographie Nationale du Pays de Luxembourg depuis ses origines jusqu’à nos jours », (lire en ligne)
- Paul Misson, Le chapitre noble de Sainte Begge à Andenne, Bruxelles, Société Belge de Librairie, , 481 p. (lire en ligne)
- Pierre Nothomb, La Dame du Pont d’Oye, Arlon, Éditions du Sorbier, 1935.
- Pierre Nothomb, « La fin tragique de la marquise du Pont d’Oye vue et racontée par deux témoins », Annales de l’Institut Archéologique du Luxembourg, Arlon, Imprimerie A.Willems, t. LXVIII,
- Léon Wocquier, La dernière marquise du Pont d’Oye, t. 1, Bruxelles, Imprimerie de A. Labroue et Compagnie,