Discussion:Jeanne des Armoises

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Discussion 1[modifier le code]

Mettre en reference un article issu du desormais fameux "Cercle zététique" (un cercle de fumistes qui se sont donne comme but humaniste de denoncer d'autres fumistes) est une contre-référence qui dessert significativement cet article. — Le message qui précède, non signé, a été déposé par l'IP 193.190.230.164 (discuter)


Cet article s'éloigne assez nettement du sujet "Jeanne des Armoises" pour présenter une version pour le moins tranchée et personnelle d'un thème assez difficile, la perception de Jeanne d'Arc dans l'Histoire. On ne saurait le considérer impartial, ni même adapté au titre qu'il porte. — Le message qui précède, non signé, a été déposé par Tractor (discuter)

transfere depuis l'article[modifier le code]

A insérer dans l'article sur Jeanne d'Arc, ou un article dédié à l'histoire du mythe :

=== Jeanne la Pucelle, réalité et fiction, banalité et exploitation ===

A la réflexion, c’est l’histoire tout entière de Jeanne la Pucelle qui doit interroger. Or, on l’a dit, elle reste des plus banales plus de trois siècles. Elle ne choque ni ne passionne quasiment personne du XVe siècle au XVIIIe siècle. Cette indifférence est un signe. La somme relativement importante d’archives qui la concerne (exceptionnelle pour le XVe siècle) a permis certes à certains observateurs dés cette époque de questionner le dossier, il est vrai atypique (du fait même de cette documentation d’exception). Mais ces éminents auteurs d’avant la Révolution montrent la plus grande indifférence ou circonspection et parfois du cynisme (Voltaire) par rapport à un personnage historique qui n’a pas encore l’auréole mythique, quasi-mystérieuse d’aujourd’hui. Il n’a alors connu ni de véritable exploitation politique, ni le pathos émotionnel qui l’enveloppe aujourd’hui. Ces auteurs montrent en tout cas le plus grand dédain par rapport au sujet.

Or, c’est tout le contraire avec les « érudits » qui leur succèdent vers le milieu du XIXe siècle. Ceux-là vont radicalement s’emparer du personnage et s’y impliquer avec le plus grand sentimentalisme surtout à partir de Jules Michelet. A force d’anachronismes, ils vont même parvenir à rendre laborieuse une vision scientifique, expurgée de la gangue passionnelle et du fatras du romanesque néo-gothique ambiant. L’époque romantique est prompte à fantasmer sur la période médiévale (« la sombre époque du Moyen Âge avec ses cours des miracles et ses peurs de l’an mil etc.… »). On est obnubilé par celle qui devient alors petit à petit une héroïne flamboyante, cette petite bergère barroise appelée « au plus grand des destins »…

Cette appropriation affective d’une réalité historique que révèle l’importante documentation subsistante transforme peu à peu l’objet en mythe, d’autant que l’école républicaine naissante, dans son œuvre de vulgarisation et de nivellement tend tout naturellement à répandre auprès des peuples et des provinces, un panthéon d’hommes et de femmes illustres. Ils participent à forger l’âme nationale et à briser ce que le centralisme des conventionnels ou de l’époque impériale n’a pas déjà réduit à néant : l'exception régionale, les particularismes provinciaux hérités de l'Ancien Régime abhorré. Comme Vercingétorix, Charlemagne ou Napoléon, la Pucelle se fait une place au soleil. C’est l’époque rêvée de la littérature de cape et d’épée et du néo-gothisme dans l’architecture (le mot « gothique » date de cette époque). Le médiéval ou ce que l’on croit être le médiévisme envahissent les arts... Jules Quicherat publie (vers 1840) la plupart des documents d’archives concernant la Pucelle, pendant que Viollet Leduc comble des « vides » dans les cathédrales ou réinvente la cité de Carcassonne… La bulle ne peut qu’enfler.

A l’époque, l’église de Rome n’est absolument pas concernée. On est à cent lieues d’envisager quoi que ce soit par rapport aux aspects religieux du dossier, depuis longtemps refermé et archivé, passé par les « pertes et profits » de la procédure canonique. La guerre de 1870, la perte de l’Alsace et des quatre cinquièmes du département de la Moselle, les relans anglophobes teintés de jalousie coloniale, la diffusion de l’enseignement primaire obligatoire et la montée d’un nationalisme exacerbé, portent l’héroïne nationale aux nues. Il n’y a qu’à lire les cahiers d’écolier de nos grands-parents pour comprendre comment la génération des futurs poilus est préparée aux événements tragiques et à la boucherie consciente de 14-18.

Jeanne la Pucelle, « la bonne Lorraine » emblème national du mouvement de libération, devient alors elle-aussi un objet politique sacralisé pour les dirigeants et comme un supplément d’âme revancharde pour ces jeunes gens issus du peuple d’agriculteurs. Ce peuple de paysans qui s’identifie à la « bergère » de l’imagerie et, sachant bien quel est le prix de la terre, va s’enterrer dans les tranchées pendant quatre ans sans broncher ni faillir pour ne perdre aucun pouce du sol national.

La France à peine vengée n’aura plus qu’à obtenir la consécration religieuse qui s’imposait de la part d’une papauté obligée. Ceci aboutit à transposer « l’objet », du politique au sacré (1920). Mais c’est tard ! Il aura fallu cinq cents ans. Cinq cents ans pour que des voix célestes que la science et même les exorcistes attribueraient de nos jours à de simples phénomènes psychologiques compréhensibles, ne se transforment en révélation divine authentifiée, bénie, consacrée par l’Eglise ; et cela en plein XXe siècle…

Après avoir été un cas de figure historique assez bien cerné et qui s’explique relativement bien à l’examen des données de l’époque, voilà la Pucelle qui passe du Panthéon des grands hommes (!) à la statuaire de plâtre de toutes les églises de France et de Navarre, sans d’ailleurs que le Clergé ne lui accorde plus d’importance que cela dans la « Communion des Saints ». Tout cela est trop récent et trop politique, même pour le simple curé de campagne…

Miuki (d) 22 juin 2008 à 05:51 (CEST)[répondre]