Damase Jouaust

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Couverture de Valérie par Barbara von Krüdener, roman édité en 1884.

Damase Jouaust, né le à Paris où il est mort le est un imprimeur-éditeur français, créateur de la « Librairie des bibliophiles ».

Biographie

Fils de l'imprimeur Charles Jouaust (1801-1864), qui avait succédé à Guiraudet en 1860, il prend la suite de son père en 1864, après des études au collège Bourbon et une licence de droit[1].

C'est lui qui imprime en 1866, pour le compte de l'éditeur Alphonse Lemerre, les Poèmes saturniens de Paul Verlaine, dont c'était le premier recueil, publié à compte d'auteur.

À partir de l’atelier d’imprimerie de son père, il crée en 1869 sa maison d’édition, la « Librairie des bibliophiles », consacrée aux rééditions très soignées des grands textes et des raretés des classiques français ainsi qu’étrangers. Il s'agit d’œuvres illustrées qui « respectent tous les critères du livre de luxe »[2]. L'emblème de la maison est une ancre marine, surmontée de la devise latine occupa portum ("tiens le port"), tirée de l'ode XIV du premier livre des Odes d'Horace. L'adresse était au 338 rue Saint-Honoré.

L'on trouve notamment des essais de Jules Janin, illustrés par Hédouin (1874), et la Collection de documents relatifs à l'histoire de Paris pendant la Révolution française (1889).

C'est chez Jouaust que furent publiées en 1874 les trois livraisons de l'éphémère Revue du monde nouveau, dans laquelle parut pour la première fois le poème en prose « Le Démon de l’analogie » de Stéphane Mallarmé, ainsi que des textes des parnassiens Théodore de Banville, Leconte de Lisle, Villiers de l'Isle-Adam et Charles Cros[3]

On lui doit la « Bibliothèque elzévirienne », de la collection Jouaust, nommée ainsi en référence à l'illustre famille de typographes néerlandais, les Elzevier, et au format qui leur est associé (un petit in-12°).

Il est le créateur de la Gazette des absents qui parut durant le siège de paris de 1870-71.

En 1891, du fait de difficultés financières, il se voit contraint de vendre son stock à Flammarion[4], puis il cède son imprimerie à Léopold Cerf en 1893[5] (Cerf dont le fond sera vendu ensuite à Joseph Vrin).

Ernest Flammarion dit de lui en 1892: "Les éditions de la Librairie des Bibliophiles seront la gloire de ce siècle, et le nom de Jouaust a sa place marquée à la suite des Estienne et des Didot, qui ont élevé à un si haut point la typographie française"[6]. À sa mort, la renommée de Jouaust avait en effet un caractère international: une nécrologie lui fut consacrée dans le New York Times[7], et le dernier livre sorti de ses presses était une édition en anglais de Roméo et Juliette imprimée pour le compte de l'éditeur Duprat & Co. La qualité de ses collections a été soulignée à l'époque par des figures de la vie littéraire, tel Octave Mirbeau qui lui consacre une de ses "Chroniques de Paris", dans laquelle il affirme que Jouaust était surnommé "le prince de la typographie"[8].

Le travail de Jouaust a eu une influence certaine sur la bibliophilie française, et notamment sur Octave Uzanne[9].

Décorations

Damase Jouaust fut nommé Chevalier de la légion d'honneur le 2 novembre 1872, puis promu officier le 18 janvier 1881. C'est lui qui remit la légion d'honneur à son frère Émile Jouaust, juge de paix du 5e arrondissement de Paris, le 27 juillet 1891.

Notes et références

  1. Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers... ouvrage rédigé et continuellement tenu à jour, avec le concours d’écrivains et de savants de tous les pays, Hachette, (lire en ligne), p. 1006
  2. Élisabeth Parinet, Une histoire de l'édition à l'époque contemporaine, 2004, p. 104.
  3. lire en ligne sur Gallica
  4. Élisabeth Parinet, op.cit., p. 104.
  5. Lettre autographe de Damase Jouaust
  6. Fernand Bournon, Dîner offert à M. Jouaust, éditeur, le 28 mars 1892 par ses collaborateurs artistiques et littéraires et par un groupe de bibliophiles, 1892. (lire en ligne)
  7. Texte disponible en ligne
  8. Octave Mirbeau, Combats littéraires, Paris, L'Âge d'homme, , 703 p. (ISBN 2-8251-3672-7), p. 50
  9. (en) Willa Z. Silverman, The New Bibliopolis: French Book Collectors and the Culture of Print, 1880-1914, Toronto, Toronto University Press, (ISBN 978-0-8020-9211-3), p. 30

Articles connexes