Charlotte Aïssé

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Charlotte Aïssé
Portrait avec « Ayce » inscrit au dos, vers 1720, attribué à Nicolas de Largillierre[1].
Biographie
Naissance
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Esclave (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
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Genre artistique
Portrait du chevalier Blaise-Marie d'Aydie, c. 1785.
Portrait gravé par F. Wexelberg qui sert de frontispice à la deuxième édition des Lettres de Mademoiselle Aïssé (Lausanne, 1788).

Charlotte-Élisabeth Aïcha (dite Mlle Aïssé), née vers 1693 en Circassie, baptisée à Lyon, paroisse d'Ainay, le [2], et morte à Paris le , est une épistolière française surtout connue pour sa correspondance : Lettres de Mademoiselle Aïssé à Madame C***[3]. L'historienne Claire-Éliane Engel a émis l'hypothèse que ces lettres avaient été retravaillées par un tiers avant leur publication posthume[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Mlle Aïssé serait la fille d’un chef circassien dont le palais avait été attaqué et pillé par les Turcs. Elle fut achetée à un marchand d’esclaves, vers l’âge de quatre ans, par le comte Charles de Ferriol, ambassadeur de France à Constantinople. Il l’amena très jeune à Paris, où elle fut élevée par la belle-sœur du comte, Marie-Angélique de Tencin, avec ses deux fils, Antoine de Ferriol de Pont-de-Veyle (1697-1774) et Charles-Augustin de Ferriol d'Argental (1700-1788).

Introduite dans le monde, sa position dans la société de son temps en ébullition, ses aventures romanesques et ses vives passions lui ont donné la célébrité. Sa beauté et son charme excitent des passions qui font du bruit. Elle résiste aux avances du Régent Philippe d'Orléans (1674-1723), s'engage dans une liaison passionnée avec le chevalier Blaise-Marie d’Aydie (1692-1761) ; elle en a une fille, baptisée sous le nom de Célénie Leblond, dont elle accouche clandestinement en [5]. Mais le chevalier ne peut l'épouser, du fait de son appartenance à l'ordre de Malte[5].

Éditions des Lettres de Mademoiselle Aïssé à Madame C…[modifier | modifier le code]

  • Lettres de Mademoiselle Aïssé à Madame C........., qui contiennent plusieurs anecdotes de l’histoire du temps, depuis l’année 1726 jusqu'en 1733, précédées d’un narré très court de l’histoire de Mademoiselle Aïssé, pour servir à l’intelligence de ses lettres, avec des notes, dont quelques-unes sont de M. de Voltaire, éd. Julie Rieu[6], La Grange, Paris, 1787. [8]
  • Lettres de Mademoiselle Aïssé à Madame C........., Nouvelle édition corrigée et augmentée du portrait de l’auteur, Mourer et La Grange, Lausanne et Paris, 1788.
  • Lettres de Mesdames de Villars, de Coulanges, et de La Fayette, de Ninon de L’Enclos, et de Mademoiselle Aïssé, éd. Louis-Simon Auger, Léopold Collin, Paris, 1805, t.2, p.145-394. [9]
  • Lettres de Mademoiselle Aïssé à Madame Calandrini de Genève, Léopold Collin, Paris, 1806.
  • Lettres de Mademoiselle Aïssé, accompagnées d'une notice biographique et de notes explicatives, éd. Louis-Simon Auger, Chaumerot Jeune, Paris, 1823. [10]
  • Lettres de Mademoiselle Aïssé à Madame Calandrini. Avec une notice par M. Sainte-Beuve, éd. Jules Ravenel, Gerdes et Lecou, Paris, 1846. [11]
  • Lettres portugaises [de Mariana Alcoforado], avec les réponses. Lettres de Mademoiselle Aïssé, suivies de celles de Montesquieu et de Madame du Deffand au chevalier d'Aydie, etc., éd. Eugène Asse, Charpentier, Paris, 1873. [12]
  • Lettres de Mademoiselle Aïssé à Madame Calandrini, éd. Alexandre Piédagnel, Jouaust, Paris, 1878.
  • Lettres de Mademoiselle Aïssé précédées d’une étude de Sainte-Beuve, éd. Marcel Arland, Stock, Paris, 1943.
  • Lettres de Mademoiselle Aïssé: précédées d’une étude de Sainte-Beuve, Edkoseis et Hatier, Athènes et Paris, 1975.

Manuscrits[modifier | modifier le code]

La Bibliothèque de Genève conserve une copie de la main d'Antoine Tronchin d'une lettre d'Aïssé à Julie Calandrini, du 2 août 1727 [13], ainsi que trois lettres de la main d'Aïssé à un ou différents membres de la famille Tronchin, de l'été 1727 [14], du 6 janvier 1730 [15], et de Livry, le 5 septembre 1730 [16].

Iconographie[modifier | modifier le code]

  • Portrait(s) au pastel, attribué(s) à Charles Antoine Coypel, 1727. L'original a été commandé par le comte Charles de Ferriol[8]. Il pourrait s'agir de la version qui a appartenu à Mme Marie-Sophie de Vimeux, héritière de d'Argental, achetée, vers 1826, par Clogenson[9]. Une ou plusieurs copies ont sans doute été commandées par Mlle Aïssé. Son arrière-petit-fils, le marquis de Bonneval, en possédait une[10]. En 1792, Pierre-Antoine de La Place en possédait peut-être une autre, qu'il attribuait cependant à Liotard[11].

« Je me suis faite peindre en pastel, ou pour mieux dire, M. de Ferioles qui a un appartement charmant, a fait peindre six belles dames, dont je suis, non comme belle assurément, mais comme amie ; Mme de Noailles, de Parabert, Mme la duchesse de Lesdiguieres, Mme de Montbrun, et une copie d'un portrait de Mlle de Villfranche à l'âge de quinze ans ; ils sont tous de la même grandeur ; le mien est parfaitement ressemblant ; j'ai résolu d'en demander la copie, et si le peintre croit qu'il vaut mieux le faire d'après moi, je le ferai venir ; c'est l'affaire de trois heures. Si vous étiez ici, Madame, je vous aurais demandé à genoux, la complaisance de vous laisser peindre pour moi. On s'appuie sur une table, où le peintre travaille ; cela fait que l'on s'amuse à voir dessiner, et que l'on n'a point d'attitude gênante. Aussitôt que j'aurai cette copie ou l'original, je vous l'envoyerai. En le voyant, je vous prie de croire qu'il fait des vœux au ciel pour vous, car on a voulu que les yeux fussent en l'air avec un voile bleu, comme une vestale, ou une novice[12]. »

  • Portrait gravé par F. Wexelberg, 1788, avec des vers de Jacob Vernet.

Influence[modifier | modifier le code]

L’histoire d’Aïssé et du comte de Ferriol inspira l’Histoire d'une Grecque moderne (1740) à l’abbé Prévost. Elle a également fourni le sujet de trois pièces de théâtre, par Alexandre de Lavergne et Paul Foucher (1854), par Louis Bouilhet (1872) et par Louis Lautrey sous le nom de Dejoux (1898).

Source[modifier | modifier le code]

  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, p. 42

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • E. Saman, « Mlle Aïssé. Du marché d'esclaves de Constantinople aux Salons littéraires parisiens de la Régence », Mémoires de l'Académie des sciences et arts de Marseille, années 1983-1984, Marseille, 1989.
  • E. et J. Goncourt, La Femme au XVIIIe siècle, P. Didot, 1887.
  • Émile Couvreu, Lettres et portraits de Mlle Aïssé, Mercure de France, LXXX, 1909, p. 458-468.
  • Claire-Éliane Engel, « Voltaire est-il l'auteur des lettres de Mlle Aïssé ? », Revue des Deux Mondes (1er août 1953), p.530-39.
  • Claire-Éliane Engel, « Autour de Mademoiselle Aïssé », Revue des Deux Mondes (15 septembre 1961), p.260-69.
  • Anne Soprani, Mademoiselle Aïssé ou la nymphe de Circassie, Fayard, 1991.

Note[modifier | modifier le code]

  1. a et b Burgerbibliothek Berne – Catalogue en ligne des Archives
  2. Acte de baptême à Lyon (Ainay), n° 2411, vue 209/252.
  3. À Mme Calandrini. Il s'agit de Julie de Pellissary, fille de Georges de Pellissary de Chiavennes, seigneur de la Bourdaisière, trésorier-général de la marine, des galères et des fortifications des places maritimes de France. Elle avait épousé en décembre 1690 Jean-Louis Calandrini résident de Genève à Paris. À l’âge de huit ans, elle avait été célébrée par le poète Étienne Pavillon. La destinataire des lettres de Mlle Aïssé n'a pas été correctement identifiée avant l'édition de 1806.
  4. Voir Claire-Éliane Engel, « Voltaire est-il l'auteur des lettres de Mlle Aïssé ? », Revue des Deux Mondes (1er août 1953), p.530-39, et « Autour de Mademoiselle Aïssé », Revue des Deux Mondes (15 septembre 1961), p.260-69.
  5. a et b Émile Bouvier, « La genèse de l' "Histoire d'une Grecque moderne" », Revue d'Histoire littéraire de la France, vol. 48, no 2,‎ , p. 113–130 (lire en ligne, consulté le )
  6. « Les lettres de Mlle Aïsséé à Mme de Calandrini, ont été recueillies et publiées par Mlle Rieu, petite-fille de Mme de Calandrini. Elle les avait, longtemps avant, communiquées à Voltaire, qui y avait mis de sa main quelques notes que nous avons conservées. Il paraît que la notice que Mlle Rieu a mise à la tête de son édition, existait déjà, quand le manuscrit des lettres fut montré à Voltaire ; car il atteste dans une note placée au base de cette notice, que le chevalier d'Aydie avait offert plusieurs fois à Mlle Aïssé de l'épouser » (Lettres de Mademoiselle Aïssé à Madame Calandrini de Genève, Léopold Collin, Paris, 1806, « Notice sur Mademoiselle Aïssé », p.xxiv-xxv).
  7. Neil Jeffares, « Vialy, Louis-René », Pastels & Pastellists, J.7566.104 [1]
  8. Neil Jeffares, « Coypel, Charles-Antoine », Pastels & Pastellists, J.2472.118 [2].
  9. Neil Jeffares, « Coypel, Charles-Antoine », Pastels & Pastellists, J.2472.1181 [3]. Voir aussi La Gazette des Délices, 26 (Été 2010), « Voltaire nous écrit », Appendice [4].
  10. Neil Jeffares, « Coypel, Charles-Antoine », Pastels & Pastellists, J.2472.119 [5]. Ce pastel est également reproduit dans René Fage, « Mademoiselle Aïssé et sa descendance en Limousin », La Vie limousine, 25 mars 1928, p.652 [6].
  11. Neil Jeffares, « Liotard, Jean-Étienne », Pastels & Pastellists, J.49.105 [7].
  12. Lettres de Mademoiselle Aïssé à Madame C........., Paris, La Grange, 1787, Lettre IX, datée 1727, p.81-82.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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