Bouchot
La culture des moules de bouchot à Pénestin *
| ||
Bouchots en baie de Wissant dans le Pas-de-Calais, en France | ||
Domaine | Savoir-faire | |
---|---|---|
Lieu d'inventaire | Pénestin | |
modifier |
Un bouchot (mot poitevin, du latin médiéval buccaudum, de buccale, embouchure[1]) est un support d'élevage des moules et autres coquillages. Il s'agit généralement de pieux en chêne ou en châtaignier de 2 à 6 mètres de long, non écorcés, enfoncés de moitié dans le sable ou les sédiments, et disposés en alignements de 50 à 100 m sur des zones qui découvrent totalement ou non à marée basse. Autrefois les alignements pouvaient prendre la forme de « V » ou de « W ». A ce jour, la culture des moules de bouchot à Pénestin est une pratique reconnue et inscrite à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.
Origine du mot bouchot
Ce mot n'est pas cité par les anciens dictionnaires français.
- Une légende[réf. nécessaire] veut qu'il a été inventé, comme la méthode de culture qu'il décrit, par Patrice Walton, un Irlandais naufragé en la baie de l'Aiguillon en 1235. Ne voulant pas quitter la France, et cherchant à se nourrir en attrapant au vol des oiseaux de mer, il avait planté de longs piquets sur l'estran pour y accrocher ses filets d'«allouret». Il se serait rapidement rendu compte qu'il attrapait plus de coquillages que d'oiseaux, les moules se fixant naturellement sur ses piquets qu'il aurait eu l'idée de multiplier en les joignant par des clayonnages qui se couvraient eux aussi de moules (cette structure dont le nom irlandais aurait été bout choat[réf. nécessaire] aurait donné par déformation bouchot en français). La technique fut en tous cas dès cette époque utilisée pour l'élevage et la récolte de moules et d'autres coquillages, et crustacés attirés par ces nouveaux supports.
- Le mot pourrait avoir une autre origine, plus crédible, le bouchot étant le nom patois d'une forme de piège immergé[2] fait de filets et pieux ou planches utilisé pour capturer ou braconner l'anguille dans le Marais poitevin ou ailleurs. Ce mot dérive probablement du mot « boucher » car il désignait aussi parfois la sortie d'une retenue d'eau.
- Une autre possibilité est que ce nom était aussi donné à un système de piège constitué de filets accrochés à des alignements de pieux formant un entonnoir en « V » conduisant les poissons dans une nasse qui « bouchait » la sortie, y enfermant les poissons qui cherchaient à gagner le large à marée basse. Ces pieux se couvrant naturellement de grosses grappes de moules, on aurait eu l'idée de les cultiver de la sorte, mais de manière plus rationnelle et intensive : on n'attend plus que les moules arrivent ; on ensemence les pieux avec des cordes couvertes de larves et on enferme les moules dans un filet. On sait par ailleurs que les récifs artificiels ont un effet « attracteur » sur les poissons et de nombreux organismes. Il est donc possible que les moules et les pièges aient eu une fonction synergique.
Lorsque deux pièges en forme de V étaient associés, la forme centrale du W permettait, en plus, de piéger les poissons cherchant à nager vers la plage à marée montante.
Placés en des lieux stratégiques, comme les filets traversant les estuaires destinés à pêcher le saumon, ces systèmes de pêche ont pu déjà contribuer à la surexploitation de la ressource halieutique à l'époque des lumières. Ils étaient généralement abandonnés après quelques dizaines d'années, alors que le produit de la pêche diminuait, faute de reproducteurs.
Métier
Les exploitants et ouvriers de bouchots sont appelés mytiliculteurs, ou anciennement bouchoteurs, boucholeurs ou boucheteurs.
Les deux zones de production les plus connues sont celles de la baie du Mont-Saint-Michel et celles de Charron dans la baie de l'Aiguillon.
Cependant, l'ensemble de la côte Atlantique possède aussi des zones de production, qui ont atteint, en 1999, 16 600 tonnes pour la Bretagne-nord, 14 000 tonnes pour l'Île-de-Ré et le centre-ouest (Charron essentiellement), 3 000 tonnes pour la Bretagne sud, 2 700 tonnes pour la Normandie et la mer du Nord et 2 500 tonnes pour Marennes-Oléron[3].
En Manche, le secteur de la Baie de Somme produit environ 2000 tonnes à l'année.[réf. nécessaire]
Reconnaissance
Au Journal officiel de l'Union européenne du 7 mai 2013, est publiée l'inscription de la dénomination « Moules de bouchot » dans le registre des spécialités traditionnelles garanties (STG)[4].