Aucun ours

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Aucun ours

Titre original خرس نیست
Khers nist
Réalisation Jafar Panahi
Scénario Jafar Panahi
Acteurs principaux

Jafar Panahi

Pays de production Drapeau de l'Iran Iran
Genre drame
Durée 106 minutes
Sortie 2022

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Aucun ours (خرس نیست ; Khers nist) est un film iranien réalisé par Jafar Panahi, sorti en 2022.

Le film est présenté en compétition officielle à la Mostra de Venise 2022 où il remporte le prix spécial du jury[1],[2].

Synopsis[modifier | modifier le code]

Le réalisateur Jafar Panahi, venant de Téhéran, est hébergé à Jaban, un village de la minorité azérie au nord de l'Iran, proche de la frontière avec la Turquie. N'ayant pas le droit de quitter son pays, il tourne un film à distance, par téléphone et écran interposés, dirigeant ainsi en visio les interprètes et l'équipe technique qui se trouvent dans une ville turque de l'autre côté de la frontière. Ce film raconte l'histoire d'un couple qui tente d'émigrer en Europe à l'aide de faux passeports.

La connexion internet est souvent mauvaise, ce qui rend son travail encore plus compliqué. Son assistant, Reza, essaie de le convaincre de franchir la frontière clandestinement pour venir sur le tournage, frontière qui est en pratique sous le contrôle des contrebandiers et des trafiquants d'êtres humains. Mais le réalisateur refuse.

En parallèle, il se retrouve à son corps défendant au milieu d'un conflit qui agite le village : en prenant des photos dans le village, il photographie par hasard un jeune couple, Gozal et Solduz, dont l'histoire d'amour secrète remet en cause une promesse de mariage. La jeune Gozal a en effet été promise dès sa naissance à un autre garçon, Yaghoub. Jafar Panahi se retrouve pris entre les deux camps, ceux qui veulent qu'il leur donne la photo et ceux qui veulent que la photo reste cachée.

En Turquie, le tournage se complique quand Zara, l'actrice principale, refuse de continuer, n'acceptant plus les mensonges d'un scénario de moins en moins authentique alors que le film est supposé s'inspirer de sa propre vie et de celle de son compagnon, Bakhtiyar ; elle est notamment en colère contre la production d'un faux passeport pour Bakhtiyar, qu'elle voit comme une tentative du réalisateur d'adoucir la réalité. Plus tard, Jafar Panahi apprend que Zara et Bakhtiyar ont disparu. Bakhtiyar est retrouvé en pleurs ; il a peur de ce qu'a pu devenir Zara, qui a déjà connu la prison et la torture et ne supporterait pas une trahison de sa part (ce que constituerait son acceptation du faux passeport sans qu'elle soit tenue au courant en amont).

En parallèle, Ghanbar, le logeur de Panahi, est convoqué par la police qui l'interroge sur les agissements et intentions du réalisateur, dont la voiture a été repérée près de la frontière. Ghanbar ayant peur d'être lui-même inquiété, il suggère au réalisateur de quitter le village.

L'histoire se termine tragiquement : d'abord Zara est retrouvée morte noyée, ensuite Gozal et Solduz ont été tués alors qu'ils cherchaient à franchir la frontière. Alors qu'il est au volant pour repartir à Téhéran, Jafar Panahi assiste à la découverte des corps.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

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Distribution[modifier | modifier le code]

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  • Jafar Panahi : le réalisateur
  • Reza Heydari : Reza, l'assistant réalisateur (en Turquie)
  • Mina Kavani : Zara, l'actrice du film tourné en Turquie
  • Bakhtiyar Panjeei : Bakhtiyar, l'acteur du film tourné en Turquie
  • Vahid Moshaberi : Ghanbar, le logeur du réalisateur (Iran)
  • Narges Delaram : la mère de Ghanbar
  • Naser Hashemi : le maire du village (Iran)
  • Amir Davari : Solduz
  • Darya Alei : Gozal
  • Javad Siyahi : Yaghoub
  • Yousef Soleymani : l'oncle de Yaghoub
  • Sinan Yusufoğlu : Sinan
  • Rahim Abbasi : un villageois

Accueil[modifier | modifier le code]

Box Office[modifier | modifier le code]

Cumulé en semaines d'exploitation[3]:

Pays ou région Box-office Date d'arrêt du box-office Nombre de semaines
Drapeau de la France France 81 526 entrées 25 janvier 2023 9

Accueil critique[modifier | modifier le code]

En France, le site Allociné propose une moyenne de 45, à partir de l'interprétation de 23 critiques de presse[4].

Dans les Cahiers du cinéma, Olivia Cooper-Hadjian écrit : « Aussi fallacieuses soient-elles, les traditions viennent circonscrire les possibles, endiguer le vertige du libre arbitre.
Mais de part et d'autre de la frontière, deux couples sont menacés par de tels mensonges : Gozal et Solduz, qui échouent à formuler leur désir de s'unir et d'aller ainsi à l'encontre du destin qui leur est assigné ; Zara et Bakhtiar, les deux comédiens du film dans le film, en attente de passeport comme leurs personnages, qui doivent jouer une histoire différente de la leur. Zara rend toute sa polysémie à la notion d'intégrité en un constat : l'imposture détruit en elle ce que la torture n'avait su entamer[5]. »

Gaël Golhen, dans Première, est troublé par « cet incroyable film où tout se brouille. La réalité, le film, la fiction. L'enfermement de Panahi, à la fois littéral et métaphorique, nourrit cette œuvre très métatextuelle, qui est sans doute le film le plus politique et le plus désespéré de l’auteur[6]. »

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Nominations[modifier | modifier le code]

Sélections[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Laura Tuillier, « Palmarès de la Mostra de Venise: Laura Poitras et Alice Diop en haut de l'affiche », sur Libération, (consulté le ).
  2. Hubert Heyrendt, « Cate Blanchett et Colin Farrell sacrés meilleurs acteur et actrice, le Lion d'or pour un documentaire... Découvrez le palmarès de la Mostra de Venise », sur La Libre Belgique, (consulté le ).
  3. « Box Office du film Aucun ours », (consulté le )
  4. « Aucun ours », sur Allociné (consulté le ).
  5. Olivia Cooper-Hadjian, « Contrôle d'identités », Cahiers du cinéma, novembre 2022, n° 792, p. 40.
  6. Gaël Golhen, « Aucun ours : un acte de résistance aussi désespéré que magnifique [critique] », sur premiere.fr, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]