Anoma Kanié
Naissance | Grand-Bassam, colonie de la Côte d'Ivoire |
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Décès |
(à 83 ans) Abidjan, République de Côte d'Ivoire |
Nom de naissance |
Léon Maurice Anoma Kanié |
Nationalité |
Ivoirienne |
Activités | |
Père |
Joseph Anoma |
Domaine |
Écrivain, critique d'art, diplomate |
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Membre de |
Institut international de recherches sociologiques de Tel-Aviv |
Genre artistique |
Poésie, conte, nouvelle, roman, théâtre |
Distinction | prix du Jasmin d'Argent (1965) Commandeur du Mérite de l'Éducation nationale Chevalier d'honneur de la Chaîne des Rôtisseurs Grand Officier de l'Ordre Équatorial Grand Officier de l'ordre de Rio Branco Grand officier de l'ordre du Mérite ivoirien |
Les Eaux du Comoé (1951) Les Malheurs d'Amangoua (1978) Le Prince d'Assinie (1977) Quand les bêtes parlaient aux hommes (1974) |
Léon Maurice Anoma Kanié, né le 20 juillet 1927 à Bassam, et mort le 7 juillet 2004 à Abidjan, est un poète, romancier, dramaturge, conteur, essayiste, critique littéraire, journaliste et diplomate ivoirien[1]. Fils de l'homme d'État et militant indépendantiste Joseph Anoma, il effectue ses études à l'école primaire supérieure de Bingerville, avant d'intégrer l'école normale supérieure de Dabou [2]. En 1943, il rejoint la France et Paris, où la publication de contes, légendes, poèmes et articles de journaux le fait remarquer par le milieu littéraire parisien ; plusieurs de ses textes sont retenus dans le mensuel Europe entre 1947 et 1949. En 1951 il fait paraître son premier recueil de poèmes, Les Eaux du Comoé[3],[4], son unique recueil publié à ce jour. Anoma Kanié achève en 1953 un premier roman initialement intitulé Le Fils de l'Homme Noir, qu'il publie sous forme de feuilleton, avant de le remanier profondément selon le conseil de son ami, le romancier Camara Laye. Renommé Bozouma d'après l'héroïne éponyme, le roman de Kanié fait face à de nombreux déboires éditoriaux qui poussent son auteur à en retarder significativement la publication : le récit de l'écrivain éburnéen ne paraît finalement qu'en 1978, publié par les Nouvelles Éditions africaines, sous le titre Les Malheurs d'Amangoua [5]. Kanié y relate les amours tragiques et les espérances du jeune Amangoua, sur fond de colonialisme et de conflit entre modernité et traditions matrimoniales. Rentré en Côte d'Ivoire après l'indépendance, il sert en tant que chargé de mission et conseiller aux affaires culturelles au sein de l'exécutif ivoirien avant d'exercer en tant que diplomate en Europe et au Proche-Orient. Anoma Kanié décède à Abidjan en juillet 2004 [6].
Vie politique et carrière diplomatique
Anoma Kanié rentre en Côte d'Ivoire en 1961 : il intègre alors le cabinet de Mathieu Ékra, ministre de la Fonction publique et de l'Information, avant de rejoindre celui de Félix Houphouët-Boigny, qui le nomme chargé de mission et conseiller technique dans les questions culturelles et de presse. Il publie de nouveaux poèmes dans Fraternité Matin, et s'essaie au théâtre et livre deux pièces, Le Mariage Interdit et La Grande Samoko [7], qu'il met sur place avec le concours de la troupe des élèves de l'École d'Art Dramatique d'Abidjan.
Kanié remporte en 1965 le prix du Jasmin d'Argent, décerné par la revue du même nom, pour son poème « À présent, tu es immortel » . L'année suivante, il devient ambassadeur des pays du Conseil de l'Entente à Chypre, et achève un nouveau recueil de poèmes, Les Sanglots du Balafon, resté inédit. Passionné de sociologie, il a également été gouverneur de l'Institut de recherches sociologiques de Tel-Aviv, qui lui a décerné un diplôme d'honneur en 1970. En 1971, il publie une monographie consacrée à l'archéologie dans les pays du tiers-monde ; il est alors ambassadeur en Israël.
L'œuvre littéraire d'Anoma Kanié
Journaliste, conteur et dramaturge
Kanié a été publié par des journaux et périodiques aussi divers et variés tels que La Tour de Feu (1952-1961), Point et Contrepoint (1952-1961), Le Musée vivant Poésie vivante, Traits d'Union, Marginale, L'Observateur diplomatique (1967-1970), Présence africaine (1948-1959), ou encore L'Information d'Israël.
Kanié rassemble les fables animalières des différents folklores africains dans Quand les bêtes parlaient aux hommes[8],[9], un recueil de contes publié en 1974 ; il y traduit également quelques fables de La Fontaine en français populaire ivoirien. En 1978, Anoma Kanié publie Le Prince d'Assinie[10], un drame historique basé sur le personnage d'Aniaba, prince africain éduqué à Versailles à la fin du XVIIe siècle.
Publications
Anoma Kanié n'a publié qu'un seul recueil de poèmes en 1951, aujourd'hui épuisé et introuvable ; Richard Bonneau lui attribue la composition d'un recueil poétique inédit, Les Sanglots du Balafon. Plusieurs contes, études et poèmes épars sont également connus, dont [11] :
- « Les hommes invisibles, les femmes du Bon Dieu », conte, Présence africaine, n°12, 4° trimestre, 1951, pp 202-205.
- « Les Égocentriques », poème, Présence africaine, n°14, 4° trimestre, 1953, p. 191.
- « Le Ciel et la Terre » ; « La poinçonneuse noire » ; « L'araignée », Traits d'Union, n°6, janvier-février 1955, pp 48 - 50.
- « La calebasse sur l'eau », conte, Afrique nouvelle, n°523, 13 septembre 1955.
- « À présent, tu es immortel », poème, Le Jasmin d'Argent, Toulouse, 1965, p. 19
- « La poésie en Côte d'Ivoire », France-Eurafrique, n°161, avril 1965, pp 33 - 37 ; France-Eurafrique n°162, mai 1965, pp 39-41.
- « Noël Noir » ; « Tout ce que tu m'as donné », poèmes, Marginales, Bruxelles, n°114, juillet 1967, pp 28-30.
- « Afrique pressée », poème, Information d'Israël, 24 novembre 1967, p. 4
- « L'archéologie pourrait permettre d'apprendre beaucoup sur le passé de l'Afrique », France - Eurafrique, n°227, juillet 1971, pp 36 - 39.
- L'Avenir de l'archéologie dans les pays sans écriture ou en voie de développement, Tel-Aviv, Institut de recherches sociologiques internationales, 1971, 16 p.
- Les Eaux du Comoé, poèmes, Paris, 1951, 33 rue du Dragon, Le Miroir, 63 p.
- Quand les bêtes parlaient aux hommes, suivi des fables de La Fontaine traduites en créole ivoirien, contes, Abidjan, 1974, Nouvelles éditions africaines, 63 p.
- La Grande Samoko, théâtre, Abidjan, 1977, Nouvelles Éditions africaines, 61 p.
- Le Prince d'Assinie, théâtre, Abidjan, 1977, Centre d'édition et de diffusion africaines, 83 p.
- Les Malheurs d'Amangoua, roman, Dakar, 1978, Nouvelles Éditions africaines, 303 p.
Notes
- Richard Bonneau, Écrivains, cinéastes et artistes ivoiriens : aperçu bio-bibliographique, Nouvelles éditions africaines, , 175 p., p. 21
- Maurice Bandaman, Portrait des siècles meurtris : anthologie de la poésie de Côte d'Ivoire., Nouvelles du Sud, , 365 p., p. 69
- Anoma Kanié, Les Eaux du Comoé, Paris, Le Miroir, , 63 p.
- Bruno Gnaoulé-Oupoh, La littérature ivoirienne, Paris, Karthala, , 450 p., p. 198
- Anoma Kanié, Les Malheurs d'Amangoua, Nouvelles éditions africaines, , 303 p.
- « M. Léon Maurice ANOMA-KANIE », sur www.necrologie.ci (consulté le )
- Léon Maurice Anoma Kanié, La Grande Samoko, Nouvelles éditions africaines, , 61 p.
- Léon Maurice Anoma Kanié, Quand les bêtes parlaient aux hommes : contes africains suivi des Fables de la Fontaine traduites en créole ivoirien, Nouvelles éditions africaines, , 63 p.
- (en) Albert S. Gérard, European-language Writing in Sub-Saharan Africa, John Benjamins Publishing, , 1288 p. (ISBN 978-963-05-3833-6, lire en ligne)
- Anoma Kanié, Le Prince d'Assinie, Centre d'édition et de diffusion africaines, , 83 p.
- Richard Bonneau, Écrivains, artistes et cinéastes ivoiriens : aperçu bio-bibliographique, Nouvelles éditions africaines, , 175 p., pp 22-23