Affaire Sirven

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 17 janvier 2015 à 22:54 et modifiée en dernier par 82.124.37.208 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

L'Affaire Sirven est une affaire judiciaire française qui, vers 1765, environ trois ans après la célèbre affaire Calas qui s'était déroulée à Toulouse, se déroule à Castres. Voltaire s'impliqua également dans ce fait-divers qui témoignait de l’intolérance religieuse qui existait sous l'Ancien Régime, à la veille de la Révolution française.

Déroulé de l'affaire

Pierre-Paul Sirven et son épouse, tous deux protestants, ont trois filles. La seconde, Élisabeth, souffre d'un handicap mental.

En 1760, Élisabeth disparaît. Pierre-Paul Sirven apprend qu'elle aurait été recueillie par les sœurs du couvent des Dames-Noires. D'autres prétendent que les religieuses de ce couvent l'auraient enlevée et auraient tenté de la convaincre qu'elle était appelée par le Seigneur.

Ne comprenant pas sa situation, Élisabeth se révolte. Finalement l'évêque décide de la rendre à ses parents. Après quelques mois, Élisabeth disparaît de nouveau et c'est au fond d'un puits asséché que son cadavre est retrouvé. C'est alors que les religieuses accusent ses parents d'avoir maltraité Élisabeth pour l'empêcher de se convertir au catholicisme.

En fuite, Pierre-Paul Sirven et son épouse furent jugés et condamnés à mort par contumace. C'est en 1771 que Voltaire plaidera leur cause et démontrera leur innocence.

La famille Sirven trouve refuge à Lausanne et se met en contact avec Voltaire, lequel tout absorbé par l'affaire Calas, réagit néanmoins avec vigueur. Le , il écrit à Damilaville[1]:

Voltaire, ardent défenseur de la cause des Sirven

« J'attends tous les jours à Toulouse la copie authentique de l'arrêt qui condamne toute la famille Sirven; arrêt confirmatif de la sentence rendue par un juge de village; arrêt donné sans connaissance de cause; arrêt contre lequel tout le public se soulèverait avec indignation si les Calas ne s'étaient pas emparés de toute sa pitié ».

En , il publie son « avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven ». Il fallut néanmoins attendre le pour que le conseil du Roi soit saisi. Ce dernier débouta cependant Sirven car il ne souhaitait pas émettre un avis contraire à une décision d'une cour provinciale.

Réhabilitation

L'étape suivante constitue pour Sirven une grande prise de risque puisqu'il dut se livrer aux autorités. Cette même décision avait été des plus funestes pour Calas qui fut condamné et roué à mort. Fort heureusement, depuis l'affaire Calas, la position du Parlement de Toulouse avait changé du tout au tout. Il se rendit donc à Mazamet en 1769 en attente de la décision des juges. Sirven fut relaxé en . Le , la famille Sirven fut réhabilitée et la ville de Mazamet dut leur verser des compensations. Le , Pierre-Paul Sirven écrivit à Voltaire[2]:

« Je vous dois la vie, et plus que cela le rétablissement de mon honneur, et de ma réputation. Le parlement me jugea avant hier. Il a purgé la mémoire de feu mon épouse et nous a relaxés de l'indigne accusation imaginée par les fanatiques Castrois, m'a accordé la main levée des biens et effets saisis, avec restitution des fruits, et m'a accordé les dépens. […] Votre nom Monsieur, et l'intérêt que vous preniez à ma cause ont été d'un grand poids. Vous m'aviez jugé et le public instruit n'a pas osé penser autrement que vous, en éclairant les hommes vous êtes parvenu à les rendre humains ».

Notes et références

  1. Fondation Voltaire, édition complète, lettre D12511
  2. Ibid. D17479

Voir aussi

Lien externe