Mort de Mohamed Gabsi

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Mort de Mohamed Gabsi
Fait reproché Homicide
Chefs d'accusation Violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l'autorité publique
Non-assistance à personne en danger
Pays France
Ville Béziers
Date
Nombre de victimes 1

L'affaire Mohamed Gabsi est une affaire criminelle française concernant la mort par asphyxie de Mohamed Gabsi, le à Béziers (Hérault), après une violente interpellation par trois policiers municipaux[1].

Biographie de la victime[modifier | modifier le code]

Mohamed Gabsi est né vers 1987. Il est père de trois enfants.

De 2005 à 2020, il est condamné huit fois, pour des violences et des vols[2].

Faits[modifier | modifier le code]

Le 8 avril 2020, Mohamed Gabsi, 33 ans, est interpellé à Béziers à 22h20 pour non-respect du confinement[3],[4], après le couvre-feu instauré par la ville entre 21 heures et 5 heures[5]. L'interpellation est filmée par plusieurs témoins[4], mais pas par le policier porteur d’une caméra-piéton, qui n'a pas été déclenchée[2]. Selon des proches de l'enquête, Mohamed Gabsi délire, hurle et se débat [5]. Il est menotté, longuement plaqué au sol sur le ventre, et transporté vers le commissariat de la police nationale toujours menotté, allongé, avec un des policiers assis sur son dos[6] (ou sur ses fesses, selon leur version[2]), ses collègues précisant qu'il n'y avait « pas d’autres solutions »[5]. Le temps de trajet jusqu'au commissariat est étonnamment long, huit minutes alors que deux suffisent[2]. Il est déjà mort à son arrivée au commissariat, les secours ne peuvent le réanimer[6]. La version des policiers est contredite par les vidéos amateur consultées par les journalistes du Monde, et des témoins qui affirment que Mohamed Gabsi était inconscient avant même que le véhicule ne démarre[2],[7],[8].

Les effectifs de la police municipale biterroise ont été armés et doublés depuis 2014, année de l'élection de Robert Ménard[2].

Une marche en mémoire de la victime est organisée un an après le drame[9],[10]. Une soirée d'information et d'hommage à Mohamed Gabsi est organisée à la Cimade de Béziers[11]. Deux ans après le drame, la famille reste mobilisée[12].

Suites judiciaires[modifier | modifier le code]

Une information judiciaire est ouverte pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique » et « non-assistance à personne en péril »[13],[6]. La famille se porte partie civile[4].

Selon les conclusions de l'autopsie réalisée le 10 avril, rendues publique par la sœur de la victime, celui-ci est décédé par asphyxie, provoquée par les pratiques policières[14],[15]. Ces constations contredisent la version des policiers[2]. Le procureur de la République de Béziers demande une expertise toxicologique qui révèle « une prise exceptionnellement élevée de cocaïne » par la victime, et une analyse anatomopathologique du poumon[14].

Les trois policiers sont placés en garde a vue en décembre 2020[5]. Celui qui s'est assis sur la victime est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer son métier de policier municipal ; les deux autres sont mis en examen pour violences volontaires et mis en examen du chef de non-assistance à personne en danger[2],[7],[16]. Les avocats des trois municipaux portent plainte pour violation de l'instruction[5]. Une expertise médicolégale datée du 9 novembre 2020 infirme les conclusions de l'autopsie[16].

En février 2021, la cour d'appel de la chambre d'instruction autorise les trois policiers municipaux à travailler de nouveau à Béziers, mais pas en tant que policiers[17],[10].

Les avocats des policiers portent plainte après la diffusion d'un documentaire[18] dénonçant les méthodes musclées du Groupe de surveillance[19].

Documentaires[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Sarah Finger, « Mort de Mohamed Gabsi : l'autopsie évoque «un syndrome asphyxique» », sur Libération (consulté le )
  2. a b c d e f g et h « « A l’aide, ils veulent me tuer » : les dernières minutes de Mohamed Gabsi, mort en avril après une interpellation policière à Béziers », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « Coronavirus : contrôlé par les policiers municipaux après le couvre-feu à Béziers, un homme meurt au commissariat », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b et c Sarah Finger, « Mort après un contrôle de police à Béziers : une famille en quête de vérité », sur Libération, (consulté le )
  5. a b c d et e « Enfin une garde à vue, on ne se bat pas pour rien se réjouit la sœur de Mohamed Gabsi », sur France Bleu, (consulté le )
  6. a b et c Pascale Pascariello, Prisca Borrel (Le d’Oc), « Mort de Mohamed Gabsi: un rapport d’autopsie pointe les pratiques policières », sur Mediapart, (consulté le )
  7. a et b « Mort de Mohamed Gabsi à Béziers : trois policiers municipaux mis en examen », sur leparisien.fr, (consulté le )
  8. « Mohamed Gabsi, mort lors de son interpellation à Béziers : la défense confuse du policier municipal », sur leparisien.fr, (consulté le )
  9. « Béziers : une marche en mémoire de Mohamed Gabsi, un an après sa mort au cours d’une interpellation », sur midilibre.fr, (consulté le )
  10. a et b Hugo Tortel, « Mohamed Gabsi : un an après le drame, l’émotion toujours là », sur www.lamarseillaise.fr, (consulté le )
  11. « Soirée d'information en hommage à Mohamed Gabsi, mort après une interpellation policière à Béziers », sur France 3 Occitanie, (consulté le )
  12. « Après la mort de son frère, la Biterroise Houda Gabsi : "C’est un long et dur combat, mais je ne lâche rien" », sur midilibre.fr, (consulté le )
  13. « Mort après un contrôle lié au confinement : information judiciaire ouverte à Béziers », sur leparisien.fr, (consulté le )
  14. a et b « Interpellation musclée à Béziers : la soeur de la victime dévoile les conclusions de l'autopsie », sur midilibre.fr, (consulté le )
  15. Sarah Finger, « Mort de Mohamed Gabsi : l'autopsie évoque «un syndrome asphyxique» », sur Libération, (consulté le )
  16. a et b « Affaire Gabsi : les trois policiers municipaux biterrois ressortent libres du palais de justice », sur France Bleu, (consulté le )
  17. « Béziers. Décès de Mohamed Gabsi : les policiers peuvent retravailler à la mairie », sur actu.fr, (consulté le )
  18. a et b Complément d’enquête, « Police municipale : les nouveaux mercenaires ? », sur Franceinfo, (consulté le ).
  19. « Décès de Mohamed Gabsi à Béziers, les avocats de la défense scandalisés après le reportage diffusé sur France2 », sur France Bleu, (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]