Adrien Tigeot

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Adrien Tigeot
Adrien Tigeot instituteur et Résistant en Maine-et-Loire
Biographie
Naissance
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Adrien Tigeot, né le à Rennes et mort fusillé le à Angers, est un instituteur et résistant français.

Adrien Tigeot faisait partie du Front National de la région de Segré et était membre actif des Francs tireurs et partisans de cette région[1].

Biographie

Élèves-maîtres promo 39-42 dont Adrien Tigeot et deux autres membres de la Résistance Française en Anjou
Lettre d'adieu d'Adrien Tigeot à sa famille avant son exécution, Angers le 13 décembre 1943

Ses parents habitaient à La Chapelle-Hullin en Maine-et-Loire[2]. En , il entre à l'école Normale d'Angers où il obtient le Brevet Supérieur le .

Le , il est nommé instituteur à Contigné (Maine-et-Loire), le à Fontevraud-l'Abbaye et le à Corzé.

Il est arrêté un mois plus tard, le pendant sa classe à l'école de Corzé et est conduit à la Police de Vichy, rue Racine à Angers. Le , il est transféré à la prison française du Pré-Pigeon à Angers, puis le à la prison allemande du Pré-Pigeon. Le , Tigeot est condamné à mort. Pendant plusieurs jours, il crut qu'il serait gracié, communiquant avec René Brossard et Marius Briant, ses voisins de prison, au travers d'un mur épais. Après douze longues journées et nuits de cauchemar, il fut invité à écrire une lettre d'adieu à sa famille. « La veille de son exécution, il fut assisté par un aumônier allemand.» (note écrite par son voisin de cellule, Marius Briant).

Le , il fut fusillé au champ de tir situé dans la clairière de Belle-Beille, dans le parc de la Garenne à Angers, en même temps que quatre de ses collègues et deux agriculteurs de La Membrolle-sur-Longuenée, Gabriel et Julien Alix, père et fils, accusés eux aussi de terrorisme. Sa fiancée Noëlla Peaudeau citée par Adrien dans sa lettre d'adieu, d'abord emprisonnée à Angers, a été ensuite déportée à Ravensbrück, dans le convoi des 27.000 parti de Compiègne le , sous le matricule 27240  ; elle est libérée avec les 300 premières Françaises de ce camp de concentration, à la frontière germano-suisse, le . En automne 1945, lors d'un séjour de convalescence en Suisse organisé par l'Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance ADIR (dont elle sera une membre très active), elle rencontrera André Rouget qu'elle épousera en 1947 et vivra dès lors à Genève[3],[4].

Le , la Médaille de la Résistance française lui est décernée.

Hommages d'après-guerre

  • Un monument a été érigé à Belle-Beille en l'honneur des 45 résistants fusillés[5].
  • La médaille de la Résistance Française a été décernée à Adrien Tigeot en 1961.
  • Une plaque commémorative a été posée au collège de Segré[6] aux noms des anciens élèves résistants, dont André Tigeot.
  • En hommage à son ancien instituteur résistant, le nom d'Adrien Tigeot a été donné à l'école communale de Corzé[7] par la municipalité.
  • À Angers, un groupe scolaire a été nommé Adrien Tigeot.

Rapport de l'inspecteur d'Académie d'Angers

Le , Monsieur J.Fuster, Inspecteur d'Académie à Angers, transmet son rapport à Monsieur le Préfet[note 1], sur l'arrestation des Instituteurs Brossard, Tigeot et Briant :

« Monsieur le Préfet de Maine-et-Loire, comme suite à mes rapports, j'ai l'honneur de vous rendre compte que deux autres instituteurs publics, Brossard René et Tigeot Adrien, viennent d'être arrêtés par la police française :
Tigeot Adrien, né le 29 mai 1923 à Rennes, appartenait à la même promotion d'École Normale, stagiaire à Corzé, il a été arrêté hier lundi 7 juin vers 10 heures dans cette commune.
Dès qu'il aperçut un inspecteur de police qui interrogeait son directeur dans la classe à côté de la sienne, il sauta par la fenêtre pour s'enfuir, mais il tomba sur deux autres inspecteurs qui faisaient le guet.
Il voulut sortir son revolver (un 7,65) qui était chargé, mais il fut ceinturé et mis immédiatement hors d'état de nuire.
Une perquisition a décelé tout un stock de tracts communistes et un flacon de chloroforme.
Il est convaincu d'avoir cambriolé la mairie de Bouilé-Ménard et soupçonné d'avoir cambriolé celle de Contigné.
En conséquence, j'ai l'honneur de vous proposer, Monsieur le Préfet, la révocation de Brossard et de Tigeot. Veuillez agréer... »
-L'Inspecteur d'Académie J. FUSTER[8].
Hans Dietrich ERNS, Commandeur de la police S.S. à Angers, pendant l'occupation

Analyse

En Maine-et-Loire, les anciens de la population rurale sont prudents, sur leurs gardes, ils ont déjà donné ; les jeunes ne comprennent pas cette réserve et sont plus prêts à agir, parfois avec imprudence. La fréquentation d'autres étudiants leur permet de s'organiser ; ils établissent des listes de partisans.

Les actions de résistance nécessitent des faux papiers, des cartes d'alimentation, des cachets authentiques. Le cambriolage des mairies devient la seule façon de se procurer ces documents. La possession d'une arme est rassurante.

En , Adrien Tigeot passe par l'école pour récupérer dans la mairie de Contigné des tickets d'alimentation et du matériel nécessaire à la fabrication de cartes d'identité.

En , le commandeur Ernst[note 2], chef de la police des S.S. à Angers demande au Préfet de Maine-et-Loire d'user de son autorité pour procéder à l'interdiction des réunions, l'épuration des bibliothèques et des livres scolaires. Le Collège Joachin du Bellay dirigé par Marie Talet est visé ; la directrice a déjà été arrêtée par le commandeur le  ; elle sera déportée.

En , Adrien Tigeot, Alfred Clément et René Brossard cambriolent la mairie de Bouillé-Ménard pour les mêmes objectifs.

C'est dans ce but que les F.T.P.F. du Segréen[9], décident de cambrioler (tickets d'alimentation, machine à écrire…) la mairie de Vern-d'Anjou dans la nuit du 16 au  ; cinq normaliens et deux agriculteurs à vélo passent à l'action et se regroupent ensuite à la ferme de La Maison-Neuve à Brain-sur-Longuenée où sont stockées leurs armes. Vers minuit, deux gendarmes surgissent d'un fossé ; deux FTP tirent et les tuent, mais un troisième allemand embusqué file alerter le campement voisin établi en forêt de Longuenée.

Dans la fuite, l'un des normaliens abandonne son vélo avec, dans ses sacoches, la liste et les adresses de tous les normaliens membres du F.N. Ils seront cueillis le soir du , au lycée Chevrollier à Angers, où ils viennent de rentrer pour préparer le baccalauréat qui devait se dérouler le . Au total ce sont quinze élèves-maîtres de cette promotion qui seront arrêtés par la Gestapo.

Notes et références

Notes

  1. Jean Roussillon est préfet d'Angers et préfet de région (44, 49, 53, 72 et la zone occupée du 37) ; Pierre Daguerre est préfet délégué.
  2. Chef du KDS d'Angers, il s'enfuit lors de la libération de la ville. Réfugié en Allemagne, en zone sous contrôle américain d'abord, puis soviétique, il est condamné aux travaux forcés et emprisonné de 1947 à 1956. Libéré, il s'installe en Allemagne comme avocat, puis notaire. En France, il est condamné à mort par contumace par le tribunal de Metz, puis en 1954 par le tribunal de Paris pour la déportation de 5 000 personnes. Retrouvé en 1965 par les chasseurs de nazis, Serge et Béate Klarsfeld, il bénéficie des lois d'amnistie allemandes. Voir Hans-Dietrich_Ernst sur Wikipedia en langue allemande.

Références

  1. "L'Anjou laïque, supplément au N° 47, par Gérard Balesme et Jacky Minier - avril 1999
  2. Livre : "ADRIEN TIGEOT" par Yves Chevallier et Jacques Huchet - 1992, propriété de Gérard Balesme
  3. MONNIER Eric & EXCHAQUET-MONNIER Brigitte, Retour à la vie : l'accueil en Suisse romande d'anciennes déportées françaises de la Résistance, 1945-1947, Neuchâtel (Suisse), Alphil, , 411 p. (ISBN 978-2-940489-50-3, lire en ligne)
  4. EXCHAQUET-MONNIER Brigitte & MONNIER Eric, Noëlla Rouget la déportée qui a fait gracier son bourreau, Paris, Tallandier, , 253 p. (ISBN 979-10-210-4482-1, lire en ligne)
  5. Monument de Belle-Beille où 45 résistants furent fusillés..
  6. Plaque commémorative du Collège de Segré en mémoire de ses anciens élèves résistants..
  7. L’école primaire Adrien Tigeot de Corzé (Maine-et-Loire)..
  8. L'Anjou laïque, supplément au N° 47, par Gérard Balesme et Jacky Minier - avril 1999
  9. L'Anjou des années 1940 par Michel Lemesle, pages 122 à 125

Voir aussi

Articles connexes