Élections impériales de 1745

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Élections impériales de 1745
Type d’élection Impériale
Corps électoral et résultats
Inscrits 9
Votants 9
François-Étienne de Lorraine – Maison de Habsbourg-Lorraine
Voix 7
77 %
Charles-Théodore du Palatinat – Maison de Wittelsbach
Voix 2
22 %
Empereur du Saint-Empire et « Roi des Romains »
Sortant Élu
Charles VII
(Wittelsbach)
François Ier
(Habsbourg-Lorraine)

L'élection impériale de 1745 est la vingt-unième élection, depuis la promulgation de la Bulle d'or de 1356, permettant d'élire le futur Empereur du Saint-Empire romain. Elle a eu lieu le , neuf mois après le décès de l'empereur Charles VII, et permet l'élection du grand-duc de Toscane, François-Étienne de Lorraine, époux de la reine et archiduchesse Marie-Thérèse d'Autriche et fondateur de la Maison de Habsbourg-Lorraine, comme roi des Romains et nouvel empereur. Cette élection, qui a lieu en pleine guerre de succession d'Autriche, marque le retour de la lignée des Habsbourg sur le trône impérial, après le retrait de la Maison de Bavière.

Contexte[modifier | modifier le code]

En 1740, Marie-Thérèse d'Autriche, fille et héritière de l'empereur Charles VI, est âgée de 23 ans, pense pouvoir faire élire Empereur son époux François-Étienne de Lorraine. Des princes qui lui sont apparentés envisagent de la remplacer à la tête des territoires patrimoniaux des Habsbourg ou du moins de s'emparer d'une partie de ces territoires, notamment l'électeur de Bavière Charles-Albert et l'électeur de Saxe Frédéric-Auguste II, roi de Pologne sous le nom d'Auguste III[1].

Après la prise de Prague par les troupes françaises et bavaroises, le , Charles Albert de Bavière se proclame roi de Bohême. Quelques semaines plus tard, le , il se fait élire à l'unanimité empereur du Saint-Empire. Mais le jour de son couronnement sous le nom de Charles VII[2], le , la Bavière est occupée par les troupes autrichiennes et sa résidence à Munich est saccagée par des hussards hongrois. La fortune ne tarde pas à l'abandonner : puisqu'il perd en peu de temps toutes ses conquêtes, et est même chassé de ses États héréditaires. Cependant en 1744, le roi de Prusse Frédéric II ayant opéré en Bohême une diversion qui occupe l'armée impériale, Charles en profite pour recouvrer l'électorat et rentre enfin dans Munich, où il meurt peu après[3].

Après la mort de Charles VII, son fils Maximilien III hérite à 18 ans d'un pays sur le point d'être envahi par les armées autrichiennes lors de la guerre de Succession d'Autriche. Maximilien III abandonne sagement les prétentions impériales de son prédécesseur et fait la paix avec sa puissante voisine, Marie-Thérèse lors du traité de Füssen, le , dans lequel il s'engage à soutenir la candidature de son époux, François-Étienne de Lorraine lors de l'élection au trône du Saint-Empire romain germanique.

Princes-électeurs[modifier | modifier le code]

Les neuf princes-électeurs appelés à élire le successeur de François Ier étaient (dans l'ordre de vote défini par la Bulle d'or de 1356) :

Électorat Prince-électeur Titres Vote
Armoiries de l'archevêché de Trèves
Trèves
François-Georges de Schönborn Archevêque de Trèves François-Étienne de Lorraine
Armoiries de l'archevêché de Cologne
Cologne
Clément-Auguste de Bavière Archevêque de Cologne
Armoiries du Royaume de Bohême
Bohême
Marie-Thérèse d'Autriche Reine de Bohême
Reine de Hongrie
Archiduchesse d'Autriche...
Armoiries de l'électorat de Bavière
Bavière
Maximilien III Joseph de Bavière Électeur de Bavière
Armoiries de l'électorat du Palatinat
Palatinat
Charles-Théodore du Palatinat Comte palatin Charles-Théodore du Palatinat
Armoiries de Saxe
Saxe
Frédéric-Auguste II de Saxe Électeur de Saxe
Roi de Pologne
François-Étienne de Lorraine
Armoiries de Brandebourg
Brandebourg
Frédéric II de Prusse Électeur de Brandebourg
Roi de Prusse
Charles-Théodore du Palatinat
Armoiries du Hanovre
Hanovre
George II de Hanovre Électeur de Hanovre
Roi de Grande-Bretagne
Roi d'Irlande
François-Étienne de Lorraine
Armoiries de l'archevêché de Mayence
Mayence
Jean-Frédéric-Charles d'Ostein Archevêque de Mayence

Élection et conséquences[modifier | modifier le code]

François-Étienne est finalement élu empereur, grâce aux voix de sept princes électeurs[4], le 13 septembre 1745, à Francfort-sur-le-Main, et est couronné le 4 octobre suivant, jour de la fête de saint François d'Assise, son saint patron. Marie-Thérèse n'est donc pas impératrice en titre, même si, dans les faits, c'est elle qui dirige l'Empire et administre ses territoires patrimoniaux. François s'opposa en vain à l'alliance austro-française (1756) et ne put marier sa fille Marie-Christine à son neveu, Charles-Maurice de Savoie, duc de Chablais, fils de sa sœur et du roi de Sardaigne.

Des pourparlers de paix commencent alors, fortement encouragés par le roi George II, aux prises avec une rébellion jacobite en Écosse. En outre, les finances prussiennes sont mauvaises et Frédéric ne veut pas trop affaiblir l'Autriche face à la France et à l'Espagne. La Prusse, l'Autriche et la Saxe concluent donc le traité de Dresde le .

L'appartenance de la Silésie à la Prusse est réaffirmée ; Frédéric reconnaît François de Lorraine, élu le , comme empereur. Le grand perdant est la Saxe : elle doit verser une énorme indemnité de guerre à la Prusse : 1 000 000 de Reichsthaler (thalers de l'Empire).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (de) Bettina Braun, Katrin Keller et Matthias Schnettger, Nur die Frau des Kaisers?: Kaiserinnen in der Frühen Neuzeit, Böhlau Verlag Wien, , 194– (ISBN 978-3-205-20085-7, lire en ligne)
  2. (en) Simon Winder, Danubia: A Personal History of Habsburg Europe, Farrar, Straus and Giroux, , 177– (ISBN 978-0-374-71161-0, lire en ligne).
  3. (de) Fritz Wagner, « Karl VII. », Deutsche Biographie (consulté le ).
  4. (en) Mack Walker, Johann Jakob Moser and the Holy Roman Empire of the German Nation, Chapel Hill, N.C., University of North Carolina Press, .