Église du Sacré-Cœur de Tsedjrong
Église du Sacré-Cœur de Tsedjrong | |
Présentation | |
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Culte | catholique |
Dédicataire | Sacré-Cœur de Jésus |
Type | Église |
Rattachement | Diocèse de Kangding |
Début de la construction | 1867 (ancien bâtiment) 1909[1] |
Fin des travaux | 1911 |
Style dominant | sino-tibétain-roman |
Géographie | |
Pays | Chine |
Région | Kham (Tibet oriental) |
Province historique | Yunnan |
Département | Dêqên |
Ville | Yanmen (zh) |
Coordonnées | 28° 01′ 59″ nord, 98° 54′ 20″ est |
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L'église du Sacré-Cœur de Tsedjrong (chinois traditionnel : 茨中聖心堂 ; chinois simplifié : 茨中圣心堂 ; pinyin : ), communément connue sous le nom d'église catholique de Tsedjrong, ou de Cizhong (chinois : 茨中教堂 ; pinyin : ), appelée également église catholique tibétaine du village de Tsedjrong (茨中村, , Wade : Tse-chung ts'un, Tsé-Tchong) a été fondée par des missionnaires français de la Société des missions étrangères de Paris en 1867. Elle se trouve dans le village de Tsedjrong, Cizhong, Tsé-Tchong[2], Tsedjong, Tsechung, ou encore Tsé-Zhong (tibétain : ཊསེ་ཌྲོ, THL : Tsedro), canton de Yanmen (zh)[3] dans le xian de Dêqên (préfecture autonome tibétaine de Dêqên), dans la corne nord-ouest du Yunnan. Cette région est considéré par certains comme la région sud-est de la province tibétaine du Kham.
Elle est classée dans la liste des sites historiques et culturels majeurs protégés au niveau national pour la province du Yunnan (zh) depuis 2006, sous le numéro de catalogue 6-1054.
Historiquement, l'église faisait partie du diocèse de Kangding. Aujourd'hui, elle relève de l'administration du diocèse de Dali. C'est du moins ainsi que l'Église patriotique catholique chinoise (en) trace actuellement les limites du diocèse. Du point de vue du Vatican, l'église appartient toujours au diocèse de Kangding[4].
Histoire
[modifier | modifier le code]Elle est située dans le village de montagne de Tsedjrong, sur la rive droite du Mékong (Lancang)[5]. Elle a d'abord été construite en 1867 dans le village de Tsekou (Cigu), près de Tsedjrong, sur le site d'une lamaserie[6], et consacrée au Sacré-Cœur[7].
Totalement mise à sac et incendiée au cours de la révolte en 1905 (au cours de laquelle le père Jules Dubernard, fondateur de la mission, fut martyrisé), elle a été reconstruite dans le village de Tsedjrong, les travaux ayant duré trois ans, de 1909 à 1911 sous la supervision du père Théodore Monbeig[8], et bénie à l'Épiphanie[9]. L'église catholique de Tsedjrong est alors devenue, selon La Chine au présent, le centre catholique de la province du Yunnan. Son architecture s'inspire des styles occidental et chinois[10].
Non loin se trouve une vigne plantée par les missionnaires, notamment pour le vin de messe. Le scientifique Heinrich von Handel-Mazzetti y est l'hôte des missionnaires (les pères Pierre Valentin et Jean-Louis Lesgourgues) le . Il traverse le fleuve sur le pont de corde au village de Tsékou, ces derniers lui ayant assuré qu'il rencontrerait rapidement des obstacles insurmontables en remontant rive droite. Le père Pierre Valentin y est curé de 1915 à 1920. Il a échappé en 1913 dans le xian de Batang à l'épidémie de peste, puis en 1920 il tombe malade du typhus qui décime la région [11]. Le père Jean-Baptiste Ouvrard lui succède et devient procureur[12] de la région, jusqu'à sa mort, due à la typhoïde, le . Il a porté le nombre de ses chrétiens à 700[13]. Le père Francis Goré lui succède en novembre, prenant également la charge de procureur. Il y demeure jusqu'en 1952. En , le P. Angelin Lovey de la congrégation du Grand-Saint-Bernard (dont une douzaine de confrères sont arrivés au Tibet depuis 1933) l'y rejoint en tant que vicaire, après un interim du P. Georges André[14]. Ce sont les derniers prêtres qui demeurèrent ici. Ils reçoivent un ordre d'expulsion en 1951 de la part des communistes, mais n'en tiennent pas compte. Ils sont finalement renvoyés à Weixi au printemps 1952, puis expulsés à Hong Kong[15].
À proximité de l'église, et fondé en 1904[16], se trouvait un couvent de religieuses tibétaines, à la fois catéchistes, infirmières et enseignantes. En 1940, il comptait dix-huit religieuses[17]. Les chanoines suisses et les pères des Missions étrangères sont chassés du Tibet en 1952, le dernier chanoine arrivé étant le père Alphonse Savioz qui y travailla de 1947 à 1952[18].
Alexandra David-Néel et Aphur Yongden séjournèrent à Tsedjrong en [19], où ils furent reçus par le père Jean-Baptiste Ouvrard.
Le père Francis Goré, qui vécut ici vingt-et-un ans, de 1931 à 1952, parlait et lisait couramment le tibétain, le chinois, l'anglais, l'allemand et le latin et y avait une bibliothèque, la salle est toujours présente[20]. Le père Émile Burdin (1909-1945)[21] y vécut pendant un an à son arrivée en 1936 aux Marches du Tibet pour apprendre la langue auprès du père Goré.
Les soldats de l'armée populaire de libération arrivèrent à Tsedjrong en avril 1950. Se montrant d’abord conciliants envers les catholiques, ils durcirent le ton en octobre 1950 lors de l'intervention militaire chinoise au Tibet. Les missionnaires sont assignés successivement à résidence dans la mission de Weixi, entre la fin de l'année 1951 et le printemps 1952, avant d’être expulsés vers Hong Kong[22],[23]. Comme ailleurs dans la région, débute une période de répression[24]. Un Tibétain, baptisé Bernard, fut emprisonné pendant vingt-deux ans pour avoir assisté les missionnaires étrangers[25].
Durant la révolution culturelle, l’église, le presbytère et ses bâtiments sont réquisitionnés et transformés en entrepôts, en étables, en salles de réunion[24] et en école, puis, l'église est rendue au culte en 1982[24]. Elle a été classée monument historique en 1990 et restaurée au début des années 1990[26].
Sur le fronton, une inscription se lit en latin Venite ad me omnes qui laboratis et onerati estis (« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau[27]»). Les retranscriptions en chinois et en tibétain ont disparu durant la révolution culturelle, de même que les statues et le couvent des religieuses. La cloche qui avait été apportée de France par les missionnaires fut descendue et jetée dans le Mékong[24].
En 2012, les trois quarts du village et des environs sont de confession catholique, ce qui représente environ 1 300 fidèles. L'église est desservie par un prêtre originaire de Mongolie-Intérieure, envoyé ici par le diocèse de Kunming (non reconnu par le Saint-Siège), le P. Yao Fei, nommé en , premier curé permanent depuis l'expulsion des missionnaires. Il dessert également six chapelles de villages environnants[28]. Cependant les projets de constructions de barrages dans les hautes vallées et l'avènement du tourisme avec l'extension du réseau routier bouleversent les modes de vie traditionnels.
Le vignoble a fait l'objet d'un film documentaire d'Éric Michaud, Chine : les vignobles de l'Himalaya (2019, 26') de la série documentaire Des vignes et des hommes, diffusée sur la chaîne Arte-TV. Depuis 2000, grâce à l'association Les Sentiers du ciel, une coopérative de 30 membres s'est constituée, autour de Bertrand Cristau (de passage) et de Mu Chao (Chinois formé en France, permanent), pour produire un vin de qualité. L'expérience a amené un grand groupe viticole étranger à investir dans un nouveau domaine, de 28 hectares, "Ao Yun", autour du village de Yongzon, à 80 km de Cizhong, autour de Maxence Dulou (responsable général) et David (Chinois formé en France).
Galerie
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L'église entre les années 1937 et 1945. De gauche à droite : Francis Goré, Robert Chappelet, Christian Simonnet, Angelin Lovey et Louis Duc.
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Vue latérale
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Vue intérieure
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Maître-autel avec statue de dévotion du Sacré-Cœur
Références
[modifier | modifier le code]- « Jean LESGOURGUES », sur irfa.paris (consulté le ).
- Selon la transcription française ancienne utilisée par les Missions étrangères
- (zh) http://www.stats.gov.cn/tjsj/tjbz/tjyqhdmhcxhfdm/2016/53/34/533422.html / http://www.stats.gov.cn/tjsj/tjbz/tjyqhdmhcxhfdm/2016/53/34/22/533422203.html
- (en) Francis Khek Gee Lim, Christianity in Contemporary China : Socio-cultural Perspectives, Milton Park, Routledge, coll. « Routledge Studies in Asian Religion and Philosophy », , 280 p. (ISBN 9781136204999, lire en ligne), p. 111–112.
- The Himalayan journal, Volume 61, Himalayan Club, 2005, (ISBN 0195681509), p. 25 : « On 18 October, we drove down the gorge country to Cizhong along the left bank of the Mekong river »
- (en) The Himalayan journal - Volume 61, (ISBN 0195681509), p. 26 : « The Ts-coo (Tsekou) Mission was founded in 1867 on an existing Lamasery. »
- « Jules DUBERNARD », sur irfa.paris (consulté le ).
- Il a décidé de déménager par sécurité la mission de Tsekou à Tsedjrong, ainsi que plusieurs familles, après la mort de son confrère. À Tsékou il a déjà fondé le couvent des Filles de la Croix, formé de jeunes filles tibétaines, en vue de l'enseignement des enfants. Il meurt assassiné en 1914 avec ses deux compagnons de route en allant visiter un poste éloigné au mont Ngraba.
- « Rapport des missions : Thibet », sur irfa.paris, (consulté le ), p. 4.
- La Chine au présent, Les aires protégées des Trois Fleuves parallèles au Yunnan.
- Mission-Thibet
- C'est-à-dire supérieur
- Archives des Missions étrangères
- Georges Taiclet, Le père Georges André: missionnaire comtois du bout du monde, Thibet 1920-1952, éd. de Haute-Saône, 1998, (ISBN 2950909388 et 9782950909381)
- Service minimum à Pâques dans une enclave catholique tibétaine, 23/03/2008, Robert Saig et (AFP)
- Tsekou par le Père Dubernard des MEP, site des missions des chanoines du Grand-Saint-Bernard, 30 juin 2006
- Histoire de la mission à Tsechung, site des missions des chanoines du Grand-Saint-Bernard, 30 juin 2006
- (en) John Pomfret, Religion Runs Deep in China / In the hinterlands, Tibetan Catholics worship their deity, 13 décembre 2000, Washington Post
- Gilles van Grasdorff, Alexandra David-néel, Flammarion, 2011, (ISBN 2756405280 et 9782756405285) p. 335 « Ce qui est incontestable, c'est qu'Alexandra et son fils adoptif aient séjourné à Tsedjrong en 1923 »
- Constantin de Slizewicz, Les catholiques des "Alpes Yunnanaises", Revue Mission du Grand-Saint-Bernard, 2007, numéro 3.
- Il mourut de la fièvre typhoïde en 1945, alors qu'il était curé de l'église de Yerkalo depuis cinq ans
- Un héritage culturel valaisan
- (en) Michael Buckley Bradt Shangri-La: A Travel Guide to the Himalayan Dream, Bradt Travel Guides, 2008, (ISBN 1841622044) « In 1952, the beleaguered priests of Cizhong were finally pushed out by the communists »
- Stéphane Buthaud et Gérald Buthaud, Les chrétiens du Toit du monde, La Vie no 2952, 28 mars 2002
- (en) Katharina Hesse, Cizhong, 17 décembre 2000
- Le Figaro magazine, op. cit., « l'église « sino-gothique » de Tsé Zhong, construite en 1911, [...] Transformé en école pendant la Révolution culturelle, l'édifice a été rendu au culte, puis classé monument historique et restauré au début des années 90. Alibert Liu Wei Zhang, fervent catholique de 64 ans, est le gardien des lieux ».
- Phrase extraite de Venite ad me, omnes qui laboratis et onerati estis, et ego reficiam vos. "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et moi je vous referai." MATTH., XI, 28.
- Catalogue de l'exposition « Missions du toit du monde » (Paris), réd. Françoise Fauconnet-Buzelin, Paris, MEP, 2012, (ISBN 978-2-7466-5177-7), p. 39
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Église dans la province du Yunnan
- Église dédiée au Sacré-Cœur
- Église néo-romane
- Édifice religieux achevé en 1867
- Site historique et culturel majeur protégé au niveau national au Yunnan
- Mission fondée par les Missions étrangères de Paris
- Mission chrétienne au Tibet
- Diocèse de Kangding
- Préfecture autonome tibétaine de Dêqên
- Relations entre la Chine et la France