Aller au contenu

Langues finno-ougriennes

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Finno-ougrien)

Langues finno-ougriennes
Pays Hongrie et pays voisins, Finlande, Norvège, Suède, Estonie, Lettonie, Russie
Classification par famille
Codes de langue
IETF fiu
ISO 639-2 fiu
Étendue collective
ISO 639-5 fiu
Carte
Image illustrative de l’article Langues finno-ougriennes
Répartition géographique des différentes langues finno-ougriennes.

Les langues finno-ougriennes sont une famille de langues parlées en Europe, par les peuples finno-ougriens, sur une vaste aire géographique qui va de la mer Baltique et du nord de la Scandinavie jusqu'à l'Oural et au Don. Le nombre total de locuteurs de ces langues est estimé à 25 millions de personnes. Toutefois, le nombre de locuteurs varie très fortement selon les langues : de 14 millions pour le hongrois à quelques locuteurs isolés pour le vote. Un certain nombre de langues finno-ougriennes ont disparu au cours du XXe siècle, et plusieurs autres sont menacées d'extinction.

Les langues finno-ougriennes sont habituellement considérées comme formant l'une des deux grandes branches de la famille des langues ouraliennes, l'autre branche étant celle des langues samoyèdes. Cette dichotomie a été fortement remise en question ces dernières années, la branche samoyède étant désormais placée par certains au même niveau de ramification que les autres sous-familles. Avec l'effacement de cette dichotomie, le sens du terme « finno-ougrien » s'est élargi, et le mot est de plus en plus souvent utilisé pour désigner l'ensemble de la famille ouralienne, y compris les langues samoyèdes. Depuis leur création dans les années 1960, les congrès mondiaux rassemblant tous les cinq ans les spécialistes des langues ouraliennes ont pour nom officiel « Congrès mondial des finno-ougristes ».

Selon la théorie la plus communément admise par les spécialistes, les langues ouraliennes sont issues d'une langue mère commune, le proto-ouralien, qui aurait été parlée il y a au moins 6 000 ans. L'une des grandes tâches de la linguistique finno-ougrienne a été pendant longtemps de reconstituer cette proto-langue et les diverses étapes de son évolution qui ont donné naissance aux langues actuelles. Les finno-ougristes ont également tenté de déterminer, en croisant différentes approches (linguistique, archéologie, paléobotanique, génétique des populations), le territoire où résidaient ses locuteurs.

Cette théorie de la proto-langue est contestée depuis la fin des années 1980 par quelques linguistes (Ago Künnap, Kalevi Wiik (en), János Pusztay), qui ont tenté de la remplacer par l'idée que les langues finno-ougriennes actuelles seraient issues d'une ancienne lingua franca.

La paléogénétique montre que l'ascendance provenant de Iakoutie lors du Néolithique supérieur – Âge du bronze, est fortement associée aux locuteurs ouraliens actuels. Elle révèle que cette ascendance s'est propagée à partir d'une origine sibérienne orientale vers 4 500 AP, ainsi que des sous-clades de l'haplogroupe N du chromosome Y apparaissant à haute fréquence parmi les locuteurs ouraliens actuels, en Sibérie occidentale et centrale dans les communautés associées à la métallurgie des cultures de Seima-Turbino : une suite de techniques avancées de moulage du bronze qui se sont répandues de manière explosive dans une immense région du nord de l’Eurasie vers 4 000 AP. Ces résultats soutiennent les théories suggérant que les premiers locuteurs ouraliens, au début de leur dispersion vers l'ouest, étaient impliqués dans l'expansion des traditions métallurgiques du Seima-Turbino[1].

Morphologie

[modifier | modifier le code]

La plupart des langues finno-ougriennes sont agglutinantes et recourent aux suffixes plutôt qu'aux prépositions. Elles sont généralement dépourvues de genre grammatical. Les adjectifs et pronoms possessifs sont rarement employés et la possession est exprimée au moyen des déclinaisons. Les langues qui ont évolué vers une forme flexionnelle emploient le génitif du pronom personnel, mais d'autres utilisent un suffixe pronominal, qui est parfois combiné au génitif d'un pronom.

Vocabulaire commun

[modifier | modifier le code]

Les nombres

[modifier | modifier le code]

Le tableau ci-dessous indique les noms des nombres de 1 à 10 dans les principales langues finno-ougriennes et leur reconstitution en proto-finno-ougrien.

Nombre Finnois Estonien Võro Live Same du nord Same d'Inari Erzya Mari des prairies Mokcha Mansi Hongrois Proto-F.-Ougrien
1 yksi üks ütś ikš okta ohta vejke ikte fkä akva egy *ykte
2 kaksi kaks katś kakš guokte kyeh´ti kavto kokət kaftə kityg kettő *kakte
3 kolme kolm kolm kuolm golbma kulma kolmo kumət kolmə hurum három, harm- *kolme
4 neljä neli nelli nēļa njeallje nelji ńiľe nələt nilä nila négy *neljä
5 viisi viis viiś vīž vihtta vitta veƭe wizət vetä at öt *vitte
6 kuusi kuus kuuś kūž guhtta kutta koto kuδət kotə hot hat *kutte
7 seitsemän seitse säidse seis čieža čiččam śiśem šəmət sisäm sat hét N/A
8 kahdeksan kaheksa katõsa kōdõks gávcci käävci kavkso kandaš(e) kafksə ńololov nyolc N/A
9 yhdeksän üheksa ütesä īdõks ovcci oovce vejkse indeš(e) veJksə ontolov kilenc N/A
10 kymmenen kümme kümme kim logi love kemeń lu keməń lov tíz N/A

Une reconstruction possible pour les nombres 8 et 9 est *kak+teksa, soit « dix moins deux » et *yk+teksa « dix moins un », où *teksa (cf. deka) serait un emprunt indo-européen. La différence entre /t/ et /d/ n'est pas phonémique, contrairement à l'indo-européen.

Classification

[modifier | modifier le code]

De façon générale, les langues ouraliennes se répartissent actuellement en sous-groupes bien caractérisés, mais les relations plus anciennes de ces sous-groupes sont peu claires, peu étudiées, et rendent difficile de les rassembler en branches plus larges[2].

Répartition présumée des peuples de l'ouest de l'actuelle Russie vers l'an 1000.

La classification interne traditionnelle des langues finno-ougriennes est la suivante :

Les langues mordves sont plus proches des langues finno-sames que du mari.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. (en) Tian Chen Zeng, Leonid A. Vyazov, Alexander Kim et al., Postglacial genomes from foragers across Northern Eurasia reveal prehistoric mobility associated with the spread of the Uralic and Yeniseian languages, biorxiv.org, 4 octobre 2023, doi.org/10.1101/2023.10.01.560332
  2. (en) Tapani Salminen, « Problems in the taxonomy of the Uralic languages in the light of modern comparative studies », dans Лингвистический беспредел: сборник статей к 70-летию А. И. Кузнецовой, Moscou, Presses Universitaires de Moscou,‎ (lire en ligne), p. 44-55
  3. Au sens large, l'estonien comprend à la fois l'estonien littéraire, eesti keel, fondé sur les dialectes du nord de l'Estonie, et les langues sud-estoniennes linguistiquement assez distantes.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]