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La domestication des céréales est un processus de sélection génétique qui, en modifiant certains caractères-clés, transforme les formes sauvages en variétés de plantes domestiquées. La transition entre les formes sauvages et domestiquées de plantes cultivées implique des changements de trois caractéristiques morphologiques principales qui rendent la plante cultivée plus facile à récolter : la taille des graines, la rigidité du rachis de l'épi et la facilité avec laquelle la graine est libérée de ses enveloppes (glumes et glumelles)[1].

Les céréales figurent parmi les plus anciennes plantes domestiquées. Elles apparaissent dans des vestiges archéologiques des plus anciens établissements agricoles connus. Les trois principales céréales cultivées actuellement ont été domestiquées dans les trois centres largement séparés où l'agriculture est née indépendamment il y a plus de 7000 ans. Il s'agit du blé domestiqué dans le Croissant fertile au Proche-Orient, du maïs domestiqué dans les hauts plateaux tropicaux du Mexique et du riz domestiqué en Chine[2].

La domestication des céréales s'est déroulée en trois phases principales : la première phase correspond à la domestication pendant les débuts de l'agriculture par des populations qui expérimentaient la culture des plantes. La deuxième phase a démarré lorsque le savoir agricole a commencé à se répandre et que des espèces sauvages indigènes ont été consciemment mises en culture. La troisième phase est celle de l'amélioration des plantes cultivées par les techniques modernes de sélection des plantes[2].

Processus de domestication[modifier | modifier le code]

Selon Nesbitt (2001), la domestication est " le processus par lequel l'homme prend le contrôle de la reproduction des plantes ou des animaux, en les modifiant pour ses propres fins. "

Chez le blé et les autres céréales cultivées, la première et la plus importante modification a été l'acquisition d'un rachis non cassant, qui limite les mécanismes naturels de dispersion des graines des formes sauvages, ce qui a permis aux premiers agriculteurs de récolter le grain beaucoup plus efficacement sans que les épillets tombent et se dispersent sur le sol prématurément et soient perdus. Parmi les autres modifications importantes figuraient l'augmentation de la taille des graines, la perte de la dormance des graines, le caractère de battage libre, l'amélioration de la qualité du grain (Harlan et al., 1973). Ces changements ont abouti à des formes domestiquées qui dépendent des agriculteurs pour leur propagation et ont permis également une culture mécanisée à grande échelle.

La pression de sélection à l'origine de la domestication des céréales s'est exercée de façon automatique à partir du moment où l'Homme a commencé à les cultiver et à les récolter. Les graines récoltées constituaient dès lors la génération suivante et tous les caractères modifiés qui facilitent la récolte et améliorent la capacité de compétition de ces plantes ont été sélectionnés de façon automatique[3].

Les caractères ainsi sélectionnés associés à la facilité de récolte tendent à augmenter la proportion de graines récupérées et le volume de production de graines. Ce sont principalement :

  • l'absence d'égrenage spontané à maturité,
  • l'évolution de l'architecture de la plante vers un tallage mieux synchronisé et une maturation uniforme chez les céréales à talles non-ramifiés (blé, orge, riz, etc. ), une tendance vers une dominance apicale favorisant des inflorescences moins nombreuses et plus grandes (chez les céréales ayant à l'origine des ramifications fructifères latérales (maïs, sorgho, mil, etc.).
  • l'augmentation du pourcentage de grenaison.
  • l'augmentation de la taille des inflorescences (maïs, sorgho, mil, etc.).
  • l'augmentation du nombre d'inflorescences (blé, orge, riz, etc.).

Les caractères favorisant la compétition des plantules par rapport aux adventices sont liés à une plus grande vigueur des jeunes plants et une germination plus rapide, ce sont notamment :

  • une plus grande taille des graines,
  • une augmentation du rapport glucides/protéines dans les graines,
  • une réduction de inhibiteurs de la germination,
  • la réduction des glumes et autres pièces florales annexes.

En même temps, la culture, en modifiant les conditions de milieu favorisent l'apparition d'adventices compétitives par rapport aux plantes cultivées, mais qui conservent leur caractère d'égrenage spontané qui garantit la génération suivante.

Aires d'origine[modifier | modifier le code]

Aires d'origine des céréales domestiquées[2]
Région d'origine espèce nom commun
Amérique du Nord Zizania aquatica L. riz sauvage
Amérique du Sud Bromus mango Desv. mango
Mexique Zea mays L. maïs
Mexique Panicum sonorum Beal sauwi
Afrique Brachiaria deflexa (Schumach.) C.E.Hubb. ex Robyns fonio à grosses graines
Afrique Digitaria exilis (Kippist) Stapf fonio
Afrique Digitaria ibuara Stapf fonio noir
Afrique Eleusine coracana (L.) Gaertn. éleusine
Afrique Eragrostis tef (Zucc.) Trotter teff
Afrique Oryza glaberrima Steud. riz africain
Afrique Pennisetum glaucum (L.) Rich mil à chandelle
Afrique Sorghum bicolor (L.) Moench. sorgho
Europe Avena sativa L. avoine
Europe Avena strigosa Schrebn. avoine rude
Europe Digitaria sanguinalis (L.) Scopali digitaire sanguine
Europe Phalaris canariense L. alpiste des Canaries
Europe Triticum timopheevi (Zuck.) Zuck. blé zanduri
Proche-Orient Hordeum vulgare L. orge
Proche-Orient Secale cereale L. seigle
Proche-Orient Triticum aestivum L. blé tendre
Proche-Orient Triticum durum L. blé dur
Proche-Orient Triticum monococcum L. engrain
Proche-Orient Triticum spelta L. épeautre
Proche-Orient Triticum dicoccum Schrank ex Schübl. amidonnier
Chine Oryza sativa L.f riz
Chine Panicum miliaceum L. millet commun
Chine Setaria italica (L.) P. Beauv. millet des oiseaux
Chine Echinochloa crus-galli (L.) P. Beauv. panic pied-de-coq
Inde Coix lacryma-jobi L. larmes de Job
Inde Digitaria cruciata (Nees) A. Camus raishan
Inde Brachiaria ramosa (L.) Stapf panic rameux
Inde Echinochloa colona (L.) Link. blé du Dekkan
Inde Panicum sumatrense Roth. ex Roem. & Schult. millet indien
Inde Paspalum scrobiculatum L. millet kodo
Inde Setaria pumila (Poir.) Roem. & Schult. blé zanduri

Millet[modifier | modifier le code]

Les graines du millet commun (Panicum miliaceum) étaient collectées par les chasseurs-cueilleurs en Chine il y a au moins 10 000 ans. Cette espèce a été domestiquée pour la première fois en Chine, probablement dans la vallée du Fleuve Jaune, vers 8000 avant Jésus-Christ, et s'est ensuite propagée vers le reste de l'Asie, l'Europe et l'Afrique. Bien que la forme ancestrale de la plante n'ait pas été identifiée, une forme adventice indigène de cette région, Panicum miliaceum subsp. ruderale, est encore présente dans toute l'Eurasie[4].

Des études isotopiques stables de restes humains sur des sites archéologiques tels que Jiahu, Banpo, Xinglongwa, Dadiwan et Xiaojingshan suggèrent que la culture du millet était présente vers 8000 avant Jésus-Christ, mais elle ne devint dominante qu'environ mille ans plus tard, au Néolithique moyen (Yangshao)[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Francesco Salamini, Hakan Özkan, Andrea Brandolini, Ralf Schäfer-Pregl & William Martin, « Genetics and geography of wild cereal domestication in the near east », Nature Reviews Genetics, vol. 3,‎ , p. 429-441 (DOI 10.1038/nrg817, lire en ligne).
  2. a b et c (en) Geoffrey Peter Chapman, Grass Evolution and Domestication, Cambridge University Press, , 390 p. (ISBN 9780521416542).
  3. Jack Rodney Harlan (trad. Jacques Belliard), Les Plantes cultivées et l'homme, t. 5, Presses universitaires de France, coll. « Techniques vivantes », , 414 p. (ISBN 9782853191883, ISSN 0182-0699), p. 155-174.
  4. a et b (en) K. Kris Hirst, « When and Where Were Broomcorn and Foxtail Millets First Domesticated? », sur ThoughtCo, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]