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L'Église de l'Orient (syriaque : ܥܕܬܐ ܕܡܕܢܚܐ, Ēdtāʾ d-Maḏenḥā), ou Église de Perse est une Église de langue et de rite syriaque qui s'est définie comme orientale au IVe siècle pour se distinguer des Églises occidentales, en supposant que la ligne de partage entre l'Orient et l'Occident était marquée par la frontière (mouvante) entre l'empire Perse et l'Empire romano-byzantin[1]. Cette Église aux contours flous, sous la juridiction de l'évêque d'Antioche, s'est structurée au concile de Séleucie-Ctésiphon, en 410, autour de l'évêque de Séleucie-Ctésiphon qui prit le titre de Catholicos de l'Orient. En 424, pour des raisons essentiellement politiques, le Synode de Markabta proclama l'indépendance de l'Église de l'Orient du patriarcat d'Antioche. L'Église de l'Orient refusa la condamnation de Nestorius au concile d'Éphèse en 431, ce qui a conduit la Grande Église à la considérer comme hérétique et schismatique, et à la désigner, à tort, sous le nom d'Église nestorienne. En 484, le synode de Beth Lapat a institué Théodore de Mopsueste, qui fut le mentor de Nestorius, comme théologien de référence de l'Église de l'Orient. Cependant, au synode convoqué par Mar Aba Ier en 544, les résolutions doctrinales prises au concile de Chalcédoine en 451 furent approuvées[2].

Malgré les persécutions, l'Église de l'Orient s'est répandue très tôt en Asie en suivant les routes commerciales jusqu'en Arabie, en Inde et en Chine, une expansion qui s'est poursuivie sous les califats arabes et dans l'Empire Mongol. Au XIIIe siècle, l'Église de l'Orient était l'Église la plus répandue sur la Terre. Elle a ensuite subi un rapide déclin, ne gardant que ses implantations en haute Mésopotamie et en Inde. Les différentes Églises orientales des Chrétiens de saint Thomas dans le Sud de l'Inde, qui sont nées de l'importante activité missionnaire de l'Église de l'Orient en Inde, en sont également héritières, même si les affiliations se sont diversifiées et complexifiées.

Une des spécificités de l'Église de l'Orient est d'avoir développé des écoles et de universités dans lesquelles étaient enseignées la théologie, la philosophie et les sciences grecques aussi bien que l'astronomie et la médecine. Pour assurer l'indépendance de l'Église de l'Orient, ces écoles ont fourni un gigantesque effort de traduction des textes grecs en syriaque, au point que du Ve siècle au VIIIe siècle, le syriaque a été la langue de la médecine. Puis, les savants chrétiens syriaques ont traduit les textes en persan et, quelques siècles plus tard, en arabe. Ils sont donc à l'origine de la translatio studiorum, la transmission de la culture grecque et orientale de Bagdad à Cordoue et d'Al-Andalus à l'Europe médiévale au XIIe siècle.

En 1552, une querelle de succession au catholicosat de Séleucie-Ctésiphon conduisit une partie des chrétiens de l'Orient à solliciter le Pape Jules III pour consacrer le moine qu'ils avaient choisi comme évêque. C'est ainsi que naquit l'Église catholique chaldéenne avec son siège patriarcal à Mossoul. L'Église de l'Orient perdure aujourd'hui sous l'appellation d'Église apostolique assyrienne de l'Orient. Une partie de cette Église s'est séparée en 1968 et a pris le nom d'Ancienne Église de l'Orient. Les deux Églises de l'Orient tentent de se réunifier depuis plusieurs années, sans y parvenir jusqu'à maintenant (2023).

Origine de la chrétienté mésopotamienne et perse[modifier | modifier le code]

Traditions légendaires[modifier | modifier le code]

Il existe deux traditions. L'une attribue la fondation de la communauté de Séleucie-Ctésiphon à l'apôtre Thomas qui y aurait fait étape dans son voyage vers l'Inde et aurait confié l'évangélisation de la région à son disciple Addaï, encore appelé Thaddée d'Édesse puisqu'il aurait auparavant fondé la communauté d'Édesse. Puis Mari, disciple et successeur d'Addaï, aurait dirigé l'église de Séleucie-Ctésiphon[3],[4]. Une tradition tardive évoque un autre fondateur: « Dans les chroniques médiévales, la liste épiscopale de Ctésiphon-Séleucie mentionne Abris « de la famille et de la race de Joseph » (l'époux de Marie) et le fondateur de cette église à la fin du Ier siècle, puis Abraham « un parent de Jacques appelé le frère du Seigneur »[5]. » Ces traditions visaient à justifier les racines apostoliques de l'Église d'Orient[6].

Édesse[modifier | modifier le code]

La tradition de la fondation de l'Église d'Édesse est semblable à celle de l'Église de Ctésiphon. Elle aurait été fondée par Thomas/Addaï/Thaddée d'Édesse. Cela indique que des missionnaires de la chrétienté d'Édesse sont probablement venus évangéliser Ctésiphon au cours du IIème siècle. Édesse était la capitale du petit royaume d'Osroène, vassal du royaume des Parthes jusqu'à ce que l'empereur Trajan mette la ville à sac en 116. Cet épisode semble avoir permis à Édesse de jouir d'une certaine indépendance entre les deux empires rivaux, indépendance qui fut réduite lorsque l'empereur Caracalla a déposé le roi Abgar IX et transformé l'Osroène en colonie romaine en 213[7]. Pendant le IIème siècle, l'Église chrétienne s'est développée

Déportation des populations syriennes[modifier | modifier le code]

Dans les premiers siècles de notre ère, les Parthes et les Sassanides ont poursuivi les pratiques des Assyriens et des Babyloniens du millénaire précédent, pratiques de pillage et de déportation massive des populations de Syrie et de Palestine vers les villes de Mésopotamie: « On a enregistré, entre 934 et 627, 157 mentions de déportation massive effectuées par les rois d'Assyrie...On estime raisonnablement qu'environ 4 millions 1/2 de personnes ont fait l'objet d'une déportation de la part des Assyriens en trois siècles[8] ». La Bible rapporte trois épisodes de ce type: la déportation de la population du royaume d'Israël par le roi Sargon II en 722[9], et son remplacement par des habitants assyriens, et la déportation à Babylone par Nabuchodonosor II d'une partie des habitants et des élites du royaume de Juda en 597 puis en 587[10]. Au début de l'ère chrétienne, il y avait donc en Mésopotamie une importante population juive parmi laquelle ont été recrutés les premiers disciples du Christ. L'autre source de la chrétienté orientale a été la déportation à de multiples reprises, par les Parthes puis par les Sassanides de populations dans lesquelles existaient des communautés chrétiennes. C'est ainsi que le roi Chapour Ier a déporté en 253 une grande partie de la population d'Antioche pour fonder la ville perse de Gondichapour. Parmi les déplacés figuraient des chrétiens et leur évêque Démétérios.

Christianisation des Juifs[modifier | modifier le code]

Période sassanide[modifier | modifier le code]

Les Parthes, puis les Sassanides qui s’emparent de la Mésopotamie à partir de 266, se méfient des chrétiens qu’ils perçoivent comme dépendants de Byzance. Aussi, l'Église de Perse, qui prend de plus en plus d'importance par rapport à celle d'Antioche grâce à ses écoles et ses monastères et au développement territorial de l’Empire perse, veut manifester sa propre identité[11].

Le processus d’autonomie commence, lors d'un concile dans la ville de Séleucie, en 310, lorsque l’évêque de Séleucie-Ctésiphon, Mar Papa bar Aggai (310-329), fédère les différentes Églises locales de Mésopotamie et de Perse et prend le titre de catholicos de l'Orient, tout en demeurant dans la juridiction de l'Église d'Antioche. Ce titre de catholicos sera repris par ses successeurs.

Mais dans l'Empire romain, le christianisme devient religion d'État, et la Perse, en guerre contre Byzance, doute de la loyauté de ses propres communautés chrétiennes. Les chrétiens, apparaissant comme susceptibles d'apporter un soutien à l'Empire romain, sont persécutés par le roi Shapur II (309-379) qui tente de démanteler la structure de l'Église et fait périr vierges et clercs dont les catholicos Simon bar Sabbae (341), Shahdost (342) et Bar Bashmin (346). Le siège épiscopal de Séleucie-Ctésiphon reste vacant pendant près de vingt ans (346-363). Après la prise de Nisibe par les Perses en 363, beaucoup de chrétiens vont s'installer, en territoire romain, à Édesse[12], dont l'école théologique prendra le nom de l'« École des Perses ».


Période abbasside[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. LeCoz et 1995 p.11.
  2. Joseph Yacoub, Babylone chrétienne : géopolitique de l'Église de Mésopotamie, Paris, Desclée de Brouwer, 1996
  3. LeCoz et 1995 p.21.
  4. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éditions du Cerf, 2001, p. 228.
  5. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éditions du Cerf, 2001, p. 227.
  6. LeCoz et 1995 p.22.
  7. (en) Erica C.D. Hunter, « The transmission of greek philosophy via the School of Edessa », The Medieval Mediterranean, Peoples, Economy and Culture (400-1500), Leiden, Boston, Khöln, Brill, vol. 42 « Literacy, Education and Manuscript Transmission in Byzantium and beyond. Edited by Catherine Homes and Judith Waring »,‎ , p. 225-239 (ISBN 90 04 12096 3)
  8. Mésopotamie et 2017 pp.668-670.
  9. Mésopotamie et 2017 p.690.
  10. Mésopotamie et 2017 p792.
  11. L'Église d'Orient
  12. Aldabert-G. Hamman, Pour lire les Pères de l'Église, Cerf, 2007, p. 84.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Raymond Le Coz, Histoire de l'Église d'Orient - Chrétiens d'Irak, d'Iran et de Turquie, Paris, Cerf, , 441 p. (ISBN 978-2-204-05114-9)
  • Raymond Le Coz, Les médecins nestoriens au Moyen Âge : les maîtres des Arabes, Paris, L'Harmattan, , 441 p. (ISBN 2747564835)
  • Bertrand Lafond, Aline Tenu, Francis Joannès et Philippe Clancier, La Mésopotamie - De Gilgamesh à Artaban (3300-120 av.J.C.), Paris, Belin, , 1042 p. (ISBN 978-2-7011-6490-8)