Utilisateur:Licorne à paillettes/Félix et Regula

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Saints de Zurich sur une fresque de la "Haus zum Königsstuhl" au Stüssihofstatt à Zurich, vers 1400/1425
Le "Secours de l'Empereur" (12. [1] ) sur un chapiteau de pilier dans le Grossmünster, Zurich, montre Charlemagne, dont le cheval tombe à genoux sur le site de la tombe de Félix et Regula. Les deux saints sont représentés à côté. Les saints de la ville sont représentés avec la palme du martyr, mais non décapités comme il était d'usage plus tard.
Grossmünster (lieu de sépulture des deux saints), Wasserkirche (lieu d'exécution) et Fraumünster ( reliques ) formaient un axe processionnel au cœur de Zurich au Moyen Âge . Extrait du plan de Jos Murer de Zurich de 1576.
La plus ancienne représentation connue des saints de la ville. Stuttgart Passionale à partir de 1130, Bibliothèque d'État du Wurtemberg Stuttgart
Peinture murale des saints de la ville donnée par Hans Waldmann sur la façade nord du Fraumünster, donnée vers 1478

Félix et Regula sont deux des trois patrons de la ville de Zurich, saints des églises copte orthodoxe et catholique romaine. Selon une légende du haut Moyen Âge, ils meruent en martyrs lors de la persécution des chrétiens par Dioclétien. Le troisième patron de la ville, Exuperance, n'est quant à lui connu que depuis le XIIIe siècle, en tant que figure de la légende des saints Félix et Regula. Les deux saints appartiennent au groupe des céphalophores (« porte-têtes »).

Jusqu'à la Réforme, Félix et Regula sont vénérés à Zurich. La Grossmünster, la Wasserkirche et la Fraumünster leur sont dédiées. Leur fête a lieu le 11 septembre.

Légende[modifier | modifier le code]

Tradition carolingienne[modifier | modifier le code]

La plus ancienne version écrite de la légende de Félix et Regula est conservée à la Bibliothèque de l'abbaye de Saint-Gall, dans un manuscrit de la seconde moitié du VIIIe siècle (Codex 225, ff. 473-478). [2] Une copie de ce texte est également disponible dans un manuscrit de la seconde moitié du IXe siècle (Codex 550). [3] Le texte du cod.225 est probablement une copie d'une source zurichoise, mais il est supposé être un peu plus ancien. L'origine de la légende n'est donc pas antérieure au milieu du VIIIe siècle. siècle. Elle est donc bien plus jeune que le culte de la Légion thébaine, qui est mentionné dans le Passio acaunensium martyrum, le plus ancien document écrit issu du territoire suisse, dès la fin du IVe siècle.

La légende appartient au genre des histoires de martyre, qui constitue un sous-genre de l'hagiographie chrétienne. Elle s'intitule « Passio sanctorum Felicis et Regula » (Passion des saints Félix et Regula). L'histoire se déroule lors de la période de persécution des chrétiens par Dioclétien, qui dure de 302 à 305 et coûte la vie à de nombreux chrétiens. Dioclétien fait de Maximien son co-empereur en 286. En tant que deuxième souverain, il apparaît dans de nombreux rapports de martyrs comme l'archétype du persécuteur tyrannique des chrétiens.

Selon la Passio, les frères et sœurs Félix et Regula, ainsi que leurs compagnons, auraient été « appelés à errer » par le commandant de la Légion thébaine, Maurice d'Agaune . C'est ainsi qu'ils échappent au martyre de la légion thébaine, sommairement executée vers 302-303 à Agaunum (aujourd'hui Saint-Maurice ) en Valais .

Les pèlerins traversent le Pays de Glaris et suivent le cours de la Linth jusqu'au lac de Zurich . La description du Pays de Glaris comme "région désertique et désolée" illustre la dure vie d'un pèlerin et ne doit donc pas être prise au pied de la lettre. L'endroit est en effet bien peuplé tant à la fin de l'Antiquité qu'à l'époque carolingienne. [4] Ils plantent leurs tentes à l'embouchure de la Limmat près du château de Turicum (Zurich) et y passent un certain temps à jeûner et à prier.

L'empereur Maximien envoie ses ravisseurs à leur suite. A midi, alors que les saints accomplissent leurs prières, ils sont surpris par les soldats impériaux. Leur chef Decius leur demande s'ils sont chrétiens et s'ils sont les compagnons de Maurice, Exupère, Xandre et Victor. Félix le confirme.

Decius exige ensuite que les pèlerins vénèrent les dieux Jupiter et Mercure. Lorsqu'ils refusent, ils sont soumis à une série de tortures cruelles, que les saints endurent avec joie. Enfin, Decius ordonne la décapitation des saints. L'exécution a lieu sur les rives de la Limmat (il n'est toujours pas fait mention du Limmatinsel de la Wasserkirche, où se situe plus tard le lieu d'exécution). Les décapités prennent alors leur tête dans leurs mains et les portent à quarante dextri (pas) sur la colline, à 200 dextri du château, où ils reposent à présent.

Sur la colline où les saints sont enterrés, de nombreux aveugles et boiteux sont guéris. La fête des saints est célébrée le troisième jour avant les Ides de septembre, c'est-à-dire le 11 septembre.

La fin de la Passio explique que l'histoire de Félix et Regula est révélée au moine Florencius par le Saint-Esprit. Stadler (2008) suppose que Florencius est un moine alémanique vivant au 8ème siècle à Zurich et qu'il est le premier à écrire la légende. Iso Müller est quant à lui plus réservé dans son édition de 1971 du texte: pour lui Florencius reste "un inconnu". [5] Les historiens plus anciens lisent florencius comme une indication d'origine et non comme un nom propre. Il s'agirait alors d'un "moine florentin". [6] La recherche moderne suppose le motif a l'origine de l'écriture est la découverte d'une tombe extraordinaire de l'époque romaine. C'est sur le site de la tombe qu'est construire au IXe siècle la Grossmünster. [7]

La Passio s'inspire beaucoup des textes sacrés dans le style et la formulation. Dans certains cas, des passages entiers proviennent directement de la Vulgate.

Tradition ultérieure[modifier | modifier le code]

Après ses premières mises en écriture en latin, la légende se propage au cours des siècles suivants. La figure d' Exuperance n'apparaît qu'au XIIIe siècle et ne fait pas partie de la légende du début du Moyen Âge. Le dernier récit médiéval est celui du chroniqueur zurichois Heinrich Brennwald . [8] Sa Chronique suisse, qui comprend également une nouvelle version de la légende, est écrite entre 1508 et 1516, juste avant la Réforme. Son manuscrit est considérablement influencé par sa dévotion à l'Église catholique et aux saints Félix et Regula, bien qu'il se convertisse à la nouvelle foi au printemps 1523.

La chronique de Brennwald s'inscrit dans la tradition des chroniques suisses du XVe siècle. Elle contient la légende de Félix et Regula, pour la première fois écrite en allemand. En 1576, la chronique est à nouveau publiée par l'abbé de Wettingen Christoph Silberysen . Il y fait ajouter des dessins à la plume en couleurs.

La version de Brennwald est un peu plus longue que la version carolingienne et y ajoute quelques éléments. Elles conserve toutefois de nombreux détails de l'ancienne Passio, comme par exemple la description du Pays de Glaris. Dans cette version, les saints construisent des petites cabanes sur les rives de la Limmat pour s'héberger. Contrairement à la version carolingienne qui décrit tout un groupe de martyrs, à savoir Félix, Regula et un nombre inconnu de compagnons (socii), seules trois personnes sont spécifiquement mentionnées ici: Félix, Regula et Exuperantius, leur serviteur, décrit comme un vieil homme. Dans ce texte le camp des saints est placé à l'endroit où se trouve maintenant la Wasserkirche. Lorsqu'ils se font capturés, ils sont assis près du puits située sous l'autel de cette église

Dans la version de Brennwald, Decius n'est plus un tueur qui pourchasse les saints depuis le Valais, mais le bailli du château de Turicum, chargé d'intercepter les fugitifs. Decius envoie ses serviteurs au camp des saints pour les capturer. Cependant, les saints deviennent miraculeusement invisibles aux serviteurs, et Félix décide de se faire remarquer d'eux afin d'obtenir le statut de martyr.

Les saints ne sont pas torturés et exécutés sur place, mais sont d'abord emmenés à Zurich puis présentés à Decius. Les tortures se déroulent d'abord dans la cour du monastère d'Oetenbach, puis dans le donjon du fort, à l'endroit où la chapelle du Lindenhof est ensuite construite (l'endroit exact où se situe cette chapelle le long du Lindenhof est inconnu aujourd'hui. Elle compte néanmoins comme station dans les processions des saintes reliques entre la Wasserkirche, la Grossmünster et la Fraumünster, documentées à partir de 1271). [9]

Enfin, Decius décide que les saints doivent être mis à mort par l'épée. Dans ce but, ils sont reconduits sur les lieux de leur capture. Les saints décapités portent leurs têtes dans leurs mains puis sont secrètement enterrés par des chrétiens. L'événement est daté de l'an 312. [10]

Jour de fête[modifier | modifier le code]

La Passio se termine en indiquant que la fête des saints est célébrée le troisième jour avant les Ides de septembre (III Idus Septembris), c'est-à-dire le 11 septembre. Dans la Zurich médiévale, la fête des saints de la ville est célébrée par une procession. Dans son Liber Ordinarius, Conrad de Mure décrit le déroulement de cette procession au XIIIe siècle. [11]

Bien que la Réforme supprime le culte des saints, Zwingli conserve le 11 septembre comme jour férié. Jusqu'au 19ème siècle la Zürichilbi (kermesse de Zurich) se déroule ce jour-là. A partir du 17ème siècle, le Knabenschiessen (tir des jeunes garçons), a aussi lieu à Zurich le 11 septembre. Avec sa réintroduction moderne en 1899, le tir des jeunes garçons est cependant déplacé au deuxième week-end de septembre.

Au début du 20e siècle, l'origine de cette date est controversée parmi les chercheurs. [12] Germain Morin (1927) soutient que les saints de la ville de Zurich proviennent à l'origine d'un martyrologe de l'Antiquité tardive, le Calendarium Carthaginense du VIe siècle[13]. Ce calendrier n'est transmis que par l'exemplaire du savant français Jean Mabillon. L'original, déjà très abîmé à l'époque, est depuis longtemps perdu. Dans ce calendrier, trois martyrs sont mentionnés pour le troisième jour avant les calendes de septembre (III Kalendas Septembris, soit le 30 août): Felix, Eva et Regiola. [14] Ces saints y sont associés au groupe des martyrs d'Abitène, mis à mort dans la province romaine d'Afrique proconsulaire . Au VIIIe siècle l'adoption du culte des martyrs d'Abitène à Zurich semble encore récente puisque leurs noms manquent dans d'autres martyrologes de l'époque, comme par exemple celui de Raban Maur. La référence à une transmission surnaturelle de leur légende (l'illumination du moine Florentinus par le Saint-Esprit), quant à elle, exclut d'emblée les questions sur l'ancienneté et l'authenticité de la tradition. Poeschel (1945) soupçonne un lien avec la Regulakirche de Coire et suggère que les reliques de cette Regula ont sont transférées de Coire à Zurich, puis que saint Félix lui est ensuite attribué en tant que frère, sur la base du Calendarium Carthaginense . [15]

En outre, certaines sources suggèrent que l'écart entre les dates est dû à une erreur de recopiage, l'abréviation Kl étant par erreur écrite Id. Ainsi, la date III Kl. Sept. (30 août) serait devenue celle du III Id. Sept. (11 septembre). [16]

Représentation des saints[modifier | modifier le code]

Sceaux[modifier | modifier le code]

Les plus anciens sceaux de la ville de Zurich, tous deux datant de 1225, montrent trois saints patrons décapités dans un cas et seulement deux dans l'autre.
Felix, Regula et Exuperantius sur le sceau de la ville de 1347/8

Tout au long du Moyen Âge, plusieurs sceaux représentent les saints. L'un des premiers, réalisé au Fraumünster en 1224, est attribué à l'abbesse Adelheid von Murghart, bien que son nom ne figure pas sur le sceau. La forme ovale et pointue ainsi que la représentation des têtes de Felix et Regula, d'une abbesse agenouillée en bas et de la main de Dieu en haut sont typiques des sceaux du Fraumünster de cette époque. En 1258, un autre motif est utilisé pour la première fois : les saints sont dessinés de côté et tiennent leur tête dans leurs mains. Une abbesse agenouillée est à nouveau représentée en-dessous de la scène. Cette représentation est ensuite devenue typique de tous les autres sceaux du Fraumünster. On la retrouve également sur celui d' Elizabeth von Spiegelberg (1298) et celui d' Elizabeth von Matzingen (1308). Dans les décennies qui suivent, les représentations deviennent de plus en plus détaillées et élaborées.

Pièces de monnaie[modifier | modifier le code]

Ducat zurichois du XVIIe siècle Siècle. Le motif sur le devant montre les Saints Felix et Regula, sur le dos Charlemagne est représenté.

La première représentation de Félix et Regula sur des pièces de monnaie figure sur un denier du règne de l'empereur du Saint-Empire Henri II, dont un seul morceau a été retrouvé à Stockholm. Les lettres FELIX (REG) VL (A) sont gravées au dos. Sur la face avant, l'image n'est pas reconnaissable. [17]

A partir du 13e siècle, la tête de Félix est utilisée sur le pfennig zurichois. La tête est seule, sans nom ni auréole. On reconnaît qu'il s'agit de Saint Félix grâce aux représentations de lui qui sont réalisées sur des sceaux à la même époque. Les renouvellements réguliers des pièces induisent également un changement dans leur conception. Il existe ainsi, entre le deuxième quart du 13e siècle et le début du 14e, neuf types de pfenning différents. Sur certains, Félix regarde à droite, alors qu'il regarde à gauche sur d'autres. De même, le nom de la ville, figurant en latin (TURICUM) et en allemand (ZVRICH), n'est pas uniforme. Il est également orthographié à l'envers sur un pfennig. Dans les années qui suive, Felix a été remplacé par des images de l'abbesse de Fraumünster et de la Dame de la ville.

Lors de l'Époque moderne, avec l'avènement des grandes pièces d'argent, les motifs des saints sont à nouveau utilisés. Les pièces de monnaie de 1504 et 1505 montrent Félix et Regula avec des têtes coupées et des auréoles. A leurs pieds se trouvent les armoiries de la ville et leurs noms sont gravés à droite et à gauche. Le plus ancien thaler zurichois de 1512 est modelé d'après un sceau du 14ème siècle. Pour la première fois, les trois saints de la ville figurent ensemble sur une seule pièce. Charlemagne, le fondateur du Grossmünster, est représenté sur les pièces d'or de la même période.

Après la Réforme, les saints ne sont plus représentés sur les pièces de monnaie, à Zurich comme dans d'autres villes réformées. Les thalers zurichois, créés par Jakob Stampfer à l'époque de Bullinger, sont conçus à des fins purement héraldiques, avec les armoiries de la ville, les armoiries impériales et celles du bailliage de Zurich. Plus tard (17e siècle) les thalers des villes réformées représentent souvent des vues de la ville. Néanmoins, Félix et Regula figurent sur un ducat zurichois non daté du 17ème siècle. Au dos se trouve une image de Charlemagne. Il est possible qu'il provienne de la période durant laquelle le théologien zurichois Johann Jakob Ulrich publie ses écrits, puisqu'il y fait campagne avec force pour la réintroduction des saints sur les pièces de monnaie . [18] Selon lui, les saints sont les premiers représentants de la foi chrétienne à Zurich et, à ce titre, méritent un honneur particulier. Malgré son influence en tant qu'administrateur du Grossmünsterstift, le ducat reste la dernière pièce à utiliser le motif sacré de Félix et Regula.

Réforme et Contre-Réforme[modifier | modifier le code]

Détail de la partie récupérée du retable par Hans Leu l'Ancien: Felix, Regula et Exuperantius, vers 1500



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  1. nach 1100, vor 1220, vermutlich Mitte des 12. Jahrhunderts, eine der ältesten Darstellungen der Heiligen, neben einer Miniatur im Stuttgarter Passionale (um 1130).
  2. St. Gallen, Stiftsbibliothek, Cod. Sang. 225, p. 473–478. (online)
  3. St. Gallen, Stiftsbibliothek, Cod. Sang. 550, p. 29–39. (online)
  4. Urs Baur: Die Zürcher Stadtheiligen Felix und Regula, S. 26
  5. Iso Müller: Die frühkalingorische Passio der Zürcher Heiligen. In: Zeitschrift für schweizerische Kirchengeschichte Bd. 65, S. 180–185
  6. Rudolf Luginbühl (Hg.), Heinrich Brennwalds Schweizerchronik Band 1 (1908), 742
  7. Stadler, Hans: "Felix und Regula", in: Historisches Lexikon der Schweiz (HLS), Version vom 15. Dezember 2008. https://hls-dhs-dss.ch/de/articles/010200/2008-12-15/
  8. R. Luginbühl (Hrsg.): Heinrich Brennwald, Schweizerchronik im Anschluss zur Schweizergeschichte, S. 613
  9. Ernst C. Büchi: Mittelalterliche Skelette vom Lindenhof Zürich. Schriften aus dem Anthropologischen Institut der Universität Zürich. Bern 1950.
  10. Rudolf Luginbühl (Hg.), Heinrich Brennwalds Schweizerchronik Band 1 (1908),
  11. Heidi Leuppi, Der Liber ordinarius des Konrad von Mure: die Gottesdienstordnung am Grossmünster in Zürich (1995), S. 129.
  12. Urs Baur: Die Zürcher Stadtheiligen Felix und Regula, S. 28
  13. G. Morin: "Die Zürcher Heiligen Felix und Regula und ihre afrikanischen Namensvettern von Abitinae", Festgabe des Zwingli-Vereins zum 70. Geburtstage Hermann Eschers (1927).
  14. Mabillon (1682), 399
  15. Erwin Poeschel, Sind Felix und Regula Zürcher Heilige? Bündnerisches Monatsblatt (1945)
  16. Emil Egli: Reallexikon für protestantische Theologie und Kirche Bd. 6, S. 30
  17. Dietrich Schwarz: Ein Zürcher Dukat des 11. Jahrhunderts. In: Dona Numismatica, S. 96–97
  18. Hans Jacob Leu: Allgemeines Helvetisches Lexikon Bd. 18, S. 587