Utilisateur:Leonard Fibonacci/Hyrcan, Tobiades et Bagratouni

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.


Le château d'Hyrcan le Tobiade à Araq al-Amir

Mimouni signale (p. 297) qu'en 2 M 12, 17 il est mentionné « un raid de Dosithée et Antipater, généraux de Judas (Maccabée), jusqu'en « Charax, chez les Judéens appelés Toubiens ». » Et en 2 M 12,35, le même Dosithée est signalé comme étant « cavalier [du corps] des Toubiens », alors qu'il s'illustre en Idumée.

Tobiades : points notables[modifier | modifier le code]

  • Ils sont liés aux Oniades par mariages (comparer avec "les Recchabites qui épousent les filles des grand-prêtres" et Siméon de Clopas donné comme un prêtre de la classe des Recchabites);
  • Bien que gardant un pied à terre à Jérusalem, leurs territoires sont situés en Transjordanie ;
  • Il existe des juifs Toubiades en Charax (Characène) avec lesquels ils sont en lien ;
  • Ils utilisent le nom Hyrcan (c'est même la plus ancienne mention de ce nom (dans les archives de Zénon) peu avant Jean Hyrcan Ier (règne de -134 à -104)) ;
  • Dans les archives de Zénon et le "Roman Toubiade" rapporté par Flavius Josèphe, "Hyrcan, fils de Joseph, fils de Tobias", publicain au service des rois Lagides se suicide vers -175, probablement quand il apprend qu'une expédition du roi séleucide (Antiochos IV ?) est diligentée contre lui « pour ce qu'il a fait aux "Arabes" ». L'expression "les Arabes" désigne ici probablement les nabatéens et en particulier la population d'Ammonitide. La région sera conquise sur les Nabatéens par les Hasmonéens pour finalement être jointe à la Pérée.
  • Selon Mimouni, quand « la Syrie-Palestine passe des mains des Lagides aux mains des Séleucides, Hyrcan, alors fermier général des impôts pour toute la région, se trouve confronté à de sérieuses difficultés : il parvient toutefois à se maintenir pour le compte des Lagides, du moins en Ammonitide, jusqu'aux environ de -175, date à laquelle il s'est suicidé. [Après sa mort] les biens [d'Hyrcan] sont confisqués par Antiochos IV, le toponyme « terre de Toubias » se maintient, quoique la famille ait cessé de gouverner l'Ammonitide (p. 297). » Les ruines du palais d'Hyrcan ont été retrouvées à Araq al-Amir.
  • Le deuxième livre des Maccabées (3, 11) fait aussi référence à un homme présenté comme « Hyrcan fils de Tobie, homme très éminent », à qui appartenait une partie de l'argent entreposé dans le Temple de Jérusalem lors de la visite d'Héliodore (v. -178). Est-ce "Hyrcan, fils de Joseph, fils de Tobias" ou plutôt un de ses neveux lui aussi appelé Hyrcan mais fils d'un Tobie, alors qu'il est attesté qu'un des frères du publicain Ammonite appelé Hyrcan est appelé Tobias (?)
  • Un des neveux de "Hyrcan, fils de Joseph, fils de Tobias" est aussi appelé Hyrcan.
  • Il existe aussi les noms Joseph et Dosithée
  • Lorsqu'il arrive à Édesse, Thaddée/Addaïe loge chez Tobie fils de Tobie, et Moïse de Khorène précise que sa famille avait fuit (Nisibe) au moment de la persécution faite par Ma'nu Saphul (Arsham). Ce Tobie, est un « prince juif que l’on dit être de la race des Bagratouni (Pakradouni) (Moïse de Khorène). »
  • Enanus (Énanos Bagratouni), juif, pose couronne (tagadir) persécuté par Ma'nu Saphul (Arsham) est lui aussi un ancêtre des Bagratouni.
  • Le corps des cavaliers des Toubiens est aussi notable (à comparer avec les cavaliers de Batanée qui vont être la cavalerie des rois Agrippa et avait probablement été auparavant aussi celle de Philippe le Tétrarque.) ;
  • Des membres importants de la famille sont des "publicains". Une charge qu'ils se sont transmis en faisant d'importantes promesses aux roi Lagides. Tout indique que certains membres de la famille ont continué cette activité auprès des Séleucides et que la brouille d'Hyrcan avec les autres membres de sa famille viendrait de son choix de continuer à soutenir les Lagides, alors que les Séleucides sont désormais les hommes forts de la région.
Le château d'Hyrcan le Tobiade à Araq al-Amir

Sources[modifier | modifier le code]

À l'époque de la 4e guerre syrienne, Polybe — notre principale source antique sur les Guerres syriennes — mentionne la participation de forces auxquelles il se réfère comme étant des Arabes (Polybe, IV, 70, 1-4 ; 79, 3 ; 82, 12s)[8]. Il n'est pas certain que l'identification avec les Nabatéens que font certains critiques soit correcte[8]. Il y avait d'autres tribus arabes en Transjordanie, poursuivant une politique non alignée sur celle des Nabatéens[8]. Par exemple, à l'époque de Judas Macchabée et par la suite, pendant que les Nabatéens coopéraient activement avec les Hasmonéens, d'autres tribus arabes du voisinnage affichaient leur attitude hostile par des actions anti-Hamonéennes déterminées[8].

Hyrcan, fils de Joseph, fils de Tobie[modifier | modifier le code]

Après la mort de son père, Hyrcan, fils de Joseph, fils de Tobie, construisit une position fortifiée dans le « Pays de Tobias » en Transjordanie[9]. Pour Aryeh Kashe, il semble peu probable qu'Hyrcan ait construit ce palais et aussi creusé les spacieuses grottes avec chambres et dortoirs pour une résidence permanente avec salles de banquets[10], s'il passait son temps à guerroyer contre les arabes comme dit Flavius Josèphe. Pour lui, il est possible qu'il se soit opposé à certaines tribus arabes de l'endroit, mais qu'il ait été l'allié des Nabatéens. Le réseau de grottes était pourvu de l'eau courante qui en plus de ses avantages pratiques lui donnait une splendeur spéciale[11]. Pour faciliter leurs défenses en cas d'attaque, l'entrée de ces vastes grottes taillées dans le roc ne permettait le passage que d'un seul homme[11]. Aux alentours, se trouvaient de vastes vergers, avec probablement l’implantation d'arbres fruitiers[11].

Mais les Tobiades semblent installés depuis très longtemps dans la région tout en ayant une résidence à Jérusalem, « peut-être dès la seconde moitié du VIIIe siècle av. J.-C., assurément dès le début du VIe siècle av. J.-C.[12]. » Ils apparaissent pour la première fois dans le Livre de Néhémie « sous le nom de « Tobiah » dit le « serviteur ammonite » ou tout simplement « l'Ammonite », qui semble avoir été gouverneur pour les Achéménides et avoir des rapports étroits avec la famille du grand prêtre Eliashib[12]. » Ce Tobiah « réside à la « Birta de l'Ammonitide » et ce vocable araméen, signifiant forteresse désigne le site de l'actuel Araq al-Amir, où la « baris », attribuée par Flavius Josèphe à Hyrcan, pourrait tout aussi bien être l'oeuvre de son aïeul[13]. » Il ne faut donc pas prendre le « Romand de Tobie » relaté par Flavius Josèphe trop à la lettre. Pour Mimouni, ce texte est de caractère trop romanesque et sa chronologie est trop fantaisiste, « pour qu'on le tienne pour historique dans son ensemble[12]. » En revanche, il est tout à fait possible que ces seigneurs Tobiades aient utilisé le savoir-faire des Nabatéens — dont témoignent encore les temples de Pétra — pour creuser les grottes spacieuses qui complétaient la forteresse.

Les Bagratouni descendent-ils des Tobiades, ou les deux familles sont-elles liées ?[modifier | modifier le code]

Ch. XXXIII. Prédication de l‘apôtre Thaddée à Édesse. — Copie de cinq lettres.

« Après l’ascension de notre Sauveur, l’apôtre Thomas, l’un des douze, envoya un des soixante-dix disciples, Thaddée, dans la ville d’Edesse, pour guérir Abgar et évangéliser selon la parole du Seigneur. Thaddée se rendit dans la maison de Tobie, prince juif que l’on dit être de la race des Bagratouni (Pakradouni). Ce Tobie, ayant été persécuté par Arscham (ou ayant fui pour éviter Arscham, dans 2 manuscrits), n’abjura pas cependant avec ses autres parents le judaïsme, mais il en observa les lois jusqu’au moment où il crut au Christ. »

Enanus, le chef de cette tribu "persécutée" par Ma'nu Saphul (Arshama = le Noir) a le privilège de poser la couronne sur la tête des rois, fonction réservée au chef des Bagratouni, ce qui indique qu'Enanus aurait lui aussi été un Bagratouni, ce qui est en général admis. Le départ de Nisibe de la famille de ce Tobie pour se réfugier et qui fait qu'on le trouve à Édesse vers 37-40 a probablement été l'attitude de nombreux juifs au moment de la persécution menée par Ma'nu Saphul. C'est cette même persécution qui pourrait avoir motivé le départ de Zamaris et de ses "Babyloniens" et qui expliquerait qu'on les trouve sous la protection du légat de Syrie qui lui a donné Oulatha comme territoire, vers -10 ou même un petit peu avant.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Guy Couturier, La carte de Madaba, 17 décembre 2004.
  2. L'autre lieu appelé Ænon sur la carte de Madaba est situé à hauteur de Salem, avec la légende "Ænon, qui est aussi Saloumias (Salem)" cf. Carte de Madaba - Vallée du Jourdain.
  3. L'endroit était connu sous le nom de Sapsas ou Sapsaphas («le lieu des Saules»), comme cela est écrit dans la carte de Madaba, qui l'identifie avec Ainon. Une laura (un complexe monastique) avec de nombreuses cellules habitées par des moines ermites a été construite sur place près d'une grotte après une vision.
  4. Michele Piccirillo, Ainon Sapsaphas and Bethabara.
  5. Mémoires Pour servir à L'Histoire Ecclésiastique Des six ..., Volume 1,Numéro 1, Sébastien Le Nain de Tillemont.
  6. René Grousset, Histoire de l'Arménie des origines à 1071, Paris, Payot, (réimpr. 1984, 1995, 2008) (ISBN 978-2-228-88912-4), p. 105.
  7. Marie-Louise Chaumont, « L'Arménie entre Rome et l'Iran : I de l'avènement d'Auguste à l'avènement de Dioclétien », dans Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II, 9.1, 1976, p. 86.
  8. a b c et d Kasher 1988, p. 18.
  9. Kasher 1988, p. 19.
  10. Kasher 1988, p. 19-20.
  11. a b et c Kasher 1988, p. 20.
  12. a b et c Mimouni 2012, p. 294.
  13. Mimouni 2012, p. 296.