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La Longue Route de Bernard Moitessier est le récit autobiographique de son périple pendant la première course autour du monde en solitaire du Golden Globe, en 1968.

C'est son troisième livre, après Vagabond des Mers du Sud et Cap Horn à la voile.

La Longue Route
Auteur Bernard Moitessier
Pays France
Genre Récit vécu
Éditeur Arthaud
Lieu de parution Paris
Date de parution 1971
Nombre de pages 315
ISBN -700-39654-5[à vérifier : ISBN invalide]


Contexte historique[modifier | modifier le code]

Le Joshua

Alors qu'il ne se remet pas d'avoir bâclé son dernier récit, relatant son voyage de noces en Polynésie et le retour par le Cap Horn, le navigateur et écrivain Bernard Moitessier décide, pour se racheter, d'écrire un autre livre. Un livre qui raconterait un voyage encore plus fabuleux[1]. Il décide alors de ce tour du monde en solitaire sans escale.

Apprenant qu'un anglais, Bill King, prépare le même voyage, un quotidien anglais, le Sunday Times, organise une course au règlement simplifié : chacun partira entre le 1 juin et le 31 octobre du port anglais de son choix ; il suffira ensuite de boucler le tour du monde par les trois caps, sans toucher terre et sans assistance. Deux récompenses à la clé : un chèque de 5 000 livres sterling pour le plus rapide, et un trophée (le Golden Globe), au premier arrivé.

Le Golden Globe Challenge est créé.

Après un premier refus, Bernard Moitessier finit par accepter de participer à cette course. Il part le 22 août 1968 de Plymouth, à bord de Joshua, son ketch en acier de 12m, dont les mâts sont de simples poteaux télégraphiques. Deux autres partent dans la même période : Loïck Fougeron et Bill King.

Un long périple[modifier | modifier le code]

Très vite, La Longue route prend une tournure toute autre que les précédents livres de Moitessier. Il y explique sa vision de la mer, du monde actuel et de ses dérives. Il raconte les calmes de l'Océan Indien où il passe ses journées à nourrir les oiseaux. Moitessier n'est plus en course. Il avait dit avant de partir qu'il courrait la course à sa façon, et c'est effectivement ce qu'il fait. Quand il pousse son bateau au maximum, rajoutant des bonnettes sous la trinquette, c'est pour voir Joshua avaler les milles et ne pas rester trop longtemps sous les hautes latitudes, où il ne fait pas bon de traîner. Quand il s'inquiète de savoir où sont les autres, c'est par peur qu'il leur soit arrivé quelque chose. Et le marin passe le Cap Leeuwin, au large de l'Australie, puis le Cap Horn. Il commence alors à remonter vers le nord, pour s'éloigner de la zone des icebergs, se reposer et décide à ce moment de continuer vers le Pacifique.

« Je continue sans escale vers les îles du pacifique »[modifier | modifier le code]

Alors que tout le monde l'attend en vainqueur (au train où il avance, il dépassera bientôt Robin Knox-Johnston, partit bien avant lui), Bernard, passant pour la seconde fois le Cap de Bonne-Espérance, catapulte à l'aide d'un lance-pierre un message sur un cargo : « Je continue sans escale vers les îles du Pacifique, parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme. » Pour lui, partir d'Europe pour revenir en Europe, c'était comme partir de nulle part pour revenir nulle part.

Le 21 juin 1969, 3 mois et 3 jours après ce message, après avoir traversé une nouvelle fois l'océan Indien, passé le Cap Leeuwin une deuxième fois, mis quatre fois les mâts dans l'eau au cours d'une tempête, Joshua tire des bords pour rejoindre le port de Papeete. Les plaisanciers voient passer la longue carène aux traînées de rouille. Bernard Moitessier jette une ancre, lance les amarres. Parmi ceux qui les saisissent, Pierre Deshumeurs, avec qui, 18 ans plus tôt, il avait tenté de rejoindre l'Australie en partant d'Indochine sur un bateau pourri de la quille jusqu'à la pomme du mât. Après 300 jours de mer, le périple est fini. Il pulvérise également le record de la plus longue traversée en solitaire sans escale, avec quelques 37 455 milles parcourus, soit 69 367 kilomètres.

Une course teintée de malheurs[modifier | modifier le code]

Les positions des concurrents au 10 avril 1969

Knox-Johnston, quant à lui, est arrivé le 12 avril à Falmouth, après 313 jours de mer. Il remporte les deux trophées, puisqu'il est le seul à boucler la course. En effet, sur neuf partants, il n'y a que lui qui rentrera. Fougeron et Bill King abandonnent. Quant à Donald Crowhurst, parti juste avant la date limite, son bateau est retrouvé, le 10 juillet 1969, à la dérive. À bord, on y retrouve deux journaux de bord. Le premier dévoile une navigation imaginaire autour du globe, l'autre un parcours réel qui n'a pas quitté l'Atlantique. On retrouve également un recueil de 25 000 mots, sorte de long testament philosophique, que Crowhurst a écrit en sept jours, avant de se suicider. C'est se sachant rattrapé par Crowhusrt, qu'un autre concurrent, Nigel Tetley, désagrège son trimaran en remontant l'Atlantique. Il se suicide lui aussi, quelques mois plus tard[2].

Rédaction du livre[modifier | modifier le code]

Il faudra plus de deux ans, alors que son éditeur ne lui en donnait qu'un, pour que Bernard Moitessier écrive les dix mois passés seul en mer. Deux années pour recréer « le fidèle reflet du fabuleux sillage ». Alors qu'il va remettre le manuscrit à son éditeur, Bernard rajoute un ultime chapitre. Puisqu'il a tourné le dos à l'Europe et son progrès en continuant vers le Pacifique, il ne peut se renier en acceptant les droits d'auteur. Il lègue alors tous les droits, français et étrangers, au pape, pour « aider à la reconstruction du monde ». Et si le Vatican ne veut pas de cet argent, la somme ira aux Amis de la Terre. Cette opération fut un coup d'épée dans l'eau, personne ne s'intéressa réellement à cette somme pourtant rondelette, et deux ans après la parution de La Longue Route, l'argent dort encore sur le compte de l'éditeur[3]. En moins de trois ans, les ventes dépassent les cent mille exemplaires, et, comme son Vagabond des Mers du Sud, le troisième livre de Bernard Moitessier devient rapidement une référence dans le domaine de la littérature maritime.

Éditions[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Tamata et l'alliance, Éditions Arthaud p.206
  2. Donald C. Crowhurst (consulté le 09/08/08)
  3. Tamata et l'alliance, Éditions Arthaud, p.233


Catégorie:Littérature maritime