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Utilisateur:Gagea/Brouillons/Evolution/Critique du darwinisme

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En tant que théorie scientifique, la théorie de l'évolution fait l'objet de diverses critiques. Certains milieux religieux rejettent l'idée d'évolution biologique car elle contradit certains textes sacrés comme la Bible et lui préfèrent le créationnisme. D'autres acceptent l'idée d'évolution mais refusent l'idée, inspirée de Darwin, que les mécanismes principaux en aient été les mutations et la sélection naturelle, idée qu'ils désignent sous le terme (non-utilisé par la plupart des scientifiques) de "darwinisme", et préfèrent une forme d'évolution dirigée. D'autres auteurs, sans remettre explicitement en question la pertinence scientifique de la théorie de l'évolution, ont critiqué ses supposées conséquences idéologiques. La majorité de la communauté scientifique considère cependant ces critiques comme injustifiées et le créationnisme et l'évolution dirigée comme des idées obsolètes, qui continuent d'être soutenues pour des raisons religieuses.

Critiques issues du milieu scientifique[modifier | modifier le code]

De la part de certains zoologistes, éthologistes, paléontologues tels que Rémy Chauvin ou Pierre-Paul Grassé. Ce dernier, a résumé ses principaux arguments, sans pour autant proposer une théorie nouvelle, dans son livre L'évolution du vivant, matériaux pour une nouvelle théorie transformiste. Pierre-Paul Grassé se situait sur le terrain du lamarckisme, et Rémy Chauvin sur celui du Dessein intelligent.

Plus récemment, Gérard Nissim Amzallag a émis des critiques d'ordre épistémologique dans son ouvrage La raison malmenée, critique des idées reçues en biologie moderne, et d'ordre scientifique dans son deuxième ouvrage L'homme végétal, pour une autonomie du vivant, qui s'oppose, à l'aide de nombreux exemples, à l'idée selon laquelle les êtres vivants sont comparables à des machines et met en avant la notion d'autonomie du vivant.

Critique historique et sociologique[modifier | modifier le code]

Les premières critiques proviennent de Karl Marx et de Friedrich Engels :

1. Lettre de Marx à Engels du 18 juin 1862 :

« Il est curieux de voir comment Darwin retrouve chez les bêtes et les végétaux sa société anglaise avec la division du travail, la concurrence, l’ouverture de nouveaux marchés, les "inventions" et la "lutte pour la vie" de Malthus. C’est le bellum omnium contre omnes [la guerre de tous contre tous] de Hobbes, et cela fait penser à la phénoménologie de Hegel, où la société bourgeoise figure sous le nom de "règne animal intellectuel", tandis que chez Darwin, c’est le règne animal qui fait figure de société bourgeoise. »
Engels précise en 1883 : "Cette idée, ai-je écrit dans la préface à l'édition anglaise, cette idée qui selon moi, est appelée à marquer pour la science historique le même progrès que la théorie de Darwin pour la biologie" (Le manifeste du Parti communiste, K. Marx - F. Engels, Préface à l’édition allemande de 1883)

2. Lettre de Engels à Lavrov du 12 [17] novembre 1875 :

« Toute doctrine darwiniste de la lutte pour la vie n’est que la transposition pure et simple, du domaine social dans la nature vivante, de la doctrine de Hobbes : bellum omnium contre omnes et de la thèse de la concurrence chère aux économistes bourgeois, associée à la théorie malthusienne de la population. Après avoir réalisé ce tour de passe-passe […], on retranspose les mêmes théories cette fois de la nature organique dans l’histoire humaine, en prétendant que l’on a fait la preuve de leur validité en tant que lois éternelles de la société humaine. Le caractère puéril de cette façon de procéder saute aux yeux, il n’est pas besoin de perdre son temps à en parler. »

Engel précise en 1878, dans une longue étude sur Darwin : "Mais en voilà assez des récriminations et des chicanes maussades et contradictoires par lesquelles M. Dühring soulage son dépit devant l'essor colossal que la science de la nature doit à l'impulsion de la théorie darwinienne." (Anti-Dühring - Mr. E. Dühring bouleverse la science)

En 1910, le sociologue Jacques Novicow publie Le darwinisme social (éd. Alcan) qui contient une critique du darwinisme au plan biologique et une critique de l'usage qui est fait du darwinisme dans la sociologie.

Plus récemment, l'historien des sciences André Pichot a consacré un chapitre entier de son Histoire de la notion de vie (1993) à une analyse très critique des thèses de Darwin. André Pichot est l'auteur de La société pure : de Darwin à Hitler, où son terrain de critique est le "darwinisme social". Cet auteur préface le premier livre de Gérard Nissim Amzallag.

La notion d'idéologie scientifique a été avancée par Georges Canguilhem dans son ouvrage Idéologie et rationalité dans l’histoire des sciences de la vie: Nouvelles études d’histoire et de philosophie des sciences (éd. Vrin, 1977). Certains auteur avancent l'idée que le darwinisme répondrait à cette définition.

Critique par les créationnistes[modifier | modifier le code]

Cette critique du darwinisme fait référence aux attaques des tenants d'une vision religieuse ou spiritualiste généralement inspirée d'une exégèse littéraliste de la bible contre les recherches des scientifiques travaillant à la théorie darwinienne. En tant que telle cette critique n'est pas scientifique mais s'inscrit plutôt dans le débat sur raison et foi et en particulier science et christianisme.

Le pape Jean-Paul II critiqua cette position sur la science dans le cadre de l'affaire Galilée:

« Ainsi la science nouvelle, avec ses méthodes et la liberté de recherche qu'elle suppose, obligeait les théologiens à s'interroger sur leurs propres critères d'interprétation de l'Écriture. La plupart n'ont pas su le faire. »

En 1996, le pape affirma que l'évolution était « plus qu'une hypothèse ».[1] Dès lors, c'est surtout des milieux protestants que proviennent les critiques du darwinisme.

Arguments antiévolutionnistes[modifier | modifier le code]

Certains des arguments avancés par les opposants à la théorie de l'évolution relèvent de la croyance religieuse ou de la philosophie et sortent donc du cadre scientifique. D'autres arguments, repris notamment par les tenants de l'intelligent design, mettent en avant des points particuliers discutés ou non résolus, afin d'infirmer l'ensemble de la théorie. Ils ne sont pas pris au sérieux par la communauté scientifique pour laquelle ils relèvent d'une attitude pseudo-scientifique ou sophistique, le travail continuel de remise en question et d'approfondissement des détails et des mécanismes étant la base du travail scientifique. Il peut être intéressant de passer en revue ces derniers arguments.

L'absence de formes fossiles intermédiaires[modifier | modifier le code]

La théorie de l'évolution suppose qu'entre les espèces vivantes, un grand nombre de formes intermédiaires existèrent autrefois, le processus de l'évolution étant supposé très lent et progressif, ou irrégulier selon les théories. On peut donc s'attendre à en trouver les restes sous forme de fossiles.
Les biologistes s'accordent sur le fait que les fossiles retrouvés représentent une part minuscule de ce qui a vécu sur Terre. En effet, la fossilisation ne s'applique quasiment pas aux corps mous, elle n'intervient que dans des conditions très spécifiques, puis les fossiles produits doivent résister à l'érosion. Ils doivent ensuite être découverts.

De plus, s'il était effectivement difficile de trouver des fossiles montrant les étapes de l'évolution conformément à la théorie à l'époque de Darwin, la biologie contemporaine dispose de nombreux exemples de fossiles transitionnels par exemple dans la lignée humaine. Le domaine de ce qu'on appelle l'EvoDevo (évolution et développement) fournit même des élements précis sur les mécanismes d'apparitions de nouveaux organes ou de nouvelles structures qui engendrent de nouvelles espèces[2].

Certains biologistes comme David Raup affirment que l'apparition de nouvelles espèces est trop rapide pour laisser des traces géologiques. Ce dernier a déploré l'instrumentalisation de ses travaux par certains mouvements créationnistes[3]. Or ce débat entre équilibre ponctué et gradualisme est interne à la biologie de l'évolution ; il n'en remet pas du tout en cause les principes mais cherche seulement à en caractériser la dynamique à l'échelle des temps géologiques.

Malgré cela, le manque de formes intermédiaires dans des domaines précis a été dès le début et reste un argument employé par les détracteurs de l'évolution.

Le problème du chaînon manquant de la lignée humaine (un être qui serait intermédiaire entre le singe et l'homme) a longtemps été employé contre la théorie de l'évolution. Depuis, de nombreux hominidés ont été découverts, au point que le problème est aujourd'hui plus de déterminer lesquels sont des ancêtres de l'homme et/ou du singe, et lesquels sont des lignées éteintes.

La complexité irréductible[modifier | modifier le code]

Plusieurs opposants à la théorie de l'évolution darwinienne, notamment Henri Bergson dans L'évolution créatrice, argüent que certains organes, comme l'œil humain (ou celui du homard), exigent un agencement très précis et concourant de différents éléments pour fonctionner correctement. Ils ne pourraient donc être le résultat d'une évolution progressive par sélection naturelle : une ébauche d'œil ne fonctionnerait pas et ne donnerait pas un avantage sélectif significatif. Arthur Koestler estime même, dans Janus, que cette mutation inutile aurait de fortes chances de se diluer et de disparaitre bien avant que les suivantes n'arrivent pour la compléter.

En fait, un organe photosensible même élémentaire, capable par exemple de simplement distinguer le jour de la nuit ou le passage d'une ombre, prédateur ou proie potentielle, procure un avantage sélectif suffisant pour qu'on puisse envisager qu'il s'impose rapidement. De là à obtenir un organe beaucoup plus complexe tel que l'œil des vertébrés, le nombre d'étapes est certes considérable et demande une coordination des modifications de plusieurs organes adjacents, mais chaque amélioration accentuera l'avantage sélectif et s'imposera. Des travaux récents montrent que l'apparition d'un œil "complet" est en fait très rapide, 400 000 générations suffisent[4].
Dans ces considérations, il faut en fait dissiper l'ambiguïté des notions d'organes "élémentaires", ou "d'ébauches" d'organes. Les yeux, ou les membres (ou d'autres organes) sont plus ou moins performants selon leur utilisation dans un organisme donné (vers, poissons, reptiles, oiseaux . . .) mais ils ont toujours étés "formés" et diversement sélectionnés suivant la lignée.

On notera d'ailleurs qu'une plus grande complexité n'est pas assimilable à un avantage ou un meilleur fonctionnement.

Ainsi, la rétine des vertébrés est montée "à l'envers" : la partie sensible des cônes et bâtonnets pointe vers le fond de l'œil, tandis que le filament nerveux qui transmet l'information pointe vers l'avant. Cette constitution présente plusieurs inconvénients, notamment le fait que le nerf optique doit alors traverser la rétine, créant un point dépourvu de cônes ou bâtonnets, c'est-à-dire un Point aveugle. Ainsi que celui de réduire la lumière parvenant aux récepteurs ainsi recouverts par une couche translucide de la rétine, avec artérioles et veinules.

Par comparaison, l'oeil de la pieuvre, et plus généralement des céphalopodes par exemple est monté à "l'endroit" : la partie sensible des cellules photoréceptrices de leur rétine est dirigée vers l'avant de l'oeil, sur la première couche de la rétine et il n'y a donc pas de point aveugle créé par le nerf optique[5].

Il ne faut, de plus, pas négliger la possibilité pour qu'un organe change de fonction ou remplisse plusieurs fonctions simultanément.
Un exemple frappant en est celui de la vessie natatoire qui est homologue aux poumons. Chez certains poissons (les Ginglymodes), elle joue en effet les deux rôles. De même, des plumes peuvent avoir d'abord procuré un avantage en termes d'isolation thermique, puis aidé des sauts, et en fin de compte débouché au terme de millions d'années sur le vol.

Bergson s'oppose à Darwin sur un point : la réductibilité du phénomène vivant à une explication mécaniste, surtout pour des raisons épistémologiques liées à la fonction de notre intelligence ; celle-ci, dans une perspective pragmatique, vise l'action et constitue elle-même un outil d'adaptation. Le modèle établi par Darwin, selon lui conséquence de notre faculté de connaitre, resterait encore insuffisant et exigerait une explication philosophique et intuitive de l'évolution. L'existence même d'une évolution n'est jamais remise en cause par Bergson ni par Koestler, mais tous deux insistent sur le fait que si son rôle d'élimination est indiscutable, son apport explicatif à des successions d'innovations en cascade reste problématique même sur les durées considérées, essentiellement pour des raisons de dilution de mutations qui, isolées, resteraient sans effet.

La seconde loi de la thermodynamique[modifier | modifier le code]

Se fondant sur une simplification de la seconde loi de la thermodynamique, certains pseudo-scientifiques[6][7] avancent que la physique interdirait l'évolution.

L'augmentation globale de l'entropie, variable de la thermodynamique quantifiant le désordre statistique d'un système serait censée interdire l'évolution, qui engendre au contraire la complexité.

Cette affirmation doit être recadrée :

  1. Cette loi s'applique à l'entropie totale d'un système fermé, ce que la Terre n'est pas. L'entropie peut diminuer localement s'il y a échange d'énergie avec un autre endroit où l'on a une augmentation supérieure de l'entropie : typiquement au niveau du Soleil dans le cas de la vie sur Terre[8]. Ou plus précisément dans la transformation du rayonnement solaire reçu par la Terre.
    Globalement la Terre reçoit de l'énergie sous une forme plus "ordonnée" qu'elle n'en réémet : les rayons solaires sont reçus depuis une zone précise du ciel (le disque solaire), principalement dans le spectre visible ; alors que la Terre réémet cette énergie reçue sous forme de rayonnement infrarouge, par un nombre bien supérieur de photons dans toutes les directions du ciel.
  2. Or les êtres vivants sont tous des systèmes "ouverts" (thermodynamiquement parlant) ; tendant à toutes étapes de leur existence à s'autoconserver, c'est à dire à maintenir leur organisation interne au détriment (au prix) d'une production continue de désordre (rejets, chaleur) qui est de nouveau recyclé par dégradation de l'énergie solaire, où dissipé par le rayonnement infrarouge de la Terre (qui est elle-même un système ouvert) payant ainsi le « tribut » à la règle d'entropie. Ils ne sont aucunement des exceptions à cette "loi", contrairement à certaines affirmations péremptoires prétendues « définitives »[7]. De plus, le second principe est un principe général, qui montre qu'un système donné (vivant ou inerte) peut (ou non) "fonctionner" ; son type interne de fonctionnement est (ou peut être) expliqué par d'autres sciences (chimie, mécanique, électronique...)
    La possibilité d'évolution des populations d'êtres vivants est parfaitement conforme au second principe, tout comme leur fonctionnement, leur développement, leur conservation. Cette possibilité s'intègre simplement dans cette succession des générations, qui est elle-même parfaitement conforme au second principe.
    L'évolution ne produit pas directement plus « d'informations » ; il est très difficile de préciser « l'information » contenue dans les êtres vivants. Du moins le scénario principal le suggère-t-il à l'échelle des temps géologiques (des centaines de millions aux milliards d'années) ; comme on l'a vu, cette possibilité est conforme au second principe dans la biosphère. Le questionnement se portant sur la (ou les) manières dont ça c'est produit.
  3. Il n'est pas immédiat d'assimiler le désordre statistique d'objets indifférenciés et indépendants comme les molécules d'un gaz parfait et l'entropie au sein d'un système prébiotique comportant différents constituants en interaction chimique. L'évaluation statistique effective des configurations les plus probables est bien moins évidente et rien n'empêche certains constituants de se « construire » aux dépens d'autres.
    Ainsi il est tout à fait faux de prétendre calculer simplement l'apparition de « la vie » en termes de « probabilités » comme présenté ici[9], ou ailleurs ! Car ce type de calcul simpliste ignore implicitement complètement tout les cadres dans lequel les diverses réactions ont (ou peuvent avoir) lieu : mares, évents, plages, volcans, argiles, impacts météoritiques/cométaires produisant simplement des peptides...
  4. La physique comporte déjà plusieurs phénomènes qui peuvent sembler violer la seconde loi de la thermodynamique si on traduit « entropie » par la notion subjective de désordre : avec la formation des étoiles et des galaxies, la nucléosynthèse, l'Univers croît en entropie tout en paraissant plus ordonné.
    Il serait plus précis de dire que la matière se présente bien sous forme de structures plus ordonnées, mais l'Univers dans son ensemble est en fait plus désordonné principalement par le rayonnement émis lors de la formations de ces structures.


Bric à brac[modifier | modifier le code]

Une introduction =[modifier | modifier le code]

Dès que les premières théories évolutionnistes ont été proposées, de nombreux arguments leur ont été opposés auquel Charles Darwin consacre d'ailleurs une partie de son livre.

Face au consensus scientifique actuel, certains groupes s'opposent à la théorie de l'évolution. Il s'agit en général de milieux religieux, tenants de diverses formes de créationnisme et de prédéterminisme. Les raisons de cette opposition sont la contradiction avec une interprétation littérale de leurs textes sacrés (en particulier la Genèse), la négation de la volonté divine dans la création du monde et de l'homme, ainsi que le fait que la théorie de l'évolution n'accorde pas de place particulière à l'être humain dans l'univers et le monde vivant.

Cette opposition n'est nullement unanime parmi les religions. L'Église catholique par exemple ne partage plus à l'heure actuelle l'interprétation littérale du livre de la Genèse. Le Pape Jean-Paul II a déclaré que la théorie de l'évolution était « plus qu'une hypothèse[10]», et le chef astronome du Vatican, le révérend George Coyne, a affirmé que le Dessein Intelligent « n'est pas de la science, même s'il en a la prétention[11]». Également, le bouddhisme ne rejette pas la théorie de l'évolution dont les notions sont même plutôt en accord avec la pensée bouddhiste[12].

Une étude d'août 2006 réalisée par Science montre qu'aux États-Unis 40% de la population rejettent la théorie de l'évolution, 20% sont incertains et seulement 40% l'acceptent (contre environ 80% en Europe, mais 25% en Turquie). Pour expliquer cette faible adhésion, les auteurs de l'étude pointent le manque de connaissance et de compréhension des concepts de la biologie et particulièrement de la génétique, chez les adultes américains.

Cependants les objections faites au Darwinisme sont parfois soutenues par des théories concurentes plus ou moins bien défendues, comme le neutralisme, le saltationnisme ou le néocréationnisme (qui parfois ne rejette plus l'évolution des espèces mais lui cherche un sens, une orientation divine...).



Créationnisme[modifier | modifier le code]

Vue postérieure de l'os sphénoïde. Selon Anne Dambricourt Malassé et Marie-Joseph Deshayes le fléchissement de l'os sphénoïde dans le même sens depuis 60 millions d'années a complètement orienté et continuerait d'orienter l'évolution de l'Homme...

Le dessein intelligent (Intelligent Design en anglais[13]) est la thèse selon laquelle « certaines observations de l'Univers et du monde du vivant sont mieux expliquées par une cause intelligente que par des processus aléatoires tels que la sélection naturelle. »[14]. Cette thèse a été développée par le Discovery Institute, un cercle de réflexion conservateur chrétien américain. Le dessein intelligent est présenté comme une théorie scientifique par ses promoteurs, mais dans le monde scientifique, il est considéré comme relevant de la pseudo-science, tant par des arguments aussi bien internes à la biologie (les promoteurs du dessein intelligent apparaissant aux biologistes comme ne tenant pas compte de nombreuses observations) qu'épistémologiques (en particulier le critère de réfutabilité de Karl Popper).

La plupart des commentateurs y voient une résurgence du créationnisme, dissimulée sous une apparence de scientificité, et les Américains la classent désormais dans les théories néo-créationnistes, en particulier suite à la publication du Wedge document (voir objectifs et stratégie). D'un point de vue idéologique, les deux thèses sont apparentées (intervention d'une puissance supérieure).

  • Argumentation : Deux chercheuses françaises, Anne Dambricourt Malassé et Marie-Joseph Deshayes défendent, que l'os sphénoïde, un os situé au centre du crâne, jouerait un rôle clef dans l'évolution de notre espèce, et particulièrement dans notre position redressée et la bipédie[15].

L'évolutionnisme dans les autres sciences[modifier | modifier le code]

L'homme a su très vite utiliser la variabilité des populations à son profit : l'évolution dirigée par l'homme, ou sélection artificielle, constitue un phénomène parfaitement connu des éleveurs depuis des millénaires. Il avait été remarqué depuis longtemps que les animaux d'élevage héritaient, dans une certaine mesure, de caractéristiques de leurs parents et nul n'aurait songé à utiliser ses bêtes les plus malingres pour la reproduction. D'ailleurs, Darwin utilise de nombreuses observations issues de la sélection des plantes et des animaux en agriculture pour étayer ses idées.

Au cours du XXe siècle, des chercheurs comme Pierre Teilhard de Chardin, Julian Huxley, James Lovelock (hypothèse Gaïa) et David Deutsch ont tâché d'appliquer la notion d'évolution à la totalité de l'Univers, depuis les particules subatomiques jusqu'à la société humaine, avec une fécondité inégale.

La pensée évolutionniste s'est notamment propagée au sein de l'anthropologie évolutionniste au XIXe siècle. Pour les anthropologues de cette époque, l'espèce humaine ne fait qu'une, et donc, chaque société suit la même évolution, qui commence à l'état de « primitif » pour arriver jusqu'au modèle de la civilisation occidentale. Cette théorie a été très fortement remise en question. En effet, elle ne correspond pas à la réalité historique observée (les civilisations suivent des "chemins" divergents, ne poursuivent pas les mêmes "objectifs", et la civilisation occidentale, qui devrait pourtant constituer le stade ultime de l'évolution, continue pourtant à vivre de profondes mutations.) et est douteuse d'un point de vue éthique (considérant notre société occidentale comme l'aboutissement ultime de la civilisation). À l'inverse de ce qui était pratiqué jusqu'au milieu du XXe siècle, les approches modernes de l'anthropologie évolutionniste privilégient une méthodologie précise (confrontant des sources multiples, s'inspirant des outils d'analyse quantitative des sciences sociales, tentant de se départir de l'ethnocentrisme) et s'appuie sur des théories plus élaborées que l'évolutionisme simpliste des débuts. Théories inspirées non seulement par la biologie de l'évolution moderne mais aussi par la modélisation mathématique et informatique et parfois enrichies par les connaissances contemporaines en psychologie.

L'application des principes de l'évolution (notamment de concepts comme les caractères adaptatifs, la pression de sélection, etc) en psychologie a donné naissance à un courant baptisé psychologie évolutionniste. Même si Darwin avait déjà émis l'idée que la sélection naturelle a pu façonner aussi bien des caractères anatomiques que psychologiques, cette discipline s'est véritablement formalisée au début des années 1990 dans le cadre conceptuel des sciences cognitives. Depuis, la psychologie évolutionniste est au centre d'une intense controverse scientifique qui tient à de multiples raisons : difficulté méthodologique à établir une histoire évolutive des comportements qui ne sont pas des objets matériels, résistance intellectuelle à envisager l'esprit humain comme en partie déterminé par l'évolution, utilisation simpliste et abusive des théories évolutionnistes, médiatisation et déformation auprès du grand public des problématiques scientifiques... Dans le milieu scientifique toutefois, la psychologie évolutionniste fait désormais partie des paradigmes scientifiques valides.

L'efficacité du processus de sélection naturelle a inspiré la création d'algorithmes évolutionnistes (comme les algorithmes génétiques) en informatique. Ces algorithmes heuristiques modélisent plusieurs caractéristiques de l'évolution biologique (en particulier les mutations et les recombinaisons) pour trouver une solution satisfaisante à un problème trop complexe pour être abordé par d'autres méthodes.

Développements politiques et judiciaires[modifier | modifier le code]

Les polémiques ont débordé, depuis les années 1990, le simple cadre du débat public, notamment aux États-Unis.

Dans certains États, les tenants du créationnisme ont essayé de rendre obligatoire son enseignement dans les écoles publiques, en tant que « théorie scientifique concurrente » de celle de l'évolution. Cependant ces mesures ont été déclarés anticonstitutionnelles vis-à-vis du premier amendement sur la liberté d'expression, du fait du caractère religieux de cette théorie. Devant ces tentatives, des scientifiques ont ironiquement demandé à ce que soit aussi enseigné le pastafarisme[réf. souhaitée].

Un nouveau concept est apparu dans la mouvance créationniste, baptisé dessein intelligent (« Intelligent Design »), qui affirme que « certaines caractéristiques de l'Univers et du monde vivant sont mieux expliquées par une cause intelligente, plutôt que par des processus aléatoires tels que la sélection naturelle[16]». Cette thèse est présentée comme une théorie appuyée par des travaux scientifiques, et ne nie pas l'existence de tout phénomène évolutif. La justice américaine, s'appuyant sur les travaux scientifiques, a cependant jugé (voir Kitzmiller v. Dover Area School) que cette thèse était de nature religieuse et non scientifique, et que les promoteurs de l’Intelligent Design n'explicitaient pas cette « cause intelligente » afin de contourner le problème juridique et d'échapper au qualificatif religieux. D'autres groupes utilisent les arguments de l’Intelligent Design, avec diverses attributions pour la « cause intelligente », par exemple des extraterrestres.


Néo-Lamarckisme[modifier | modifier le code]

Une autre approche de l'évolution est le néo-lamarckisme. L’action en faveur de Lamarck se traduit par l’organisation d’un congrès international à Paris en 1947 sous l’égide du CNRS sous le thème de « paléontologie et transformisme » dont les actes paraissent en 1950 chez Albin Michel. Il réunit nombre des plus grandes autorités françaises ; outre Grassé, y participèrent Lucien Cuénot (1866-1951), Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), Maurice Caullery...[17] Ceux-ci s’étaient alors opposés à des tenants du néo-darwinisme, brillants biologistes également, comme John Burdon Sanderson Haldane (1892-1964) et George Gaylord Simpson (1902-1984)[18]. Grassé fait l’éloge de Lamarck d’autres façons comme dans un article de l’Encyclopædia Universalis en affirmant que Lamarck a été injustement calomnié et qu’il doit être réhabilité[19].


Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. worldnetdaily.com
  2. Vincent Homer, Évolution et développement : Vers une nouvelle synthèse ?, Université Paris IV, Sorbonne
  3. Alain Feuerbacher, Désaccords d'Évolution
  4. Nilsson & Pelger, A pessimistic estimate of the time required for an eye to evolve.Proc. Biol. Sci .1994 Apr 22;256(1345):53-8
  5. Rafael Terrón, Imperfections de la Nature : Preuves à conviction de l'évolution, Association FABULA.
  6. Emmanuel Bozzi, La deuxième loi de la thermodynamique contredit la théorie de l'évolution, Bibliste.com
  7. a et b Harun Yahya, La thermodynamique réfute l'évolution, Le Mensonge de l'évolution.com
  8. Jacques Monod, Le Hasard et la Nécessité, Seuil, 1970 (ISBN 2020028123)
  9. Harun Yahya, L'impasse moléculaire de l'évolution, Le Mensonge de l'évolution.com.
  10. Jean Paul II, Message delivered to the Pontifical Academy of Sciences 22 October 1996, Eternal Word Television Network.
  11. Vatican official: 'Intelligent design' isn't science, USAToday.com, 18 novembre 2005.
  12. Jacques Brosse, Écologie, bouddhisme et christianisme, Nouvelles Clés, (page consultée le 26 avril 2008).
  13. La traduction en français de design par dessein est devenue usuelle dans ce cadre. Une traduction par conception serait plus exacte et permettrait de traduire intelligent designer par concepteur intelligent plutôt que par cause intelligente
  14. Voir site du Discovery Institute, un des promoteurs du Dessein Intelligent, Questions About Intelligent Design
  15. L'hypothèse est fondée sur l'étude des crânes fossiles des différentes lignées de primates, ainsi que sur le développement actuel de notre espèce, elles décrivent un processus interne d'évolution : l'Inside Story ! L'os sphénoïde se fléchirait graduellement dans le même sens depuis des dizaines de millions d'années et orienterait complètement notre évoltution. L'os continuerait toujours de se fléchir dans le même sens expliquant selon les chercheuses la disparition progressive des dents de sagesse à cause de la réduction de l'espace disponible dans la bouche... (Voir site : [1]). Bien que les auteurs de cette thèse prétendent ne pas défendre la théorie du dessein intelligent : (Voir : La logique de l'évolution), des néocréationnistes se sont appropriés celle-ci.
  16. « The theory of intelligent design [...] holds that certain features of the universe and of living things are best explained by an intelligent cause rather than an undirected process such as natural selection »Intelligent Design Network, Inc.
  17. cf. Blanc (1990) : 238.
  18. cf. Blanc (1990) : 11.
  19. cf. Lestienne et Lapidus (2000) : 45.
  20. Par exemple, L’obésité serait non pas uniquement un effet direct touchant les individus atteints eux-mêmes mais également un effet transgénérationnel. Des données chez l'homme et chez l'animal semblent montrer que les effets d'une sous-alimentation subies par des individus pourraient en effet être transmises aux descendants. Des modifications épigénétiques (n’altérant donc pas l'ADN) n’étant pas effacées lors du passage par la lignée germinale sont désormais décrites chez plusieurs espèces. En fait, chez les plantes il existe une corrélation entre le niveau d'expression d'un gène et sa méthylation. Pareillement, chez les mammifères nous témoignons de la méthylation d'une séquence transposable qui est insérée à proximité d'un gène particulier. Le degré de méthylation d'un transposon pouvant enfin moduler l'expression du gène dans lequel il s'est inséré. (Revue : Cahiers de nutrition et de diététique ISSN 0007-9960 CODEN CNDQA8 ; Source : 2002, vol. 37, no4, pp. 261-272 ; Editeur : Masson, Paris, FRANCE (1966) ; Site : CAT.INIST du CNRS).