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Marie-Cécile-Charlotte de Laurétan, baronne de Draek (1747-1823), surnommée La Dame aux Loups est une noble française, née au XVIIIe siècle, dans le département du Pas-de-Calais, (région des Hauts-de-France). Son existence se caractérise par la passion montrée toute sa vie pour la chasse, et en particulier pour sa large contribution à l'éradication de la présence du loup, alors considéré comme un fléau par les agriculteurs-éleveurs, dans la région du Nord-Pas-de-Calais.

Biographie[modifier | modifier le code]

Marie Cécile Charlotte de Lauréatan ou de Lauretan[1] naît le à Zutkerque, dans la province d'Artois. Elle est la fille de Philippe François de Lauréatan et de Marie Anne Françoise de Moncheron, qui sont cousins germains[2].

Encore enfant, un de ses oncles l'initie à la vénerie et elle se passionne pour la chasse. Ses parents n'apprécient pas cette évolution et l'envoient au couvent des Ursulines de Saint-Omer pour corriger cette inclination et la faire devenir la « noble demoiselle » qu'elle est censée être. Cependant, l'établissement grouille de rats, « grimpant sur les meubles et bouleversant tout[3] » et la jeune fille s'applique bientôt à les chasser, munie d'un gourdin[2].

À la sortie du couvent, Marie de Lauréatan décide de se couper les cheveux, et détestant porter les tenues « féminines », elle opte pour des vêtements d'homme : veste de chasse, culottes, bottes. Elle estime ceux-ci plus pratiques pour se livrer à sa principale occupation : la chasse[2].

Ses parents décident de la marier. Elle a 24 ans, et l'homme choisi pour être son époux, 45. Il s'agit de Lamoral de Draëck, baron de Draëck. Celui-ci présente le grand intérêt de ne pas s'opposer à sa passion pour la chasse, voire même à éprouver une certaine fierté d'épouser une femme tellement originale. Il accepte également qu'elle porte des vêtements d'homme. Il promet encore de ne pas contrarier ce goût de son épouse pour son activité préférée[2]. Enfin, il dispose de larges moyens financiers[3]

Le mariage a lieu le . Le prêtre chargé de célébrer la cérémonie, déclare ne pouvoir marier deux personnes en costume d'homme[3]. Pour l'occasion, la future épouse doit donc enfiler une robe par dessus ses vêtements d'homme qu'elle refuse de quitter, ce qui lui donne une allure saugrenue et faisait rire l'épouse lorsqu'elle rapportait le fait[3].

Le mari lui paye des leçons d'équitation, d'escrime ce qui permet à la jeune femme d'exceller dans les deux disciplines[4].

Mais le couple ne tarde pas à se désunir : la vie domestique ne convient pas à la jeune épouse et son mari ne tarde pas à lui reprocher ses excentricités et l'absence d'enfant. Ils décident de se séparer, et le mari repart dans son château d'Oudezeele. Le couple se sépare à l'amiable[2].

La Dame aux Loups[modifier | modifier le code]

Marie de Lauréatan s'installe au château de Draëck, dans sa commune natale et s'adonne à plein temps à sa passion : la chasse. Les villageois de la région s'adressent alors à elle pour la prier de bien vouloir s'occuper du prédateur le plus redoutable à l'époque dans les campagnes : le loup. Pendant les hivers en particulier, la faim pousse les loups à attaquer chiens, moutons, veaux, poulains. À cette époque, les forêts proches d'Éperlecques et Tournehem en sont infestées[2].

Marie va se consacrer à cette chasse particulière. Tous les jours, elle sillonne la campagne avec sa meute de quarante chiens. À chacune de ses prises, elle fait sonner du cor pour annoncer la nouvelle aux habitants[2]. Elle mène sa meute, aidée d'une servante du même acabit qu'elle, qu'elle a revêtu d'une livrée de piqueur[5].

Son acharnement et sa réussite lui amènent le surnom de la Dame aux Loups ou encore la Diane de Bredenarde. Sa réputation et les services rendus lui valent de ne pas être inquiétée pendant la Terreur[2].

Elle étend son champ d'action aux territoires voisins et traque le loup jusqu'en Ternois, Douaisis, Flandre maritime. Les estimations les plus fiables lui attribuent la mort de plus de 800 loups[2].

Pendant la Révolution française, les autorités soutiennent toutes les initiatives pouvant contribuer à l'éradication des loups. Des primes sont versées pour toute bête abattue[6]. Les talents de louvetier de Marie de Draëck sont particulièrement recommandés dans un dossier du Pas-de-Calais datant de l'an III[7]. La baronne s'est elle-même proposée pour « détruire les bêtes féroces de ce pays[8] ».

L'âge l'oblige à mettre fin à la louveterie en 1813[5]. Elle ne se range pas pour autant, et n'adopte pas une vie domestique. Elle passe les dix dernières années de sa vie dans son atelier, se livrant à des travaux de menuiserie ou s'essayant à tresser des fils de fer pour fabriquer des volières[2].

Elle meurt le , âgée de 75 ans, laissant le souvenir d'une femme hors norme.

Elle a largement contribué à éradiquer la présence du loup dans le Nord-Pas-de-Calais : le dernier loup du Pas-de-Calais a été abattu au XIXe siècle, en 1871, dans la forêt de Créquy à Planques, le dernier loup du Nord a été abattu à Locquignol, en forêt de Mormal, en 1845[9].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « 17 août 1747, naissance de la Dame aux Loups », sur le site des Archives départementales du Pas-de-Calais, rubrique Anniversaires, date du 17 août, lire en ligne.
  • « Les loups dans le Pas-de-Calais », sur le site des Archives départementales du Pas-de-Calais, rubrique Un document à l'honneur, lire en ligne.
  • « La Baronne de Draëk », dans Bulletin de l'Union Faulconnier, Tome XI, Dunkerque, 1908, p. 295-305, lire en ligne.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bulletin Faulconnier 1908, p. 295.
  2. a b c d e f g h i et j Naissance de la dame aux Loups, cité dans la bibliographie.
  3. a b c et d Bulletin Faulconnier, cité dans la bibliographie, p. 297
  4. Bulletin Faulconnier, cité dans la bibliographie, p. 298.
  5. a et b Bulletin Faulconnier, cité dans la bibliographie, p. 296.
  6. En 1802-1803 encore , le conseil général du département du Nord met à disposition du préfet 300 francs pour primes pour la destruction des loups : Annuaire statistique du département du Nord pour l'an XI de la République 1802-1803, p. 24, lire en ligne.
  7. Site des Archives D. du Pas-de-Calais Les loups dans le Pas-de-Calais.
  8. « 2 L 6/155 3 », sur archivesenligne.pasdecalais.fr (consulté le )
  9. Yannick Boucher, « Loup y es-tu? Il se rapproche des grandes forêts avesnoises », dans La Voix du Nord, du 9 août 2019, p. 6.