Aller au contenu

The Happiness Patrol

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

The Happiness Patrol
Épisode de Doctor Who
Titre original The Happiness Patrol
Numéro d'épisode Saison 25 (1re série)
Épisode 2 (ou 149)
Code de production 7L
Réalisation Chris Clough
Scénario Graeme Curry
Production John Nathan-Turner
Durée 3 x 25 minutes
Diffusion au sur BBC One
Personnages Docteur :
7e
Compagnon :
Ace
Chronologie
Liste des épisodes

The Happiness Patrol (La patrouille de la joie) est le deuxième épisode de la 25e saison de la première série de Doctor Who. Diffusé en trois parties, du 2 au , il se veut une satire de la politique de Margaret Thatcher.

Le Docteur et Ace se retrouvent sur une colonie terrienne nommée "Terra Alpha" et dirigée par la souveraine Helen A. Sur Terra Alpha, la tristesse est un crime capitale et une police secrète nommée "The Happiness Patrol" est chargée d'exécuter quiconque ne serait pas joyeux.

Distribution

[modifier | modifier le code]

Le Docteur et Ace visitent une colonie terrienne nommée "Terra Alpha", où la joie a été érigée en dogme principal et où les personnes qui sont suspectées d'être tristes sont considérées comme des "rabats-joies" destinés à être enfermés dans des "zones d'attente" ou à être exécutés sur le champ. Le leader de Terra Alpha, une femme du nom de Helen A, fait exécuter ses ordres par une milice appelée "la patrouille de la joie" composée de femmes aux couleurs vives. Après avoir été identifiés comme des "rabats-joies" le Docteur et Ace seront amenés en "zone d'attente" mais ils se séparent lors de leur fuite.

Le Docteur fait la connaissance d'Earl Sigma, un touriste venu d'une autre planète et joueur de blues, tandis qu'Ace trouvera l'amitié d'une jeune fille de la patrouille, nommée Susan Q, qu'elle parvient à amener dans son camp. Le Docteur et Earl s'aventurent dans la "Kandy Kitchen" une cuisine étrange dans laquelle de nombreuses personnes semblent avoir disparu et découvrent le bourreau d'Helen A, le Kandy Man, un robot grotesque formé à partir de bonbons. Le Docteur parvient toutefois à le coller au sol grâce à de la limonade. S'enfuyant par les tuyaux, ils croisent les indigènes de ce monde, des créatures en fourrure surnommées le "peuple des tuyaux" et s'associent à eux pour faire tomber la tyrannie d'Helen A.

De retour à la surface, le Docteur fait la connaissance d'un agent du recensement, venu d'une autre planète, qui lui permet d'accéder dans le palais d'Helen A. Après en être reparti il s'aperçoit aussi que les classes ouvrières protestent contre leur tyran et empêche que des snipers tirent sur la foule en allant les raisonner. Pendant ce temps-là, Ace et Susan Q ont été capturées et doivent "auditionner" au forum, un lieu où les personnes qui ne divertissent pas sont exécutées. Mais, en chemin, elles croisent le Docteur, qui, avec l'aide de la foule, court-circuite la logique de la "patrouille de la joie" en protestant contre elles en riant. Leur logique leur interdisant de faire du mal à des gens joyeux, elles laissent s'enfuir le Docteur, Earl, Ace et Susan Q qui rejoignent le palais d'Helen A.

Alors qu'ils sont dans les tuyaux, Helen A lance Fifi, un stigorax, une créature mi-chien mi rat dressée pour tuer le peuple des tuyaux à leur trousse. Mais celui-ci meurt écrasé sous une avalanche de sucre cristallisé provoquée par l'harmonica d'Earl. Les hommes des tuyaux réussissent à tuer le Kandy Man en utilisant un flot de sucrerie dont il se servait pour tuer les "rabat-joies." La révolution est une réussite, Helen A tente de s'enfuir dans une fusée, mais le créateur du Kandyman, Gilbert M et Joseph C, son mari, l'ont déjà utilisée pour s'enfuir avant elle.

Tandis qu'elle s'enfuit, le Docteur vient discuter avec Helen A de la véritable nature de la joie, qui n'a aucun sens sans la tristesse. Helen A se moque de ses arguments, mais apercevant Fifi, mort, elle se met a éclater en sanglots. Le Docteur et Ace repartent dans le TARDIS, laissant Earl, Susan Q et le peuple des tuyaux rebâtir la planète.

Continuité

[modifier | modifier le code]

Références culturelles

[modifier | modifier le code]
  • L'épisode se veut comme une satire de la politique de Margaret Thatcher. Ainsi, le fait de faire appel à des drones afin de réprimer une manifestation fait directement référence à la grève des mineurs britanniques de 1984-1985[1].
  • Selon les auteurs du livre de 1995 sur Doctor Who, The Discontinuity Guide l'épisode possède un sous-texte homosexuel : Susan Q fuit avec Ace, le TARDIS est repeint en rose, la victime du fondant-surprise porte un triangle rose et le mari d'Helen A fuit avec un autre homme[2].
  • Le Docteur siffle As Time Goes By le fameux thème chanté dans le film de 1942 Casablanca.

En , Andrew Cartmel le script-editor (une tâche consistant à superviser la série) de Doctor Who avait été approché par Graeme Curry, un journaliste primé et ancien scénariste sur la série Over The Moon, pour rejoindre la nouvelle équipe de scénaristes de la série. Si l'idée d'épisode proposée par Cartmel ne plut pas trop à Curry, celui-ci lui suggéra durant l'été 1987 l'idée d'une aventure se passant sur une planète où les gens tristes sont persécutés[3]. Cartmel aime l'idée et l'aide à développer son histoire pour en faire un commentaire sur la superficialité de l'époque et la politique de Margaret Thatcher[4].

Le premier épisode est commissionné le sous le titre de “The Crooked Smile” ("le sourire en coin") et rédigé de sorte à pouvoir être tourné totalement en studio. À l'origine de la musique easy-listening devait être entendue sur la planète entière et l'action se passait sur plusieurs semaines durant lesquelles le Docteur ferait tomber le gouvernement. Les deux idées furent abandonnées et l'action se concentra en une seule nuit et la musique fut changée par du blues. À l'origine, les "zones d'attente" devait être des prisons nommées Arcadia, des sortes de grandes salles d'arcades avec des machines à sous et des pistes de kart. De plus, une scène où le Docteur et Ace devaient se forcer à divertir le public ou être tués fut supprimée car cela ressemblait trop au scénario d'un autre épisode de la saison « The Greatest Show in the Galaxy. » Susan Q devait se retrouver à aider Ace sans le vouloir et les deux tireurs isolés portaient les noms de "Stan S" et de "Sid S."[4]

Vers la fin de l'automne 1987, on demande finalement à Curry d'adoucir la charge contre Thatcher et l'épisode trouve son titre final de "The Happiness Patrol."[4]

  • Lorsque Richard D Sharp fut engagé pour le rôle de Earl Sigma, il devait à l'origine jouer de la trompette. Il proposa plutôt de changer cela par un harmonica, instrument qu'il maîtrisait parfaitement[4].
  • L'actrie Patricia Routledge devait originellement jouer Helen A, mais Sheila Hancock fut choisie à sa place. Elle dira plus tard avoir aimé caricaturer Margaret Thatcher qu'elle "détestait avec une passion profonde et venimeuse."[1],[5]
  • John Normington avait déjà joué le rôle de Morgus dans « The Caves of Androzani », et réapparaîtra de années plus tard dans « Machine fantôme » un épisode de la série dérivée de Doctor Who, Torchwood.

Les deux épisodes du milieu de la saison formant six parties, il fut décidé de les tourner dans le même bloc de tournage que l'on confia au réalisateur Chris Clough qui avait tourné les épisodes « Delta and the Bannermen » et « Dragonfire » lors de la saison précédente[4]. Comme un an auparavant, un épisode serait tourné intégralement en extérieur tandis que l'autre serait tourné dans les studios.

Clough et le producteur de la série John Nathan-Turner décident de changer le design du Kandyman. Dans le script, celui-ci ressemblait à un homme moulé dans de la sucrerie, tandis que Clough et Nathan-Turner souhaite qu'il ressemble bien plus à un robot. La costumière Dorka Nieradzik s'inspirera de la mascotte Bibendum et collera un maximum de bonbons différents pour composer le personnage[4].

Le tournage débuta par une session de trois jours, du 26 au au studio 3 du centre télévisuel de la BBC pour l'enregistrement des scènes se déroulant dans les rues, à la zone d'attente, au forum et dans les tuyaux. Des enfants furent engagés pour se placer dans les costumes du peuple des tuyaux et durant ces scènes, le Candyman n'avait pas de métal sur son visage. À l'origine, Chris Clough voulait donner une apparence de film noir à l'épisode, quitte à le tourner en noir et blanc, s'inspirant du film de 1940, Le Troisième Homme mais l'idée fut désapprouvée par Nathan-Turner[4].

La seconde session eut lieu les 10 et au studio 8 et se concentra sur les scènes dans la cuisine, le quartier général de la Patrouille, le palais d'Helen A, ainsi que dans la salle d'exécution et sur d'autres scènes dans les tuyaux. Durant ce tournage le Kandy Man arbore des bouts métalliques sur sa figure afin de cacher le comédien se trouvant à l'intérieur du costume. Cette session conclut le tournage de la vingt-cinquième saison de la série, une vingt-sixième saison ayant été confirmée par la BBC en juin[4].

Post-production

[modifier | modifier le code]

L'épisode étant trop long, de nombreuses scènes furent coupées : une scène où le Kandy Man se coupe un doigt pour ensuite le rattacher, Susan Q avouant qu'elle avait été punie pour avoir fait de la contrebande de disques de blues, et le Docteur revenant sur ses pas pour sauver Earl Sigma. La scène d'exécution fut jugée décevante et la femme de Chris Clough, Annie Hulley, fut engagée afin de présenter un journal en voix-off annonçant la mort des participants[4]. Le bruit de Fifi fut d'ailleurs bruité par Chris Clough lui-même[6].

Diffusion et réception

[modifier | modifier le code]
Épisode Date de diffusion Durée Téléspectateurs
en millions
Épisode 1 24:51 5,3
Épisode 2 24:48 4,6
Épisode 3 24:25 5,3
L'épisode fit entre 5 et 4 millions de spectateurs en moyenne, un score assez bas pour la série[7],[4].

L'épisode connut de nombreuses controverses. Ainsi, le lendemain de sa diffusion, le , un des dirigeants de l'entreprise Bassett Foods écrivit à John Nathan-Turner pour se plaindre que le Kandy Man ressemblait bien trop à leur mascotte et voulut intenter un procès pour détournement de copyright. L'affaire fut étouffée après la promesse de la BBC de ne plus utiliser le personnage[4].

En , le côté "partisan" de la série fut monté en épingle par un groupe hostile au programme quelques mois avant la diffusion du premier épisode mettant en scène le onzième Docteur, « Le Prisonnier zéro. » "The Happiness Patrol" fut ainsi cité pour son anti-Tatcherisme[4]. La polémique s'éteignit d'elle-même, mais cela n'empêcha pas Sylvester McCoy d'avouer dans une interview du Sunday Times « On avait à l'époque le sentiment que Margaret Thatcher était encore plus terrifiante que tous les monstres que le Docteur a rencontrés. »[1].

En 1995, les auteurs du livre "Doctor Who : The Discontinuity Guide", jugent l'épisode comme plus adapté aux adultes qu'aux enfants et trouvent que l'épisode a un sous-texte homosexuel[2]. Les auteurs de Doctor Who : The Television Companion (1998) estiment que le scénario en apparence simple révèle plusieurs niveaux de complexité. Ils aiment le jeu des acteurs, le Kandy Man, et sa capacité à amener la controverse[8].

En 2011, Rowan Williams, à l'époque archevêque de Cantorbéry, s'est référé à cet épisode dans un sermon de pâques consacré à la joie et au bonheur[9]. En 2014, l'auteur Marc Sidwell en verra aussi une allégorie sur la culture des raves party[10].

En , Nash du site "That Guy with the Glasses" publie une critique vidéo l'épisode dans laquelle il explique que la critique sociale n'est absolument pas subtile, que l'histoire est tellement sûre de "sa supériorité" et prétentieuse qu'elle est complètement desservie par une réalisation ratée[11].

En 2012 sur le site du magazine SFX, Ian Berriman écrit que The Happiness Patrol est bien supérieur à Dragonfire et dit apprécier le Kandy Man et les acteurs secondaires, même s'il trouve que le scénario est bien plus provocateur que ce que la réalisation en a fait[12]. Sur le site DVD Talk John Sinnott donne à l'épisode la note de cinq sur cinq l'appelant un "petit chef-d'œuvre." Il apprécie l'ironie, le commentaire social et le jeu d'acteur de Sylvester McCoy[13]. En 2012, Patrick Mulkern de Radio Times donne un avis très positif de l'épisode présenté comme une « satire intelligente et drôle » et il en apprécie le commentaire politique. Comme souvent son article est accompagné de photos du tournage[5]

Toutefois malgré toutes ces critiques élogieuses, l'épisode est parfois vu comme étant la preuve que la série déclinait durant la fin des années 1980. Un extrait fut utilisé dans l'émission de 2001 Top Ten: Sci Fi" accompagné d'une interview de Kim Newman expliquant que la série était devenu "une pantomime exécrable de ce qu'elle était avant." En 2003 dans le documentaire "The Story of Doctor Who", un passage de l'épisode fut utilisé afin d'illustrer un propos de Verity Lambert expliquant qu'elle a détesté les dernières années de la série. Le Kandy Man fut utilisé aussi dans le "top 50 des passages les plus honteux de la télé" une émission de la télévision Channel 5.

Novélisation

[modifier | modifier le code]

L'épisode fut romancé par Graeme Curry lui-même sous le titre de "The Happiness Patrol" et publié en . Illustré par une couverture d'Alister Pearson, il porte le numéro 146 de la collection Doctor Who des éditions Target Books. Le roman comporte de nombreux passages issus du script original, notamment l'apparence humaine du Kandy Man et n'a jamais été traduit à ce jour.

Éditions commerciales

[modifier | modifier le code]

L'épisode n'a jamais été édité en France, mais a connu plusieurs éditions au Royaume-Uni et dans les pays anglophones.

  • L'épisode est sorti en VHS le .
  • En Une version audio abrégée du roman, lu par l'actrice Rula Lenska, fut éditée par les éditions BBC Audiobooks.
  • L'épisode fut édité en DVD le dans un coffret "Ace Adventures" avec l'épisode « Dragonfire. »[14],[15] L'édition contient les commentaires audio de Sophie Aldred, Graeme Curry, Andrew Cartmel, Dominic Glynn, Chris Clough et de l'interviewer Toby Hadoke, un documentaire sur la création de cet épisode, des scènes coupées, une discussion sur les commentaires politiques de la série, et d'autres bonus.

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c (en) Stephen Adams, « Doctor Who 'had anti-Thatcher agenda' », The Daily Telegraph, (consulté le )
  2. a et b (en) Paul Cornell, Martin Day et Keith Topping, The Discontinuity Guide, Londres, Virgin Books, , 357 p., reprinted on BBC Doctor Who website (ISBN 0-426-20442-5, lire en ligne), « The Happiness Patrol », p. 343
  3. (en) « Interview de David Bishop avec Andrew Cartmel en juillet 1994 », Time Space Visualiser (consulté le )
  4. a b c d e f g h i j k et l (en) « The Happiness Patrol », Shannon Sullivan "A Brief History Of Time (Travel) (consulté le )
  5. a et b (en) Patrick Mulkern, « Doctor Who:The Happiness Patrol », Radio Times, (consulté le )
  6. (en) « The Happiness Patrol », BBC (consulté le )
  7. (en) « The Happiness Patrol », Doctor Who Reference Guide (consulté le )
  8. (en) Howe, David J & Walker, Stephen James, Doctor Who : The Television Companion, Londres, BBC Books, , 1re éd., 557 p. (ISBN 978-0-563-40588-7, lire en ligne)
  9. (en) Rowan Williams, « Archbishop of Canterbury's 2011 Easter Sermon », sur archbishopofcanterbury.org, (consulté le )
  10. (en) Marc Sidwell, « Who’s back: The Doctor is the unexpected freedom fighter our civilisation still needs », sur City AM,
  11. (en) « Docto Who Classic - The Happiness Patrol », Nash (consulté le )
  12. (en) Ian Berriman, « Doctor Who: Ace Adventures Review », sur SFX, (consulté le )
  13. (en) John Sinnot, « Doctor Who: The Happiness Patrol », DVD Talk, (consulté le )
  14. Doctor Who Magazine no 433
  15. (en) « DVD Schedule Update », Doctor Who News, (consulté le )