Rudolf Roessler

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Rudolf Roessler
« Une visite inattendue », 1934. Un Rudolf Roessler homonyme, peintre, a su rendre l'atmosphère raffinée des intérieurs dans la classe aisée de l'entre-deux-guerres. Noter le journal sur le plancher : la presse écrite avait alors une importance sociale et un pouvoir aujourd'hui incroyables
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 61 ans)
KriensVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Rudolf RößlerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités

Rudolf Roessler, né le à Kaufbeuren (Bavière, district de Souabe) - décédé le à Kriens (près de Lucerne, Suisse), est un critique de théâtre, journaliste-écrivain et éditeur, qui à partir de 1942, transmet des informations aux services de renseignement militaire de l'Union soviétique, par l'intermédiaire du réseau d'Alexandre Radó qui fait partie du GRU - également connu sous le nom de Rote Drei (« Trois rouges », en référence aux trois émetteurs radio clandestins que le réseau a implantés en Suisse). Sous le pseudonyme de Lucy, il fait ainsi parvenir à Moscou jusqu'en 1944 une somme considérable de renseignements stratégiques. Leur exactitude permet notamment à l'Armée rouge d'arrêter puis de repousser la Wehrmacht lors de la bataille de Koursk.

Lucy n'a jamais vraiment révélé quelles étaient ses sources, les indications qu'il a données avant sa mort étaient vraisemblablement destinées à égarer les recherches et à entretenir le mystère. Sa personnalité aussi est mal connue. Enfin le grand nombre d'homonymes de Rudolf Roessler contribue à entretenir le flou autour de Lucy.

Débuts en Allemagne[modifier | modifier le code]

Né dans la famille d'un garde forestier, Roessler fait des études secondaires à Augsbourg, et s'engage en 1916 dans l'Armée impériale allemande. Pendant la guerre, il noue de solides amitiés avec de jeunes officiers de la haute société, qui plus tard accéderont à des postes de commandement dans l'armée allemande[1].À la fin de la guerre, Roessler reprend ses études à Augsbourg puis travaille comme journaliste au Augsburger Postzeitung et au Augsburger Allgemeinen Zeitung. Il concourt à l'effervescence culturelle qui après-guerre règne dans la république de Weimar, particulièrement dans le domaine du théâtre engagé (Erwin Piscator, Carl Zuckmayer, Bertolt Brecht). En 1922 il fonde la Société littéraire d'Augsbourg, puis la revue Form und Sinn (Forme et Esprit), s'oriente vers la critique artistique et littéraire. En 1928, il crée la Deutsche Bühnenvolksbundes ("Association allemande des théâtres populaires") à Berlin et édite son journal, le Das Nationaltheater, ainsi qu'une revue consacrée au théâtre, la Deutsche Bühnenblätter (Feuillets de la Scène). Il contribue (avec Oskar Fischel, Walther von Holländer et Theodor Däubler) à Thespis.

Il est aussi actif dans le domaine associatif, fonde plusieurs associations et troupes de théâtre dans différentes villes d'Allemagne (Francfort, Breslau, Koenigsberg), est nommé président de la Fédération des Acteurs, ainsi que de l'Association artistique de la Police de Berlin, dirige l'Association pour la promotion du cinéma. Il est aussi éditeur (il a créé les "Éditions théâtrales populaires") et fréquente de nombreuses personnalités du milieu artistique allemand.

Un exemplaire d'époque du Die Dreigroschenoper (L'Opéra de quat'sous) de Bertolt Brecht, musique de Kurt Weill, représenté en 1928 à Berlin, brûlé en place publique le 10 mai 1933. Brecht, comme beaucoup d'intellectuels de gauche, avait quitté l'Allemagne 3 mois plus tôt.

Après l'arrivée au pouvoir des nazis en mars 1933, Roessler participe au grand exode de l'intelligentsia allemande. Avec son épouse (née Olga Hoffmann) et son ami Xavier Schnieper (lui aussi un intellectuel, qu'il a connu pendant ses études), Roessler passe en Suisse ; le IIIe Reich lui retirera sa nationalité allemande en 1937.

Éditeur puis agent secret en Suisse[modifier | modifier le code]

Installation[modifier | modifier le code]

En janvier 1934 Roessler ouvre à Lucerne une petite librairie-maison d'édition, au nom symbolique : Vita Nova. Il veut se spécialiser dans les livres d'art et les documents anciens. Il publie aussi (sous les noms de plume "A.R. Hermes", ou "Arbitre") quelques écrits d'analyse géopolitique qui confirment sa tendance humaniste, catholique-conservateur et anti-nazi ; avec le théologien-philosophe Otto Karrer, il collabore à la revue suisse Entscheidung (Décision), diffusée par son ami Xavier Schnieper et d'autres catholiques de gauche.

Surtout, Roessler se constitue un très volumineux fichier de coupures de presse sur les hommes en vue et les sujets d'actualité intéressants. Il amasse aussi les renseignements que ses amis restés en Allemagne lui transmettent et les utilise pour ses publications. C'est ainsi qu'il annonce avec un mois d'avance l'occupation de la Rhénanie par la Wehrmacht qui aura lieu le 7 mars 1936[2]. Schnieper le met en contact avec le major Hans Hausamann, qui dirige un réseau de renseignement qui travaille pour l'armée suisse : le Bureau Ha. Roessler, à qui les services suisses attribuent le nom de code Ligne Viking lui transmettra 4 000 télégrammes d'informations, soit l'équivalent de 12 000 pages dactylographiées. Le 13 octobre 1939, Roessler indique au Bureau Ha que l'offensive allemande contre la Belgique et la Hollande aura lieu le 12 novembre. L'offensive est ajournée à plusieurs reprises; Roessler informe les services suisses de chaque ajournement et indique le 1er mai 1940 que l'offensive aura lieu dix jours plus tard. Le 8 mars 1940, Roessler communique au Bureau Ha les plans d'Hitler pour attaquer le Danemark et la Norvège. Les autorités suisses transmettent ces informations aux gouvernements danois et norvégiens, qui n'en tiennent pas compte, alors qu'elles sont corroborées par d'autres sources. L'offensive allemande a lieu le 9 avril[3].

Transmission de renseignements[modifier | modifier le code]

[4]Selon Alexander Foote[5], Pierre Accoce et Pierre Quet[6], c'est au printemps 1941 que Roessler est mis en contact par Christian Schneider (alias Taylor) avec l'espionne soviétique Rachel Dübendorfer (nom de code Sissy), qui travaille pour Alexandre Radó (pseudonyme Dora), le chef de l'antenne des services secrets soviétiques (le GRU) à Genève. La CIA, qui a analysé le trafic de messages entre Sissy et Moscou, conteste cette information et date l'entrée en relation de la fin de l'été 1942[5][7]. Contre rémunération, il commence à fournir à Sissy (exclusivement par l'intermédiaire de Taylor) des renseignements sur la logistique et la stratégie de la Wehrmacht en URSS. Il dit obtenir ces renseignements de quatre sources auxquelles il attribue les noms de code de Werther, Teddy, Olga et Anna[8].

Bien que la source Lucy (Radó la surnomme Lucy car il ne sait rien d'elle, si ce n'est qu'elle vient de Lucerne) soit très chère et refuse de dévoiler son identité, la qualité des renseignements qu'elle apporte en grande quantité satisfait "le Centre" [9]. Lucy, qui ne communique avec Sissy que par l'intermédiaire de Christian Schneider, fournit tellement de renseignements que leur codage et leur transmission à Moscou occupe presque 24 heures par jour les opérateurs des 3 puissants émetteurs TSF appelés Rote Drei, "les 3 Rouges"[10] par les services de contre-espionnage allemands qui, au nord de la frontière germano-helvète, voient et écoutent passer leur trafic.

L'un des renseignements les plus précieux fournis par Lucy aux services du GRU alors dirigé par Fiodor Fedotovitch Kouznetsov : la préparation par les Allemands de l'opération Citadelle, dont le déclenchement est prévu pour début juillet 1943. Prévenue, l'Armée rouge pourra organiser sa résistance, et même contre-attaquer vers Orel et Kharkov. Les plans et détails techniques du char Panzerkampfwagen V Panther, apparu lors de l'opération Citadelle, ont aussi fait partie des livraisons de Lucy aux Soviétiques.

Cité par Pierre Accoce et Pierre Quet, Allen Dulles, ancien directeur de la CIA, écrit, avec vingt ans de recul : « Les Soviétiques exploitèrent une source fantastique, située en Suisse, un nommé Rudolf Roessler qui avait pour nom de code " Lucy". Par des moyens qui n'ont pas encore été éclaircis aujourd'hui, Roessler en Suisse, parvint à obtenir des renseignements du haut commandement allemand à Berlin à une cadence à peu près ininterrompue et souvent moins de vingt-quatre heures après qu'eussent été arrêtées les décisions quotidiennes au sujet du front de l'Est[11] ».

Quelles sources ?[modifier | modifier le code]

Quelles étaient les sources de Roessler ? Il révèle à la fin de sa vie que ses informateurs avaient été des personnages haut placés de l'état-major et du service civil allemand. Il cite le général Hans Oster (un des chefs de l'Abwehr), le diplomate Hans Bernd Gisevius, vice-consul à Zürich et proche d'Oster et de l'amiral Canaris, Carl Friedrich Goerdeler, ancien maire de Leipzig et un certain général "Boelitz" [12], qui n'a pas été identifié. Le colonel tchèque Karel Sedlacek (alias « oncle Tom »), représentant à Genève du gouvernement tchécoslovaque en exil, lui aurait par ailleurs servi d'analyste et lui aurait, parmi la masse de renseignements qu'il recevait, désigné les informations primordiales à faire parvenir en urgence à Moscou. Cité par Christopher Andrew et Oleg Gordievsky[13], un rapport de la CIA[8] mentionne également le général Hans Oster, Hans Bernd Gisevius, l'ancien chancelier Joseph Wirth et Carl Friedrich Goerdeler.

Selon Pierre Accoce et Pierre Quet, la source de Roessler est un groupe de dix officiers bavarois et protestants, appartenant à l'Oberkommando der Wehrmacht (OKW). Accoce et Quet ne citent que leurs initiales : S, F, Rudolf G, Fritz T et G T qui atteindront le grade de général de la Wehrmacht; O qui deviendra colonel et K commandant; S, A et O seront capitaines. Roessler les a connu pendant la guerre de 14-18. Ces onze hommes se réunissent régulièrement. À partir de 1934, ces dix officiers, qui réprouvent secrètement Hitler et le nazisme, adresseront des courriers codés à Roessler pour l'informer de la situation en Allemagne et des plans de la Wehrmacht. Grâce à eux, Roessler annonce un mois à l'avance l'occupation de la Rhénanie et publie des analyses politiques révélant le vrai visage de l'Allemagne. Le 30 mai 1939, les généraux Rudolf G et T lui apportent à Lucerne un poste émetteur-récepteur à ondes courtes qui leur permet de communiquer. Les officiers laissent Roessler libre de transmettre les renseignements qu'ils lui font parvenir aux pays qui affronteront les troupes d'Hitler[14].

Selon l'historien anglais Christer Jörgensen, il s'agit des généraux Fritz Thiele et Rudolf-Christoph Freiherr von Gersdorff[15]. L'historien allemand Ritter von Schramm pense, quant à lui, que la source des renseignements de Roessler à l'OKW a dû reposer sur un seul homme[16].

Cependant, selon Pavel Soudoplatov, qui fut l'un des dirigeants du NKVD, c'est le Secret Intelligence Service qui transmettait les informations à Roessler[17]. Celles-ci auraient été issues du déchiffrement des messages transmis par la machine Enigma. Les Soviétiques les auraient identifiées comme des messages du haut commandement allemand déchiffrés par les Anglais, en les recoupant avec les informations transmises par leurs espions des Cinq de Cambridge. Cités par Soudoplatov, les auteurs britanniques Anthony Read et David Fisher expliquent que les informations liées aux interceptions Enigma étaient "retravaillées" par Claude Dansey puis transmises à Alexander Foote, opérateur radio du réseau Lucy[18],[19] sans qu'il soit fait mention de leur origine réelle. Cette thèse est également reprise par Rémi Kauffer dans un ouvrage récent[20].

Andrew et Gordievsky réfutent cette source et émettent l'idée que les services de renseignement suisses aient pu utiliser le canal de Roessler pour faire passer des informations aux Soviétiques. Cités par Andrew et Gordievsky, les historiens britanniques Francis Harry Hinsley[21] et Phillip Knightley[22] ont des opinions identiques. Mark Tittenhofer précise cette hypothèse en indiquant que les services de renseignements suisses auraient pu recevoir les informations de leurs propres sources en Allemagne et auraient pu les transmettre à Karel Sedlacek afin qu'il les communique aux services britanniques et au GRU via Roessler[23].

Arrestation[modifier | modifier le code]

Le canon de 20 mm Oerlikon anti-aérien à tir rapide made in Switzerland en action à bord du USS Enterprise en mai 43. Ses excellentes caractéristiques techniques ont apparemment été livrées par Lucy à Moscou en 42-43.

Le , la police helvétique fait une descente dans les locaux occupés par les hommes de Radó et arrête la plupart des acteurs du réseau, à part le chef lui-même[24].

Il semble qu'en 1944 les autorités helvétiques aient cédé aux menaces et pressions du IIIe Reich [25] et interrompu les activités du réseau Rado ; le service de contre-espionnage allemand, même s'il ne pouvait pas le déchiffrer, avait dû faire la relation entre l'importance du trafic TSF Genève-Moscou et les contre-mesures que l'Armée Rouge opposait presque systématiquement depuis un an aux attaques de la Wehrmacht. Cependant selon Accoce et Quet, les services de renseignement et de contre-espionnage helvétiques ont procédé aux arrestations afin de protéger les membres du réseau des menaces que faisaient peser sur eux les hommes du Sicherheitsdienst infiltrés en Suisse.

En octobre 1945 (sept mois après la fin de la guerre), Roessler, qui a effectué un an et demi de prison préventive, est jugé par un tribunal suisse, condamné à une peine symbolique et libéré.

Après-guerre: déclin et fin[modifier | modifier le code]

Privé des importantes gratifications qu'il recevait du GRU pour ses livraisons, Roessler retrouve sa petite entreprise "Vita Nova" et vivote pendant la dure période de pénurie d'après-guerre. Il continue à amasser dans ses archives des articles, des coupures de journaux, des renseignements divers. Il écrit aussi des articles contre la remilitarisation de l'Allemagne, pour la solidarité internationale, dans les journaux Dernières Nouvelles de Lucerne et Freien Innerschweiz[26].

Le 1953, la Sûreté helvétique arrête Roessler et son ami Schnieper : un pot de miel qu'ils avaient envoyé par la poste en RDA a été renvoyé à l'expéditeur car "destinataire introuvable", a été ouvert à la frontière, et s'est révélé contenir un microfilm. Y apparaissent divers renseignements pouvant intéresser les Soviétiques : sur les aérodromes de la RAF en Allemagne ; sur les manœuvres du Ve corps de l'armée américaine ; sur la reconstruction de l'industrie aéronautique allemande ; sur les bases de l'US Air Force dans le Jutland ; sur les installations militaires alliées en Rhénanie-Palatinat, etc.

Malgré son passé honorable et les arguments de son avocat (« tous ces renseignements sont extraits de la presse internationale, aucun ne concerne vraiment la Suisse... »), Roessler est condamné par la Cour fédérale à 21 mois de prison.

Après sa libération, Roessler se retire à Kriens (dans l'arrondissement électoral de Lucerne-campagne).

Il meurt en 1958, après avoir fait sur son passé quelques rares révélations, d'ailleurs peu éclairantes. Il a légué ses volumineuses archives à son avocat ; celui-ci a révélé qu'elles contenaient surtout des coupures de journaux.

Le , le cinquantenaire de la mort de Rudolf Roessler a été célébré par la diffusion d'une émission par la station SRF (Schweizer Radio und Fernsehen): Rudolf Roessler : Der Agent, der aus dem Norden kam (Rudolf Roessler, l'espion qui venait du Nord).

Questions[modifier | modifier le code]

Bundesarchiv garde un reportage photo réalisé en janvier 1941 par un certain "Roessler". Cette trentaine de photos N&B montrent un marché aux puces dans une ville de Pologne : piétinant dans la neige fondue, une foule triste et famélique (où rares sont ceux qui font face à l'objectif), propose ou examine de misérables marchandises ; des hommes portent le brassard à l’étoile de David. Rudolf Roessler, intellectuel et esthète démocrate chrétien alors réfugié en Suisse depuis 8 ans, vit-il ces photos[27], et celles-ci le décidèrent-elles à lutter avec les communistes contre les nazis ?

La personnalité de Roessler reste imprécise : pour certains c'était un humaniste, un patriote allemand, voire un pacifiste qui pendant la Première Guerre mondiale montait à l'attaque sans avoir chargé son fusil. Pour d'autres Roessler était un traître, qui a causé la mort de dizaines de milliers de soldats allemands - ou en tout cas un opportuniste, un simple intermédiaire qui n'était motivé que par l'argent et se faisait grassement payer.

Quant à l'origine des renseignements qu'il transmettait au réseau de Radó, là aussi l'incertitude règne. Si ses sources étaient des officiers allemands (qui ont d'ailleurs presque tous été exécutés après l'échec du complot du 20 juillet 1944 visant à assassiner Hitler[28]), comment Roessler recevait-il, décodait-il et traitait-il l'énorme quantité de renseignements qui, selon lui, lui était adressée ? Il a toujours travaillé seul, en refusant les contacts personnels et en utilisant un seul intermédiaire (Schneider, dit Taylor).

Il est possible qu'il n'ait été qu'un porteur de courrier, faisant la liaison entre les services secrets helvétiques (alimentés par les Britanniques et aussi par les interrogatoires des nombreux déserteurs allemands qui se réfugiaient en Suisse) et le réseau Radó. Il aurait ainsi apporté aux Soviétiques les informations recueillies par les services secrets britanniques, qui avaient cassé le code secret allemand grâce à Ultra mais ne voulaient pas le faire savoir. Par ailleurs, les Alliés pensaient que Staline accorderait plus de confiance à des renseignements obtenus par une voie mystérieuse et en payant cher : celui-ci avait en juin 1941, avant l'entrée en guerre de l'Allemagne contre l'URSS, refusé de croire les nombreux avertissements le prévenant de l'imminence de l'opération Barbarossa.

Photos de Roessler[modifier | modifier le code]

Voir Файл:Rudolf Roessler.jpg (Roessler en 1958)

Sources[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Voir la note no 4
  2. Accoce et Quet 1971, p. 79.
  3. Accoce et Quet 1971, p. 110-113.
  4. Allen Dulles (trad. de l'anglais par Roland Garrane), La Technique du renseignement [« The Craft of Intelligence »], Paris, Robert Laffont, coll. « L'histoire que nous vivons », (1re éd. 1963), 349 p.
  5. a et b United States. Central Intelligence Agency 1986, p. 177.
  6. Accoce et Quet 1971, p. 123.
  7. Tittenhofer 1993, p. 2.
  8. a et b United States.Central Intelligence Agency 1986.
  9. "Le Centre": le GRU à Moscou, en particulier Maria Josefna Poliakova, supérieure directe et correspondante du groupe "Suisse", et le directeur du GRU Ivan Ilyitchev
  10. Selon WP de, les servants des 3 émetteurs TSF Rote Drei sont: Maurice Emile Aenis-Hanslin, Renate Bernhard-Steiner, Leonard Beurton et son épouse Ursula Kuczynski, Paul Böttcher, Margareta Bolli, Rachel Dübendorfer (Sissy), Alexander Foote (Jim), Rudolf Hamburger, Edouard Hamel, Anna Barbara Mueller, Franz Obermanns, Arpad Plesch, Otto Pünter, Hermina Rabinowitz, Alexandre Radó, Henry Robinson, Rudolf Roessler, Christian Schneider, Karel Sedláček (alias Uncle Tom ou Charles Simpson, Jean Speiss (Jean Jacques Roger Spiess), Herzl Swiatszky, Jean-Pierre Vigier, Tamara Vigier (fille de Rachel Dübendorfer). Selon "CIA.library", les 3 sources de Radó ont été, dans l'ordre d'importance décroissante: Rachel Dübendorfer (alimentée par Lucy) - le journaliste français Georges Blun - Otto Puenter
  11. Allen Dulles (trad. Roland Garrane), La Technique du renseignement [« The Craft of Intelligence »], Paris, Robert Laffont, coll. « L'histoire que nous vivons », (1re éd. 1963), 349 p.
  12. S'agit-il de Otto Boelitz (1876-1951), universitaire et homme politique? L'article de WP en "Lucy spy ring " cite encore, parmi les sources de Roessler, les officiers allemands suivants: le Lt-Gen Fritz Thiele, chef des communications et le colonel Rudolf von Gersdorff, chef du contre-espionnage de l'Armée du Centre (ils auraient connu Roessler pendant la guerre, puis au Herren Klub) - le général Erich Fellgiebel, chef des communications à l'OKW (Oberkommando der Wehrmacht) - le colonel Fritz Boetzel, chef du contre-espionnage à l'Armée du Sud-Ouest. À noter que la plupart de ces hommes ont été exécutés en 44 après l'échec du complot du 20 juillet 1944 contre Hitler.
  13. Christopher Andrew et Oleg Gordievsky (trad. de l'anglais par Ana Ciechanowska, Herbert Draï, Patrick Michel et Francine Siéty), Le KGB dans le monde - 1917-1990 [« KGB, The Inside Story »], Paris, Fayard, , 755 p. (ISBN 2-213-02600-9)
  14. Accoce et Quet 1971, p. 67-85.
  15. (en) Christer Jörgensen, Hitler's Espionage Machine: German Intelligence Agencies and Operations During World War II, Spellmount Publishers Ltd, (ISBN 978-1-86227-244-6), p. 95
  16. J.-C. B., « LA GUERRE A-T-ELLE ÉTÉ GAGNÉE EN SUISSE ? », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  17. Pavel Soudoplatov, Anatoli Soudoplatov, Jerrold Schecter et Leona Schecter, Missions spéciales : Mémoires du maître-espion soviétique Pavel Soudoplatov [« Special Tasks. The Memoirs of an Unwanted Witness. A KGB Spymaster »], Paris, Seuil, (1re éd. 1994), 612 p. (ISBN 2-02-021845-3), p. 184
  18. (en) Anthony Read et David Fisher, The Deadly Embrace: Hitler, Stalin and the Nazi-Soviet Pact, 1939-1941, New York, W. W. Norton Company, (1re éd. 1988), 687 p. (ISBN 978-0-393-30651-4), p. 608-609
  19. Read et Fischer 1982.
  20. Rémi Kauffer, Les grandes affaires des services secrets, Paris, Perrin, , 509 p. (ISBN 978-2-262-08528-5), p. 48
  21. (en) Francis Harry Hinsley, British intelligence in the Second World War : its influence on strategy and operations, Londres, H.M.S.O., , 710 p. (ISBN 978-0-116-30935-8)
  22. (en) Phillip Knightley, The Second Oldest Profession : Spies and Spying in the Twentieth Century, Londres, W W Norton & Co, (ISBN 978-0-393-02386-2)
  23. Tittenhofer 1993, p. 38.
  24. Selon l'article de Alexander Foote (alias Jim) dans le Der Spiegel (voir "Sources"), Radó, qui n'a pas été arrêté (car en se rendant chez les Hamel, il a vu par la fenêtre que les aiguilles de l'horloge ne marquaient pas minuit, signe que tout allait bien et qu'il pouvait entrer) se terre et ose demander au "Centre" de l'exfiltrer, ce qui lui est sèchement refusé. Et Foote, qui sera arrêté le 20 novembre 1943, ajoute (apparemment il n'aimait guère le chef du réseau) que Radó avait eu la légèreté de ne cacher ni les registres d'activité ni le livre de codes et procédures TSF, ce qui permettrait aux services secrets suisses de déchiffrer l'énorme trafic TSF qui avait eu lieu vers Moscou, et d'apprendre qu'il contenait entre autres les détails techniques du canon de 20 mm Oerlikon anti-aérien fabriqué en Suisse. Foote mentionne aussi que la police helvétique avait mis vraiment longtemps à réagir, vu l'ancienneté et l'importance des activités d'espionnage qui se déroulaient sur son sol.
  25. La Confédération vivait à l'époque dans une hantise: l'invasion par le IIIe Reich. Par ailleurs, on note que l'emprisonnement des acteurs du réseau Radó a été plutôt pour eux l'équivalent d'une mesure de protection: la Gestapo, qui avait ses entrées en Suisse, aurait pu finir par procéder à l'élimination physique du réseau, ou tout au moins de ses pièces maîtresses. Staline avait bien fait liquider (entre autres) sur le sol suisse, en 1937, l'agent soviétique Ignace Reiss, un collaborateur de Radó à l'époque.
  26. Freien Innerschweiz peut se traduire par "Suisse primitive libre".
  27. Les autres photos sont visibles sur Wikimedia Commons
  28. On peut d'ailleurs se demander s'il existe une relation entre le démantèlement du réseau Radó (de mai à novembre 44) et l'échec de la tentative d'assassinat de Hitler lors du complot du 20 juillet 1944

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Alexander Foote, Handbook for spies, New York, Doubleday & Company, , 273 p. (ISBN 978-1-616-46067-9)
  • (de) Wilhelm F. Flicke, Agenten funken nach Moskau : Sendergruppe "Rote Drei.", Kreuzlingen, Neptun Verlag, , 348 p.
  • Pierre Accoce et Pierre Quet, La guerre a été gagnée en Suisse : L'affaire Roessler, Paris, Presses Pocket, (1re éd. 1966), 310 p.
  • (de) Wilhelm Ritter von Schramm, Verrat im Zweiten Weltkrieg : vom. Kampf der Geheimdienste in Europa. Berichte und Dokumentation, Düsseldorf, Econ Verlag, , 401 p.
  • Sandor (Alexander) Rado (trad. du hongrois par Elisabeth Kovacs), Sous le pseudonyme «DORA» [« Dora jelenti »], Paris, Julliard, , 412 p.
  • Anthony Read et David Fischer, Opération Lucy : Le réseau d'espionnage le plus secret de la seconde guerre mondiale [« Operation Lucy: The Most Secret Spy Ring of the Second World War »], Paris, Fayard, (1re éd. 1981), 328 p. (ISBN 978-2-213-01019-9)
  • (en) United States. Central Intelligence Agency, The Rote Kapelle : The CIA's history of Soviet intelligence and espionage networks in Western Europe, 1936-1945, Washington, D.C., University Publications of America Inc., , 416 p. (ISBN 0-89093-203-4, lire en ligne), p. 165-224
  • (en) Mark A. Tittenhofer, « The Rote Drei: Getting Behind the 'Lucy' Myth », CIA HISTORICAL REVIEW PROGRAM, Center for the Study of Intelligence, Washington, DC, vol. 13, no 3,‎ (lire en ligne)
  • (en) V.E. Tarrant, The Red Orchestra, Hoboken, New Jersey, Wiley, , 234 p. (ISBN 9781620459072)

Liens externes[modifier | modifier le code]