Oleg Gordievsky
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Oleg Antonovitch Gordievsky |
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Oleg Antonovitch Gordievsky (en russe : Олег Антонович Гордиевский), né le à Moscou et mort en dans le Surrey, est un colonel du KGB. Chef de l'antenne du KGB à Londres, il fait défection pour le Royaume-Uni en , devenant ainsi le transfuge le plus haut gradé du KGB.
Biographie
[modifier | modifier le code]Début de carrière
[modifier | modifier le code]Fils d'un officier du KGB, éduqué au sein des jeunesses communistes, Oleg Gordievsky fit ses études au MGIMO[1], puis rejoignit les affaires étrangères[Quoi ?]. Il était en poste à Berlin-Est en , juste avant la construction du mur de Berlin. Il entra au KGB en 1963, et fut affecté à l'ambassade soviétique à Copenhague, capitale du Danemark.
Agent double
[modifier | modifier le code]Au cours de son détachement au Danemark, Oleg Gordievsky devint désabusé quant à son travail et son pays, en particulier après l'invasion de la Tchécoslovaquie, en 1968. Ce désenchantement n'échappa pas au Secret Intelligence Service britannique, le MI6, qui envoya un agent de l'ambassade britannique prendre contact avec Oleg Gordievsky et lui proposer de devenir un agent de renseignement britannique. La valeur de la nouvelle recrue s'accrut de façon spectaculaire lorsqu'en 1982, Oleg Gordievsky fut affecté à l'ambassade soviétique à Londres en tant que résident du KGB (« rezident »), responsable de la collecte des renseignements soviétiques et de l'espionnage au Royaume-Uni.
Deux des plus importantes contributions d'Oleg Gordievsky furent d'éviter le risque d'un conflit nucléaire avec l'Union soviétique, lorsque l'exercice Able Archer 83 de l'OTAN, en 1983, fut interprété par erreur par les Soviétiques comme une possible première frappe, et d'identifier Mikhaïl Gorbatchev comme le futur no 1, longtemps avant son arrivée au pouvoir.
Oleg Gordievsky reçut brusquement l'ordre de rentrer à Moscou le et fut arrêté dans la datcha de l'un de ses supérieurs. On ignore comment le double jeu d'Oleg Gordievsky fut mis au jour. Aldrich Ames, un agent de la CIA, qui avait vendu des secrets au KGB, a reconnu avoir donné au KGB ce que la CIA savait d'Oleg Gordievsky, mais selon lui pas avant le , c'est-à-dire après que Gordievsky a reçu l'ordre de retourner à Moscou[2].
Défection
[modifier | modifier le code]Oleg Gordievsky fut interrogé par le KGB pendant plusieurs semaines et fut informé qu'il ne serait jamais plus envoyé en mission à l'étranger. Bien qu'ils l'eussent soupçonné d'espionnage pour une puissance étrangère, ses supérieurs ne semblaient avoir de preuve solide et, en , il fut autorisé à regagner son appartement de Moscou, où il retrouva son épouse et ses deux enfants.
Oleg Gordievsky demeura très certainement sous la surveillance du KGB, mais il réussit à informer le MI6 de sa situation. Les Britanniques réactivèrent alors un plan d'évacuation mis au point depuis de nombreuses années pour les situations d'urgence comme celle-ci.
Le , Oleg Gordievsky fit son jogging comme à son habitude et réussit à échapper à la surveillance du KGB et à prendre un train jusqu'à la frontière finlandaise. Là, il fut pris en charge par des voitures de l'ambassade britannique, qui le firent passer en Finlande, d'où il put gagner l'Angleterre. Oleg Gordievsky fut par la suite condamné à mort par contumace pour trahison[3], une condamnation qui ne fut jamais remise en cause par les autorités russes après la chute de l'URSS. Sa femme et ses enfants — en vacances en Azerbaïdjan, au moment de son évasion — furent autorisés à le rejoindre au Royaume-Uni, six ans plus tard, grâce aux pressions exercées par le gouvernement britannique, et personnellement par la Première ministre Margaret Thatcher, au cours de ses rencontres avec Gorbatchev.
Développements récents
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Oleg Gordievsky, qui a écrit plusieurs livres sur le KGB, est fréquemment cité dans les médias en tant qu'expert sur le sujet. En 1990, il fut éditeur consultant de la revue Intelligence and National Security, et il travailla pour la télévision britannique dans les années 1990, y compris pour le jeu télévisé Wanted, sur Channel 4.
Oleg Gordievsky publia une lettre dans le Daily Telegraph le , accusant la BBC d'être « The Red Service » : « Écoutez attentivement les nuances idéologiques sur BBC Radio 4, la BBC, le BBC World Service, et vous vous rendrez compte que le communisme n'est pas une croyance en train de mourir. »
Oleg Gordievsky a été présenté dans le documentaire de PBS : Commanding Heights: The Battle for the World Economy (2002).
En 2007, il estime qu'une tentative d’assassinat à son encontre a eu lieu : il perdit connaissance sans raison apparente et resta dans le coma pendant 36 heures[3].
Il meurt le dans le Surrey à l'âge de 86 ans,[4].
Distinctions et décorations
[modifier | modifier le code]- Après sa défection au Royaume-Uni et sa condamnation en URSS, Gordievsky a été déchu de toutes les décorations soviétiques et de son grade militaire de colonel du KGB.[réf. nécessaire]
- 2005 : docteur honoris causa (Doctor of Letters) de l'université de Buckingham[5].
- 2007 : compagnon de l'ordre de Saint-Michel et Saint-Georges (CMG) pour « services rendus à la sécurité du Royaume-Uni ». Le Guardian relève qu'il reçoit « la même distinction que son collègue James Bond, personnage de fiction de la guerre froide ».[réf. nécessaire]
Publications
[modifier | modifier le code]- Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, Le KGB dans le monde, 1917-1990 [« KGB: The Inside Story »], Paris, Fayard, , 754 p. (ISBN 2-213-02600-9)
- (en) Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, Instructions from the Centre : Top Secret Files from the KGB's Foreign Operations, 1975-85, Londres, Hodder & Stoughton, (ISBN 0-340-56650-7)
- (en) Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, Comrade Kryuchkov's Instructions : Top Secret Files on KGB Foreign Operations, 1975-85, Stanford (Californie), Stanford University Press, , 240 p. (ISBN 0-8047-2227-7 et 0-8047-2228-5) (édition américaine légèrement révisée de Instructions from the Centre)
- (en) Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, More Instructions from the Centre : Top Secret Files on KGB Global Operations 1975-85, Abingdon, Frank Cass Publishers, , 130 p. (ISBN 0-7146-3475-1, lire en ligne)
- (en) Oleg Gordievsky, Next Stop Execution : The Autobiography of Oleg Gordievsky, Londres, Macmillan, , 404 p. (ISBN 0-333-62086-0)
- (de) Jakob Andersen et Oleg Gordievsky, De Røde Spioner : KGB's operationer i Danmark fra Stalin til Jeltsin, fra Stauning til Nyrup, Copenhague, Høst & Søn, , 809 p. (ISBN 87-14-29856-2)
Autour de Gordievsky
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]Ouvrage
[modifier | modifier le code]- Ben Macintyre (trad. de l'anglais), L'Espion et le Traître [« The Spy and the Traitor »], Paris, éditions de Fallois, , 409 p. (ISBN 979-10-321-0219-0)[6].
Émissions
[modifier | modifier le code]Télévision
[modifier | modifier le code]- Une série sur Arte est consacrée à l'espionnage au début des années 1980 et l'opération Pimlico : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-024927/la-guerre-des-espions/
Radio
[modifier | modifier le code]- Deux émissions sur France Inter consacrées à l'exfiltration d'Oleg Gordievsky de l'URSS par le MI6 en 1985 dans le cycle des Affaires sensibles de Fabrice Drouelle avec le témoignage de Sergueï Jirnov, ancien officier du KGB et auteur de Pourchassé par le KGB.« Biographie et actualités de Sergueï Jirnov », France Inter, (consulté le ).
- « Jeux d’espions, 1ère partie – « Opération SUNBEAM » », France Inter, (consulté le )[audio]
- « Jeux d’espions, 2ème partie – « Fuir l’URSS » », France Inter, (consulté le )[audio]
- Une émission de la série Espions, une histoire vraie de Stéphanie Duncan sur France Inter consacrée à Oleg Gordievsky :
- « Oleg Gordievski, l’agent double qui réussit la plus spectaculaire exfiltration de la Guerre froide », sur FranceInter.fr, (consulté le )[audio]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Oleg Gordievsky » (voir la liste des auteurs).
- ↑ Florentin Collomp, « Opération "Pimlico" », Le Figaro, 11-12 août 2018, p. 20.
- ↑ (en) David Wise, « Thirty Years Later, We Still Don’t Truly Know Who Betrayed These Spies », Smithsonian Magazine, (lire en ligne)
- (en) Richard Norton-Taylor, « Oleg Gordievsky obituary », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ (en-US) Jill Lawless | AP, « Oleg Gordievsky, Britain's most valuable Cold War spy inside the KGB, dies at 86 », The Washington Post, (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Honorary Graduates 2005 sur buckingham.ac.uk, page consultée en ligne le 22 mars 2023.
- ↑ [compte rendu] Marc Semo, « Comment faire parler une taupe : « L’Espion et le Traître », de Ben Macintyre », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Ressource relative à la littérature :
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- Espion de la guerre froide
- Espion britannique
- Espion soviétique
- Transfuge soviétique
- Personnalité du KGB
- Compagnon de l'ordre de Saint-Michel et Saint-Georges
- Réfugié au Royaume-Uni
- Étudiant de l'Institut d'État des relations internationales de Moscou
- Naissance en octobre 1938
- Naissance en RSFS de Russie
- Naissance à Moscou
- Décès en mars 2025
- Décès à 86 ans
- Décès dans le Surrey