Radič Postupović
Radič Postupović | |
Radič Postupović (à droite), présentant la maquette de l'église Saint-Georges du monastère de Vraćevšnica (au Christ). | |
Autres noms | Rade Oblačić, Oblak Radosav, Rajko od Rasine |
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Titre | Čelnik |
Autre titre | Grand Čelnik (veliki čelnik) |
Souverains | Stefan Lazarević puis Đurađ Branković |
Conflits | Lutte contre le sultan Musa Çelebi |
Faits d'armes | Bataille de Kosovo Polje Bataille de Çamurlu |
Biographie | |
Naissance | Vers 1363 ou 1372 Principauté de Serbie |
Décès | Entre 1441 et 1456 Monastère de Konstamonitou (Mont Athos) |
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Radič Postupović (en serbe cyrillique : Радич Поступовић, né avant 1389 dans la Serbie moravienne et mort entre 1441 et 1456 au monastère de Konstamonitou sur le mont Athos} est un seigneur serbe. Il est considéré comme l'une des figures politiques les plus puissantes de son temps[1].
Il a fait ses débuts en tant que « čelnik » au service du prince puis despote de Serbie Stefan Lazarević (règne : 1389-1427)[N 1] puis en tant que « grand čelnik » sous le despote Đurađ Branković (règne : 1427-1456), ce qui lui conférait le titre le plus élevé après le souverain lui-même[N 2],[2],[1].
Il était très riche et possédait des mines d'argent à Novo Brdo[3]. Radič a fondé et rénové de nombreuses églises et monastères qui existent encore aujourd'hui, dont le célèbre monastère de Vraćevšnica[4],[5] et le monastère de Konstamonitou. Il a prononcé ses vœux monastiques et est devenu moine à Konstamonitou où il a passé les dernières années de sa vie.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origines et débuts
[modifier | modifier le code]Radič est né vers 1363[6] ou 1372[7], dans le village de Kamenica ; il appartenant à une famille de mineurs qui extrayaient du cuivre, du zinc et de l'argent des mines du mont Rudnik[6]. Le père de Radič, Milutin, était un voïvode de la région de Gruža[6],[8]. Le jeune homme a été élevé à la cour du prince Lazare de Serbie et s'y est lié d'amitié avec son héritier, Stefan[8].
Alors âgé de 17 ans[7], il a rejoint les hommes de son père Milutin et a combattu à la bataille de Kosovo Polje (1389) sous le commandement du prince Lazar contre le sultan ottoman Mourad Ier ; selon la tradition, il a adressé une prière à saint Georges et lui a promis que, s'il avait la vie sauve, il fonderait le monastère de Vraćevšnica en témoignage de sa reconnaissance[8]. Quelques vieux soldats se sont alors moqué de son âge mais Radič a survécu au combat sans même une égratignure et a obtenu la gloire d'être le plus fort et le plus courageux soldat de la jeune génération[7]. En revanche, la plus grande partie des deux armées a été massacrée au cours de la bataille ; le prince Lazare et le sultan Mourad Ier y ont eu aussi trouvé la mort ; malgré cela, les Ottomans, malgré les pertes qui ralentissaient leur avancée, ont réussi à anéantir l'essentiel de l'armée serbe. Seuls quelques Serbes réussirent à en réchapper, trop peu nombreux pour pouvoir défendre vraiment leurs terres, tandis que les Turcs conservaient encore beaucoup de troupes à l'est. Ainsi, les principautés serbes qui n'étaient pas encore devenues les vassales des Ottomans sont tombées entre leurs mains l'une après l'autre dans les décennies qui ont suivi[9].
Sous Stefan Lazarević
[modifier | modifier le code]Radič a reçu le titre de « čelnik » sous le règne du despote Stefan Lazarević[10] ; à cette époque, le despote a écrit deux chartes en 1405, garantissant les possessions de Radič. La même année, le despote Stefan a écrit une charte rédigée « de la glorieuse forteresse de Borač », que possédait Radič[11],[12]. Radič possédait de vastes territoires dans la Haute Gruža, au pied du mont Rudnik, là où il a, par la suite fondé le monastère de Vraćevšnica[11]. Le čelnik ne possédait pas seulement Rudnik et ses alentours ; il a reçu du despote 70 villages, entre autres dans les régions de Braničevo et de Kičevo[10].
Le despote Stefan et lui ont dirigé l'armée serbe qui soutenait Mehmed Ier et ont remporté la victoire contre son rival Musa Çelebi à la bataille de Çamurlu, près de l'actuelle Samokov en Bulgarie (), au moment de l'histoire de l'Empire ottoman connu sous le nom d'Interrègne ottoman[10].
Sous Đurađ Branković
[modifier | modifier le code]Radič a reçu le titre de « grand čelnik » en 1429, sous le règne de Đurađ Branković[10] ; ce titre lui conférait le plus haut rang à la cour du Despotat de Serbie et son détenteur détenait de grandes provinces, des propriétés et des honneurs ; Radič était l'un des plus puissants de ces nobles personnages[13].
Parmi les possessions de Radič figuraient les mines[3] de Novo Brdo et de Rudnik, ainsi que la forteresse de Koznik[14],[15],[N 3]. Radič tenait toute la région de Rudnik, avec des villages comme Beluća, Prodanovci, Kamenica, Šumeni et Vlasi Vojkovci[16],[17]. Il a fondé le monastère de Vraćevšnica, situé au pied du mont Rudnik en 1428–1429[18],[19],[20],[21],[N 4] sur le territoire du village de Vraćevšnica, qui était constitué de cinq localités : Gornja et Donja Vraćevštica, Grahovac, Konjuša et Brezova[16],[17]. Selon la tradition, Radič a vécu à Beluća, qui se nomme aujourd'hui « Crnuća » (Gornja Crnuća et Donja Crnuća) ; ce changement de nom rappelle que tous les hommes adultes du village, sauf Radič, ont trouvé la mort à la bataille de Kosovo Polje, belo signifiant « blanc » et crno signifiant « noir »[10],[22]. Radič a également reçu des possessions dans la Banatska Crna Gora[23].
Radič a aussi fondé le monastère de la Grande Annonciation (Veliko Blagoveštenje) dans le village de Grabovica, près de Gornji Milanovac, avant 1429–1430[17]. L'église Saint-Michel de Borač, près de Knić, porte une inscription daté de 1553 qui fait de lui son fondateur[N 5]. Le monastère de Milentija, à Milentija, un village mentionné dans une charte de Radič datée de 1430, a peut-être été fondé par lui[24],[25],[26],[N 6].
Dans une charte de 1433 envoyée au monastère de Vatopedi par Radič, confirmée par le despote Đurađ, Radič détenait le village d'Halae, tandis que Stevan Ratković tenait Cerovac, dans la province de Nekudim[27]. Radič n'a pas cessé de fonder et de restaurer des églises dans sa région natale au fur et à mesure qu'il gagnait en richesse et en pouvoir et il a commencé à entrer en contact avec des églises lointaines, à l'instar des hauts dignitaires du passé[28]. L'higoumène Neophytos l'a persuadé de contribuer à la restauration du monastère de Konstamonitou sur le mont Athos[3]. Il en est ainsi devenu comme le second fondateur (en serbe : ktitor)[28] ; il a alors prononcé des vœux monastiques et a reçu le nom religieux de « Roman » (après 1433). À cette époque, son maître spirituel était Marko, l'évêque d'Arilje[29]. Radič a passé ses dernières années comme moine à Konstamonitou et le monastère est alors devenu orthodoxe serbe[3].
Il était encore vivant en 1441 et l'on pense qu'il est mort avant 1456, cette année correspondant au moment où le despote Đurađ et son fils Lazar Branković (règne : 1456–1458) ont fait don de l'église Saint-Georges de Vraćevšnica fondée par Radič au métropolite Venedikt. Radič a été enterré dans sa fondation de Vraćevšnica.
Personnages et lieux liés à Radič Postupović
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Le prince Lazare, fresque du monastère de Ravanica.
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Le prince puis despote Stefan Lazarević, fresque du monastère de Manasija.
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Đurađ Branković.
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Ruines de la forteresse de Borač.
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L'église Saint-Michel de Borač.
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Ruines de la forteresse de Koznik.
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L'église Saint-Gabriel dans le monastère de Vraćevšnica.
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Ruines de l'église du monastère de Milentija.
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Le monastère de Konstamonitou, sur le mont Athos.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Un « čelnik » était un haut personnage de la cour à l'époque de l'Empire serbe et du Despotat de Serbie.
- Un « grand čelnik » (en serbe : veliki čelnik était l'équivalent d'un comte palatin).
- La forteresse de Koznik est considérée comme l'une des fortifications médiévales les mieux conservées de Serbie. Elle est inscrite sur la liste des monuments culturels de grande importance de la République de Serbie (identifiant no SK 172).
- Le monastère est inscrit sur la liste des monuments culturels de grande importance de la République de Serbie (identifiant no SK 188).
- L'église Saint-Michel est située au pied de la forteresse de Borač ; cet ensemble est inscrit sur la liste des monuments culturels de grande importance de la République de Serbie (identifiant no SK 355).
- Le monastère, aujourd'hui en ruines, est inscrit sur la liste des monuments culturels de grande importance de la République de Serbie (identifiant no SK 188).
Références
[modifier | modifier le code]- (sr) Miloš Blagojević, Državna uprava u srpskim srednjovekovnim zemljama, Službeni list SRJ, 2001, pp. 241–242, citation : « Велики челник Вук се није дуго поносио својим достојанством, као ни велики челник Хребељан. Најдуже је ову службу вршио добро познати челник Радич. Челник или велики челник Радич представља најкрупнију поли- тичку фигуру свог времена. Он се први пут помиње у служби деспота Стефана 1413. године и то са необично важним и одговорним овлашћењима. Управо тад га је деспот Стефан поставио... »
- (sr) Dimitrije Bogdanović et Vojislav Đurić, Hilandar, éd. Vojislav J. Đurić = 1978, p. 128, citation : « Челник Радич Поступовић, човек највишег положаја у држави деспота Стефана Лазаревића и деспота Ђурђа Бранковића, градитељ манастира Враћевшнице у Србији »
- (en) Jan Olof Rosenqvist, « Interaction and isolation in late Byzantine culture », Bloomsbury Academic, (ISBN 9781850439448), p. 64.
- (sr) « Manastir Vraćevšnica, Vraćevšnica », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
- (sr) « Manastir Vraćevšnica », sur kultura.rs, Site du Navigateur de recherche du patrimoine culturel de Serbie (consulté le ).
- (sr) Radoslav Pajković, Krug vere : knj. Stvaranje propast, Narodna knjiga 1999 « Радич Поступовић је рођен у оближњем селу Каменици, око 1363. године, и потиче из породице рудара, који су на Руднику, некада, вадили олово, цинк, сребро. Као син гружанског војводе Милутина, Радич је одрастао у граду... »
- (sr) Vukašin Stanisavljević, Despot Stefan Lazarević, Zavod za udžbenike i nastavna sredstva, 1994, p. 63 « Испод сталаћког града чекао их је сталаћки војвода, први деспотов челник Радич Поступовић, који је у косовски бој пошао са само седамнаест година и са чијим годинама су се искусни Лазареви ратници мало и шалили, а из боја дошао без ... »
- (sr) Miloš Milišić, « Manastir Vraćevšnica – "Dom bezimenih monahinja" », Archives de Glas javnosti, (consulté le ).
- John Van Antwerp Fine Jr., « The Late Medieval Balkans : A Critical Survey from the Late Twelfth Century to the Ottoman Conquest », University of Michigan Press, (ISBN 978-0-472-08260-5), p. 409–411.
- Srpska kraljevska akademija, 1960, p. 96 « Био је то Радич Поступовић, најпре челник, а доцније (од 1428) велики челник, тј. највећи достојанственик на двору, који се помиње у времену од 1413 – 1435 и који је имао велика имања не само у Руднику и околини [...] Забележено је предање да је Радич Поступовић живео у Белућој , а да се село прозвало Црнућа пошто су сви изгинули у косовској бици. »
- (sr) Srpski dijalektološki zbornik, Akademija, 1968, p. 430 « Деспот Стеван 1405. године пише повељу Дубровчанима „у славноме граду Борчу", у коме је био његов велики челник Радич Поступовић. Челник Радич је имао велику баштину и у горњој Гружи у рудничкој подгорини, где је подигао Враћевшницу... »
- (sr) Istorijski glasnik, journal de la Société des historiens de Serbie, Naučna knjiga, 1985, p. 21 « Према казивању П . Ж . Петровића , Радич Поступовић , челник деспота Стефана , живео је у граду Борчу где је имао своју баштину ; “ овај податак објављен је , међутим , без цитирања изворне грађе и као такав не може се... »
- (sr) Srpska književna zadruga, Književni radovi, volume 477, Kultura, 1979, page 61 « Међу њима је највиши углед уживао велики челник (Xребељан, Радич Поступовић и др.). Неки од њих су временом стекли велике области, имања и почасти. Занимљив је и жив пример челника Радича »
- (sr) « Srednjovekovni grad Koznik », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
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- (sr) Mihailo Dinić, Srpske zemlje u srednjem veku : istorijsko-geografske studije, Srpska književna zadruga, 1978, page 62.
- Srpska akademija nauka. Istoriski institut, Historical review, volume 20, 1973, pages=130–134
- (sr) « Manastir Vraćevšnica », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
- (sr) « Manastir Vraćevšnica », sur kultura.rs, Site du Navigateur de recherche du patrimoine culturel de Serbie (consulté le ).
- (sr) « Manastir Vraćevšnica sa crkvom Svetom Georgiju », sur manastiri.rs, Manastiri (consulté le ).
- (sr) Vojislav Korać, « Arhitektura u srednjovekovnoj Srbiji », sur rastko.rs, Site du Projet Rastko (consulté le ).
- (sr) Mirko Milojković, Legende iz naših krajeva, Srpska književna zadruga, 1985, p. 208 « Сви одрасли људи из села Белућа на обронку Рудника изгину на Косову, и оно се прекрсти у Црнуће. Једино се врати Радич Поступовић, потоњи велики челник деспота Стевана, »
- (sr) Ljubivoje Cerović, « Srbi u Rumuniji od ranog srednjeg veka do današnjeg vremena - Srpsko plemstvo u Banatu i Krišani », sur rastko.rs, Site du Projet Rastko, (consulté le ).
- (sr) « Crkva sv.Stefana (Manastir Milentija) », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
- (sr) « Milentija », sur eparhijakrusevacka.com, Site de l'éparchie de Kruševac (consulté le ).
- (sr) Jovan Janićijević, Kulturna riznica Srbije, Zadruga Idea, 1996, p. 436
- (sr) Mihailo Dinić, Srpske zemlje u srednjem veku : istorijsko-geografske studije, Srpska književna zadruga, 1978, page 60. « Некудим ]е био сре- диште зедне „власти"; челник Радич имао ]е „оу Некоудимскои Власти оу Церовцоу село Халае »
- Srpska kraljevska akademija, 1960, p. 97
- (sr) Sima Ćirković et Rade Mihaljčić, Leksikon srpskog srednjeg veka, Knowledge, 1999 p. 173 « Велики челник Радич Поступовић имао је 1433. године за свог духовника ариљског епископа Марка »
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Stojan Novaković, Veliki Čelnik Radić ili Oblačić Rade 1413-1435, Istorija i tradicija, préparé par Sima Ćirković, Belgrade 1982.
- Momčilo Spremić, Despot Đurađ Branković i njegovo doba, 2e édition, Belgrade, Banja Luka, 1999.