Pierre Louis Reich de Pennautier

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Pierre Louis de Reich de Pennautier
Biographie
Naissance
Décès
(76 ans)
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Pierre-Louis de Reich de Pennautier, né en 1635, mort à Montpellier le à l'âge de 76 ans, est un financier français, homme d'affaires protégé par le cardinal de Bonzi, receveur général du Clergé de France et trésorier de la bourse de la province de Languedoc[1].

Sollicité par Colbert[modifier | modifier le code]

Pierre-Louis est de le fils de Bernard de Reich de Pennautier, receveur général du clergé, mort en 1650. Il a un frère aîné, Henri de Reich de Pennautier, qui hérite de la charge de son père après sa mort[2].

Pierre-Louis de Reich de Pennautier n'était ni un proche ni un protégé de Colbert comme le montre leur correspondance. Il accepte de s'intéresser à deux projets importants de Colbert dans le Languedoc, région dont il dirige les États dès 1653, huit ans avant l'arrivée au pouvoir de Colbert, et où l'avaient précédé son père et son frère ainé.

De plus, dès 1664, Pennautier avait été taxé par la Chambre de justice à une amende de 38 154 livres, en compagnie d'autres grands financiers du temps[3].

Lancés tous deux dès 1666, les deux autres projets de Colbert dans cette région, la manufacture de draps des Saptes et la Compagnie royale des mines et fonderies du Languedoc patinent tous deux en 1669, le premier à cause de la concurrence de la Manufacture des draps de Villeneuvette, également créée par Colbert, et le second parce que les financiers, dont Pennautier, se voient reprocher par Colbert un sous-investissement.

Le 14 juillet 1670, à Paris, il épouse Magedeleine Françoise Le Secq[4].

Le début difficile de deux projets industriels dans sa région[modifier | modifier le code]

En 1666, Penautier est l'un des directeurs de la Compagnie royale des mines et fonderies du Languedoc, qui devait mettre en exploitation les gisements de plomb et de cuivre du Languedoc, du Rouergue et du pays de Foix, pour établir des fonderies. Un ingénieur de Carcassonne, Chénier, part en Allemagne étudier les mines du Harz et de la Saxe, et commence les travaux en , au retour de sa mission, pour une dépense de moins de 50 000 livres, dans une vingtaine d'ateliers[5]. La Compagnie avait sollicité Colbert pour faire venir de Suède des mineurs habitués à la recherche des filons et au traitement du minerai. Le fils de Guillaume de Bèche s'installe alors dans la région. Mais l'entreprise concentra très vite ses efforts sur trois sites avant de jeter l'éponge en 1670, faut d'investissement des financiers[5].

En 1667 il échange des courriers avec Colbert lors de la création de la manufacture de draps des Saptes à Carcassonne[6], dans lesquels il se montre optimiste sur les perspectives commerciales[7], Colbert insistant pour faire venir des ouvriers des Pays-Bas. En 1669, la compagnie ne reçoit que la moitié du prêt de 40 000 livres prévu pour son développement[7]. L'entreprise de draps employait 200 ouvriers en 1689, mais cesse le travail à la mort du directeur, Noël de Varennes[8].

Un acteur central de l'affaire des poisons[modifier | modifier le code]

Lors de l'affaire des poisons, Colbert multiplie les efforts pour ramener en France la marquise de Brinvilliers, dont les lettres compromettent Pierre Louis Reich de Pennautier.

Compromis, il est emprisonné le à la Conciergerie[9], après avoir été mis en cause par la marquise de Brinvilliers, arrêtée deux mois et demi plus tôt et qui déclare aux enquêteurs« s'il dégoutte sur moi, il pleuvra sur Penautier »[9].

Les écrits trouvés par hasard dans la cassette de la marquise de Brinvilliers le , tout au début de l'affaire de l'affaire des poisons, sont la pièce principale du dossier. Dans cette cassette, la police trouve une procuration de Pennautier datée du , autorisant un marchand de Carcassonne, Cusson, à recevoir par l'entremise de Godin de Sainte-Croix, de la part de la Marquise de Brinvilliers, une somme de 10 000 livres qu'il lui aurait prêtée sous le nom de Paul Sardan[10]. Cusson est alors une relation d'affaire de Pennautier, son associé dans la[6] Manufacture de draps des Saptes.

Pierre Louis de Reich de Pennautier ne pourra cependant être emprisonné que quatre ans plus tard car la marquise de Brinvilliers citée à comparaître devant la justice le , s'est réfugiée à Londres[11] puis à Liège[12], chez Bruant, l'ancien premier commis de Nicolas Fouquet[12].

Il fit intervenir de nombreux ecclésiastiques et fut libéré de prison le après treize mois dans les geôles de la Conciergerie[9]. Il prêta alors plus de 500 000 livres à Pierre-Paul Riquet pour le creusement du canal du Midi, Colbert lui ayant demandé avec insistance de s'occuper de ce canal, apportant ainsi 40 % des capitaux propres du projet[11].


Pierre Louis de Reich de Pennautier avait été cité dans une autre affaire d'empoisonnement : Mme Hanivel de Saint Laurens, veuve de l'ancien receveur du Clergé de France l'accuse d'avoir empoisonné son mari le [9], pour pouvoir prendre possession de sa charge, ce qu'il fit effectivement le , soit seulement un mois après[9]. Receveur du clergé pendant les six années suivantes, Penautier a ensuite été renouvelé dans ses fonctions par l'assemblée générale du clergé, pour dix ans (1675-1685).

Les avocats défendant Pierre Louis Reich de Pennautier invoquèrent le fait que l'une ses deux accusatrices, la veuve Hanivel de Saint Laurens ne le désignait pas nommément dans ses premières accusations, parlant simplement d'un "quidam". Leur défense ne nie pas les pièces de l'accusation mais affirment qu'un des documents datés de 1669 était en fait de 1667[13].

Madame de Sévigné parle de cette affaire dans ses lettres, et Saint-Simon dans ses Mémoires[14],[15].

Le prédécesseur d'Antoine Crozat[modifier | modifier le code]

Le château de Pennautier dans l'Aude.

Grand financier de Louis XIV, Antoine Crozat fut le secrétaire de Pennautier, à l'âge de 17 ans, puis son caissier et enfin son successeur au poste de trésorier des États du Languedoc avant de devenir le « plus riche homme de Paris », selon Saint-Simon. Très pieux, comme Pennautier, Crozat deviendra l'un des principaux actionnaires de la Compagnie de Guinée puis le propriétaire de l'intégralité de la Louisiane, peu après sa découverte.

Les deux hommes ont eu chacun leur hôtel particulier ou leur parcelle sur la Place Vendôme, toujours visibles :

  • Au numéro 17, l'Hôtel Crozat l'un des plus anciens de la place, construit avant 1703, par Pierre Bullet pour Antoine Crozat, acquéreur du terrain dès 1700 et qui y vécut avec son épouse jusqu'en 1738,
  • Au numéro 19, l'Hôtel d'Évreux, sur une parcelle vendue en 1700 à Pennautier, qui le céda le terrain et sa charge à Antoine Crozat, qui porta l'année suivante la parcelle à 3,800 mètres carrés et fit construire l'hôtel par Pierre Bullet, pour y loger sa fille, alors âgée de douze ans, et son gendre, Henri-Louis de La Tour d'Auvergne, comte d'Évreux.

Pennautier séjourne régulièrement à Versailles à la cour de Louis XIV d’où il rapporte modes architecturales et impulsion politique et économique. En 1670, il confie à Le Vau, l’architecte de Versailles, l’agrandissement du château de Pennautier appartenant à son frère Henry et à Le Nôtre le dessin du parc à la française. Ce château, de style classique, existe encore à Pennautier, près de Carcassonne, avec le parc dessinés par Le Nôtre.

En 1711, à sa mort sans enfants, le château revient à ses neveux et devient la propriété de la famille de Beynaguet[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ou trésorier des États de Languedoc
  2. (en) Absolutism and society in seventeenth-century France: state power and ...par William Beik sur le site de Google consulté le 28 mars 2010.
  3. Liste des traitans condamnés, publiée par P. de Faucher, Roquesante, un des juges de Fouquet, Aix, pages 274-276
  4. Acte de mariage, archives Geneanet en ligne.
  5. a et b Annales du midi, revue sur le site de Archives Internet consulté le 28 mars 2010.
  6. a et b (en) Clermont de Lodève 1633-1789 : Fluctuations in the Prosperity of a Languedocian Cloth-Making Town, par J. K. J. Thomson sur le site de Google consulté le 28 mars 2010.
  7. a et b Clermont de Lodève 1633-1789 : Fluctuations in the Prosperity of a Languedocian Cloth-Making Town, par J. K. J. Thomson, page 146
  8. 1699, décadence de la manufacture des Saptes. sur le site de La Dépêche consulté le 28 mars 2010.
  9. a b c d et e Colbert, la politique du bon sens, Michel Vergé-Franceschi, Petite Bibliothèque Payot (2003), page 291
  10. Colbert, la politique du bon sens, Michel Vergé-Franceschi, Petite Bibliothèque Payot (2003), page 280
  11. a et b Colbert, la politique du bon sens, Michel Vergé-Franceschi, Petite Bibliothèque Payot (2003), page 282
  12. a et b Colbert, la politique du bon sens, Michel Vergé-Franceschi, Petite Bibliothèque Payot (2003), page 290
  13. Causes célèbres de tous les peuples, Volume 4, par Armand Fouquier, page 40
  14. Il (...) fut aussi [mêlé] dans l'affaire de la Brinvilliers et des Poisons, qui a fait tant de bruit, et mis en prison avec grand danger de sa vie. Il est incroyable combien de gens se remuèrent pour lui, le cardinal de Bonzi à la tête, fort en faveur alors, qui le tirèrent d'affaire. Saint-Simon, Mémoires, La Pléiade, Gallimard, Paris, 1982.
  15. Colbert, la politique du bon sens, Michel Vergé-Franceschi, Petite Bibliothèque Payot (2003)
  16. L'Indépendant, 23 mars 2020.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Archives privés de la famille Lorgeril déposée aux Archives Départementales de l'Aude, côte 124J.
  • William Beik, Absolutism and society in seventeenth-century France, Cambridge, Cambridge University Press, 1987.
  • Rémy Cazals, Daniel Fabre (s.d.), Les Audois, Dictionnaire biographique, Carcassonne, Association des Amis des Archives de l'Aude, Fédération Audoise des Œuvres Laïques, Société d'Études Scientifiques de l'Aude, (ISBN 2-906442-07-0)
  • Guy Chaussinand-Nogaret, Les financiers de Languedoc au XVIIIe siècle, SEVPEN, 1970.
  • Dom Claude Devic, dom Joseph Vaissète, Histoire générale de Languedoc, tome XIII, Toulouse, Privat, 1877, p. 891.
  • Jean Guilaine (s.d.), Histoire de Carcassonne, Toulouse, Privat, 2001 (nelle éd).
  • Michel Vergé-Franceschi, Colbert, la politique du bon sens, Petite Bibliothèque Payot, 2003.
  • Claude Marquié, Carcassonne insolite et méconnue. Un financier du grand siècle: Pierre-Louis Reich de Pennautier (1614-1711). p.133 à 137, éditions Sutton 2017. (ISBN 978-2-8138-1025-0)

Liens externes[modifier | modifier le code]