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Montdory

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Montdory
Biographie
Naissance
Décès
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ThiersVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Autres informations
Date de baptême

Guillaume Desgilberts, ou Dosgilbertz dit Montdory ou Mondory, est un acteur français, né à Thiers le et mort dans cette même localité le .

Il a donné son nom à un lycée à Thiers : le lycée Montdory.

Le comédien ambulant

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Guillaume Dosgilberts[1] naît dans une famille bourgeoise de la cité loyaliste de Thiers, et tient son patronyme du village des « Gilberts » de la proche paroisse d’Escoutoux. Son père, marchand coutelier et délégué à la police de sa ville, le place en 1609 en qualité de clerc chez un procureur de Paris qui aimant assez la comédie, lui conseille d'y aller les fêtes et les dimanches[2]. Guillaume assiste aux spectacles d’une troupe dirigée par Le Noir. Il s’éprend d’une femme de la troupe, Françoise Deschamps née Olivier dite la Villiers, qui lui oppose une haine féroce. Guillaume va au-delà des recommandations et devient comédien de campagne, la troupe royale de l’Hôtel de Bourgogne étant alors la seule à demeure dans la capitale.

Dosgilberts devient Montdory[3]. Marguerite Périer, nièce de Blaise Pascal, prétend à tort dans ses « Mémoires » que ce nom lui vient de son parrain[4]. Selon Cottier, il s’agit d’un parrain d’honneur, Lecourt de Mondory, propriétaire d’une seigneurie près d’Issoire, mort sans descendance.

Montdory pose ses tréteaux en diverses villes de France et du Pays-Bas.

Introducteur et interprète de Corneille

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En 1629[5], à Rouen, un jeune avocat inconnu remet à Montdory le texte de sa première comédie, Mélite. La pièce de Corneille, jouée à Paris sur la scène de la salle dite de l'Hôtel de Bourgogne, louée auprès de la Confrérie de la Passion[6] le [7], est un succès immédiat. Montdory tient le rôle d’Eraste.

À la fin de 1632, la troupe s’installe au jeu de paume de la Fontaine, rue Michel le Comte et joue en 1633 une comédie de Corneille la Veuve (1632), ainsi qu’une comédie de Georges de Scudéry le Trompeur Puni.

Au début de 1634, le jeu de paume de la Fontaine est détruit par un incendie. Montdory loue pour 100 écus par mois le jeu de paume du Marais[8], rue Vieille-du-Temple, La nouvelle troupe des Comédiens du Roy y remplace les Petits comédiens du Marais et joue la Suivante (1633) comédie de Corneille qui est alors considéré comme un auteur « comique », ainsi qu’une pièce de Scudéry La Comédie des Comédiens[9] (1634) où Montdory interprète Blandimare.

C'est pendant la saison 1633-1634 que la troupe de Montdory joue La Place Royale au théâtre du Marais.

1636-1637, le chant du cygne

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Au début de janvier 1637[10], triomphe de la tragi-comédie Le Cid ; des lettres de noblesse sont accordées à Corneille âgé de 31 ans. Montdory interprète Rodrigue lors de la première du Cid[11].

Sa paralysie en (apoplexie de la langue[12]) lors d’une représentation de La Mariane, prive la troupe de sa vedette, mais il est vite remplacé par Floridor qui va progressivement s'imposer à son tour comme le meilleur acteur tragique de son temps, permettant ainsi au Théâtre du Marais de résister durablement à la concurrence de l'Hôtel de Bourgogne, Pierre Corneille continuant à apporter toutes ses pièces au Marais jusqu'en 1647, date du passage de Floridor à l'Hôtel de Bourgogne.

Le graveur Abraham Bosse l'aurait représenté sous les traits d'Hérode, personnage central du frontispice de l'édition originale de la pièce La Mariane (1637) du poète creusois Tristan l'Hermite. Christophe Mory[13] lui attribue par erreur le rôle de Néron. Tristan attribue l’échec de sa tragédie Panthée à l’absence du comédien « de ce miraculeux imitateur… j’attendais le coloris de cette peinture… la grâce et la vigueur… Aussi… j’ai presque perdu, depuis son mal, la disposition d’écrire… »

Guillaume Desgilberts, écuyer, sieur de Montdory, maître d'hôtel ordinaire du Roy

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Marié légitimement à Marie Bertellin[14], femme très pieuse, il habite la paroisse Saint-Nicolas-des-Champs.

Son activité est limitée à l’instruction scénique de fillettes à défaut d’une autorité suffisante pour faire école bien que son habileté dans la mise en scène soit reconnue, et, peut-être parce que trop prodigue en bons conseils vis-à-vis de ses compagnons.

En , Richelieu souhaite que des enfants lui donnent la comédie ; un complot mobilise alors les dames chargées de la distribution : elles engagent Jacqueline Pascal (cadette de Blaise Pascal) dans la petite troupe. Le jour de la représentation, (le ), le comédien Montdory prépare le terrain en faisant longuement à Richelieu l’éloge d’Étienne Pascal. Ému, le cardinal autorise ce dernier à rentrer dans sa famille et le nomme à Rouen[15].

Le Montdory renonce à remonter sur les planches dans une comédie de l’abbé de Boisrobert.

Montdory dispose à la fin de sa vie d’un revenu annuel de 15000 livres sous forme d’une pension royale de 900 livres et de rentes assurées par Richelieu, La Valette, Fiesque et autres mécènes. Il s’éteint, entre et soit à Thiers soit à Escoutoux, sans que la moindre chronique n’en fasse écho. Son frère, Jean Desgilberts, chanoine de Saint-Flour, décède en 1662. Sa descendance par sa fille unique, Catherine, s'éteint au cours du XVIIIe siècle.

Montdory ou le métier d’acteur

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Le répertoire de Montdory est composé pour l’essentiel d’œuvres de Corneille, Scudéry, Rotrou et de Jean Mairet. Sans oublier Tristan l'Hermite avec qui il obtint l’un de ses plus grands succès. Il y tient souvent le rôle-clé[16].

Ses contemporains louent le talent de l’acteur admiré par Richelieu : le critique François Hédelin (1604-1676), pourtant peu enclin à de bonnes dispositions vis-à-vis de Corneille, n'hésite pas à écrire « ...le meilleur acteur de notre temps, je veux dire Mondory... »[17].

Plus tardivement, A. Guillemot[18] écrit « ce célèbre devancier de Lekain et de Talma ».

Il excellait dans les scènes de folie.

Montdory n'était pas qu'un simple interprète, il « faisait des vers qui n’étaient pas plus mauvais que ceux des poètes de son temps »[19].

Malgré cela, Montdory reste méconnu, en témoigne la notice laconique et erronée de M. de Léris[20] reprise sur le site du théâtre classique.

Quelques rôles

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Sources : G. Mongrédien[21] et le site CÉSAR (lien externe)

  • Élie Cottier, « Le Comédien thiernois Montdory », in L'Auvergne littéraire no 90, 1937, p. 3-33.

Bibliographie

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  • Georges Montgrédien, « L’acteur Mondory et les origines du Marais », in « Le Mercure de France », p. 94-120, .
  • Élie Cottier, « Le Comédien auvergnat Montdory, introducteur et interprète de Corneille », Impr. Mont-Louis, 1937, 270 p., ill., dessins de Paul Cheyron.
  • Sophie Wilma Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre du Marais, Paris, Nizet, 1954 et 1958 (2 vol., 231 et 360 p.)
  • Alan Howe, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649, Paris, Archives nationales, 2000, 454 p.

Références

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  1. « Le treiziesme jour [de ] a este baptize Guillaume doz Gilbertz filz a Guilhaume et a Catherine Sandry - parrin sr Guilhaume Sandry marchant a Thier et marene Catherine Chaslard femme a me Jacques Chanony & signe Sandry » (Arch. munic. Thiers, 3 E 430 15, consulté en ligne sur le site des Arch. dép. du Puy-de-Dôme).
  2. Gédéon Tallemant des Réaux, « Historiettes » « Mondory ou l’histoire des principaux comédiens français », édition d’Antoine Adam, Pléiade.
  3. Dosgilberts signe toujours « Montdory » cf. actes d’association cités par Fransen, « Les Comédiens Français en Hollande au XVIIe siècle », Champion, Paris, 1926, 476p.
  4. Guilhaume Sandry, consul à Thiers, selon acte de baptême. Nota : Marguerite Périer avait 80 ans lorsqu'elle confia ses Mémoires à l'abbé Garnier.
  5. Cependant, la date de 1625, donnée par son neveu Fontenelle, est accréditée par Auguste Dorchain.
  6. La Confrérie de la Passion et Résurrection de nostre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ, fondée en 1402 par le roi Charles VI, était propriétaire de la salle de l'Hôtel de Bourgogne qu'elle avait fait bâtir en 1548. Cette confrérie ne fut abolie qu'en 1677.
  7. G. Mongrédien cf. Bibliographie
  8. « La question des origines du Théâtre du Marais est plus obscure que celle des sources du Nil… établissement de la troupe de Mondory… en 1635 ; …après la représentation de Mélite… en 1629 ; … en 1608, au moment où LaporteMarie Vernier… émigrent de (l’Hôtel de Bourgogne) », Victor Fournel (1829-1894), « Les contemporains de Molière de 1650 à 1680. Théâtre du Marais », T3, Firmin Didot, Paris, 1863-1875.
  9. Ne pas confondre avec la pièce homonyme de Gougenot intitulée également « La Fidèle tromperie » (1633) et jouée à la même période par l’Hôtel de Bourgogne
  10. Le 2 janvier pour Jean Monval, l’Illustration du 2 janvier 1937 ; le 7 pour Louis Batiffol, « Richelieu et Corneille », Calmann-Lévy, 1936.
  11. « Rodrigue devait toutes ses beautés à l'acteur Mondory » Charles-Augustin Sainte-Beuve, « Tableau historique et critique de la poésie et du théâtre français au XVIe siècle », p.256.
  12. D'après la notice d'H. Audiffret dans « Mondory », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition], tome 28, pp. 611-612.
  13. « Molière », Gallimard, coll. Folio-Biographies, 2007, p49.
  14. Selon l’orthographe de l’acte de mariage de sa fille Catherine établi par Me P. Girauld, notaire à Thiers
  15. Rapporté également par Sainte-Beuve dans son « Port-Royal », pp.466/467.
  16. « Montdory, homme cultivé, acteur intelligent... le génie d'acteur est alors pour les Parisiens une révélation » (Pierre Voltz, La Comédie, 472 p., Coll. U., A. Colin, 1964.
  17. La pratique du théâtre, œuvre très-nécessaire à tous ceux qui veulent s'appliquer à la composition des poèmes dramatiques, 1657, p. 369.
  18. L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, 1864, p.37.
  19. Le Mazurier, « Galerie des comédiens du Théâtre français »
  20. « Dictionnaire portatif historique et littéraire des théâtres », Paris : Chez C.A. Jombert, 1763.
  21. Georges Mongrédien, La Vie quotidienne des comédiens au temps de Molière, Librairie Hachette, 1966, pages 87-92

Liens externes

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