Le Dernier des hommes

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 17 janvier 2020 à 13:19 et modifiée en dernier par Sylvain cadieu (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Le Dernier des hommes

Titre original Der Letzte Mann
Réalisation Friedrich Wilhelm Murnau
Scénario Carl Mayer
Acteurs principaux
Sociétés de production UFA
Pays de production Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Genre Drame
Durée 86 minutes
101 minutes (version restaurée de 2003)
Sortie 1924

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Dernier des hommes (en allemand : Der Letzte Mann) est un film muet du Kammerspiel réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau, sorti en 1924 avec Emil Jannings dans le rôle-titre.

Liminaire

Le Dernier des hommes, par ses audaces et ses innovations, se place dans l'histoire du cinéma aux côtés de Citizen Kane, Naissance d'une nation, ou encore 2001, l'Odyssée de l'espace. Il est un des films clef de l'histoire du cinéma.[réf. souhaitée]

Synopsis

Le portier du Grand hôtel Atlantic est un homme important et admiré de tous, ainsi qu'en atteste la magnifique livrée dont il est revêtu. Mais un jour, le directeur de l'hôtel décide que le vieux portier a fait son temps et lui annonce sans ménagement que le moment est venu pour lui de céder la place. Il le dépouille de la livrée qui est toute sa raison d'être et le relègue à l'entretien des toilettes. Abattu, humilié, le pauvre homme revient le soir même pour s'emparer en cachette du vêtement et s'en revêtir afin de ne pas paraître diminué devant les gens de son quartier. Mais une mégère qui a été témoin de la scène révèle l'imposture et tout le monde le tourne en ridicule. Encore plus humilié, il s'enfuit et se réfugie dans les toilettes de l'hôtel où il demeure prostré.

Intertitre : « Mais l'auteur a eu pitié de son héros et inventé un épilogue à peine croyable[1]. »

Survient un milliardaire qui s'effondre, victime d'une crise cardiaque. Pour le remercier de l'avoir accompagné dans ses derniers instants, ce dernier lègue toute sa fortune au vieil homme que la foule hypocrite et versatile admire à nouveau. Grâce à cette fortune, l'ancien portier invite à un somptueux dîner au restaurant de l'hôtel le veilleur de nuit de l'hôtel, la seule personne qui lui ait montré quelque compassion.

Fiche technique

Distribution

Emil Jannings dans Le Dernier des hommes.

Restauration du film

Le film Le Dernier des hommes a été restauré en 2002 par Luciano Berriatúa et doté d'un nouvel accompagnement musical par Detlev Glanert grâce à une coopération entre la ZDF/ARTE, le Saarländischer Rundfunk et le Deutsches Filminstitut. La durée initiale du film de 86 minutes a été portée à 101 minutes.

La « Caméra déchaînée » et autres techniques

Murnau invente pour Le Dernier des hommes un nouveau langage visuel.

Ainsi, il développe pour ce film, avec son directeur de la photographie Karl Freund, la technique révolutionnaire de la « Caméra déchaînée » (en allemand : Entfesselte Kamera), une sorte de caméra légère embarquée, sur harnais ou support mobile, permettant les mouvements les plus variés. Pour la première fois, la caméra se faufile partout, franchit les portes à tambours, monte les escaliers, entre par les fenêtres, etc.

Par le jeu de plongées et de contre-plongées, Murnau nous montre la grandeur et la décadence du portier.

De plus certains plans sont en « caméra subjective ». Par un effet d'optique, la caméra nous restitue la vision du héros en état d'ivresse.

Murnau innove par un traitement de l'espace donnant plus d'importance aux éléments de décor, comme la porte à tambours de l'hôtel.

Les intertitres

Fait exceptionnel pour les films muets, Murnau parvient à monter son film avec très peu d'intertitres. Auparavant, seul Lupu Pick avait réalisé les deux tentatives connues de film sans intertitres, qui toutes deux ont échoué, Le Rail (Scherben) en 1921 et La Nuit de la Saint-Sylvestre en 1924.

Postérité

Alfred Hitchcock, qui travaillait en 1924 aux studios de Babelsberg en tant que décorateur et scénariste, assiste pour se perfectionner au tournage du Dernier des hommes.

Dix ans plus tard, Orson Welles a repris pour son Citizen Kane certaines techniques employées par Murnau.

Un remake a été tourné en 1955 sous le titre de Mon premier amour (Der Letzte Mann) par Harald Braun.

En 2003 Christian Leroy crée une musique originale pour le film restauré.

Notes et références

  1. Cette fin heureuse a été imposée par l'UFA.[réf. souhaitée]

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Stephen Brockmann, « Der Letzte Mann (1924): Learning to move », dans A Critical History of German Film, série Studies in German literature, linguistics, and culture, Rochester, NY, Camden House, 2010, p. 70–79 (ISBN 978-1-57113-468-4).
  • Yann Calvet, Cinéma, imaginaire, ésotérisme : (Murnau, Dreyer, Tourneur, Lewin), Paris ; Budapest ; Turin, L'Harmattan, 2003, 341 p., collection « Champs visuels » (ISBN 2-7475-5072-9).
  • Lotte H. Eisner, textes additionnels de Robert Plumpe et Robert Herlth, F. W. Murnau, Paris, Le Terrain vague, 1964, 223 p.
  • Charles Jameux, F. W. Murnau, Paris, Éditions du Cerf, 2006, 188 p. (ISBN 2204082171).
  • Jason Roberts, « Un double visage du cinéma weimarien », dans Martine Béland et Myrtô Dutrisac (dir.), Weimar ou l'hyperinflation du sens, Québec, Les Presses de l'Université Laval, coll. « Pensée allemande et européenne », 2009, 228 p. (ISBN 978-2-7637-8858-6).
  • (en) Stephan Schindler, « What makes a man a man : the construction of masculinity in F. W. Murnau's The Last Laugh », Screen, Oxford University Press, vol. 37, no 1,‎ , p. 30-40 (DOI 10.1093/screen/37.1.30).

Articles connexes

Liens externes