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Jocelyne Saab

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Jocelyne Saab
Portrait de Jocelyne Saab au FICA en 2009
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جوسلين صعبVoir et modifier les données sur Wikidata
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Jocelyne Saab (ou Jocelyn Saab), née le à Beyrouth et morte le à Paris, est une réalisatrice, photographe et plasticienne franco-libanaise.

Elle fut l'une des cinéastes du nouveau cinéma libanais.

Jocelyne Saab est née en 1948 à Beyrouth, au sein d'une famille relativement aisée, installée dans l'ouest de la ville[1]. Après des études de sciences économiques à Paris, Jocelyne Saab fait ses débuts dans une émission de pop musique à la radio au Liban, puis elle est engagée par Etel Adnan dans le journal As-Safa[2],[3]. À partir de 1973, elle devient reporter de guerre au Moyen-Orient en couvrant notamment la guerre d'Octobre pour la troisième chaîne de télévision française[4]. En tant que journaliste indépendante pour des chaînes de télévision européennes, nord-américaines et japonaises, elle réalise de nombreux films documentaires : sur la guerre du Liban, la guerre d'Irak, le Kurdistan, l'Iran, la Syrie, le Golan, le Sahara occidental, les conséquences du conflit Israëlo-palestiniens mais aussi en Asie, notamment au Vietnam.

Les trois documentaires essayistes Beyrouth, jamais plus (1976), Lettre de Beyrouth (1978), Beyrouth, ma ville (1982), consacrés aux désastres provoqués par la guerre du Liban[2],[5], forment un triptyque spontané dont Etel Adnan écrira :

« Jocelyne a saisi d'instinct, grâce à son courage politique, son intégrité morale, et sa profonde intelligence, l'essence même de ce conflit. Aucun document sur cette guerre n'a jamais égalé l'importance du travail cinématographique que Jocelyne a présenté dans les trois films qu'elle a consacrés au Liban[6]. »

En moins de trente ans, Jocelyne Saab réalise un total de trente documentaires[3]. Cependant, sa filmographie ne se limite pas au documentaire, mais comprend aussi des fictions, participant à la création d'un style cinématographique libano-arabe[2], et un travail photographique[3]. Une de ses œuvres de fiction, Dunia, du nom du personnage principal, une étudiante en poésie qui incarne, pour la réalisatrice, des valeurs de la civilisation du Proche-Orient, la sensualité, le plaisir, la mystique érotique du corps, fait scandale lors de sa présentation au Festival du Caire, en 2005, et est censuré à sa sortie dans les salles égyptiennes[7],[8],[9].

Parallèlement à son travail de cinéaste, Jocelyne Saab se met à photographier sans cesse. Elle est alors en Égypte. Elle commence à exposer à partir de 2006. En 2008, elle publie son livre Zones de guerres, aux éditions de l'Œil, qui rassemble ses photographiques et témoigne de cinq décennies de conflits dans le tiers-monde en général et au Moyen-Orient en particulier. L’ensemble permet à la fois de suivre un panoramique de l’histoire contemporaine (Liban, Libye, Égypte, Iran, Sahara occidental, Kurdistan, Vietnam…), et de découvrir le regard analytique et aimant de cette artiste engagée[3].

Elle expose une autre série de cent photographiques nommée Sense, Icons and Sensitivity dans plusieurs pays (la foire d’Abû Dhabi en 2007, la foire d’Art-Paris, des galeries d’Abû Dhabi et de Beyrouth en 2008...). Divisée en deux thèmes « Le revers de l'orientalisme » et « Architecture molle », ce cycle questionne les rapports de représentations entre Orient et Occident et les fractures de sens qui en découlent[10],[11],[12].

Elle réalise une dernière série photographique et deux vidéos d'art en 2016, nommées One Dollar a Day (série photo et vidéo) et Imaginary Postcard[13].

Elle meurt le à Paris à 70 ans, des suites d’un cancer[1],[14]. Jocelyne Saab vivait entre Beyrouth, Paris et Le Caire.

Pour préserver son patrimoine et faire vivre sa mémoire[15], Mathilde Rouxel, ancienne collaboratrice de Jocelyne Saab et spécialiste de son œuvre[16],[17], s'est associée avec le fils de Jocelyne Saab, Nessim Ricardou-Saab, ayant-droit de la quasi-totalité de son œuvre,pour créer l'Association Jocelyne Saab[18] (anciennement Association des amis de Jocelyne Saab). Cette association, née en 2019 après le décès de la cinéaste, a travaillé à la restauration des films documentaires de Jocelyne Saab et à la numérisation de l'ensemble de son archive papier[19], profitant de l'occasion pour former au Liban des professionnels de la restauration de film[20]. Ce travail ne concerne pas les premiers reportages de la cinéaste réalisés pour l'ORTF, conservés à l'INA[21].

Filmographie

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Reportages télévisés

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Jocelyne Saab est l'auteure de nombreux reportages diffusés à la télévision[22] :

  • 1970 : La Maison libanaise (indisponible) ;
  • 1970 : Bombardement dans les quartiers palestiniens de Beyrouth (indisponible) ;
  • 1973 : Kadhafi : l'islam en marche (ou : La Marche verte) (10 min) ;
  • 1973 : Kadhafi, l'homme qui venait du désert (60 min) ;
  • 1973 : Portrait de Kadhafi (5 min) ;
  • 1973 : Spécial Proche-Orient : Israël (26 min) ;
  • 1973 : La Guerre d'Octobre (ou : La Guerre en Orient) (8 min) ;
  • 1973 : Proche-Orient : Égypte (8 min) ;
  • 1973 : La Guerre en Orient : Égypte (8 min) ;
  • 1974 : Le Refus syrien (ou : Le Golan, sur la ligne de front) (10 min) ;
  • 1974 : Irak, la guerre au Kurdistan (16 min) ;
  • 1982 : Les Libanais, otages de leur ville (ou : Bilan de la guerre : destructions au Liban) (6 min) ;
  • 1982 : Le Liban : état de choc (6 min).

Documentaires

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Photographie

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  • 2006 : Sense, Icons and Sensitivity
  • 2008 : Marylin and the Arabs, Grand-Palais, Paris
  • 2008 : La Ville de Jean-Léon Gérôme et le revers de l’orientalisme, Festival international des cinémas d’Asie, Vesoul
  • 2017 : One Dollar a Day, Institut culturel français, Istanbul/Beyrouth

Évènements

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Installations

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  • 2006 : Strange Games and Bridges (Dubai Art Fair ; Singapore National Museum )[23]
  • 2011 : Le Jardin de la guerre (Les Halles de Saerbeck, Bruxelles)
  • 2013 : Café du genre (MuCEM, Marseille)
  • 2017 : One Dollar a Day (Institut culturel français, Istanbul/Beyrouth)

Décorations

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  • Officier de l'ordre des Arts et des Lettres Officière de l'ordre des Arts et des Lettres. Chevalière en 1995 après avoir lancé un vaste projet de reconstitution de la cinémathèque libanaise dans le cadre de son projet Beyrouth Mille et Une Images[24], elle est promue au grade d’officier le [25].

Notes et références

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  1. a et b Laure Stephan, « Mort de Jocelyne Saab, une pionnière du cinéma libanais », sur Le Monde,
  2. a b et c « Décès de Jocelyne Saab, réalisatrice libanaise pionnière au Proche-Orient », Le Point,‎ (lire en ligne).
  3. a b c et d Clémentine Mercier, « Photo / Jocelyne Saab, la guerre durant », Libération,‎ (lire en ligne).
  4. Mathilde Rouxel, « Jocelyne Saab, pour une cartographie engagée du Liban », Hors-Champs, no 10,‎ (lire en ligne).
  5. Ghada Sayegh, « Penser et figurer la guerre comme rupture, Jocelyne Saab et le Nouveau cinéma libanais (1975-1990) », La Furia Umana,‎ , p. 257 (ISBN 9788494099984).
  6. Etel Adnan, « Pour Jocelyne Saab », in La Furia Umana, no 7, 2015.
  7. Jacques Mandelbaum, « Dunia », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  8. « Un film sur le désir féminin censuré en Egypte », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  9. « Le film qui fait débat en Egypte », Radio France internationale,‎ (lire en ligne).
  10. Colette Khalaf, « Photographie Jocelyne Saab, regards croisés. Colette Khalaf », L'Orient-Le Jour,‎ (lire en ligne).
  11. Yves Gonzalez-Quijano, « L’occidentalisme, l’autre visage de l’orientalisme », sur Culture et politique arabes (consulté le ).
  12. Léa Polverini, « Jocelyne Saab traverse les ruines et les révoltes, caméra au poing », L'Orient-Le Jour,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Léa Polverini, « Jocelyne Saab traverse les ruines et les révoltes, caméra au poing », L'Orient-Le Jour,‎ (lire en ligne).
  14. Newsdesk Libnanews, « Décès de la réalisatrice libanaise Jocelyne Saab », sur Libnanews, (consulté le ).
  15. Hugo Altmayer, « Il est temps de faire (re)vivre le cinéma de Jocelyne Saab - Hugo ALTMAYER », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le ).
  16. Mathilde Rouxel, Jocelyne Saab, La Mémoire indomptée (1970-2019), Nadhar, (ISBN 978-9973-0990-0-6, DOI 10.5281/zenodo.7497865, lire en ligne).
  17. Mathilde Rouxel, Stefanie Van de Peer (dir.), ReFocus: The Films of Jocelyne Saab, Edimbourg, Edinburgh University Press, (ISBN 9781474480420).
  18. (en) « جمعية أصدقاء جوسلين صعب -Association des amis de Jocelyne Saab », sur جمعية أصدقاء جوسلين صعب -Association des amis de Jocelyne Saab - Jocelyne Saab's Friends Association (consulté le ).
  19. (en) Mathilde Rouxel, Stefanie Van de Peer, ReFocus: The Films of Jocelyne Saab, Edimbourg, Edinburgh University Press, (ISBN 9781474480413), p. 11-12.
  20. par Anne Lardeux Mai / juin 2022, « Entretien avec Mathilde Rouxel par Anne Lardeux », sur horschamp.qc.ca (consulté le ).
  21. (en) « Oeuvre de Jocelyne Saab », sur --- Association Jocelyne Saab --- جمعية جوسلين صعب,‎ (consulté le ).
  22. (en) « Oeuvre de Jocelyne Saab », sur جمعية أصدقاء جوسلين صعب -Association des amis de Jocelyne Saab - Jocelyne Saab's Friends Association,‎ (consulté le ).
  23. « "Strange Games" & "Bridges" de Jocelyne Saab », sur La France à Singapour (consulté le ).
  24. Mathilde Rouxel, « Jocelyne Saab, cinéaste témoin de la cinéphilie libanaise », Cycnos,‎ , p. 123 (lire en ligne).
  25. Ministère français de la Culture, Arrêté du 13 septembre 2016 portant nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres.

Bibliographie

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  • Mathilde Rouxel, Jocelyne Saab, La Mémoire indomptée (1970-2015), Dar an-Nahar / Presses du Réel, 2015 (ISBN 978-9953-74-411-7).
  • Réédité à Tunis en 2019 dans une version corrigée et augmentée, sous le titre : Jocelyne Saab, La Mémoire indomptée (1970-2019), Nadhar, 2019 (ISBN 9789973099006)
  • (en) Stefanie van de Peer, Negotiating Dissidence. The Pioneering Women of Arab Documentary, Edinburgh University Press, 2017 (ISBN 978-0748696062).
  • (en) Mathilde Rouxel, Stefanie van de Peer, ReFocus: The Films of Jocelyne Saab. Films, Artworks and Cultural Events for the Arab World, Edinburgh University Press, 2021 (ISBN 9781474480413).

Liens externes

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