Janine Cophignon

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Janine Cophignon
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Janine Louise Georgette KroehnerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités

Janine Cophignon, née Janine Kroehner[1] le à Paris et morte dans la même ville le [2], est une neuropsychiatre, psychothérapeute et psychanalyste française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Janine Cophignon, après ses études secondaires au lycée Jules Ferry à Paris, son doctorat en médecine et sa spécialisation en psychiatrie[3], exerce d'abord longtemps en tant que neuropsychiatre des hôpitaux, puis poursuit une carrière de psychothérapeute en milieu institutionnel (hôpital de jour de la MGEN, dispensaires de secteur).

Formée à la psychanalyse auprès, notamment, de Francis Pasche, Michel de M'Uzan et Christian David, et étant devenue membre adhérente en 1978 de la Société psychanalytique de Paris[4], elle l'exerce alors en cabinet libéral jusqu'au tournant des années 2000.

Après des publications consacrées aux psychanalystes Wilhelm Reich, Ronald Laing et Donald Winnicott, Janine Cophignon contribue durant une décennie (1978-1988) à l'étude des processus inconscients de la création artistique chez les peintres symbolistes ou surréalistes Odilon Redon (chez qui le passage des "noirs" vers une peinture riche en couleurs a lieu après le décès de la mère)[5], Paul Delvaux (où elle s'attache à déchiffrer "la triade" constitutive de "son univers : la femme, le miroir et la mort"), Hans Bellmer [6] et Pierre Molinier (dont elle interprète le fétichisme comme « l'affirmation répétée et rassurante d'une identité toujours menacée »[7]), ainsi que chez le poète romantique Gérard de Nerval[8].

Psychothérapeute clinicienne, elle explore d'autre part, avec l'écrivain et psychothérapeute Max Guedj, les voies d'une "double thérapie" où puisse s'articuler de manière systémique le psychique et le somatique, en associant, au bénéfice du bien-être du patient, une "cure de relaxation" à la "cure de parole" psychanalytique[9]. L'ouvrage est salué en 1988 par le Dr. Pierre-François Chanoît (président de l'Association française de psychiatrie et de psychopathologie sociales, directeur de l'Institut Marcel Rivière) pour sa rigueur clinique et la pertinence de ses réponses thérapeutiques[10].

Par ailleurs membre à partir des années 1990, puis secrétaire générale[11], de la Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA) où elle travaille aux côtés de Theodore Monod et de Jean-Claude Nouët[12], Janine Cophignon se consacre à l'examen de la construction, par le truchement du jeu, des relations de l'enfant à l'animal. Voie d'apprentissage social et de respect du Vivant, celles-ci peuvent contribuer, comme le relève à partir de cette réflexion le neurobiologiste et philosophe Georges Chapouthier, à "amener l'enfant, par des règles éducatives, à respecter la vie d'autrui"[13] à l'instar de la sienne.

Toujours concernant cette analyse des relations entre l'humain et l'animal, elle conduit une méditation anthropologique sur la vision humaine de l'animal face la mort inspirant directement la réflexion de vétérinaires sur la fin de vie des animaux de compagnie[14].

En tant que peintre, enfin, liée d'amitié avec des artistes plasticiens comme Anne Meyer, Edouard Righetti ou Kristine Tissier, elle participe durant les années 1980 à 2000 à plusieurs Salons de l’Association des peintres médecins [15] alors présentés à l'ancienne faculté de médecine de Paris.

Publications[modifier | modifier le code]

  • L'enfant et sa famille. "L'enfant et l'adulte, les premières relations" par D. W. Winicott, Revue française de psychanalyse tome XXXVI n°1, Paris, 1972
  • "L'équilibre mental, la folie et la famille", par D. Laing et A. Esterson, Revue française de psychanalyse tome XXXVI n°4, Paris, 1972
  • "L'Irruption de la morale sexuelle", par Wilhelm Reich, Revue française de psychanalyse tome XXXVII n°4, Paris, 1973
  • Couleur et créativité. Quelques réflexions sur l'œuvre d'Odilon Redon, Revue française de psychanalyse tome XLII n°2, Paris, 1978
  • Quelques remarques sur le fétichisme : la poupée dans l'œuvre de Pierre Molinier et de Hans Bellmer, Revue française de psychanalyse tome XLIII n°4, 1979
  • Figures féminines dans l'œuvre de Gérard de Nerval. Tentative de reconstruction de l'image maternelle, Revue française de psychanalyse tome XLIV n°1, Paris, 1980 ; réed. Bulletin de psychologie, "Psychologie de l'art", t. 1, XLVI, 1993
  • Double thérapie. Psychanalyse et corps (en collaboration avec M. Guedj), Préface du Dr. P.-F. Chanoit, Editions ESF, Paris, 1988, 124 p.
  • Miroirs et fantasmes dans l'œuvre de Delvaux, Miroirs, Visages et Fantasmes, Editions Césura, Mézieu, 1988 ; réed. 2015
  • Le jouet, l'enfant, l'animal, Editions LFDA, Paris, 1999 ; réed. 2007, 98 p.
  • L'animal et la mort, Bulletin de la LFDA n°37, Paris, 2002 ; réed. revue Droit Animal, Ethique et Sciences n°97, Paris, 2018

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. En 1954, Janine Kroehner devient l'épouse de Jean Cophignon (1932-2015), professeur de médecine et chef du service de neurochirurgie de l'hôpital Lariboisière à Paris (1983-1997).
  2. Relevé des fichiers de l'Insee
  3. Contribution à l'étude du Ro-4-0403 en thérapeutique psychiatrique. A propos de 40 observations, Thèse de spécialité, Paris, Impr. R. Foulon et Cie, 1962.
  4. Cf. le site de la Société psychanalytique de Paris : "Décès du Docteur Janine Cophignon-Kroehner. Notre collègue, membre adhérente de la Société Psychanalytique de Paris depuis 1978, s’est éteinte le 18 mai 2019".
  5. Cf. Dario Gamboni, The Brush and the Pen : Odilon Redon and literature, University of Chicago Press, 2012, p. 217 : "Born interpreted Redon's work as a release of subsconscious matter comparable to Freud's analysis of dreams. This hypothesis was poursued in greater detail by Pierre Roumeguère and then by Frederick Baekeland and Janine Cophignon").
  6. Cf. Sylvie Rouquette, "Hans Bellmer, la femme et la poupée", Cahiers jungiens de psychanalyse, 2006, p. 17 ("Les poupées de Hans Bellmer ont suscité l'intérêt de nombreux psychanalystes et écrivains. [...] Janine Cophignon nous parle du "fétichisme de la poupée". — Marion Beaufils, "Beauté hystérique et inconscient physique : le corps anamorphosé chez Hans Bellmer", La chair et le verbe. Histoire culturelle du corps, Editions du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, 2018, p. 23 ("Les années 70 et 80 ont été riches en interprétations diverses et variées au sujet de la Poupée de Hans Bellmer. De la dynamique nécrophile que l’artiste tisse à son objet (René Held) à sa dimension fétichiste (Janine Cophignon), en passant par le voyeurisme et le sadisme dans les Jeux de la Poupée)."
  7. Cf. Yvan Moreau, "L'écran de son double femelle / Pierre Molinier, Le précurseur", Les Cent jours d’art contemporain, CIAC, Montréal, 1993, p. 31 ("Le fétichisme devient une source intarissable de création et la photographie redouble « l'affirmation répétée et rassurante d'une identité toujours menacée » (Janine Cophignon) dans une « rigidité cadavérique» imposée par le médium photographique"). Article aussi cité in Philippe Bessoles, Le déjà-là de la mort et du sexuel, Editions Champ social, 1996.
  8. Article cité entre autres par : Bruno Tritsmans, Ecritures nervaliennes, Gunter Narr Verlag, Tübingen, 1993, p. 149 — André Guyaux, Gérard de Nerval : Actes du colloque de la Sorbonne, Presses Paris Sorbonne, 1997, p. 196.
  9. Cf. les références bibliographiques à cet ouvrage de : Philippe Caillé, Il était une fois. La méthode narrative en systémique, Editions l'Harmattan, 1996 — Yveline Rey, Bernard Prieur, Systèmes, éthique, perspectives en thérapie familiale, Editions ESF, 1999.
  10. Il souligne sa présentation clinique comportant "une référence psychanalytique et une perspective psycho-corporelle unitaire". Celle-ci, ajoute-t-il, "offre l'illustration de l'essentielle importance d'aborder la thérapie d'une maladie mentale en référence aux diverses modalités de la souffrance", louant les auteurs pour "la finesse de leur analyse de l'économie psychique des patients dans leur recours à des modes de défense diversifiés induisant une souplesse de la thérapeutique". Dr. Pierre-François Chanoît, préface à Double thérapie, psychanalyse et corps.
  11. Cf. Compte-rendu d’activités 1999 de la LFDA.
  12. Ces deux scientifiques de renom furent des membres actifs de la LFDA à cette époque, cf. les archives du site de la LFDA.
  13. Cf. Georges Chapouthier, L'homme, ce singe en mosaïque, Editions Odile Jacob, 2001, p. 183 ("Comme le rappelle, à propos des rapports entre jouet, enfant et animal, la psychiatre Janine Cophignon : "il faut amener l'enfant, par des règles éducatives, à respecter la vie d'autrui" (Cophignon, 1999, p. 74)". Ce même auteur, dans son livre Kant et le chimpanzé. Essai sur l'être humain, la morale et l'art, Editions Belin, 2009, s'appuie aussi sur sa conception psychologique et sociale du jouet : "Un jouet, comme le formule la psychiatre Janine Cophignon, c'est un objet dont les enfants se servent pour se distraire, s'amuser, mais il est aussi un moyen d'apprentissage social").
  14. Cf. Caroline Saillen, Est-ce le bon moment ?, in "Le Nouvelliste", journal de la Suisse romande, ESH Médias, 5 avril 2022 ("La neuropsychiatre Janine Cophignon affirme que les structures mentales liées au développement du cerveau des animaux ne leur permettent pas, même pour les plus évolués d'entre eux comme les primates, d'intégrer la connaissance consciente de la mort. Les animaux vivent pour vivre, un point c'est tout.") — Source principale aussi (dans un contexte toutefois contraire aux positions publiques opposées à la chasse de l'auteur), du dossier "Demain, le sauvage dans la relation homme / animal", Bulletin de la Fondation François Sommer, déc. 2019, pp. 42-43 : "Et le rapport à la mort ?"
  15. Cf. la biographie de Janine Cophignon sur le site de la Galerie du Chemin, galerie d'art moderne et contemporain.

Liens externes[modifier | modifier le code]