Invertébré

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Des éponges, invertébrés marins de l'embranchement des Porifera.

Un invertébré est un animal dépourvu de colonne vertébrale, et d'os en général. Quelle que soit l'école de taxonomie considérée (cladisme, phénéticisme ou évolutionnisme), et donc quels que soient les critères de classification retenus, les « invertébrés » n'ont jamais été regardés comme un taxon valide au sein de la classification du vivant : il s'agit donc d'un terme vernaculaire sans valeur scientifique, regroupant toute la biodiversité phylogénétique qui, dans une vision anthropocentrée, n'appartient pas au sous-embranchement des Vertébrés.

Un terme descriptif et non taxonomique

Quelques invertébrés.

La distinction entre les invertébrés (Invertebrata) et les vertébrés (Vertebrata, dont nous sommes) a été initiée par le célèbre biologiste français Jean-Baptiste de Lamarck dans son Discours d'ouverture du cours des animaux sans vertèbres en 1806 et dans son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres (1815-1822)[1]. Si les vertébrés forment un ensemble cohérent avec un ancêtre commun, les invertébrés sont au contraire un ensemble hétéroclite d'espèces dont certaines (comme l'amphioxus) sont proches des vertébrés. Ce groupe, défini en négatif, est donc paraphylétique. Pour certains systématiciens, les invertébrés ne sont pas non plus un grade évolutif à cause de ce manque d'homogénéité morphologique et physiologique. Le Pr Cavalier-Smith considère ainsi le groupe paraphylétique des invertébrés comme un « grade », mais n'étant ni un clade, ni un taxon[2].

On distingue aujourd'hui différents « embranchements » du vivant dont les chordés (qui incluent l'ensemble des vertébrés) ; tous les autres sont donc entièrement invertébrés, les arthropodes constituant le plus important d'entre eux.

On peut substituer à l'opposition entre vertébrés et invertébrés, une division des animaux bilatériens (la grande majorité des animaux) en protostomiens et deutérostomiens :

La majorité des êtres vivants

S'agissant du nombre d'espèces, la part la plus importante de la biodiversité connue est constituée d'organismes invertébrés.

Sur 1,7 à 1,8 million d'espèces recensées en 2005 (selon les critères retenus pour leur classification), on trouve environ 990 000 invertébrés, 360 000 plantes et micro-organismes, et seulement 45 000 vertébrés[réf. nécessaire]. C'est probablement le groupe qui, avec les micro-organismes, a été le moins bien inventorié, car les invertébrés sont souvent de petite taille et vivent discrètement, dans les mers, les sédiments, les sols ou la nécromasse (dont le bois mort). Leur nombre, la complexité de leur description et la sous-estimation de leur potentiel économique, scientifique et alimentaire a longtemps contribué à détourner la recherche scientifique des invertébrés, et il a fallu attendre la fin du XVIIIe siècle pour que les scientifiques européens reprennent le travail là où Aristote et Pline l'avaient laissé[3].

De nos jours, la recherche sur les invertébrés a permis de découvrir plusieurs centaines d'espèces à fort potentiel scientifique, industriel, économique ou même alimentaire, et la médecine moderne doit énormément à des animaux inattendus comme les limules, les méduses, le plancton[3]... Les insectes, plus faciles à capturer, identifier et conserver demeurent le groupe d'invertébrés le mieux connu.

Menaces

De nombreux invertébrés ont récemment disparu de tout ou partie de leur aire naturelle de répartition à cause d'une pollution de plus en plus généralisée de l'environnement terrestre et marin, par les pesticides notamment. La fragmentation écopaysagère (perte de corridors biologiques appropriés[4]) est une autre cause de disparition, de même pour les invertébrés saproxylophages que le recul du nombre et du volume de bois-mort et en zone tropicale le recul des forêts de manière générale. Cette régression, mal évaluée se fait au profit de l'augmentation des populations de quelques espèces ubiquistes et adaptables, parfois invasives et/ou pathogènes.

En Europe tempérée, les invertébrés saproxylophages comptent parmi les espèces les plus menacées (faute de bois mort en quantité suffisante et bien répartie dans les forêts qui sont presque toutes intensivement exploitées), et dans le monde un invertébré sur cinq serait menacé de disparition à moyen terme selon un rapport de la Zoological Society of London (ZSL) (87 pages) écrit avec l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ce qui aura un coût économique très important (« La valeur de la pollinisation des cultures par les insectes a été évaluée à 153 milliards d'euros par an, d'après l'étude. Une étude réalisée en 1997 évalue la valeur économique de la biodiversité des sols -grâce aux invertébrés tels que les vers de terre, les scarabées et les mites- à 1 500 milliards de dollars par an. »[5].

Voir aussi

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Bibliographie

  • (en) Richard C. Brusca et Gary J. Brusca, Invertebrates, Sunderland (Massachusetts), Sinauer, , 2e éd. (1re éd. 1990), XIX + 936 (ISBN 978-0-87893-097-5).
  • (en) Cardoso P, Borges PA, Triantis KA, Ferrández MLA, & Martín JL (2011) Adapting the IUCN Red List criteria for invertebrates. Biological Conservation, 144(10), 2432-2440.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) T. Cavalier-Smith, « A revised six-kingdom system of life », Biol. Rev., vol. 73,‎ , p. 203-266
  2. a et b Frédéric Ducarme, « Pourquoi étudier les invertébrés ? Quelques arguments d’Aristote », sur No Bones, Smithsonian Institute, .
  3. Burel F (2003) Les invertébrés exigent des corridors écologiques, Espaces naturels, 1, 28-29
  4. Sandra Besson (2012) brève intitulée : Les espèces d'invertébrés, ingénieurs de la biodiversité, sont menacés 3 septembre 2012 07:42 (in actualites-News-Environnement), consulté le 8 avril 2014