Aller au contenu

Hercule Florence

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Hercule Florence
Hercule Florence (photographe inconnu, 1875)
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 75 ans)
CampinasVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Antoine Hercule Romuald FlorenceVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activités
Peintre, illustrateur, inventeur d'un brevet, photographe, inventeurVoir et modifier les données sur Wikidata

Antoine Hercule Romuald Florence, né le [1] à Nice (département des Alpes-Maritimes sous la 1re République) et mort le à Campinas au Brésil, est un peintre naturaliste et un inventeur monégasco-brésilien, connu comme pionnier de la photographie au Brésil.

Fils d'un soldat de l'an II, chirurgien-major du 3e bataillon de volontaires de Haute-Garonne, Arnaud Florence, et d'une monégasque, Augustine Vignalis, il naît à Nice et passe son enfance principalement à Monaco[2].

Il est le neveu de Jean-Baptiste Vignali et le petit-fils de Claude Vignali, deux peintres monégasques, le second ayant été premier peintre de la cour du Prince[3].
A vingt ans, il s'embarque à Toulon sur la frégate la Marie Thérèse en partance pour un tour du monde[1].
Il débarque à Rio de Janeiro, deux ans après l'indépendance du Brésil. Il travaille dans le magasin d'un marchand de tissus puis dans une librairie tenue par le Français, Pierre Plancher. Répondant à une annonce du baron von Langsdorff, consul général de Russie au Brésil et naturaliste, qui organise grâce aux subsides du tsar Alexandre Ier, une expédition d'une ampleur encyclopédique dans l'intérieur du Brésil depuis la Province de São Paulo jusqu'à l'embouchure de l'Amazone, Florence est recruté en tant que dessinateur et responsable de l'organisation. Le baron Langsdorff avait perdu son premier dessinateur Johan Rugendas, qui avait participé à la première partie de l'expédition de 1821 à 1825. Il engagea Aimé-Adrien Taunay et Hercule Florence pour le remplacer. Les accompagnaient également le botaniste allemand Riedel et l'astronome russe Rubzoff, ainsi que plusieurs équipages de marins et de guides locaux.

Les illustrations de Florence, les documents et les échantillons rapportés par l'expédition qui dura presque trois ans (de 1826 à 1829), dans des conditions épouvantables, seront oubliés durant plus d'un siècle à l'Académie impériale de Russie de Saint-Pétersbourg et redécouvertes en 1930. Il est l'auteur du seul journal de bord complet de l'expédition[4], les autres membres étant tombés malades. Aimé-Adrien Taunay, premier dessinateur de l'expédition, s'est noyé au cours de l'expédition.

En 1829, Hercule Florence, espérant encore un engagement en Russie, reste à Rio de Janeiro, où il suit les leçons de peinture de Félix-Émile Taunay.

En 1830, il se marie avec Maria Angélica, fille de Francisco Alvares Machado e Vasconcellos, futur gouverneur du Rio Grande do Sul, et s'installe à São Carlos, qui deviendra Campinas.

Carrière d'inventeur

[modifier | modifier le code]

Après son mariage, il entame involontairement une carrière d'inventeur à São Carlos ; il conçoit un système de représentation des chants des animaux (oiseaux, mammifères) (la zoophonie)[5], puis invente une technique d'impression de tissus [références manquantes]. Il met au point une technique de représentation visuelle sur des feuilles de papier percées de minuscules trous afin de créer un peu de reflets et de lumière. Les originaux doivent être placés devant une ouverture exposée à la lumière du soleil, à l’intérieur d’une pièce obscure (il l'appelle "la peinture cisparente"). Il poursuit alors dans cette voie, d'images projetées dans une chambre obscure. Il tente des expériences avec du nitrate d'argent dont il a entendu parler et qu'il décrit dans son journal à partir de la date du . De même il ajoutera comment cinq jours plus tard, il y fait le compte-rendu de sa première expérience avec la chambre obscure[6]. Il décrit comment et il a été prouvé entre-temps qu'il a continué ses expériences, par exemple en utilisant des sels d'or[7], mais abandonnant bientôt ce moyen d'impression qu'il estimait trop onéreux.

Dans le même temps, en Europe, alors le centre intellectuel et scientifique du monde, étaient inventées le Daguerréotype et l'héliographie, qui deviendront les bases de la photographie. Hercule Florence, de son vivant, ne sera jamais crédité de cette invention.

Autres inventions

[modifier | modifier le code]

Hercule Florence invente un autre moyen d'impression qui ne nécessite pas de presse, appelé Polygraphie, dès 1831. Cette invention sera ensuite exploitée pour proposer un système de papier-inimitable qui, selon lui, éteindrait le délit de fausse monnaie. Plus tard, il inventera encore un système d'impression par la poussière projetée sur des pochoirs, et qu'il appellera pulvographie. Il invente encore d'autres choses, telles qu'un moyen de créer un effet de relief sur les peintures, qu'il appelle stéréopeinture, mais des amis lui apprennent que cela existe déjà sous le nom de stéréoscope[8]. Il invente encore, pèle-mêle, un moyen d'alléger le travail pénible de la récolte du café, une méthode pour fabriquer des chapeaux (il tenait un magasin de tissus et de chapeaux), une noria hydrostatique qui n'a sans doute jamais été réalisée[9].

Une image de plusieurs étiquettes de flacons de pharmacie réputée réalisée par Hercule Florence à Campinas, au Brésil en 1833 portant la mention autographe Épreuve No 2 (photographie) a pu être décrite comme “le plus ancien registre photographique connu dans les Amériques, ayant pour base la sensibilité des sels d’argent à la lumière”, sans convaincre toutefois la communauté scientifique[10],[11]. Cette épreuve unique est aujourd’hui conservée à l’Institut Moreira Salles (IMS) à São Paulo et faisait partie de la collection de photographie brésilienne du XIXe siècle formée par Pedro Corrêa do Lago et acquise par l’IMS en 2002[12].

Une vie mouvementée

[modifier | modifier le code]

Hercule Florence, qui était animé d'idées progressistes (bien que catholique fervent), critiquait sourdement le système esclavagiste en vigueur au Brésil. Mais sa belle-famille, les parents de sa femme, possédaient une plantation sur laquelle travaillaient de nombreux esclaves. Or, après le décès de ses beaux-parents et de sa première épouse, Hercule Florence, dut prendre en charge cette plantation pour le compte de ses enfants, héritiers de leur grand-mère. Il devenait dès lors gérant d'une plantation et d'un groupe d'esclaves.

Un peu avant, il avait participé à la tentative de révolte libérale de 1842, dans la province de São Paulo. A cette occasion, il avait imprimé le premier journal de la Province "O Paulista".

Maria Angelica, avant de mourir en 1850, avait eu 13 enfants, dont 8 lui survivaient. Hercule se remaria en 1854 avec Carolina Krug, une émigrante allemande, née à Cassel. Ils eurent encore 7 enfants.

Carolina Krug, esprit libre, francophile et progressiste, était aussi enseignante. Ensemble, ils fondèrent le Colegio Florence, destiné aux jeunes filles de la Province de São Paulo. Il était bien sûr réservé aux familles capables de payer les droits d'inscription, mais c'était le premier collège pour jeune fille de la région.

Impopulaire auprès des autres planteurs, pour ses méthodes peu orthodoxes, et n'étant pas parvenu à se faire connaitre en Europe par ses inventions, Hercule Florence échappa à l'oubli par une voie inattendue : le fils de son ami Félix-Émile Taunay, Alfredo d'Escragnolle Taunay, traduisit en portugais son journal de l'expédition Langsdorff et le fit publier par la Revue de l'Institut Historique du Brésil en 1875. Hercule Florence eut ainsi la dernière joie d'être nommé à l'Académie des sciences à Rio avant de mourir en 1879.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b Thomas Fouilleron, « Quitter son pays. Monaco en 1823 », dans Hercule Florence, le nouveau Robinson (catalogue d'exposition, Monaco, Nouveau musée national de Monaco), Milan, Humboldt books, , p. 168-197.
  2. Thierry Thomas 2017.
  3. Thomas Fouilleron, « Mécénat princier et affirmation politique au temps des Lumières. Honoré III et le peintre monégasque Jean-Baptiste Vignali », Annales monégasques, no 33,‎ , p. 61-98 (lire en ligne)
  4. « Expédition au Brésil de la mission russe du Ct Langsdorff : 1824-1829. Album de croquis (dessins aquarellé) d'Hercule de Florence. [1821-1829] », sur Gallica. Voir aussi les différentes éditions de son "Voyage fluvial" dans la bibliographie.
  5. Luis Felipe Toledo et Carlos Barros de Araujo, « Zoophonie: les origines de la bioacoustique », dans Hercule Florence, le nouveau Robinson (catalogue d'exposition, Monaco, Nouveau musée national de Monaco), Milan, Humboldt books, , p. 264-287.
  6. Boris Kossoy (trad. du portugais), Hercule Florence. La découverte isolée de la photographie au Brésil, Paris, L'Harmattan, , 295 pages (ISBN 978-2-343-10359-4, lire en ligne), p. 133-200
  7. Thierry Thomas et Francis Melvin Lee, « L'Ami des arts et la "Photographie dorée" », dans Hercule Florence, le nouveau Robinson (catalogue d'exposition, Monaco, Nouveau musée national de Monaco), Milan, Humboldt books, , p. 120-129.
  8. Lettre à mon ami le major [Charles] Taunay, 26 janvier 1864, in L'Inventeur au Brésil. Correspondances et pièces scientifiques, manuscrit inédit, collection Institut Hercule Florence, édition diplomatique Thierry Thomas, p. 69-70.
  9. Hercule Florence, L’Ami des arts livré à lui-même ou Recherches et découvertes Sur différents sujets nouveaux Par Hercule Florence. Sam Carlos, Province de St. Paul, le 11 Août, 1837, Sao Paulo, IHF, , 416 p., passim
  10. Boris Kossoy 1977.
  11. Guy Devaux, « Une des premières photographies au monde, réalisée au Brésil par Hercule Florence, représente des étiquettes de pharmacie », Revue d'histoire de la pharmacie, no 403,‎ , p. 493-495 (lire en ligne Accès libre).
  12. "Hercule Florence – Apresentação". Instituto Moreira Salles. Mis en ligne le 14 avril 2019 (en portugais).

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
Édition des textes et manuscrits
  • L'Ami des arts livré à lui-même ou Recherches et découvertes sur différents sujets nouveaux : manuscrits édités par Antonio Florence, Teresa Cristina Florence, Thierry Thomas, Dirceu Franco Ferreira, São Paulo, Institut Hercule Florence, 2015, 2 vol. (424 et 527 p.) (ISBN 978-85-69639-00-8) (avec fac-similé).
  • Voyage fluvial du Tietê à l'Amazone par les provinces brésiliennes de Saint-Paul, Mato Grosso et Grão Pará : un peintre de l'expédition Langsdorff découvre le Brésil, 1825-1829, Besançon, La Lanterne magique, , 319 p. (ISBN 978-2-916180-16-8) (texte présenté & annoté par Éric Poix).
Études
  • Mario Carelli, À la découverte de l'Amazonie : les carnets du naturaliste Hercule Florence, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard albums », , 143 p. (ISBN 2-07-056660-9).
  • Linda Fregni Nagler (dir.), Hercule Florence, le nouveau Robinson (catalogue d'exposition, Monaco, Nouveau musée national de Monaco), Milan, Humboldt books, , 379 p. (ISBN 978-88-993852-7-9).
  • (pt) Boris Kossoy, Hercules Florence. 1833, a descoberta isolada da fotografia no Brasil, Saõ Paulo, Faculdade de Comunicacão Social Anhembi, , 108 p.
    • réédition augmentée en espagnol en 2004 : Hercule Florence : el descubrimiento de la fotografia en Brasil, Mexico, Instituto nacional de antropologia e historia, 278 p. (ISBN 968-03-0020-X).
    • édition française : Hercule Florence. La découverte isolée de la photographie au Brésil, traduction de Jean Briant et Thierry Thomas, Paris, éditions L'Harmattan (collection "Historiques. Série Travaux"), 2016, 295 p. (ISBN 978-2-343-10359-4).
  • William Luret :
    • Les trois vies d'Hercule Florence, Paris, éditions Jean-Claude Lattès, , 301 p. (ISBN 2-7096-1928-8, lire en ligne Accès limité).
    • « De Monaco au Brésil : Hercule Florence, voyageur et inventeur oublié », Annales monégasques, 2006 no 30.
  • (pt) Rafael de Bivar Marquese, « Exílio escravista: Hercule Florence e as fronteiras do açúcar e do café no Oeste paulista (1830-1879) », Anais do Museu Paulista: História e Cultura Material, vol. 24, no 2,‎ , p. 11-51 (lire en ligne).
  • Thierry Thomas, « Ascendance et jeunesse monégasque d'un curieux du XIXe Siècle. Hercule Florence (1804-1879) », Annales monégasques, no 41,‎ , p. 121-171.
  • Éric Valette, « Alexander von Humboldt et Hercule Florence, des manières de faire des mondes », La Revue des lettres modernes, no 10,‎ , p. 49-66 (présentation en ligne).
  • (it) Chiara Vangelista, Cartografia migrante : Hercule Florence da Nizza al Brasile (1804-1879), Ogliastro Cilento, Licosia, coll. « Politica storia e società » (no 13), , 408 p. (ISBN 9791280116239).

Liens externes

[modifier | modifier le code]