Aller au contenu

Grotte du Cul de Bœuf

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Grotte du Cul de Bœuf
Gours de la grotte du Cul de Bœuf.
Localisation
Coordonnées
Pays
France
Département
Massif
Vallée
Vallée de la Vaïre
Localité voisine
Caractéristiques
Type
Altitude de l'entrée
1 395 m
Longueur connue
650 m
Période de formation
Occupation humaine
Localisation sur la carte des Alpes-de-Haute-Provence
voir sur la carte des Alpes-de-Haute-Provence
Localisation sur la carte de Provence-Alpes-Côte d'Azur
voir sur la carte de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France

La grotte du Cul de Bœuf est une cavité naturelle située dans la commune de Méailles, sur les pentes du Grand Coyer, département des Alpes-de-Haute-Provence.

La première mention de la grotte est due à Etienne Garcin en 1835 qui précise que l'antre est appelé, par sa forme, le cul-de-Bœuf[1],[2]

Spéléométrie

[modifier | modifier le code]

La dénivellation de la grotte du Cul de Bœuf est de 131 m (-106 ; +25) pour un développement[N 1] de 650 m[3].

Coupe géologique simplifiée de la grotte du Cul de Bœuf (Méailles).

La cavité se développe au contact des calcaires du Nummulitique (Éocène) et des marnes crétacées.

La cavité est une grotte dite de contact entre deux couches géologiques[4]. Le siège de la corrosion se situe dans les calcaires ou conglomérats calcaires qui recouvrent les marnes. Ces marnes ont été ensuite ravinées et érodées par soutirage pour former l’essentiel des vides pénétrables[5].

Archéologie

[modifier | modifier le code]

Dès 1861, l'abbé Féraud signale que la grotte renferme des ossements dont plusieurs appartiennent à l’espèce humaine[6]. Dans les années 1950-1960, de nombreux vestiges ont été extraits des fouilles archéologiques effectuées par l’équipe de l’Association de préhistoire et de spéléologie de Monaco. L'occupation de la grotte s'étale du Néolithique à l’âge du Fer[7].

L'antre du mont Coyer

[modifier | modifier le code]

Depuis la grotte du Cul de Bœuf, on domine la vallée de la Vaïre et le village de Peyresq (Thorame-Haute) situé à moins de 2 km sur l'autre rive. Or, l’humaniste Pierre Gassendi mentionne dans la région l’antre du mont Coyer et indique qu’en 1634, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc a envoyé « un médecin érudit nommé Malian pour observer sur le Mont Coyer l’antre d’où s’échappe un vent froid, mais d’autant moins sensible qu’on se rapproche de son origine. »[8]

Dans une lettre à son frère, Palamède de Valavez, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc lui a demandé de contribuer à une recherche qui l’enflammait alors, en étudiant les courants froids sortant de la grotte du Grand Coyer, toute proche de Peyresq[9].

Au XIXe siècle, l’histoire est rapportée par l’abbé Féraud qui précise que l’on trouve, dans la commune de Peyresq, « une caverne d’où sort, tous les soirs au coucher du soleil, un petit vent qui augmente jusqu'à minuit, et diminue depuis minuit jusqu'au lever du soleil qu’il cesse entièrement. »[6]

Il est possible de confondre la grotte de Peyresq ou grotte du Grand Coyer avec la grotte du Cul de Bœuf qui exhale un petit vent froid l’été, probablement dû à la convection. Généralement une cavité descendante et borgne, comme la grotte du Cul de Bœuf, fonctionne en piège à air froid. Dans ces pièges thermiques, des variations d’intensité des courants d’air froid peuvent se produire la nuit notamment lorsque la température extérieure descend en dessous de la température de la grotte. Ainsi, la grotte du Cul de Bœuf pourrait être celle du Grand Coyer dans laquelle Peiresc voyait la « source des vents »[N 2].

Les cavités notoirement connues des gens du lieu et des humanistes du XVIIe siècle tombent parfois dans l’oubli, puis sont redécouvertes au XIXe siècle ou au XXe siècle. C’est le cas de la font Gaillarde (Thorame-Haute) qui correspondrait à la source intermittente de Colmars citée par Pierre Gassendi en 1635[10].

Etienne Garcin signale qu'en 1832, quelques amateurs ont visité l'intérieur de la grotte[1]. L'entomologiste Paul-Marie de Peyerimhoff de Fontenelle visite la grotte au début du XXe siècle[11] ; à cette période, les grottes de Saint-Benoît (grotte de la Lare) et de Méailles (grotte du Cul de Bœuf) sont des cavités très courues des visiteurs[12].

Le , le lac des Fées, situé au fond de la grotte à -106 m[N 3], est coloré avec 500 g de fluorescéine. Des fluo-capteurs installés à la cascade du Maouna (Méailles) attestent du passage du colorant. Le temps de transit n’est pas connu précisément, mais il est de plus de 4 jours[13].

Explorations

[modifier | modifier le code]

La grotte du Cul de Bœuf, ou grotte de Méailles, est connue et fréquentée de longue date[14], mais les visites sont certainement plus anciennes encore[15]. En effet, le profil de la cavité présente une pente régulière jusqu'à une laisse d’eau appelée « lac des Fées » à la cote -106 m qu'il est relativement facile d'atteindre.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Paul Courbon et René Parein, Atlas souterrain de la Provence et des Alpes de Lumière. Cavités supérieures à 100 m de profondeur ou 1000 m de développement des départements suivants: Alpes de Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse (3e édition), La Ravoire, GAP, , 253 p., A4 (ISBN 2-7417-0007-9, présentation en ligne), p. 16.
  • Bigot Jean-Yves, « Les grottes de contact conglomérats/marnes : l’exemple de la grotte du Cul de Bœuf et du trou Madame (Méailles).Méailles et la région d’Annot. Paysages culturels karstiques. Architecture d’une relation homme-territoire unique. Université de Nice Sophia Antipolis, Département de Géographie », Méailles et la région d’Annot., Montebelluna, Museo di Storia Naturale e Archeologia di Montebelluna,‎ , p. 59-63 (ISBN 978-88-901411-2-6, lire en ligne, consulté le ).
  • Bigot Jean-Yves, Fédération française de spéléologie, « Quelques énigmes des Alpes du Sud », Spelunca, Paris, Fédération française de spéléologie, no 97,‎ , p. 18 (ISSN 0249-0544, lire en ligne, consulté le ).

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. En spéléologie, le développement correspond à la longueur cumulée des galeries interconnectées qui composent un réseau souterrain.
  2. L'idée du vent sortant des cavernes est présente chez les savants du XVIIe siècle qui s'interrogent sur l'antre du mont Coyer (= grotte du Cul de Bœuf à Méailles), le trou du Vent à Brantes sur le mont Ventoux ou encore le trou de Ponthias à Nyons. Il s'agit d'un thème classique héritée de l’Antiquité qui fait référence aux légendes grecques où les vents sont enfermés dans une caverne.
  3. En spéléologie, les mesures négatives ou positives se définissent par rapport à un point de référence qui est l'entrée du réseau, connue, la plus élevée en altitude.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b Garcin Etienne (1835) – Dictionnaire historique et topographique de la Provence ancienne et moderne. Tome II (J à Z), Réimp. en 1972, Chantemerle édit., Nyons, 612 p.
  2. Bigot Jean-Yves, La toponymie : un sens aux noms de lieux, Italie, Université de Nice Sophia Antipolis, Département de Géographie, coll. « Méailles et la région d’Annot. Paysages culturels karstiques. Architecture d’une relation homme-territoire unique », (ISBN 88-901411-2-3, lire en ligne), p. 47-48
  3. Bigot Jean-Yves, « Spéléométrie de la France. Cavités classées par département, par dénivellation et développement. », Spelunca Mémoires n° 27,‎ , p. 160 (ISSN 0249-0544)
  4. Bigot Jean-Yves, Les grottes de contact conglomérats/marnes : l’exemple de la grotte du Cul de Bœuf et du trou Madame (Méailles), Italie, Université de Nice Sophia Antipolis, Département de Géographie, coll. « Méailles et la région d’Annot. Paysages culturels karstiques. Architecture d’une relation homme-territoire unique », (ISBN 88-901411-2-3, lire en ligne), p. 59-63
  5. Bigot Jean-Yves et Bès Christophe, « Les grottes de contact des marno-calcaires. La caunhà de Rouairoux (Aude) et la grotte du Cul de Bœuf (Alpes-de-Haute-Provence) », Le Grotte d’Italia, Rivista dell’Istituto Italiano di Speleologia e della Società Speleologica Italiana. Atti della Tavola Rotonda Internazionale “Grotte e carsismo nel gruppo delle Grigne e nelle valli del Lario”, Valsassina, 2-5 settembre 2004, Frasassi, v, n. 5,‎ , p. 63-68 (ISSN 0373-7500, lire en ligne)
  6. a et b Féraud Jean-Joseph-Maxime (1861) – Histoire géographique et statistique du département des Basses-Alpes. Nouv. Edit., Digne, Réédition Lafitte Reprints en 1980.
  7. A. A. (1995) - Ubaye - Verdon. Ubaye – vallée de la Blanche – Préalpes de Digne – Val d’Allos. Gorges et lacs du Verdon. IGN édit., coll. Les guides IGN, 224 p.
  8. Gassendi Pierre (1992) – Peiresc 1580-1637. Vie de l'illustre Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, conseiller au parlement d'Aix. Collection « Un savant, une époque ». Traduit du latin par Roger Lassalle avec la collaboration d'Agnès Bresson. Belin édit., Paris, p. 231.
  9. Bigot Jean-Yves, Les grottes bas-alpines de l’est de la Durance : approche historique, Italie, Université de Nice Sophia Antipolis, Département de Géographie, coll. « Méailles et la région d’Annot. Paysages culturels karstiques. Architecture d’une relation homme-territoire unique », (ISBN 88-901411-2-3, lire en ligne), p. 37-46
  10. Bigot Jean-Yves, Fédération française de spéléologie, « Quelques énigmes des Alpes du Sud », Spelunca, Paris, Fédération française de spéléologie, no 97,‎ , p. 16-20 (ISSN 0249-0544, lire en ligne, consulté le ).
  11. Peyerimhoff Paul de - (1909-1910) – Recherches sur la faune cavernicole des Basses-Alpes (suite et fin). Annales des Basses-Alpes, t. XIV, pp. 9-19.
  12. Frédéric F. (1899) – Grottes de Méailles et d’Annot (Var). Éclaireur du Var du 7 juillet 1899 in Spelunca, n° 17-18-19-20, pp. 66-67.
  13. Fighiera Claude (1967) – Coloration de la grotte de Méailles. Spéléologie, bull. Club Martel de Nice, n° 52, pp. 27-30, plan h. t.
  14. Féraud Jean-Joseph-Maxime (1841) – Les Alpes de Haute Provence. Géographie historique et biographique du département des Basses-Alpes. Res Universis édit., Coll. Monographies des villes & villages de France, réédition en 1992.
  15. A. A. (1908) – La Nature du 18-7-1908. p. 1834.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]