Great Britain II

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Great Britain II
Autres noms United Friendly (1981)
Norsk Data GB (1985)
With Integrity (1989)
Whitbread Heritage
Type Monocoque
Fonction Course au large
Gréement Ketch (1973)
Sloop (1981)
Histoire
Architecte Alan Gurney
Constructeur Derek Kelsall
Chantier naval Bayside Marine
Fabrication Sandwich polyester
Lancement 1973
Équipage
Équipage 12 à 16
Caractéristiques techniques
Longueur 77 pieds
Longueur de coque 23,64 m
Longueur flottaison 20,18 m
Maître-bau 5,32 m
Tirant d'eau 2,83 m
Déplacement 38,129 t
Voilure 268 m2
Caractéristiques commerciales
Pont Flush deck
Carrière
Pavillon Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Port d'attache Ramsgate
Cowes

Great Britain II est un voilier monocoque destiné à la course au large. C'est le seul bateau qui a participé à cinq Whitbread Round the World Race consécutivement. Son skipper le plus connu est Chay Blyth.

Il a été commandité par Jack Hayward, mécène qui avait permis le retour du navire Great Britain, construit en acier au XIXe siècle, depuis les Îles Falkland (Îles Malouines), et il a été lancé par la princesse Anne en 1973[1].

Aspects techniques[modifier | modifier le code]

Il est construit en sandwich de mousse (sandwich polyester Airex) par Bayside Marine à Sandwich (Kent) pour le navigateur Chay Blyth en vue de courir la première course autour du monde en équipage (Whitbread)[2]. Dessiné par l'architecte Alan Gurney, c'est le sistership du voilier de course américain Windward Passage[3].

Il est gréé en ketch mais il a été gréé en sloop sous le nom de United Friendly en 1981[2].

Le pont est en "flush-deck", sans superstructure, et il est doté de deux cockpits.

D'une longueur de 23,79 mètres (23,52 ou 23,64 mètres selon les sources), c'est l'un des plus grands bateaux engagés dans la Whitbread. La surface de voilure est de 268[2] à 280 m2 au près avec 450 m2 de spinnaker[4].

Numéro de voile : K 3566.

Rating : 68 pieds[5] (68,4 ou 69,2 selon les sources) jauge IOR (International Offshore Rule).

Couleurs de coque : rouge amarante[6] (1973), noir (1981), rouge (1985), blanc (1989).

Autre appellation : GBII

Histoire en course[modifier | modifier le code]

1973-1974 : Première Course autour du monde en équipage (Whitbread Round the World Race)[modifier | modifier le code]

Lors de l'édition 1973-1974 de la Whitbread Round the World Race, Chay Blyth remporte à son bord deux des quatre étapes de la course[7] en temps réel. Il termine la circumnavigation en 144 jours[8].

De l'avis de plusieurs skippers en 1973, Great-Britain II avait une allure « magnifique » et était considéré comme l'un des principaux concurrents du Pen Duick VI d'Eric Tabarly :

« Great Britain II, ketch de 23,79 m, tout neuf, construit en sandwich polyester. Pour moi, c'est le principal concurrent. C'est un bateau magnifique. »[3]

« ... ce magnifique voilier est donné, avec Pen Duick VI, comme favori de la course. »[1]

L'équipage[modifier | modifier le code]

Le skipper Chay Blyth, militaire parachutiste[9], a recruté son équipage au sein de la 16e Brigade parachutiste. Aucun de ces hommes n'a de réelle expérience en voile : « L'équipage de Great Britain II est composé de douze parachutistes de la 16e Brigade qui, après avoir subi un entraînement intensif dans un camp anglais, doivent compenser leur relative ignorance de la voile par leurs qualités athlétiques. » explique André Viant[10]. Chay Blyth a soigneusement sélectionné ses hommes en leur faisant passer des tests. Un équipier raconte :

« Chay nous convoquait à des heures invraisemblables, dans les endroits les plus bizarres, se souviennent les équipiers. Ceux qui n'étaient pas là étaient éliminés. Ensuite, Chay Blyth nous a rassemblés dans une ferme isolée de son pays, en Ecosse. Là, pendant plusieurs semaines, nous avons vécu ensemble, nous avons couru des kilomètres dans la lande, mais surtout, nous restions côte à côte, sans radio, sans distractions, enfermés parfois dans la même pièce pendant des heures et des heures. Ainsi, pensait Chay, les caractères difficiles, et les incompatibilités d'humeur se révéleraient. C'est à la suite de ce test qu'il nous a sélectionnés. »[11]

Pour Eric Tabarly, un équipage de douze hommes semble trop juste pour un tel bateau : « Ce sont donc à coup sûr des hommes sportifs, endurants, courageux et disciplinés. Malheureusement, leur expérience nautique dans l'ensemble est faible et sur un tel bateau cela risque d'être très gênant, d'autant qu'ils sont en nombre minimum : douze. Sur les grands bateaux, les équipages américains sont généralement de quinze à vingt. Pour de longues étapes comme les nôtres, il est préférable de réduire l'équipage au minimum, mais il y a une limite. »[3]

Etape 1 : Portsmouth - Le Cap (Afrique du Sud)[modifier | modifier le code]

Great Britain II arrive troisième en temps réel au Cap, derrière deux autres bateaux anglais, Burton Cutter, le plus grand bateau de la course, et Adventure, le voilier de la Royal Navy[12]. En temps compensé, l'étape est gagnée par Adventure, et Great Britain II est 12e. « Great Britain, déserté, magnifique, semble songer en silence à une revanche prochaine. Les paras de Chay Blyth ont dû beaucoup apprendre dans ce long galop d'essai. C'est déjà l'heure de l'apéritif quand nous rendons visite au troisième anglais, Adventure, grand vainqueur de cette étape, 30 heures d'avance sur Sayula. » raconte Jean-Pierre Millet, skipper du voilier 33 Export, classé 3e en temps compensé à l'arrivée au Cap[13].

L'équipage a été confronté à une pénurie d'eau douce provoquée par une fuite dans un réservoir, problème d'autant plus sérieux que la nourriture à bord était lyophilisée. Un système de dessalinisation d'eau de mer, avec récupération de la vapeur d'eau produite par la marmite à pression, a été installé[14]. Pendant cette étape, un des équipiers est tombé à l'eau mais a été récupéré très rapidement grâce à une « manœuvre d'homme à la mer » :

« un homme, tombé à la mer pendant la nuit, fut récupéré en sept minutes seulement, alors que le bateau marchait sous spi, grâce à une forte chance et à une manœuvre parfaite de Chay Blyth. »[15]

Etape 2 : Le Cap - Sydney[modifier | modifier le code]

Dans la seconde étape, le bateau perd son mât d'artimon et un équipier se casse le bras : « un équipier a le bras brisé, les deux tangons de spinnaker sont cassés, le mât d'artimon s'abat. Great Britain poursuit sa route, gréé en sloop. »[16]

Le bateau arrive à Sydney derrière Pen Duick VI (704 heures temps réel pour le premier, 713 heures pour le second), suivi du bateau anglais Second Life. il est classé 6e de l'étape en temps compensé.

Etape 3 : Sydney - Rio-de-Janeiro[modifier | modifier le code]

Dans la troisième étape, le , alors que Great Britain II navigue sous deux génois tangonnés, c'est-à-dire que les voiles d'avant sont tenues par des tangons, l'équipier Bernard Hoskings, celui-là même qui avait déjà failli disparaître lors de la première étape, retombe à l'eau. Malgré l'envoi d'une bouée et plusieurs heures de recherche, il n'est pas retrouvé[17],[18].

Great Britain II se dirige progressivement vers la latitude du Cap Horn à 56° de latitude sud qu'il passe en première position le [19], accueilli par le navire océanographique H.M.S. Endurance de la Royal Navy, posté sur place pour encourager les concurrents[20],[21]. Quarante jours et seize heures après être parti de Sydney, Great Britain II est le premier bateau à Rio-de-Janeiro, suivi deux jours plus tard par Sayula II et Kriter[22]. Il est premier en temps réel, 6e en temps compensé et l'étape est gagnée par Adventure.

Etape 4 : Rio-de-Janeiro - Portsmouth[modifier | modifier le code]

Dans la quatrième et dernière étape, Great Britain II se montre le plus rapide de la flotte[23] et c'est le premier bateau à franchir la ligne d'arrivée à Porstmouth le , quelques heures avant Adventure, mené par Roy Mullender, et 33 Export[24],[25]. Il est classé 2e de l'étape en temps compensé, 6e au classement général (en 144 jours 10 heures), premier en temps réel en 3466 heures et le mécène Jack Hayward offre le bateau à Chay Blyth[26].

Autres courses[modifier | modifier le code]

1975-1976 : Course des clippers Londres-Sydney-Londres (Financial Times Clipper Race 1975-1976)[modifier | modifier le code]

Le but de la course était de battre le record du clipper Patriarch, un trois-mâts de la Aberdeen White Star Line[27] qui reliait l'Angleterre à l'Australie au XIXe siècle, et qui remontait à 1870. Les concurrents de la course étaient : Great Britain II (skippers : Mike Gill et Roy Mullender), avec un équipage militaire de quatorze personnes, Kriter II ex- Burton Cutter (skipper : Olivier de Kersauson), Great Escape (skipper : Hendrik Huisman), CS & RB Busnelli (skipper : Doi Malingri) et un bateau australien Anaconda II qui participait à l'étape retour[28],[29].

Great Britain II et Kriter II sont parvenus à battre le record du Patriarch à l'aller et au retour, Great Britain II devançant Kriter II de 6 heures 30 à l'arrivée à Sydney[30]. Au retour, Kriter II, victime d'une avarie de gouvernail[31],[32], dût prendre un nouveau départ à Sydney après des réparations[33].

Les bateaux sont partis de Sheerness dans l'estuaire de la Tamise le . Great Britain II est arrivé à Sydney le . Le départ de l'étape retour vers l'Angleterre a eu lieu le et Great Britain II a terminé à Douvres le [34],[35].

Le voilier participe à cinq Whitbread Round the World Race consécutives[8],[36],[37].

1977-1978 : 2e Whitbread (skipper : Robert James)[modifier | modifier le code]

Classement[38] : (temps réel): 1er en 3228 heures.

(temps compensé):

  • 1re étape : 12
  • 2e étape : 9
  • 3e étape : 10
  • 4e étape : 13

Classement général : 12. Nombre de jours en temps compensé : 134.

1981-1982 : 3e Whitbread (skipper : Chay Blyth)[modifier | modifier le code]

Le bateau est renommé United Friendly[8]. Il est propriété de Cécilia Unger et court avec un gréément de sloop.

Classement (temps compensé, temps réel)[39] :

  • 1re étape : 25, 13
  • 2e étape : 20, 8
  • 3e étape : 17, 9
  • 4e étape : 16, 6

Classement général : 17, 9.

1985-1986 : 4e Whitbread (skipper : Bob Salmon)[modifier | modifier le code]

Le bateau est renommé Norsk Data GB. Il est manœuvré par un équipage payant de 16 équipiers[40].

Classement (temps compensé, temps réel)[41] :

  • 1re étape (Portsmouth - Le Cap) : 12e (39 j), 10e (39 j)
  • 2e étape (Le Cap - Auckland) : 14e (35 j), 12e (36 j)
  • 3e étape (Auckland - Punta del Este) : 14e (27 j), 9e (27 j)
  • 4e étape (Punta del Este - Portsmouth) : 12e (34 j), 9e (34 j)

Classement général : 11, 9. Nombre de jours en temps compensé : 136. Nombre de jours en temps réel : 138.

1989-1990 : 5e Whitbread (skipper : Andy Coghill)[modifier | modifier le code]

La course est réorganisée en 6 étapes.

Le bateau est renommé With Integrity, il est classé 20e.

Épilogue[modifier | modifier le code]

Appelé aujourd'hui Whitbread Heritage, Great Britain II est propriété privée et participe à des événements et manifestations liées à l'histoire de la Whitbread.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b André Viant et Patrice Carpentier, La Course du Grand-Louis, Paris, Flammarion, , 233 p. (ISBN 2-08-065007-6, BNF 34564553), p. 43
  2. a b et c Beken of Cowes et Fisher Bob (trad. Denyse Malice, photogr. Beken of Cowes), Les Nouveaux pur-sang de l'océan, Paris, Albin Michel, , 221 p. (ISBN 2-226-03320-3, BNF 34949218), p. 116
  3. a b et c Eric Tabarly, Le Tour du monde de Pen Duick VI, Paris, Editions du Pen Duick, , 259 p. (ISBN 2-85513-001-8), p. 45
  4. Daniel Gilles, Les Coureurs du grand large : la course autour du monde par ceux qui l'ont vécue., Éditions maritimes et d'outre-mer, (ISBN 2-85713-013-9, OCLC 6422261, lire en ligne), p. 156
  5. Thierry Rannou, En course : 27000 milles à la voile autour du monde par les trois caps, Paris, Gallimard, , 173 p. (ISBN 2-07-060097-1, OCLC 419769892, BNF 34738992, lire en ligne), p. 167
  6. Jean-Michel Barrault, Au Cap Horn à vingt ans, Paris, Gallimard, , 187 p., p. 42 et 48
  7. (en) « The Whitbread Race 1973-74 », sur chayblyth.com (consulté le )
  8. a b et c (en) « Great Britain II to race again », sur yachtingworld.com, (consulté le )
  9. « Un parachutiste à la barre », sur lemonde.fr, (consulté le )
  10. André Viant et Patrice Carpentier, La Course du Grand-Louis, Paris, Flammarion, , p. 44
  11. Jean-Michel Barrault, Au Cap Horn à vingt ans, Paris, Gallimard, , p. 42
  12. « La deuxième étape de la course autour du monde – Le choix difficile de l'itinéraire », sur lemonde.fr, (consulté le )
  13. Jean-Pierre Millet, Le Grand océan, "33 Export" dans la première course autour du monde, Paris, Robert Laffont, , p. 73
  14. Jean-Michel Barrault, Au Cap Horn à vingt ans, p. 74-75
  15. Thierry Rannou, En course : 27000 milles à la voile autour du monde par les trois caps, Paris, Gallimard, , 173 p. (ISBN 2-07-060097-1, OCLC 419769892, lire en ligne), p. 9
  16. Jean-Michel Barrault, Au Cap Horn à vingt ans, p. 87
  17. Jean-Michel Barrault, Au Cap Horn à vingt ans, p. 121
  18. « Un troisième marin disparaît en mer », sur lemonde.fr, (consulté le )
  19. « Great Britain II s’apprête à doubler le Cap Horn », sur lemonde.fr, (consulté le )
  20. Jean-Michel Barrault, Au Cap Horn à vingt ans, p. 129-131
  21. « Le voilier Great Britain II a doublé le Cap Horn », sur lemonde.fr, (consulté le )
  22. Jean-Michel Barrault, Au Cap Horn à vingt ans, p. 146-147
  23. « "Great-Britain II en vue de Portsmouth », sur lemonde.fr, (consulté le )
  24. Jean-Michel Barrault, Au Cap Horn à vingt ans, p. 168-169
  25. « À Portsmouth, dernière étape de la course autour du monde à la voile– L'arrivée triomphale du Great-Britain-II », sur lemonde.fr, (consulté le )
  26. Jean-Michel Barrault, Au Cap Horn à vingt ans, p. 169
  27. « Aberdeen Built Ships Patriarch », sur aberdeenships.com (consulté le )
  28. « La deuxième course autour du monde – Festival sur la Tamise », sur lemonde.fr, (consulté le )
  29. « La course autour du monde – Anaconda se rapproche de Great-Britain », sur lemonde.fr, (consulté le )
  30. « "Great-Britain" et "Kriter" ont fait mieux que "Patriarch" », sur lemonde.fr, (consulté le )
  31. « La course autour du monde – Le bateau français est en difficulté », sur lemonde.fr, (consulté le )
  32. Olivier de Kersauson et Jean Noli, Fortune de mer, Paris, Presses de la Cité, , 274 p. (ISBN 2-258-00113-7, BNF 34580660)
  33. « La course autour du monde – Kriter rejoint Sydney pour y faire réparer son gouvernail », sur lemonde.fr, (consulté le )
  34. Beilby, Alec., To Beat the Clippers : The Financial Times Clipper Race 1975-76, Allen Lane, , 212 p. (ISBN 978-0-7139-0967-8, OCLC 3186779, lire en ligne)
  35. « Round the World Yacht Race – Colour », sur youtube.com, [1975] (consulté le )
  36. (en) Derek Kelsall, « Volvo Legends- Great Britain II - Her builder's story », sur sail-world.com, (consulté le )
  37. (en) « Legends: Great Britain II », sur vorsitecloud.info, (consulté le )
  38. Daniel Gilles (préf. Paul Guimard), Les Coureurs du grand large : la course autour du monde par ceux qui l'ont vécue., Paris, Éditions maritimes et d'outre-mer, (ISBN 2-85713-013-9, OCLC 6422261, lire en ligne), p. 20 et 24
  39. Thierry Rannou, En course : 27000 milles à la voile autour du monde par les trois caps, Paris, Gallimard, , 173 p. (ISBN 2-07-060097-1, OCLC 419769892, lire en ligne), p. 152-153
  40. Daniel Hirsch, L'Esprit d'équipe, Paris, Arthaud, , 244 p (ISBN 2-7003-0600-7, BNF 34904328), p. 226
  41. Daniel Hirsch, L'Esprit d'équipe, Paris, Arthaud, , 244 p (ISBN 2-7003-0600-7, BNF 34904328)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Chay Blyth, Theirs is the Glory: Great Britain II and the Round the World Race, Hodder and Stoughton, 1974, 222 p. (ISBN 034018518X et 9780340185186).
  • Alec Beilby, To Beat the Clippers: The Financial Times Clipper Race 1975-76, Publisher, Allen Lane, Editeur : Viking, , 250 p. (ISBN 0713909676 et 978-0713909678).

Audiovisuel[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Site externe[modifier | modifier le code]