Geneviève Tabouis

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Geneviève Tabouis
Geneviève Tabouis en 1938.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Geneviève Eugénie Marie Louise Lequesne
Pseudonyme
Madame TabouisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Fernand Le Quesne (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Parentèle
Jules Cambon (oncle par alliance)
Paul Cambon (oncle par alliance)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinctions
Archives conservées par

Geneviève Tabouis, née Geneviève Lequesne le à Paris 8e et morte le à Paris 17e[2], est une journaliste française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Appartenant à la bourgeoisie, elle naît en 1892 et est la fille de Fernand Le Quesne, artiste peintre. À l'âge de sept ans, elle est élevée par sa mère, Berthe Le Quesne (née Lafosse), fille d’un riche industriel[3]. Elle fait d'abord ses études au couvent de l'Assomption, un établissement parisien en vogue. Quand elle a treize ans est votée la loi de séparation des Églises et de l'État et les religieuses perdent le droit d'enseigner. Elle les quitte alors pour un lycée public. Elle étudie ensuite à la faculté des lettres de Paris et à l'École d'archéologie du Louvre, ce qui lui fera écrire trois biographies à succès sur Toutânkhamon (1929), Nabuchodonosor (1931) et Salomon (1936). Elle est introduite dans les milieux diplomatiques par son oncle par alliance, Jules Cambon (époux de sa tante maternelle Eugénie Lafosse[4]), et par le frère de ce dernier, Paul Cambon, lui aussi diplomate.

En 1903, elle réside plusieurs mois à l'ambassade de France à Madrid avec son oncle Paul Cambon. En 1906, elle assiste avec son cousin au mariage d’Alphonse XIII d’Espagne avec la princesse Victoire-Eugénie de Battenberg. Entre 1907 et 1914, elle se rend chaque année à Berlin pendant deux mois pour rendre visite à son autre oncle, Jules Cambon, nommé ambassadeur de France à Berlin, ce qui lui permettait de rencontrer plusieurs dignitaires allemands. Après la fin de la Première Guerre mondiale, elle assiste avec lui à plusieurs séances de la Société des Nations.

Elle collabore à La Petite Gironde en 1922, puis au quotidien L'Œuvre à partir de 1930. On peut lire ses éditoriaux dans le journal Marianne à compter du 1er de manière sporadique, puis à chaque parution, à compter de jusqu'à la cessation de la publication du journal, en .

Dans son autobiographie, elle ne parle pas de son mari Robert Tabouis (qu’elle avait épousé en 1916 et qui allait devenir administrateur délégué de Radio Luxembourg) et elle ne parle qu’en passant de sa fille et de son fils, lequel fut appelé sous les drapeaux en 1938. Appartenant à la haute société de France et d’Angleterre, elle fut invitée au couronnement de George VI en 1937 et évoque à cette occasion sa robe de couronnement conçue par Edward Molyneux.

Elle ne cesse de mettre en garde contre la montée d'Adolf Hitler et le réarmement allemand. Elle suit de près la guerre d’Espagne et s'engage en faveur des réfugiés, prenant en charge dans le quotidien L’Œuvre, à partir de janvier 1939, une souscription « Au secours des enfants d’Espagne »[3]. La persistance de sa dénonciation du totalitarisme pousse l’écrivain français ultranationaliste Léon Daudet à la surnommer, en 1933, « Madame Tata, la voyante ». Après l’annonce par l’Allemagne qu'elle allait réintroduire la conscription obligatoire à partir de pour reconstruire ses forces armées, le diplomate grec Nikolaos Politis lui dit : « Vous avez intérêt à rester alerte, Madame Tabouis, sinon on va commencer à vous appeler Cassandre. Vous avez prédit des événements malheureux, et le pire de tout, c’est qu’ils se produisent toujours ». Adolf Hitler lui-même l’attaque dans un discours du avec un commentaire sarcastique : « … Madame Tabouis, la plus intelligente des femmes, sait ce que je vais faire avant que je le sache moi-même. C’est ridicule… ».

Pour son esprit critique et par jalousie peut-être, on l'a accusée longtemps d'être un agent soviétique. Il ressort des éléments trouvés dans les archives soviétiques et publiés par son biographe, Denis Maréchal, que Geneviève Tabouis recevait mensuellement 5 000 francs de l'ambassade soviétique dans les années 1930[5].[réf. à confirmer]

Réfugiée à Londres en raison de ses prises de position farouchement opposées au nazisme, elle ne rejoint pas la France libre naissante[6] mais part aux États-Unis où elle dirige, du au , un périodique francophone à New York, Pour la victoire, publié par les éditions Notre Paris Corp., qui connaît 34 numéros. Elle devient l'amie et la confidente d'Eleanor Roosevelt. Elle est déchue de sa nationalité française par le régime de Vichy[7].

Rentrée en France, elle fait partie des services de politique étrangère de divers journaux : La France libre (1945-1949), L’Information (1949-1956) et Paris Jour (à partir de 1959).

Épouse, depuis 1916, de Robert Tabouis (qui deviendra PDG de la Compagnie générale de la télégraphie sans fil puis administrateur de Radio Luxembourg), elle se fait connaître de la France entière sur cette antenne par ses chroniques politiques des années 1950 et 1960, Les Dernières nouvelles de demain (1949-1967), qu'elle entame invariablement par sa célèbre phrase fétiche « Attendez-vous à savoir… », relayée par « J'ai encore appris… », « Et vous saurez… ». Elle conclut tous ses éditoriaux à Radio Luxembourg d'un : « Au revoir, Mesdames et Messieurs, et à dimanche prochain, pour les dernières nouvelles de demain. » Puis ce sont les Nouvelles exclusives (1964-1966) et l'Inédit du dimanche (1967-1981). Elle y intervient encore à l'âge de 88 ans.

Elle s'aligne dans ses éditoriaux sur les positions du ministère français des Affaires étrangères, où elle avait ses entrées. L'historien des médias Denis Maréchal souligne « la grande fierté [de la journaliste] de pouvoir accompagner la politique étrangère » du président de Gaulle, « qui ne devait jamais s'en plaindre »[8].

Elle est inhumée à Paris au cimetière des Batignolles (27e division).

Publications[modifier | modifier le code]

  • Le Pharaon Tout Ank Amon, sa vie et son temps (préf. Théodore Reinach), Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 311 p.
Prix Jules-Favre de l’Académie française en 1929
  • Nabuchodonosor et le triomphe de Babylone (préf. Gabriel Hanotaux), Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 423 p.
Prix Marcelin-Guérin de l'Académie française en 1932
  • Salomon, roi d'Israël (préf. Nikólaos Polítis), Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 476 p.
Prix d’Académie de l'Académie française en 1935
  • Albion perfide ou loyale. De la guerre de Cent ans à nos jours, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 300 p., in-8° (BNF 31426850)
  • Chantage à la guerre, Paris, Flammarion, , 211 p., in-16 (BNF 31426851)
  • Jules Cambon : par l'un des siens..., Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 395 p., in-8° (BNF 34203799)
  • Ils l'ont appelée Cassandre…, New York, Éd. de la Maison française, coll. « Voix de France », , 409 p., in-16 (BNF 31426854)
  • Grandeurs et servitudes américaines, souvenirs des U.S.A. 1940-1945, Paris, Éd. Nuit et jour, coll. « Les Documents “Nuit et jour” », 270 p., in-16 (BNF 31426853)
  • Vingt ans de suspense diplomatique, Albin Michel, Paris, 1958, 411 p.
  • Sybaris : les Grecs en Italie (préf. Mario Meunier), Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 208 p., 23 cm (BNF 32654386)
Prix Véga-et-Lods-de-Wegmann de l'Académie française en 1960

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Denis Maréchal, Geneviève Tabouis : les dernières nouvelles de demain (1892-1985), Nouveau monde éd., coll. « Collection Culture-médias. Études de presse », Paris, 2003, 289 p. (ISBN 2-84736-029-8)
  • Jean Lacouture, Les impatients de l'Histoire, Paris, 2009 (ISBN 2246744512)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-agbx3us9i-1sk1n35kxf5nv »
  2. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 17e, n° 1066, vue 9/31.
  3. a et b Anne Mathieu, « TABOUIS Geneviève », sur maitron.fr.
  4. Valentine Weiss (dir.), Thierry Guilpin (dir.), Stéphane Le Flohic (collaborateur), Emmanuelle Denis (collaboratrice), Marie Le Provos (collaboratrice) et Aurore Lafolie (collaboratrice), Fonds Geneviève Tabouis (1818-1984), 27 AR 1-269 : répertoire numérique détaillé, Paris, Archives nationales, , 105 p., 30 cm (lire en ligne), p. 3.
    « Elle grandit entourée de son frère cadet, Raymond, sa mère, et la famille de sa tante Eugénie Lafosse, épouse de l'ambassadeur Jules Cambon. (...) Outre cette éducation classique, Geneviève Le Quesne est profondément marquée par les étroites relations qu'elle entretient avec son oncle Jules Cambon et le frère de celui-ci, Paul. Tous deux ambassadeurs, ils forment très tôt la jeune Geneviève à la politique internationale. »
    Le répertoire, qui passe en revue les 269 cartons composant ce fonds d'archives, comporte un index détaillé de 9 pages.
  5. Albert Resis, « Sabine Dullin. Des hommes d'influences: Les ambassadeurs de Staline en Europe, 1930–1939. Paris: Payot. 2001. Pp. 383. 145FR », The American Historical Review,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. La France libre de Jean-Louis Cremieux-Brilhac
  7. Anne Mathieu, « TABOUIS Geneviève », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  8. David Garcia, « Deux ondes, deux mondes », sur Le Monde diplomatique,

Liens externes[modifier | modifier le code]