pour tout réelt tel que cette espérance existe. Cette fonction, comme son nom l'indique, est utilisée afin d'engendrer les moments associés à la distribution de probabilités de la variable aléatoire X.
Les expressions précédentes s'appliquent à des variables aléatoires. Dans le cas d'un vecteur aléatoire à composantes réelles, la fonction génératrice des moments est alors définie comme suit :
Si est une suite de variables aléatoires indépendantes (mais non nécessairement identiquement distribuées) et où , alors la densité de probabilité de Sn est la convolution pondérée par les ai des densités de probabilité de chacun des Xi et la fonction de génération des moments de Sn est donnée par
.
Comme son nom le suggère, la fonction génératrice des moments est liée à la série génératrice (exponentielle) des moments. Pour que ce lien ait un sens il faut bien sûr que les moments soient tous finis et que leur série associée ait un rayon de convergence non nul. Sous ces conditions la fonction génératrice des moments est développable en série entière autour de 0 et les coefficients sont reliés aux moments. Le théorème suivant précise cette discussion.
Lien entre fonction génératrice des moments et moments — Soit une variable aléatoire réelle et sa fonction génératrice des moments. Les deux assertions suivantes sont équivalentes :
Il existe tel que pour tout .
La variable admet des moments de tout ordre finis et la série a un rayon de convergence non nul .
De plus si l'une des deux assertions ci-dessus est vérifiée alors
Pour tout on a .
Pour tout , est fois dérivable en 0 et .
Démonstration
1) implique 2). Soit , en remarquant que pour tout réel on déduit que
.
En utilisant alors le développement de la fonction exponentielle en série entière et le théorème de Fubini-Tonelli on obtient que
.
On en conclut que la série entière est absolument convergente sur donc possède un rayon de convergence .
2) implique 1). Montrons que la série entière a un rayon de convergence . Déjà il est clair que .
On remarque que pour tout :
.
Ainsi on a pour tout :
.
La dernière somme est bien convergente car on sait qu'une série entière est absolument convergente dans l'intérieur de son disque de convergence. Ainsi en utilisant une fois de plus le théorème de Fubini-Tonelli on obtient que . On procède de la même manière pour .
Si les conditions du théorème sont satisfaites, ce dernier permet de calculer très aisément l'espérance et la variance d'une variable aléatoire dont on connaît la fonction génératrice des moments.
et
.
Il faut faire attention car il est possible qu'une variable aléatoire admette des moments de tout ordre finis mais ait une fonction génératrice des moments infinie partout (excepté en 0). C'est le cas par exemple d'une variable aléatoire suivant une loi log-normale.
Passer de la densité à la fonction génératrice est chose aisée : il suffit d'appliquer la définition. La relation inverse semble plus ardue.
La manière la plus facile de traiter cette question est de passer par la transformation de Fourier. Il suffit pour cela de considérer la fonction des moments en t = iτ, où i est « le » nombre complexe tel que (i2=-1). On obtient ce que l'on appelle la fonction caractéristique de la variable X :
.
En tant que transformée de Fourier, l'expression précédente peut être inversée :
.
La fonction génératrice des moments caractérise donc parfaitement la densité.
Sheldon Ross (trad. de l'anglais), Initiation aux probabilités [« A First Course in Probability »], Lausanne, PPUR, , 458 p. (ISBN2-88074-327-3), p. 333-344