Beauveria bassiana

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Beauveria bassiana
Description de cette image, également commentée ci-après
Orthoptères morts à cause de B. bassiana.
Classification
Règne Fungi
Division Ascomycota
Classe Sordariomycetes
Ordre Hypocreales
Famille Cordycipitaceae
Genre Beauveria

Espèce

Beauveria bassiana
(Bals.-Criv.) Vuill., 1912

Synonymes

  • Beauveria densa (Link) F. Picard[1]
  • Beauveria doryphorae R. Poiss. & Patay[1]
  • Botrytis bassiana Balsamo.-Criv.[1]
  • Botrytis effusa Beauverie[1]
  • Isaria densa (Link) Giard[1]
  • Penicillium bassianum (Bals.-Criv.) Biourge[1]
  • Penicillium densum (Link) Biourge[1]
  • Spicaria bassiana (Bals.-Criv.) Vuill.[1]
  • Spicaria densa (Link) Vuill.[1]
  • Sporotrichum densum Link[1]

Beauveria bassiana, anciennement Tritirachium shiotae, est une espèce de champignons cosmopolites qui croît dans les sols et provoque des maladies chez divers insectes, en se comportant comme un parasite. Il représente la forme reproductrice asexuée (anamorphe) du champignon Cordyceps bassiana. Cette dernière forme (téléomorphe) reproductrice sexuée fut mise en évidence en 2001.

Il a été décrit pour la première fois en 1835 par Agostino Bassi, d'où son nom, après avoir reconnu en lui l'agent du « mal de segno » (la muscardine du ver à soie)[2].

Ce champignon est lui-même parasité par un autre champignon de la même classe des Sordariomycetes, Syspastospora parasitica[3].

Champignon pathogène[modifier | modifier le code]

La maladie causée par ce champignon est la « muscardine blanche », qui touche certains insectes. Lorsque les spores entrent en contact avec le corps de l'hôte, elles germent sur celui-ci et pénètrent l'intérieur du corps, tuant finalement l'insecte en l'utilisant comme source de nourriture. Une moisissure blanche se développe sur le cadavre, produisant de nouvelles spores. L'insecte contaminé véhicule le champignon lors de son déplacement jusqu'à sa mort.

Ce champignon peut infecter les humains et d'autres mammifères, quoique les cas semblent assez rares. Le premier cas documenté d'infection humaine par B. bassiana[n 1] est un cas de kératite rapporté par Sachs et al. (1985). Ces auteurs notent que les antibiotiques et les stéroïdes, donnés auparavant en traitement au patient, sont soupçonnés de contribuer à la croissance des fungi et d'aggraver leur virulence (de même que les produits corticostéroïdes, qui en plus rendent pathogéniques les fungi saprophytiques)[6]. Pour ce qui concerne l'œil, Ishibashi et al. (2009), induisant des infections de la cornée chez des lapins avec Beauveria bassiana et Candida albicans respectivement, trouvent que B. bassiana est nettement moins virulent que C. albicans[7].
Un deuxième cas d'infection humaine par Beauveria, cette fois touchant foie, vésicule biliaire et poumons, est décrit en 2002, avec une hésitation pour le fungus responsable entre une souche dégénérée de B. bassiana ou de B. brongniartii mais penchant toutefois pour B. bassiana après avoir constaté la virulence de ce fungus sur des larves de Leptinotarsa decemlineata (doryphore). Là encore, ce cas est advenu à la suite d'une diminution de la résistance immunitaire de la patiente (subséquente à une chimiothérapie intense), et ce facteur affaiblissant semble déterminant dans l'apparition d'affections mycosiques en général - un type d'affections dont les auteurs notent une fréquence croissante[8].

Il est réputé constituer une méthode insecticide sûre, mais certains insectes y sont naturellement résistants, et d'autres pourraient acquérir, par sélection naturelle, une résistance là où il serait intensivement utilisé. La plupart des insectes vivants dans, sur ou à proximité du sol ont développé ces défenses naturelles contre le champignon, mais de nombreux insectes aériens y sont sensibles.[réf. nécessaire]

Utilisation en lutte biologique[modifier | modifier le code]

Sac de spores de B. bassiana produit par l'Université agricole du Kerala (en) pour la lutte biologique.

Dès 1906 à l'occasion de son congrès de Lyon, l’Association française pour l’avancement des sciences forme le vœu que des recherches soient entreprises à partir de la muscardine à des fins phytosanitaires[9].

On l'utilise comme pesticide pour tuer ou contrôler la population des insectes tels que les termites.

Il est utilisé contre le charançon des bananeraies en alternative à des insecticides toxiques tels que le chlordécone interdit depuis 1993. Il est aussi recommandé dans la lutte contre Paysandisia archon, le papillon tueur de palmier, ainsi que contre les larves du charançon rouge du palmier.

Son utilisation dans le contrôle des moustiques vecteurs de la malaria est envisagée, et en cours d'évaluation. On pulvérise les spores microscopiques sur les moustiquaires pour le contrôle de la malaria. Son utilisation est également en cours d'étude sur des ravageurs du sol comme les taupins, le coléoptère Aethina tumida et le Varroa.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. Fréour et al. (1966) décrivent un cas d'affection pulmonaire qu'ils attribuent à B. bassiana[4], mais qui, selon Henke et al. (2002), est plus vraisemblablement dû à Acrodontium crateriforme[5].
Références
  1. a b c d e f g h i et j BioLib, consulté le 27 juin 2020
  2. [Bassi 1836] Agostino Bassi, « Maladies des vers à soie. Recherches sur la Muscardine » (Résumé de travaux), Compte-rendu des séances hebdomadaires de l’Académie des sciences, t. 2,‎ , p. 434-436 (lire en ligne [sur books.google.fr], consulté en ).
  3. [Posada et al. 2004] Francisco Posada, Fernando E. Vega, Stephen A. Rehner, Meredith Blackwell, Donald Weber, Sung-Oui Suh et Richard A. Humber, « Syspastospora parasitica, a mycoparasite of the fungus Beauveria bassiana attacking the Colorado potato beetle Leptinotarsa decemlineata: A tritrophic association », Journal of Insect Science, vol. 4, no 24,‎ (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
  4. [Freour, Lahourcade & Chomy 1966] Paul Fréour, M. Lahourcade et Pierre Chomy, « Les champignons Beauveria en pathologie humaine. A propos d'un cas à localisation pulmonaire », La Presse Médicale, no 74,‎ , p. 2317–2320. Cité dans Henke et al. 2002, p. 2701.
  5. [de Hoog et al. 2000] G. S. de Hoog, J. Guarro, J. Gene et M. J. Figueras, Atlas of clinical fungi, Utrecht/Reus, Pays-Bas, Centraalbureau voor Schimmelcultures, Universitat Rovira i Virgili, , 2e éd.. Cité dans Henke et al. 2002, p. 2701.
  6. [Sachs, Baum & Mies 1985] (en) Seth W. Sachs, Jules Baum et Carolyn Mies, « Beauvaria bassiana keratitis », British Journal of Ophthalmology, vol. 69, no 7,‎ , p. 548-550 (lire en ligne [sur ncbi.nlm.nih.gov], consulté en ). Cité dans Henke et al. 2002, p. 2701.
  7. [Ishibashi et al. 2009] (en) Y. Ishibashi, H. E. Kaufman, M. Ichinoe et S. Kagawa, « The Pathogenicity of Beauveria bassiana in the Rabbit Cornea », Mycoses, vol. 30, no 3,‎ , p. 115-126 (DOI 10.1111/j.1439-0507.1987.tb03839.x, résumé).
  8. [Henke et al. 2002] (en) Markus Oliver Henke, G. Sybren de Hoog, Uwe Gross, Gisbert Zimmermann, Doris Kraemer et Michael Weig, « Human Deep Tissue Infection with an Entomopathogenic Beauveria Species », Journal of Clinical Microbiology, vol. 40, no 7,‎ , p. 2698–2702 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
  9. [Drouet 1906] Paul Drouet, « Sur les moyens de destruction du ver blanc et de la chenille du pommier », Compte-rendu de la 35e session de l'Association française pour l'avancement des sciences,‎ , p. 298 (lire en ligne [sur gallica], consulté en ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Z. Z. Li, C. R. Li, B. Huang et M. Z. Fan, « Discovery and demonstration of the teleomorph of Beauveria bassiana (Bals.) Vuill., an important entomogenous fungus », Chinese Science Bulletin, vol. 46,‎ , p. 751-753

Liens externes[modifier | modifier le code]

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