Citrus latifolia

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Limettier de Perse, Limettier de Tahiti

Citrus latifolia est une espèce de la famille des Rutaceae.

Cet arbre fruitier est appelé Limettier de Perse ou Limettier de Tahiti (en anglais Persian lime [1] ou Bearss lime), son fruit est la lime de Perse ou lime de Tahiti, couramment citron vert, enfin parfois lime gros fruit.

Il s'agit d'une espèce différente de C. aurantiifolia, limettier du Mexique, qui produit la lime acide : lime petit fruit.

Le limettier de Tahiti est naturellement triploïde, le fruit est sans pépin, c'est le seul cas de polyploïdie naturelle chez les limes, avec une lime tétraploïde naturelle (Giant Key Lime) semis d'une lime mexicaine obtenue en 1973 par HC Barrett (US Horticultural Resarch Laboratory Orlando)[2].

Histoire et dénomination[modifier | modifier le code]

Lime de Perse, mamelonnée avec reste du style et du stigmate.

À partir de marqueurs cytoplasmiques et nucléaires, une publication franco-espagnole donne C. latifolia comme résultant de la fécondation d'un ovule haploïde de C. limon (un citron) par un gamète diploïde de C. aurantiifolia (une lime acide)[3]. La diffusion du citronnier vers la ceinture tropicale datant du XVIe siècle [4] la naissance de la lime de Perse est postérieure.

Le limettier fut introduit en Californie, entre 1850 et 1880, en provenance de Tahiti. D’où son nom lime de Tahiti, qui le suivra en Floride en 1930, et plus tard dans sa lente diffusion en Amérique centrale puis du sud et en Espagne. Cet agrume n'est pas polynésien, il venait probablement du Brésil d'où il a été diffusé en Océanie en 1824[5] sous le nom de lime de Perse. L’hypothèse la plus formulée est que les Portugais auraient apporté le fruit au Brésil depuis l'Afrique du Nord ; ce serait la lime Sakhesli (lime de Chios) cultivée en Tunisie[6].

Cette lime n'est donc pas originaire de Tahiti, et le climat de Perse ne correspond pas aux besoins de C. aurantiifolia, géniteur de la lime dite ”de Perse”. Ni Henri Chapot voyageant en Iran en 1958 [7] à la recherche de cette plante, ni la philologie [8] ne montrent l’existence d'un fruitier de type C. latifolia en Perse.

Botanique[modifier | modifier le code]

Sont admis[9]: Citrus ×latifolia (Yu.Tanaka ex Yu.Tanaka) Yu.Tanaka, Citrus latifolia (Yu. Tanaka) Tanaka[10], Citrus x latifolia (Yu. Tanaka) Tanaka ex Q.Jimenez[11], Citrus ×aurantiifolia var. latifolia Yu.Tanaka ex Yu.Tanaka (1946), Citrus latifolia, Tanaka, cv. Tahiti.

Lime acide tropicale à gauche et lime de Perse à droite

Production[modifier | modifier le code]

Le limettier de Tahiti ou de Perse est plus rustique que la lime acide (C. aurantiifolia), l'arbre est aussi de plus grande taille que C. aurantiifolia, sa culture s'étend aux pays tempérés chauds. Elle domine le marché des limes (470 millions de t. en 2010) qui est en constante augmentation depuis 1980[2].

En Floride, qui produisait 90 % des limes de Tahiti aux États-Unis, la culture à grande échelle commence en 1980, 50 000 t. sont produites en 1985[6]. Ce fut un sommet de production. Le Mexique et le Brésil sont devenus les principaux producteurs de lime de Tahiti, transformée, consommée et exportée principalement en jus. Le sous-produit est l'huile essentielle (entre 15 et 50 t. par an)[12]. L'Espagne et le Portugal ne cultivent ce fruit que depuis les années 1990, leur potentiel est considéré comme important[13] l'introduction en Inde date des années 1980[14]. Les États-Unis sont le premier importateur mondial.

Utilisation[modifier | modifier le code]

Cuisine et boisson[modifier | modifier le code]

La lime de Perse a les mêmes utilisations en cuisine que les limes au sens générique, sa moindre acidité lui fait préférer les limes acides dans les boissons froides: les plus réputées étant le Ti-punch et la caïpirinha.

Ti-punch

En revanche sa douceur s'accorde bien avec le goût de coco : le poisson cru à la tahitienne se prépare avec du poisson, du lait de coco et du jus de lime[15]. Son acidité est adaptée aux fruits tropicaux, ananas[16], papaye[17], (Banana, lime and priprioca caramel ravioli : chef Alex Atala[18]), avec les crustacés (Sauce veloutée à la lime de Perse, cannelloni de céleri farci de crustacés : chef Eric Ripert[19]).

L'huile d'olive se parfume à la lime de Perse.

Culture[modifier | modifier le code]

L'arbre est vigoureux, le port étalé et retombant. Le fruit plus petit que le citron et plus gros que la lime acide. La floraison est remontante[20]. En milieu tropical les conditions environnementales et les porte greffes affectent fortement la quantité de jus contenu dans le fruit[21]. Le citron Volkamer est le porte-greffe qui donne les meilleurs résultats en grande culture[22].

Sa rusticité est équivalente au citron et donnée pour les zones USDA 9a (-6 °C = 20 °F) à 11[23].

Utilisation thérapeutique[modifier | modifier le code]

Le jus du fruit est utilisé dans les irritations buccales douloureuse et piqures d'insectes ou de coraux[24].

L'huile essentielle a une activité anti-migratoire anti-inflammatoire[25], elle inhibe les médiateurs pro-inflammatoires présents dans l'exsudat inflammatoire[26]. La lime de Perse contient des coumarines photo sensibilisantes, et modérément irritante pour le peau[27]. Le jus de citron de Tahiti, source naturelle de flavonoïdes, a été utilisé avec succès comme alternative aux anti-inflammatoires de synthèse pour le traitement de la dysménorrhée et des saignements menstruels excessifs, il influence l'équilibre des prostaglandines (2020)[28].

Huile essentielle[modifier | modifier le code]

Giovanni Dugo, Luigi Mondello ont publié (2010) une comparaison de petit-grain de diverserse lime dont les limes acide, on y voit que les lieux de culture influencent énormément la composition , par exemple la lime de Tahiti du Brésil a une teneur en limonène de 34.5% alors que celle de Yaoudé est de 50%[29].

Pour l'HE du fruit, la composition est affectée par la méthode d'extraction, l'hydrodistillation abaisse le niveau de γ‑terpinène (12% contre 17% en super-critique) et β-pinène (12.4% contre 14.4% en super-critique), en revanche les niveaux de neral et de géranial sont nettement plus élevés[30]. Sawamura note que le monoterpènes sont dominants (78%) et que l'α-bergamotene joue un rôle dominant dans l'arome du fruit[31].

L'HE est sédative et utilisée pour tempérer l'anxiété et l'insomnie[32] (elle prolonge le sommeil chez le souris[33]).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Mansfeld's Encyclopedia of Agricultural and Horticultural Crops, page 1023 lire en ligne
  2. a et b Franck Curk, Organisation du complexe d'espèce et décryptage des structures des génomes en mosaïque interspécifiques chez les agrumes cultivés, Montpellier, (thèse de doctorat), , p. 39 et sq.
  3. (en) Franck Curk, Frédérique Ollitrault, Andres Garcia-Lor et François Luro, « Phylogenetic origin of limes and lemons revealed by cytoplasmic and nuclear markers », Annals of Botany, vol. 117,‎ , p. 565–583 (ISSN 0305-7364 et 1095-8290, PMID 26944784, PMCID 4817432, DOI 10.1093/aob/mcw005, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Jean-Paul Brigand, « Why are Lemons Sour? », Fruit Gardener,‎ volume 48, no. 5 - september & october 2016
  5. « tahitian », sur www.citrusvariety.ucr.edu (consulté le )
  6. a et b (en) « Tahiti Lime, Citrus latifolia Tan. (Morton, J. ) », sur hort.purdue.edu,
  7. Henri Chapot, « Quelques variétés d'agrumes d'Iran », al-Awamia (Rabat),,‎ , pp. 91-109. (lire en ligne)
  8. electricpulp.com, « CITRUS FRUITS – Encyclopaedia Iranica », sur www.iranicaonline.org (consulté le )
  9. (pt) « Citrus ×latifolia (Yu.Tanaka ex Yu.Tanaka) Yu.Tanaka », sur www.gbif.org (consulté le )
  10. « Citrus latifolia (Yu. Tanaka) Tanaka, Limettier (Plantes utiles) », sur Pl@ntNet (consulté le )
  11. (es) Ana Maryury Franco Valderrama, Ignacio Caamal Cauich, Verna Gricel Pat Fernández et Francisco Pérez Soto, « Characterization of Persian lime production (Citrus x latifolia; Tanaka ex Q. Jiménez) », Agro Productividad,‎ (ISSN 2594-0252, DOI 10.32854/agrop.v14i11.1883, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Hugo Bovill and Daemmon Reeve,, « The Citrus Trail, Key limes do not come from the Florida Keys. », Perfumers and Falvorits,‎ (lire en ligne)
  13. « OVERVIEW GLOBAL LIMES MARKET », sur www.freshplaza.com (consulté le )
  14. (en) Gurcharan Singh Randhawa et K. C. Srivastava, Citriculture in India, Hindustan Pub. Corp., (lire en ligne)
  15. (en) Mary Newman et Constance L. Kirker, Coconut: A Global History, Reaktion Books, (ISBN 978-1-78914-526-7, lire en ligne)
  16. Cédric Grolet, Fruits, LEC communication (A.Ducasse), (ISBN 978-2-84123-944-3, lire en ligne), p 135
  17. Collectif, 100 recettes autour du monde: et 100 listes de courses à flasher !, Hachette Pratique, (ISBN 978-2-01-003469-5, lire en ligne)
  18. (en) « Lemon banana ravioli with priprioca caramel,... », sur The Caterer, (consulté le )
  19. « Le Bernardin, 3* à NYC », sur Travelling Foodista, (consulté le )
  20. (en) « Tahiti lime », sur Givaudan Citrus Variety Collection at UCR (consulté le )
  21. María C. García-Muñoz, Juan C. Henao-Rojas, Jenny M. Moreno-Rodríguez et Blanca L. Botina-Azain, « Effect of rootstock and environmental factors on fruit quality of Persian lime (Citrus latifolia Tanaka) grown in tropical regions », Journal of Food Composition and Analysis, vol. 103,‎ , p. 104081 (ISSN 0889-1575, DOI 10.1016/j.jfca.2021.104081, lire en ligne, consulté le )
  22. Hamed Hassanzadeh Khankahdani, Somayeh Rastegar, Behrouz Golein et Morteza Golmohammadi, « Effect of rootstock on vegetative growth and mineral elements in scion of different Persian lime (Citrus latifolia Tanaka) genotypes », Scientia Horticulturae, vol. 246,‎ , p. 136–145 (ISSN 0304-4238, DOI 10.1016/j.scienta.2018.10.066, lire en ligne, consulté le )
  23. « PlantFiles: The Largest Plant Identification Reference Guide - Dave's Garden », sur davesgarden.com (consulté le )
  24. « Citrus latifolia Citrus Tahitian Lime PFAF Plant Database », sur pfaf.org (consulté le )
  25. Raquel Kummer, Fernanda Carolina Fachini-Queiroz, Camila Fernanda Estevão-Silva et Renata Grespan, « Evaluation of Anti-Inflammatory Activity of Citrus latifolia Tanaka Essential Oil and Limonene in Experimental Mouse Models », Evidence-based Complementary and Alternative Medicine : eCAM, vol. 2013,‎ , p. 859083 (ISSN 1741-427X, PMID 23762165, PMCID 3671226, DOI 10.1155/2013/859083, lire en ligne, consulté le )
  26. (en-US) Swapnil Y. Chaudhari, Galib Ruknuddin et Pradeepkumar Prajapati, « Ethno medicinal values of Citrus genus: A review », Medical Journal of Dr. D.Y. Patil University, vol. 9, no 5,‎ , p. 560 (ISSN 2589-8302, DOI 10.4103/0975-2870.192146, lire en ligne, consulté le )
  27. (en) Peter Holmes, Aromatica Volume 2: A Clinical Guide to Essential Oil Therapeutics. Applications and Profiles, Singing Dragon, (ISBN 978-0-85701-256-2, lire en ligne), p 285
  28. (en) Thaiane Robeldo, Edione Fatima Canzi, Priscila Maria de Andrade et Jhonne Pedro Pedotte Santana, « Effect of Tahiti lime (Citrus latifolia) juice on the Production of the PGF2α/PGE2 and Pro-Inflammatory Cytokines involved in Menstruation », Scientific Reports, vol. 10, no 1,‎ , p. 7063 (ISSN 2045-2322, DOI 10.1038/s41598-020-63477-8, lire en ligne, consulté le )
  29. (en) Giovanni Dugo et Luigi Mondello, Citrus Oils: Composition, Advanced Analytical Techniques, Contaminants, and Biological Activity, CRC Press, (ISBN 978-1-4398-0029-4, lire en ligne), p 322
  30. (en) Ana Cristina Atti-Santos, Marcelo Rossato, Luciana Atti Serafini et Eduardo Cassel, « Extraction of essential oils from lime (Citrus latifolia Tanaka) by hydrodistillation and supercritical carbon dioxide », Brazilian Archives of Biology and Technology, vol. 48,‎ , p. 155–160 (ISSN 1516-8913 et 1678-4324, DOI 10.1590/S1516-89132005000100020, lire en ligne, consulté le )
  31. (en) Masayoshi Sawamura, Citrus Essential Oils: Flavor and Fragrance, John Wiley & Sons, (ISBN 978-1-118-07438-1, lire en ligne), p 145
  32. (en) Jeanne Rose, 375 Essential Oils and Hydrosols, Frog Books, (ISBN 978-1-883319-89-2, lire en ligne), p 68
  33. https://d1wqtxts1xzle7.cloudfront.net/45298135/TFSB_2SI1121-124o-libre.pdf?1462255100=&response-content-disposition=inline%3B+filename%3DEssential_Oils_from_Citrus_latifolia_and.pdf&Expires=1704624908&Signature=WtNY6WVkL5eWOD6dRd9wsbPO7NtEqVfGWzr8TwcrvK4xJz1YPHDRLL5bn4vQ6I4nHYhdqB8WnnxblI5~v2jUeBuGtqed24nQo2tdBcyrt2TWg3~oEQ1OtW7JaHIlymshR14fOIFUwVSwtPSDUIsCwparwZZJoraZ8pnXHMcbLGVkjyO2zW2yckivR4jd1k6L8R7-YBYWC42rSk~3q~bdaug7coIhl2db-sF5~KjjPfoh6CRD0AbYpLFienTxwt2T~2COfScZp-phyEL0txzHalQ6e4u0VBtcFGBJaBy9crKHMs607h32liAxz7SGuSiIiTg-572nnWNuTKWJSpkh7Q__&Key-Pair-Id=APKAJLOHF5GGSLRBV4ZA

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Références taxinomiques[modifier | modifier le code]