Churchill (Manitoba)

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Churchill
Churchill (Manitoba)
Administration
Pays Drapeau du Canada Canada
Province Manitoba
Code postal R0B
Démographie
Population 923 hab. (2006)
Densité 17 hab./km2
Géographie
Coordonnées 58° 46′ 09″ nord, 94° 10′ 09″ ouest
Superficie 5 396 ha = 53,96 km2
Divers
Indicatif 204
Code géographique 4623056
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Manitoba
Voir sur la carte administrative du Manitoba
Churchill
Liens
Site web www.churchill.ca
Ours polaire près d'un véhicule
Véhicule tout terrain dans la toundra

Churchill (Inuit: Kuugjuaq) est une ville du Manitoba, située au bord de la baie d'Hudson à l'embouchure de la rivière Churchill. La population, qui était de 923 habitants en 2001, était descendue à 813 en 2011[1].

Environnement

Installée à l'embouchure de la rivière Churchill, la ville se situe dans un écotone, à la jonction entre la taïga ou forêt boréale au sud, la toundra au nord-ouest et la baie d'Hudson au nord. Le sol est formé de pergélisol et d'affleurements du bouclier canadien. L'épinette noire est la variété d'arbre dominante, mais sous une faible densité. Les visiteurs peuvent y pratiquer la pêche sportive, des expéditions en canoë, en véhicule tout terrain, en hélicoptère ou en avion ultra-léger.

La ville est surnommée « capitale mondiale de l'ours polaire » en raison de la grande quantité d'ours polaires qui s'y aventurent à l'automne[2]. Ces derniers constituent un des piliers de l'industrie touristique de la région. Les habitants de la ville ont même pour habitude de laisser les voitures déverrouillées, au cas où des piétons rencontreraient des ours polaires[3].

Une autre attraction est l'observation des bélugas qui remontent la rivière en juin et juillet.

On peut aussi observer quelque 270 espèces d'oiseaux dans un rayon de 40 km autour de la ville, notamment le harfang des neiges, le cygne siffleur et le faucon gerfaut[4].

Le Parc national Wapusk est situé à 45 km au sud de la ville.

On peut y observer des aurores boréales quand les conditions sont favorables et qu'une forte activité solaire se combine avec des nuits noires.

Voies de communication

Le port de Churchill est le principal port canadien en eau profonde sur les rives de l'océan glacial Arctique. Il possède quatre quais et peut accueillir des navires de type Panamax[5].

Il appartient depuis 1997 à la compagnie ferroviaire américaine OmniTRAX[6] (Chemin de fer de la Baie d'Hudson). Son activité a décliné avec le démantèlement, en 2012, de la Commission canadienne du blé, qui en était le principal usager depuis 76 ans. Des subventions gouvernementales pour le transport du grain par ce port ont toutefois permis d'enrayer le déclin[7]. Le port cherche aussi à diversifier ses exportations[7] et ses importations. Les producteurs de pétrole de l'Alberta envisagent de s'en servir comme terminal maritime pour leur pétrole, qui y sera acheminé par train pour atteindre les marchés internationaux. Un premier chargement devrait quitter Churchill pour Rotterdam en [8]. De même des études ont été débutées sur la possibilité de recevoir des navires porte-conteneurs en provenance d’Asie pendant la saison chaude (juin-octobre), pour l’importation de produits manufacturés.

Avec le réchauffement climatique, le passage du Nord-Ouest reste ouvert plus longtemps, augmentant la rentabilité du port. En 2010, il était ouvert à la navigation du au [9]. C'est le seul port arctique connecté au réseau de chemin de fer d'Amérique du nord via la ligne d'OmniTRAX. En 2007, le gouvernement fédéral a investi 8 000 000 $ dans sa modernisation[10].

Le port est desservi par deux compagnies maritimes nationales. La Northern Transportation Company[11] fait la liaison avec Tuktoyaktuk, à l'embouchure du fleuve Mackenzie et Ikaluktutiak au Nunavut. Les huit navires de la Nunavut Sealink and Supply[12] desservent 40 communautés établies au centre et à l'est de l'Arctique.

Le chemin de fer de la Baie d'Hudson relie la ville à Le Pas, au sud du Manitoba, sur une distance de 1 300 km. Il appartient également à la compagnie américaine OmniTrax, qui possède une vingtaine de lignes en Amérique du Nord. Cette ligne sert au transport de grains, de minerais et de pétrole jusqu'au port de Churchill. Un train de voyageurs Via Rail fait également la liaison avec Winnipeg.

L'aéroport de Churchill (nom de code: YYQ) dessert notamment une clientèle intéressée par l'écotourisme.

Base militaire

En 1942, la United States Air Force installa une base nommée Fort Churchill à 8 km à l'est de la ville. Après la Seconde Guerre mondiale, cette base fut opérée conjointement par le Canada et les États-Unis. Elle a été fermée dans les années 1960.

Des recherches ont aussi été menées sur l'ionosphère par le Conseil national de recherche à partir d'. En 1950, Churchill est intégré au réseau HMC NRS Churchill, rebaptisé HMCS CHURCHILL en 1956 et CFS Churchill en 1966, en tant que maillon du Système radio supplémentaire (SUPRAD) des Forces canadiennes. Les installations ont été fermées en 1968.

Un programme conjoint a été mené avec les États-Unis, le Churchill Rocket Research Range, de 1956 à 1984, qui consistait à lancer des fusées pour étudier l'atmosphère. Situé à 23 km à l'est de la ville, le site abrite depuis 1976 le Churchill Northern Studies Centre[13], qui étudie l'écosystème subarctique, les aurores boréales et les ours polaires, en plus d'offrir un soutien logistique aux chercheurs travaillant sur ces questions.

En 1950, le gouvernement britannique envisagea d'installer un centre de test nucléaire près de Churchill, mais a finalement choisi l'Australie.

Histoire

Fort Prince of Wales, à l'ouest de la rivière Churchill

La région fut occupée par différentes populations de chasseurs nomades. Les proto-inuit arrivèrent dans la région il y a environ 1 000 ans en provenance de l'ouest. Les Dénés s'installèrent dans la région il y a 500 ans en provenance du nord. Les Tchipewyans et les Cris étaient les principaux occupants de la région au moment de l'arrivée des premiers Européens.

Les Européens parvinrent pour la première fois dans la région en 1619. Une expédition danoise dirigée par Jens Munk hiverna cette année-là dans les lieux de ce qui deviendra plus tard la ville de Churchill.

La première implantation humaine permanente est un fort en bois construit à l'embouchure de la rivière Churchill en 1717 et servant d'établissement pour le commerce de la fourrure à la Compagnie de la Baie d'Hudson. La ville doit son nom à John Churchill, 1er Duc de Marlborough, ancêtre de Winston Churchill et qui fut gouverneur de la Compagnie à la fin des années 1600.

Le fort en bois fut remplacé par un grand fort en pierre en 1741. Le fort fut pris par les Français sans que le moindre coup de feu ne soit tiré et rasé en 1782, lors de l'expédition de la baie d'Hudson menée par La Pérouse. Un nouveau fort fut construit à proximité.

Le déclin du commerce de la fourrure entraîna le déclin de Churchill. Il faudra attendre l'essor de l'agriculture dans les grandes plaines de l'ouest canadien et le choix de Churchill à la fin de la première guerre mondiale comme lieu d'implantation d'un grand port sur les rives de la baie d'Hudson relié à la ville de Winnipeg par le chemin de fer pour que la localité connaisse une nouvelle période de prospérité. Le chemin de fer n'atteindra la ville qu'en 1927. Une fois la liaison ferroviaire achevée il faudra encore attendre de longues années avant que l'activité portuaire ne prenne véritablement son essor.

C'est à Churchill que furent « relocalisés » de force, en , les Indiens dénés sayisis de Duck Lake, début d'une tragédie sociale et sanitaire qui faillit entraîner la disparition de leur groupe[14] — et pour laquelle le gouvernement canadien a fini par faire des excuses officielles en [15].

Au printemps 2017, la ligne de chemin de fer qui dessert la ville est détériorée suite à d'importantes inondations et la circulation est interrompue pour une durée indéterminée. La fermeture de la ligne entraîne une crise locale par la forte augmentation des coûts des marchandises[16].

Climat

Churchill bénéficie d'un climat subarctique. Bien que située à une latitude comparable à celle de villes européennes telles que Stockholm et Aberdeen, le climat y est bien plus froid. La température moyenne annuelle y est inférieure d'environ 14 °C. Les eaux froides de la baie d'Hudson qui bordent la ville en sont la principale cause. La température record la plus froide, −45,4 °C, a été enregistrée le et la température record la plus chaude, +36,9 °C, le . Les chutes de neige sont abondantes et la moyenne annuelle de neige est de 191 cm.

Relevé météorologique de Churchill altitude:28 m latitude: 58°44'N
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −30,7 −28,9 −24,4 −14,5 −4,6 1,7 6,8 7,2 2,5 −4,5 −16,1 −26,8 −11
Température moyenne (°C) −26,7 −24,6 −19,5 −9,7 −0,7 6,6 12 11,7 5,6 −1,7 −12,6 −22,8 −6,9
Température maximale moyenne (°C) −22,7 −20,4 −14,5 −5 3,2 11,4 17,3 16,3 8,8 1,1 −8,9 −18,8 −2,7
Record de froid (°C) −45 −45,4 −43,9 −33,3 −25,2 −9,4 −2,2 −2,2 −11,7 −24,5 −36,1 −41,8 −45,4
Record de chaleur (°C) 1,7 1,5 8,3 28,2 27,7 32,2 34 36,9 27,8 20,6 10,1 3 36,9
Précipitations (mm) 16,9 15,7 16,1 19 31,9 44,3 56 68,3 63,4 46,9 33,1 20 431,6
Source : Le climat à Churchill (en °C et mm, moyennes mensuelles) Canadian Climate Normals


Célébrités

Churchill dans la littérature et la fiction

Notes et références

  1. (en) "Winnipeg Free Press, 24 août 2012, PM in Churchill today to see military exercise
  2. (en-CA) Toronto SUN et Life, « Churchill offers best glimpse of polar bears | Toronto Sun », (consulté le )
  3. (en)Outside Online - THE POLAR BEAR CAPITAL OF THE WORLD
  4. (en) (en) Gary Kramer, « Species profile: Watching and studying Peregrine Falcons at Rankin Inlet, Nunavut, Canada, Manitoba, Canada », Worl Birder's Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Gouvernement du Manitoba, Transportation: Seaport at Churchill, Manitoba
  6. (en) Histoire du port de Churchill
  7. a et b (en) Western Investor, octobre 2012, Port in a storm. Churchill scrambles to attract global and domestic shippers as Wheat Board monopoly ends
  8. (en) The Globe and Mail, 16 août 2013, Oil’s new Arctic passage to Europe
  9. (en) http://www.omnitrax.com/media-center/news/10-11-03/final-ship-of-season-departs-churchill.aspx
  10. (en) CBC, 5 octobre 2007, Churchill port, rail line to see $68M in improvements
  11. Transportation Company
  12. Sealink and Supply
  13. Churchill Northern Studies Centre
  14. Frédéric B. Laugrand, Jarich G. Oosten et Üstün Bilgen-Reinart, « La "relocalisation" des dénés sayisis des ahiarmiuts dans les années 1950 », Recherches amérindiennes au Québec,‎ (ISSN 0318-4137, lire en ligne)
  15. (en) « Ottawa apologizes to Manitoba First Nation for 'tragic and fatal' forced move », CBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. (en-US) Catherine Porter, « Canadian Town, Isolated After Losing Rail Link, ‘Feels Held Hostage’ », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes