Chinguetti

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Chinguetti
(ar) شنقيط
Chinguetti
Vue sur la vieille ville
Administration
Pays Drapeau de la Mauritanie Mauritanie
Région Adrar
Maire
Mandat
Sidi Ahmed Habott dit Menna
5 ans
Démographie
Population 6 230 hab. (2010)
Géographie
Coordonnées 20° 27′ nord, 12° 21′ ouest
Altitude 308 m
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Mauritanie
Voir sur la carte topographique de Mauritanie
Chinguetti
Géolocalisation sur la carte : Mauritanie
Voir sur la carte administrative de Mauritanie
Chinguetti

Pays Drapeau de la Mauritanie Mauritanie
Subdivision Adrar, Hodh Ech Chargui, Tagant
Type Culturel
Critères (iii) (iv) (vii)
Numéro
d’identification
750
Région Afrique **
Année d’inscription 1996 (20e session)
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Chinguetti ou Chinguitti (en arabe : شنقيط, šinqīṭi) est une ville du centre-ouest de la Mauritanie, située sur les plateaux désertiques de l'Adrar. Avec d'autres villes anciennes fortifiées (ksour) de Mauritanie, la ville est sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1996. La ville est séparée en deux par un oued qui, aujourd'hui, est asséché. D'un côté, il y a la vieille ville, qui s'ensable progressivement, et de l'autre la nouvelle.

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondée à la fin du XIIIe siècle, la ville fut un important centre de commerce caravanier transsaharien entre l'Afrique du Nord et l'Afrique noire, et surtout la plus grande métropole culturelle de la région depuis le début du XVIe siècle. Elle témoigne d'un mode de vie traditionnel, centré sur la culture nomade, de la population du Sahara occidental. Elle serait devenue la 7e ville sainte de l'islam sous le nom de « ville des bibliothèques »[réf. nécessaire].

Géographie - géologie[modifier | modifier le code]

Le mystère de la météorite de Chinguetti[modifier | modifier le code]

C'est à proximité de Chinguetti que le capitaine français Gaston Ripert, alors résident (représentant de l'administration française) de la ville, a dit avoir été conduit par des autochtones, en 1916, à une météorite géante (haute d'une quarantaine de mètres), sur laquelle les forgerons locaux venaient se fournir en fer, qui était donc du fer météorique. Ce témoignage était complété d'un échantillon effectivement météoritique qu'il fit parvenir (indirectement) au Muséum national d'histoire naturelle (qui le reçut a priori en 1921).

Cette découverte retint l'attention de la communauté scientifique, sans que puisse être localisée précisément cette fameuse météorite. Théodore Monod y a consacré plusieurs expéditions (1934, 1987, début 1988, fin 1988, 1989, 1991) et d'autres scientifiques s'y sont intéressés (A. Lacroix en 1924 à la réception de l'échantillon, mission A. Pourquié en 1938, travaux sur photographies aériennes de J. Gallouédec et M.-F. Courel en 1980, à 20° 11’ N - 12° 06’ W[1]).

L'enquête de T. Monod n'a pas pu prouver l'existence de cette météorite (dont les dimensions annoncées étaient déjà fortement mises en doute du fait de l'absence de cratère d'impact, en particulier) et a souligné les nombreuses incertitudes ou imprécisions entourant le témoignage de G. Ripert (localisation, conditions de « découverte », connaissance locale, connaissances a priori avancées de G. Ripert en géologie rendant peu probable une mauvaise interprétation…). T. Monod a cependant identifié que la localisation transcrite par A. Lacroix en 1924 (citant G. Rippert) ne correspondait pas à celle d'une météorite, mais plutôt à l’extrémité d'une longue arête rocheuse (guelb Aouinet - 20° 10’ 30” N - 12° 28’ 24” W, roche sédimentaire[2]).

Des travaux sur l'échantillon envoyé au Muséum national d'histoire naturelle par G. Ripert (G. Raisbeck, F. Yiou, 1989, non publiés[3]), ont par ailleurs montré que ce bloc constituait le fragment principal de l'objet ayant pénétré l'atmosphère terrestre. Il ne peut donc s'agir en aucune manière d'un morceau issu de l'éventuelle météorite « géante »[4].

Population[modifier | modifier le code]

Lors du Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) de 2000, Chinguetti comptait 4 711 habitants[5].

Urbanisme[modifier | modifier le code]

Progressivement envahie par les sables, la ville a gardé son tissu urbain élaboré entre le XIIe et le XVIe siècle, avec ses maisons à patio se serrant en ruelles étroites autour d'une mosquée à minaret carré, coiffée de 5 œufs d'autruche. Les matériaux utilisés pour ses constructions étaient essentiellement la pierre, et le banco local de couleur ocre. Les toitures sont faites à partir de troncs et de branches d'arbres ou de palmiers dattiers. On y voit quelques anciennes portes massives en acacia.

Culture[modifier | modifier le code]

Chinguetti compte une dizaine de bibliothèques recensées, et de nombreux foyers y possèdent quelques manuscrits. Certaines pièces de ces collections datent du IXe siècle, ont parfois été rédigées sur des peaux de gazelles, ou sont protégés par des couvertures en peau de chèvre. La majorité de ces ouvrages traitent de religion et du Coran, mais beaucoup parlent de science ou de littérature. Ceci est à comparer aux manuscrits de Tombouctou. Ce riche patrimoine vaut à la ville le surnom de « Sorbonne du Désert »[6].

La ville est classée comme site du Patrimoine Culturel Mondial de l'Unesco depuis 1996.

Économie[modifier | modifier le code]

Chinguetti possède un aéroport (code AITA : CGT). En , le nouveau rallye Africa Race envisage de faire la journée d'étape à Chinguetti.

Galerie[modifier | modifier le code]

Jumelages[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Monod et Zanda 1992, p. 93.
  2. Monod et Zanda 1992, p. 105.
  3. Monod et Zanda 1992, p. 101.
  4. Monod et Zanda 1992.
  5. Résultats du RGPH 2000 des Wilayas
  6. Danielle Rouard, « La « Sorbonne du désert » », sur Le Monde, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Anthony G. Pazzanita, « Chinguetti », in Historical dictionary of Mauritania, Scarecrow Press, Lanham (Maryland) ; Toronto, Plymouth (Royaume-Uni), 2008 (3e éd.), p. 110-111 (ISBN 9780810855960)
  • (es) M. Pastor-Muñoz, « Walata y Chinguetti: ciudades caravaneras de Mauritania », Revista de arqueología, n° 156, 1994, p. 26-37. (ISSN 0212-0062)
  • Collectif, L'Adrar t.2 : les villes anciennes (Chinguetti, Ouadane et le Gueld er Richat), Sépia, 2000
  • Théodore Monod, Le Problème de la météorite de Chinguetti, Grande Imprimerie africaine, 1952
  • Théodore Monod, Tais-toi et marche... : journal d'exploration El-Ghallaouya-Aratane-Chinguetti (-), Actes Sud, 2002
  • Théodore Monod et Brigitte Zanda, Le Fer de Dieu : Histoire de la météorite de Chinguetti, Arles, Actes Sud, , 154 p. (ISBN 978-2-7427-7552-1).

Roman[modifier | modifier le code]

Chinguetti est également le titre d'une bande dessinée en trois volumes de LF Bollée (scénariste) et Guillaume Nicolle (dessinateur) : l'action se passe dans le futur en Afrique du Nord, il s'agit de science-fiction, mais fait référence à l'histoire et au passé de la ville. La trilogie est parue aux éditions Emmanuel Proust.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :