Charles de Groux

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Charles de Groux
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Charles Corneille Auguste de GrouxVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
français
Activité
Formation
Maître
Lieu de travail
Enfant
Distinction

Charles de Groux, né à Comines (France)[1] le et mort à Saint-Josse-ten-Noode (Bruxelles) le [2], est un peintre, graveur, lithographe et illustrateur français. Comme toute sa carrière a eu lieu en Belgique il est généralement désigné comme un artiste belge. Ses représentations de scènes de la vie des personnes défavorisées et de la classe inférieure de son temps le désignent comme le premier peintre du réalisme social en Belgique[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Le banc des pauvres, Charles Degroux, l'une des premières peintures exposées par l'artiste.

Charles de Groux est né à Comines, une commune limitrophe de la Belgique dans le département du Nord (59). Son père Jean Baptiste Joseph de Groux est un fabricant de rubans. Charles est le septième des dix enfants. Sa famille déménage à Bruxelles en . Malgré plusieurs tentatives de devenir un citoyen belge naturalisé, il reste français tout au long de sa vie. Charles de Groux suit une formation à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles de 1838 à 1849[3]. Il sera l'élève de François-Joseph Navez dès 1843.

En 1848, il travaillera sous la direction de Jean-Baptiste Van Eycken[4]. Il fera ses débuts officiel au salon de Bruxelles de 1848 où il expose deux scènes bibliques. L'année suivante il expose Le banc des pauvres.

Il obtient le Second prix de Rome en 1850.

En , il part pour Düsseldorf où il reste un an et se rapproche du mouvement nazaréen. Il y a probablement découvert l'œuvre des Tendenzmaler, tel Carl Huber qui dénonçait dans ses tableaux l'exploitation des tisserands silésiens[5].

L'ivrogne, Charles Degroux, 1853, Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts

En 1853, à Saint-Josse-ten-Noode[6], il épouse Jeanne Geyssens (1824 - 1889), de Bruxelles. Le couple aura cinq enfants :

* Henri, né en 1854, mort à l'âge d'un an,
* Daniel Charles, né en 1856, artiste peintre, qui épousa à Bruxelles en 1895 Marie Joséphine Lauwers née en 1869,
* Fanny, née en 1858, morte à l'âge de dix mois,
* Henry, né en 1866, qui devient un peintre symboliste éminent[7] et qui épousa en 1893 à Enghien-les-Bains Marie Joséphine Engel, née à Spa en 1871,
* Jeanne, née en 1867 qui épousa à Bruxelles en 1894 Auguste Van Campenhoudt, employé.

Vers 1853, de Groux obtient son premier succès avec L'Ivrogne (Musées royaux des beaux-arts de Belgique) (une autre version dénommée L'adieu sur le marché de l'art en 2017). Cette œuvre représentant une femme mourante, son mari ivre et leurs jeunes enfants dans une chambre exiguë et mal éclairée marque une rupture avec le style noble et élégant et les sujets de son maître Navez[3].

Il devient illustrateur pour le périodique Uylenspiegel fondé par Félicien Rops. Rops et lui rencontrent Gustave Courbet à plusieurs reprises lors des expositions de ce dernier en Belgique, Allemagne et aux Pays-Bas. L'influence de Courbet sur les choix esthétiques de Groux est manifeste dès 1853[8].

Sa notoriété grandissant, il expose dans la section des beaux-arts de l'Exposition universelle de 1855 à Paris.

Il est membre de la Société belge des aquarellistes fondée en 1856[9] et est l’un des membres fondateurs en 1868 de la Société libre des beaux-arts[10].

Cardiaque, il meurt le à dans l'atelier de son domicile sis au n° 61 de la rue du Moulin à Saint-Josse-ten-Noode, en plein travail, à huit heures du soir, n'ayant pu achever la commande de six cartons destinés à orner les fresques des Halles aux draps de Ypres[11],[12].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Le Moulin à café.
Le Bénédicité.

Il a travaillé avec différents supports, y compris la peinture à l'huile, l'aquarelle, le pastel, la gravure et la lithographie.

Il commence comme peintre de l'histoire et des scènes religieuses dans le style romantique alors répandu en Belgique. Il développe plus tard son propre style réaliste qui montre l'influence de Courbet aussi bien que des peintres de genre du XVIIe siècle[3].

Il peint de préférence la rude vie des paysans et des ouvriers. Ses œuvres sociales réalistes contiennent de nombreuses connotations et références religieuses. Ceci est évident dans Viatique (Les derniers sacréments)[13], et Le Bénédicité dont il a peint plusieurs versions. L'œuvre montre une description solennelle d'une famille paysanne disant la grâce avant le souper. La composition est étroitement liée aux représentations chrétiennes de la Cène[14].

Il a marqué de son influence plusieurs jeunes peintres réalistes, parmi lesquels son élève, Constantin Meunier et Eugene Laermans[3]. Vincent van Gogh admirait Le Bénédicité, et Les Mangeurs de pommes de terre s'inspire de cette œuvre[14].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Plusieurs sites le mentionnent comme étant né à Comines (Belgique) mais les actes d'état civil officiels précisent bien qu'il s'agit de Comines (France).
  2. « Charles Corneille Auguste de Groux » sur geneanet
  3. a b c d et e Leclercq, Émile, Charles de Groux, Brussels: Imprimerie de Ve Parent et fils, 1871
  4. Jacques Libon, « La famille des peintres Charles et Henri Degroux - une lignée franco-belge aux XVIIe et XXe siècles », Mémoires de la Société d'Histoire de Comines Warneton T17,‎
  5. Anne Pingeot et Robert Hooze, Paris-Bruxelles, Bruxelles-Paris, Réunion des Musées Nationaux, , 539 p. (ISBN 2-7118-3526-X), p. 159;160
  6. Saint-Josse-ten-Noode, acte de mariage n° 123 du 22 septembre 1853. Charles Corneille Auguste Degroux, né le 4 août 1825 à Comines, France, résidant à Bruxelles, artiste peintre, est le fils de feu Jean Baptiste Joseph Degroux, mort le 26 février 1846 à Ixelles et de Marie Constance Sophie Vandewynckele, âgée de 60 ans, résidant à Bruxelles, rentière. Jeanne Geyssens, née le 17 juillet 1824 à Bruxelles, résidant à Saint-Josse-ten-Noode, sans profession, est la fille de Sébastien Geyssens, de domicile inconnu, et de Marie Elisabeth Goddefride, 52 ans, résidant à Saint-Josse-ten-Noode, sans profession. Les témoins étaient Joseph Léon Bartholeyns, 26 ans, résidant à Bruxelles, avocat, César Del' Acqua, 32 ans, résidant à Schaerbeek, artiste peintre, Gustave Dejonghe, 25 ans, résidant à Schaerbeek, artiste peintre, Jean Gheude, 27 ans, résidant à Bruxelles, sans profession.
  7. Charles Corneille Auguste De Groux sur geneanet
  8. « 1853 : L’Ivrogne par Charles de Groux », Connaître la Wallonie.
  9. Edmond Picard, Exposition rétrospective de la Société royale belge des Aquarellistes. Au Cercle Artistique et Littéraire., dans: La Belgique Artistique et Littéraire, Tome Quatrième juillet ~ août — septembre 190, pp. 153-156
  10. Arto: Aperçus historiques}.
  11. Saint-Josse-ten-Noode, acte de décès n° 108 du 1er avril 1870. Les déclarants du décès étaient Liévin Degroux, 48 ans, négociant, et Louis Degroux, 45 ans, domiciliés à Bruxelles et frères du défunt.
  12. Egide Gottfried Guffens, « La peinture décorative en Belgique », Annuaire de l'Académie des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, vol. 69, no 185,‎ , p. 160-190 (lire en ligne, consulté le ).
  13. a et b « Le Bénédicité », sur Musée de Gand (consulté le )
  14. a et b Jared Baxter Davidson, Van Gogh’s Last Supper: Transforming the guise of observable reality, in: Anistoriton Journal, vol. 14 (2014 ‐ 2015)
  15. « Le Moulin à Café », sur Musée des Beaux-Arts d'Anvers (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jan Dewilde, Jean-Marie Duvosquel, Anne-Marie Meessen-Doneux et Judith Ogonovszky-Steffens, Charles Degroux (1825-1870) et le réalisme en Belgique, Crédit communal, coll. « Monographies de l'art moderne », 1995 (ISBN 978-2-87193-217-8)

Liens externes[modifier | modifier le code]