CSS H. L. Hunley

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CSS H. L. Hunley
illustration de CSS H. L. Hunley
Le H.L. Hunley à quai.

Type Sous-marin à propulsion humaine
Histoire
A servi dans Pavillon de la Confederate States Navy Confederate States Navy
Commanditaire États confédérés d'Amérique
Chantier naval Mobile, Alabama
Quille posée lancement 1863
Lancement juillet 1863
Armé 17 février 1864
Statut épave
Équipage
Équipage 1 officier, 7 hommes d'équipage
Caractéristiques techniques
Longueur 12,04 m (39,5 pieds)
Maître-bau 1,17 m (3,83 pieds)
Déplacement 6,8 tonnes lège
Propulsion humaine, à manivelle
Vitesse 4 nœuds en surface
Caractéristiques militaires
Armement mine-torpille
Pavillon États confédérés d'Amérique

Le CSS H. L. Hunley est un sous-marin à propulsion humaine utilisé par la Confederate States Navy des États confédérés lors de la guerre de Sécession ayant démontré à la fois les avantages et les dangers de la guerre sous-marine.

Le 17 février 1864, au large du port de Charleston, en Caroline du Sud, il coula le navire unioniste USS Housatonic. Pour la première fois dans l'histoire maritime, un sous-marin coulait un navire mais il coula également lors de cette attaque avec son équipage de huit hommes. Son épave a été repérée en 1970, formellement identifiée en 1995, remontée en 2000 et en partie restaurée pour exposition en 2011.

Histoire[modifier | modifier le code]

Ce sous-marin est l'idée d'un homme d'affaires sudiste. Horace Lawson Hunley, en effet, se rend compte dès le début de la guerre que les États de l'Union peuvent organiser un blocus auquel les États du sud ne sont pas préparés.

Avec l'aide de James McClintock, il va construire un petit sous-marin dans la ville portuaire de Mobile en Alabama. Mesurant 12,04 mètres de long pour 1,17 mètre de diamètre et pesant 8 tonnes, le submersible est propulsé par une manivelle qu'actionne un équipage de huit hommes.

Le CSS H. L. Hunley fut conçu pour attaquer les navires du Nord qui faisaient un blocus des ports du Sud. Le sous-marin disposait d'une longue perche à l'avant, terminée par une charge explosive appelée « mine-torpille » (spar torpedo). Le sous-marin devait approcher le navire ennemi, y attacher l'explosif, reculer et le faire détoner. L'opération était extrêmement dangereuse et il n'y avait pas d'autre alimentation en air que celui contenu dans le faible espace intérieur.

Après des essais réussis en mer, le CSS H.L. Hunley, qui s'appelait alors Fish Boat, est envoyé par voie ferrée à Charleston sur la côte atlantique. Le sous-marin sombra à deux reprises, entraînant la première fois, le 29 août 1863, la mort de la moitié de l'équipage, et la seconde fois, le 15 octobre 1863, celle des huit hommes d'équipage, dont Hunley lui-même.

Le 17 février 1864, le CSS Hunley coule le USS Housatonic près du port de Charleston : c'est la première fois qu'un sous-marin parvient à couler un autre navire, bien que le CSS H. L. Hunley ait lui-même sombré peu de temps après avoir signalé sa victoire. Les sous-marins n'ont pas eu un grand impact sur l'issue de cette guerre, mais ont commencé à attirer l'attention et ont montré leur importance future dans les engagements navals.

L'épave[modifier | modifier le code]

Découverte[modifier | modifier le code]

Le CSS H.L. Hunley suspendu par une grue dans le port de Charleston le 8 août 2000.

La découverte du Hunley a été décrite par le Dr William Dudley, directeur de l'histoire navale au Naval Historical Center comme étant « probablement la plus importante découverte archéologique subaquatique américaine du XXe siècle »[1]. Le minuscule sous-marin et son contenu ont été évalués à plus de quarante millions de dollars, faisant de cette découverte et du financement associé la contribution la plus importante et précieuse pour la Caroline du Sud.

La découverte du Hunley est revendiquée par deux personnes différentes. L'archéologue sous-marin E. Lee Spence, président de la Sea Research Society, aurait découvert le Hunley en 1970[2],[3] et possède un ensemble de preuves[4] pour valider sa découverte, y compris un jugement de l'Amirauté civile de 1980[5].

Le 13 septembre 1976, le National Park Service a proposé d'inscrire sur le Registre national des lieux historiques l'emplacement de la découverte du H.L. Hunley par Sea Research Society et Spence. Ce lieu est divulgué publiquement lorsque l'enregistrement du site du Hunley sur cette liste a été officiellement approuvé le 29 décembre 1978[6]. Le livre de Spence, Treasures of the Confederate Coast (Trésors de la côte confédérée), publié en janvier 1995, contient une carte marquée d'un X à l'emplacement de l'épave[7].

Le plongeur Ralph Wilbanks a découvert l'épave en avril 1995 avec une équipe de la National Underwater and Marine Agency (NUMA) financée par le romancier Clive Cussler[8], qui annonça cette nouvelle découverte[9] ; il affirma d'abord qu'elle était sous 5 mètres d'eau à 1 mile environ du Housatonic, mais a admis plus tard à un journaliste que c'était faux[10]. L'épave était en fait à 100 mètres du Housatonic à 8 mètres de profondeur. Le sous-marin a été enseveli sous plusieurs mètres de limon qui l'ont protégé pendant plus d'une centaine d'années. Les plongeurs ont dégagé l'écoutille avant et le boîtier du ventilateur (la boîte à air équipée d'un schnorchel) pour l'identifier. Le sous-marin reposait sur son côté tribord, incliné à 45 degrés et était recouvert d'une couche de 0,6 à 1,9 centimètre de rouille incrustée de sable et de fragments de coquillages. Les archéologues ont dégagé une partie de côté bâbord du navire et découvert la barre de plongée avant. D'autres sondages ont révélé une longueur approximative de 11 mètres, l'ensemble du navire étant conservé sous les sédiments[11].

Le 14 septembre 1995, à la demande officielle du sénateur Glenn F. McConnell, président de la South Caroline Hunley Commission[12], E. Lee Spence et le procureur général de la Caroline du Sud Charles M. Condon signent la donation[13] du Hunley à l'État de Caroline du Sud[14],[15]. Peu de temps après, la NUMA divulgue aux représentants du gouvernement l'emplacement de l'épave selon Wilbank ; quand il est finalement rendu public en octobre 2000, il correspond à celui déclaré par Spence en 1970 avec une bonne tolérance[16]. Spence avoue qu'il a non seulement découvert le Hunley en 1970, a revisité et cartographié le site en 1971 et à nouveau en 1979, mais qu'il avait publié cet emplacement dans son livre de 1995 parce qu'il s'attendait à ce que la NUMA (qui faisait en réalité partie d'une expédition de la South Carolina Institute of Archaeology and Anthropology (SCIAA) dirigée par le Dr Mark M. Newell et non Cussler[17],[18]) identifie de manière indépendante l'épave du Hunley. Le Dr Newell a juré sous serment qu'il avait utilisé les cartes de Spence pour diriger l'expédition commune SCIAA/NUMA, et crédite Spence de la découverte originale, pour n'attribuer à son expédition que sa vérification officielle[19].

Renflouement[modifier | modifier le code]

L'enquête in situ et les fouilles archéologiques sous-marines se sont achevées avec l'extraction du Hunley, le 8 août 2000[20]. Une équipe de nombreux professionnels de la Direction de l'archéologie sous-marine du Naval Historical Center (en), du National Park Service, de l'Institut d'archéologie et d'anthropologie de Caroline du Sud, et diverses autres personnes ont étudié, mesuré le navire afin de le documenter avant son enlèvement. Une fois l'enquête sur site terminée, des harnais ont été glissés sous le sous-marin et attachés à une poutre conçue par Oceaneering International. Après avoir sécurisé ces harnais, la grue de la barge Karlissa B a hissé le sous-marin à partir du fond sur lequel il reposait[21],[22]. Le renflouement s'est déroulé dans les eaux de l'océan Atlantique, à environ 6,5 km de l'île de Sullivan située à l'extérieur de l'entrée de port de Charleston. Bien que n'ayant à sa disposition qu'un simple sextant et une boussole de poche pour relever l'emplacement de l'épave trente ans plus tôt, la précision du Dr Spence, à 52 mètres près, s'est avérée inférieure à la longueur de la barge de récupération, longue de 64 mètres[23],[24]. Le 8 août 2000, à h 37, le sous-marin a traversé la surface pour la première fois depuis 136 ans, salué par une foule en liesse sur la rive et dans des embarcations, y compris l'auteur Clive Cussler et l'archéologue sous-marin E. Lee Spence. Une fois en sécurité sur sa péniche, le Hunley a été réexpédié à Charleston. L'opération s'est achevée lorsque le sous-marin a été déposé à l'intérieur du Warren Lasch Conservation Center, un ancien chantier naval de Charleston, dans un réservoir d'eau douce spécialement conçu pour permettre sa conservation.

En juin 2011, un laboratoire de conservation a placé le sous-marin dans sa position normale pour la première fois depuis qu'il avait coulé[25].

L'équipage[modifier | modifier le code]

L'équipage du navire se composait du lieutenant George E. Dixon, son commandant, et de Frank Collins, Joseph F. Ridgaway, James A. Wicks, Arnold Becker, C. F. Carlsen, C. Lumpkin, et Augustus Miller.

À l'exception du commandant du sous-marin, le lieutenant George E. Dixon, l'identité des volontaires de l'équipage est longtemps restée mystérieuse. L'anthropologue Douglas Owsley, du National Museum of Natural History de la Smithsonian Institution, a examiné les corps ; d'après les signatures chimiques présentes dans les dents et les os, ainsi que les principaux composants de leur régime alimentaire, il en a déduit que quatre d'entre eux étaient nés aux États-Unis — ayant eu un régime à base de maïs — et les quatre autres en Europe — leur alimentation comprenant plutôt du blé et du seigle. Des recherches dans les archives de la Guerre civile ainsi que des tests ADN ont permis à la généalogiste judiciaire Linda Abrams d'identifier Dixon et les trois autres Américains, Collins, Ridgaway et Wicks. L'identification des Européens était plus problématique, mais fut résolue à la fin de 2004. D'après la position de leurs restes, les hommes sont morts à leur poste, sans avoir tenté de s'échapper de leur sous-marin qui sombrait.

Les restes des marins ont été inhumés dans le Magnolia Cemetery de Charleston le 17 avril 2004[26]. Plusieurs dizaines de milliers personnes assistaient à l'événement, dont 6 000 figurants et 4 000 civils en costumes d'époque. Des représentants des cinq branches des forces armées américaines participaient à la procession, en uniformes actuels[27]. Les honneurs confédérés leur furent rendus, même si seuls deux d'entre eux provenaient des États confédérés[28].

Explication du naufrage et de la mort de l'équipage[modifier | modifier le code]

Selon un article publié mi-2017, des recherches ont confirmé que l'équipage, le 17 février 1864, a été tué par l'onde de choc de l'explosion de sa charge, juste après qu'il a coulé l'USS Housatonic dans le port de Charleston. Il n'a pas été possible de faire d'autopsie puisque les squelettes de l'équipage n'ont été retrouvés qu'en 1995, mais il était étrange qu'ils soient tous encore à leur poste et qu'ils ne semblent pas avoir tenté de s'échapper de l'épave[29],[30],[31].

Toutefois, l'épave a été retrouvée « remarquablement intacte », « à l'exception d'une perforation dans le kiosque et d'un hublot brisé »[32]. L'hypothèse de l'onde de choc est apparue plus crédible en 2013 quand les chercheurs ont montré que le sous-marin était encore relié à sa charge explosive quand il a disparu et qu'il s'agissait plutôt d'un bélier explosif ; elle ne semble pas avoir été conçue pour se détacher du sous-marin[30],

Les experts en biomécanique des blessures causées par des explosifs ont récemment montré que l'onde de choc générée par l'explosion de la charge explosive (contenue dans un récipient cylindrique « à peu près de la taille d'un fût de bière » et fixé à un espar de 6,7 mètres de long) était suffisante pour se transmettre à l'intérieur du sous-marin via sa coque et tuer l'équipage[30]. Une première modélisation ne s'appuyant que sur l'évaluation des effets du traumatisme pulmonaire induit par l'onde de choc estime que l'équipage n'avait que 16 % de chances de survie. La mort des sous-mariniers n'a probablement pas été instantanée, mais ils ont du être littéralement paralysés par l'onde en raison des traumatismes internes qu'elle a causés (pression brutale sur les poumons, avec hémorragie)[30].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Facts.
  2. « Cover Story: Time Capsule From The Sea » - U.S. News & World Report, July 2-9, 2007.
  3. Ghosts from the Coast, « Dr E. Lee Spence, The Man Who Found the Hunley » par Nancy Roberts, UNC Press, 2001, (ISBN 978-0-8078-2665-2), pp. 89-94.
  4. Pièces jointes à la déclaration sous serment de Spence de la découverte.
  5. United States District Court du district de Charleston, affaire n° 80-1303-8, Classé 8 juillet 1980.
  6. National Register of Historic Places Inventory-Nomination Form.
  7. Treasures of the Confederate Coast: The "Real Rhett Butler" & Other Revelations par Dr E. Lee Spence, Narwhal Press, Charleston/Miami, © 1995, p.54.
  8. Raising the « Hunley »: The Remarkable History and Recovery of the Lost Confederate Submarine by B. Hicks and S. Kropf, Ballantine Publishing, NY, © 2002, p. 131.
  9. NUMA communiqué de la publicité, Austin, Texas, May 11, 1995.
  10. "Récupération des indices Hunley: Cussler bobards sur la profondeur sous la" by Schuyler Kropf, The Post and Courier, Charleston, SC, May 11, 1996.
  11. Évaluation du site HL Hunley, NPS, NHC et SCIAA, édité par Larry Murphy (SCRU), 1998, p. 6-13, 63-66.
  12. Procès-verbal de la réunion, Commission Hunley du 14 septembre 1995.
  13. Donation du Hunley.
  14. "Cession des intérêts" 14 septembre 1995, signé par E. Lee Spence et par Charles Molony Condon, Procureur général d'État de Caroline du Sud.
  15. Signes Hunley réclamant sur les droits à l'état par Sid Gaulden, The Post and Courier, Charleston, SC, 15 septembre 1995.
  16. 'Dont X marque l'endroit?' by W. Thomas Smith Jr., Charleston City Paper, Charleston, SC, 4 octobre 2000, p. 16.
  17. "Nouvelles, communiqués de presse officiels par Numa Newell, énumérant comme administrateur et comme un contact Cussler, Austin, Texas, May 11, 1995.
  18. The Hunley: Submarines, Sacrifice & Success in the Civil War par Mark Ragan, Narwhal Press Inc., (ISBN 1-886391-04-1), p. 186.
  19. The Andy Thomas Show, interview à la radio en direct par Andy Thomas avec le Dr Newell, le Dr Spence et Claude Petrone, Columbia, août 2001.
  20. (en) Neyland, Robert S, « Underwater Archaeology and the Confederate Submarine H.L. Hunley. », In: Godfrey, JM; Shumway, SE. Diving For Science 2005. Proceedings of the American Academy of Underwater Sciences Symposium on March 10–12, 2005 at the University of Connecticut at Avery Point, Groton, Connecticut., American Academy of Underwater Sciences,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. http://www.prolamsausa.com/pdf/casestudies/HunleyCS.pdf.
  22. « Wayback Machine », sur juniorhistory.com via Internet Archive (consulté le ).
  23. http://www.titansalvage.com/jackupbarges/jackupspecs.pdf.
  24. http://www.shipwrecks.com/mapHunleySitefield1979.htm.
  25. http://old.news.yahoo.com/s/ap/20110624/ap_on_re_us/us_confederate_submarine_10.
  26. (en) « Hunley Crew to « rest in peace, at last » », sur Friends of the « Hunley » (consulté le ).
  27. (en) « « Last Funeral of the Civil War » to Put Hunley Crew to Rest (1/2) », sur National Geographic News (consulté le ).
  28. (en) « « Last Funeral of the Civil War » to Put Hunley Crew to Rest (2/2) », sur National Geographic News (consulté le ).
  29. Renaud Manuguerra-Gagné. La mystérieuse disparition d'un des premiers sous-marins de guerre élucidée. Radio-Canada, 2 septembre 2017..
  30. a b c et d Upton B (2017) (2017) | Scientists solve mystery of US Civil War submarine Blast from Hunley’s own torpedo probably killed its crew instantly. | Nature, 23 aout 2017 | doi:10.1038/nature.2017.22447 .
  31. Rachel M. Lance, Lucas Stalcup, Brad Wojtylak, Cameron R. Bass(2017) Air blast injuries killed the crew of the submarine H.L. Hunley |PLOS Published: August 23, 2017 | Open access mis dans le domaine public sous licence CC0 1.0 Universal (CC0 1.0) | https://doi.org/10.1371/journal.pone.0182244 |URL:http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0182244.
  32. Sarah Knapton. Mystery deaths of HL Hunley submarine crew solved - they accidentally killed themselves. The Telegraph, 23 août 2017..

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • A Konstam, Confederate submarines and Torpedo vessels 1861-65, New Vanguard 103, Osprey Publishing Ltd, 2004, (ISBN 1-84176-720-4).
  • R Bak, The CSS Hunley : the greatest undersea adventure of the Civil War, Taylor Publishing, 1999.
  • B Anderson, By sea and by river, the naval history of the civil war, Da Capo press, 1962, (ISBN 0-306-80367-4).
  • E L Spence, Treasures of the Confederate Coast: The real Rhett Butler & Other Revelations", Narwhal Press, Charleston/Miami, 1995, (ISBN 1-886391-07-6)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]

En littérature[modifier | modifier le code]

  • Le CSS H. L. Hunley est l'objet principal du récit de Le David, le Tome 19 de la BD Les Tuniques bleues.

Liens externes[modifier | modifier le code]