Bibliothèque de l'abbaye de Saint-Victor

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Plan de Paris vers 1530 Braun Paris St-Victor
Carte montrant l'abbaye Saint-Victor de Paris et le quartier environnant, 1530.
La bibliothèque de l'Abbaye Saint-Victor (illustration d'Albert Robida).

La bibliothèque de l'abbaye de Saint-Victor ou « librairie de Saint-Victor »[note 1],[2] est une bibliothèque qui apparaît au chapitre VII de Pantagruel de François Rabelais et dont le catalogue (« repertoyre » dans le texte original) se compose de livres imaginaires. Ses titres se présentent comme une satire de la scolastique et des positions anti-humanistes prônées par la bien réelle l'abbaye Saint-Victor de Paris. Cette dernière possédait une bibliothèque dont le catalogue a été établi par Claude de Grandrue en deux volumes parus en 1513 et 1514[3]. Rabelais a sans doute choisi cette abbaye pour sa réputation car il n'est pas certain qu'il s'y soit réellement rendu ni n'ait eu connaissance de son catalogue[4].

C'est sous la forme d'une digression de fin de chapitre qu'est donné le catalogue, en une liste désordonnée de titres écrits en français et en latin macaronique. Le nombre de titres augmente d'une version du texte à une autre, passant de 42 dans l'édition originale à 139 dans l'édition de 1542, ce qui en fait un des passages de Pantagruel les plus retravaillés par Rabelais[P 1].

Cette bibliothèque fictive connaît une postérité importante dès le XVIe siècle. Elle est aujourd'hui une référence dans le genre des bibliothèques imaginaires en littérature[5],[6].

Catalogue[modifier | modifier le code]

Le catalogue de la bibliothèque est l'un des textes qui varie le plus au fil des rééditions de Pantagruel : toutes celles retravaillées par Rabelais contiennent des titres supplémentaires[P 1],[7]. L'édition originale, publiée par Claude Nourry à Lyon, présente 42 titres. Dans une édition intermédiaire inconnue publiée entre celle-ci et les éditions de François Juste publiées en 1533 et 1534 auraient été ajoutés 13 titres au catalogue[P 2], dont deux disparaitront ultérieurement[P 3]. L'édition de François Juste de 1534 compte quant à elle 72 nouveaux titres[P 2],[8]. Puis, l'édition de 1537 voit s'ajouter huit titres, et celle de 1542 six titres[P 3],[9]. Cette dernière édition compte 139 titres ; 52 sont composés en latin macaronique et 87 en moyen français.

Catalogue de la bibliothèque de l'Abbaye de Saint-Victor au fil des versions
Numéro Titre de l'édition Marty-Laveaux, 1868[P 4] Date de publication[10] Traduction des titres par Paul Lacroix[11]
1 Bigua Salutis Édition originale (É.O.) Le Bigue du salut
2 Bragueta Juris É.O. La Braguette du Droit
3 Pantofla Decretorum É.O. La Pantoufle des Décrets
4 Malogranatum Vitiorum É.O. La Pomme de Grenade des vices
5 Le Peloton de Theologie É.O.
6 Le Vistempenard des Prescheurs, composé par Turelupin É.O.
7 Le Couillebarine des Preux É.O.
8 Les Hanebanes des Evesques É.O.
9 Marmotretus de Baboinis et Cingis, cum commento d'Orbellis É.O. Marmotret, sur les babouins et signes, avec un commentaire d'Orbellis
10 Decretum Universitatis Parisiensis super gorgiasitate muliercularum ad placitum É.O. Décret de l'Université de Paris contre le luxe des habits que portent les femmes de plaisir
11 L'Apparition de saincte Geltrude à une nonnain de Poissy estant en mal d'enfant É.O.
12 Ars honeste petandi in societate, per M. Ortuinum É.O. L'Art de péter honnêtement en compagnie, par maître Ortwin
13 Le Moustardier de Penitence É.O.
14 Les Houseaulx, alias les Bottes de Patience É.O.
15 Formicarium Artium É.O. La Fourmilière des arts
16 De brodiorum usu et honestate chopinandi, per Silvestrem Prieratem, Jacospinum 1533 De l'Usage des jus de viande et de l'honnêteté de chopiner, par Silvestre de Prieras, Jacobin
17 Le Beliné en Court 1533
18 Le Cabat des Notaires É.O.
19 Le Pacquet de Mariage É.O.
20 Le Creziou de Contemplation É.O.
21 Les Faribolles de Droict É.O.
22 L'Aguillon de vin É.O.
23 L'Esperon de fromaige É.O.
24 Decrotatorium Scholarium É.O. Le Décrottoir des Écoles
25 Tartarerus, De modo cacandi É.O. Tarteret, sur la manière de faire caca
26 Les Fanfares de Rome 1533
27 Bricot, De differentiis soupparum É.O. Bricot, sur les différences des soupes
28 Le Culot de Discipline É.O.
29 La Savate de Humilité É.O.
30 Le Tripier de bon Pensement É.O.
31 Le Chaudron de Magnanimité É.O.
32 Les Hanicrochemens des Confesseurs 1537
33 La Croquignolle des Curés 1537
34 Reverendi Patris Fratris Lubini, Provincialis Bavardie, De croquendis lardonibus libri tres 1537 Du révérend Père frère Lubin, provincial de Bavarderie, Sur les lardons à croquer, trois livres
35 Pasquili, Doctoris marmorei, De capreolis cum chardoneta comedendis, tempore papali ab Ecclesia interdicto 1537 Pasquin, docteur en marbre, Sur les chevreaux à manger à la chardonnette, dans le temps pascal interdit par l'Église
36 L'Invention Saincte Croix, à six personnaiges, jouée par les clercs de Finesse 1537
37 Les Lunettes des Romipetes É.O.
38 Maioris, De modio faciendi boudinos É.O. Major, Sur la manière de faire des boudins.
39 La Cornemuse des Prelatz É.O.
40 Beda, De optimitate tripatum É.O. Beda, De l'excellence des tripes
41 La Complainte des Advocatz sus la Reformation des Dragées 1533
42 Le Chat fourré des Procureurs 1534
43 Des Poys au lart, cum commento[note 2] 1533
44 La Profiterolle des Indulgences 1533
X [Aristotelis libri novem de modo dicendi horas canonicas][13] Ajouté dans l'édition de 1533 puis retiré dans celle de 1534 D'Aristote, neuf livres sur la manière de dire les heures canoniales.
X [Jabolenus, De cosmographia purgatorii][14] Ajouté dans l'édition de 1533 puis retiré dans celle de 1542 De la Cosmographie du Purgatoire, par Jabolenus
45 Praeclarissimi Juris Utriusque Doctoris Maistre Pilloti Racquedenari, De bobelinandis Glosse Accursiane baguenaudis Repetitio enucidiluculidissima 1534 Du très-illustre docteur en l'un et l'autre Droit, maistre Pillot Raquedenare, Sur les baguenaudes de la Glose d'Accurse à repetasser, nouvelle œuvre très-élucidée
46 Stratagemata Francarchieri de Baignolet 1534 Les Stratagèmes du Franc-Archer de Bagnolet
47 Franctopinus, De re militari, cum figuris Tevoti 1534 Franc Taupin, De l'Art militaire, avec figure de Tevot
48 De usu et utilitate escorchandi equos et equas, autore M. nostro de Quebecu 1534 De l'usage et de l'utilité d'écorcher les chevaux et les cavales, par notre maïstre de Quebecu
49 La Rustrie des Prestolans 1534 La bêtise des Juges de village
50 M. n. Rostocostojambedanesse, De moustarda post prandium servienda lib. quatuordecim, apostilati per M. Vaurrillonis 1534 De notre maître Roticuitjambedanesse, Sur la moutarde à servir après dîner, quatorze livres apostillés par maître Vaurrillon
51 Le Couillaige des Promoteurs 1534
52 Questio subtillissima, utrum Chimera, in vacuo bombinans, possit comedere secundas intentiones, et fuit debatuta per decem hebdomadas in concilio Constantiensi 1533 Question très subtile, savoir si la Chimère, bourdonnant dans le vide, peut manger les secondes intentions ; laquelle fut débattue pendant dix semaines dans le concile de Constance
53 Le Maschefain des Advocatz É.O.
54 Barbouilamenta Scoti 1533 Les Barbouillages de Scot
55 Le Ratepenade des Cardinaulx 1533
56 De calcaribus removendis decades undecim, per M. Albericum de Rosata 1534 Sur la manière d'éloigner les éperons, onze decades, par Alberic de Rosata
57 Ejusdem, De castrametandis crinibus, lib. tres 1534 Du même, Sur la castramétation des cheveux, trois livres
58 L'Entrée de Anthoine de Leive ès terres du Bresil 1537
59 Marforii Bacalarii cubantis Rome, de pelendis mascarendisque Cardinalium mulis 1537 De Marforio, bachelier gisant à Rome, Sur la manière de housser et de masquer les mules des cardinaux
60 Apologie d'icelluy, contre ceulx qui disent que la Mule du Pape ne mange qu'à ses heures 1537
61 Pronostication que incipit Silvi Triquebille balata per M. n. Songecrusyon 1537 Pronostication qui commence par : Sylvii Triquebille, mise en ballade par notre maître Songecrusyon.
62 Boudarini, episcopi, De emulgentiarum profectibus enneades novem, cum privilegio Papali ad triennium, et postea non 1534 De Boudarin, évêque, Sur les profits des émulgences, avec privil[è]ge du pape pour ans et ensuite non
63 Le Chiabrena des Pucelles[note 3] 1534 Les Simagrées des Filles
64 Le Cul pelé des Vefves 1534
65 La Cocqueluche des Moines 1534
66 Les Brimborions des Padres Celestins 1542
67 Le Barrage de Manducité 1534
68 Le Clacquedent des Marroufles 1534
69 La Ratouère des Theologiens 1534
70 L'Ambouchouoir des Maistres en Ars 1534
71 Les Marmitons de Olcam à simple tonsure 1534
72 Magistri n. Fripesaulcetis, De grabellationibus horrarum canonicarum, lib. quadraginta 1534 De notre maître Frippe-Sauce, sur les grabelations des Heures canoniales, quarante livres
73 Cullebutatorium confratriarum, incerto autore 1534 Le Culbutatoire des Confrairies, par un auteur incertain
74 La Cabourne des Briffaulx 1534
75 Le Faguenat des Hespaignolz, supercoquelicanticqué par Frai Inigo 1534
76 La Barbotine des Marmiteux 1534
77 Poiltronismus rerum Italicarum, autore magistro Bruslefer 1534 Le Poltronisme des affaires d'Italie, par maître Brûlefer
78 R. Lullius, De batisfolagiis Principium 1534 Raymond Lulle, Sur les batifolages des Princes
79 Callibistratorium Caffardie, actore M. Jacobo Hocstratem, hereticometra 1534 Le Callibistratoire de Caffardise, maître Jacques Hochstraten, héréticomètre
80 Chaultcouillons, de Magistro nostrandorum Magistro nostratorumque beuvetis, lib. octo gualantissimi 1534 De Chautcouillon, sur le Maître, maître de nos maîtres, et sur les buvettes desdits maîtres, huit livres très-galants
81 Les Petarrades des Bullistes, Copistes, Scripteurs, Abbreviateurs, Référendaires et Dataires, compillées par Regis 1534
82 Almanach perpetuel pour les Gouteux et Verollez 1534
83 Maneries ramonandi fournellos, per M. Eccium 1534 Les manières de ramoner les fourneaux, par maître Eckius
84 Le Poulermart des Marchans 1534
85 Les Aisez de Vie monachale 1534
86 La Gualimaffrée des Bigotz 1542
87 L'Histoire des Farfadetz 1542
88 La Belistrandie des Millesouldiers 1542
89 Les Happelourdes des Officiaux 1534
90 La Bauduffe des Thesauriers 1534
91 Badinatorium Sophistarum 1534 Le Badinatoire des Sophistes
92 Antipericatametanaparbeugedamphicribrationes merdicantium 1534 Les subtilités infinies de la scolastique des Frères Mineurs
93 Le Lymasson des Rimasseurs 1534
94 Le Boutavent des Alchymistes 1534
95 La Nicquenocque des Questeurs, cababezacée par frère Serratis 1534
96 Les Entraves de Religion 1534
97 La Racquette des Brimbaleurs 1534
98 L'Acodouoir de Vieillesse 1534
99 La Muselière de Noblesse 1534
100 La Patenostre du Cinge 1534
101 Les Grezillons de Devotion 1534
102 La Marmite des Quatre Temps 1534
103 Le Mortier de Vie politicque 1534
104 Le Mouschet des Hermites 1534
105 La Barbute des Penitenciers 1534
106 Le Tric trac des Freres Frapars 1534
107 Lourdaudus, De vita et honestate Braguardorum 1534 Lourdaud, Sur la vie et l'honnêteté des Braguards
108 Lyripipii Sorbonici moralisationes, per M. Lupoldum 1534 Sur le liripipion sorbonnique, Moralisations, par maître Lupolde
109 Les Brimbelettes des Voyageurs 1534
110 Les Potingues des Evesques potatifz 1534 Les Buveries des évêques in partibus.
111 Tarraballationes Doctorum Coloniensium adversus Reuchlin 1534 Les Tarrabalations des docteurs de Cologne contre Reuchlin
112 Les Cymbales des Dames 1534
113 La Martingalle des Fianteurs 1542
114 Virevoustatorum Nacquettorum, per F. Pedebilletis 1542 Le Virevoutoire des laquais, par frère de Piedbillettes
115 Les Bobelins de Franc Couraige 1534
116 La Mommerie des Rebatz et Lutins 1534
117 Gerson, De Auferibilitate Pape ab Ecclesia 1534 Gerson, De la déposition du pape par l'Église
118 La Ramasse des Nommez et Graduez 1534
119 Jo. Dytebrodii, De terribiliditate excommunicationum libellus acephalos 1534 De Jean Dytebrode, sur les terribles effets des excommunications, petit livre sans titre ou sans préface
120 Ingeniositas invocandi Diabolos et Diabolas, per M. Guinguolfum 1534 Ingénieuse manière d'invoquer les diables et les diablesses, par maître Gengolf
121 Le Hoschepot des Perpetuons 1534 Le Pot-Pourri des moines
122 La Morisque des Hereticques 1534
123 Les Henilles de Gaïetan 1534
124 Moillegroin, doctoris cherubici, De origine patepelutarum et torticollorum ritibus, lib. septem 1534 De Mouillegrouin, docteur chérubique, Sur l'origine des Patespelues et sur les usages des Torticollis, sept livres
125 Soixante et neuf Breviaires de haulte gresse 1534
126 Le Godemarre des cinq Ordres des Mendians 1533
127 La Pelletiere des Tyrelupins, extraicte de la Bote fauve incornifistibulée en la Somme Angelicque 1534 La doctrine de la secte des Turlupins, extraite du commentaire de saint Thomas, sur Boèce, introduit dans la Somme angélique
128 Le Ravasseur des Cas de conscience É.O.
129 La Bedondaine des Presidens 1534
130 Le Vietdazouer des Abbez É.O.
131 Sutoris, adversus quendam, qui vocaverat eum fripponnatorem, et quod Fripponnatores non sunt damnati ab Ecclesia É.O. Cousturier, Contre un quidam qui l'avait appelé fripon, et pour prouver que les fripons ne sont pas damnés par l'Église
132 Cacatorium medicorum É.O. le Cacatoire des Médecins
133 Le Rammonneur d'astrologie É.O.
134 Campi Clysteriorum, per S. C. 1542 Le Champ des Clystères, par S[ymphorien] C[hampier]
135 Le Tyrepet des apothecaires É.O.
136 Le Baisecul de chirurgie É.O.
137 Justinianus, De Cagotis tollendis É.O. Justinien, Sur les cagots qu'il faut supprimer
138 Antidotarium anime É.O. L'Antidotaire de l'Ame
139 Merlinus Coccaius, De Patria Diabolorum É.O. Merlin Coccaie, De la patrie des Diables

Analyse[modifier | modifier le code]

« L'expérience du monde est une explosion d'images, d'idées, de clins d'œil à d'autres livres. »[P 7]

— Marie-Madeleine Fragonard

Place du catalogue dans Pantagruel[modifier | modifier le code]

Les livres de l'abbaye de Saint-Victor sont évoqués alors que Pantagruel parfait son éducation. Après un tour des universités de province (Poitiers, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Bourges, Orléans ; ch. V), Pantagruel se rend à Paris. Il y fait la rencontre de l'écolier Limousin (ch. VI) dont la langue, ridiculement truffée de latinisme, lui est incompréhensible. Après être retourné à Orléans il revient à Paris (ch. VII) où le catalogue de la bibliothèque est donné au détour d'une phrase, à la façon d'une digression : avant d'être mentionnées à la toute fin du chapitre, l'abbaye et sa bibliothèque n'ont joué aucun rôle. Ainsi l'apparition d'un tel catalogue est énigmatique, car il est contextualisé uniquement par les deux phrases qui l'encadrent[15] :

« Et trouva la librairie de sainct Victor fort magnificque, mesmement d’aulcuns livres qu’il y trouva desquelz s’ensuit le repertoyre[note 4], et primo.

[…]

Desquelz aulcuns sont jà imprimez, et les aultres l'on Imprime maintenant en ceste noble ville de Tubinge. »[P 9]

Dans les premières éditions du texte, la présentation des titres se fait d'abord sous la forme d'un seul paragraphe, les uns étant écrits à la suite des autres et séparés par une barre oblique. C'est à partir de l'édition de 1537, dont l'impression est attribuée à Denis de Harsy, que le catalogue est mis en forme à la façon d'une liste, un retour à la ligne séparant chacun des titres[8]. Cela clarifie la division des titres entre eux, la liste initiale pouvant être confuse. Il en résulte une augmentation de l'espace d'impression dédié, ce qui accroît le coût de production du livre ; augmentation permise par le succès commercial de l'œuvre[16]. De plus, cette présentation graphique — dont l'initiative revient probablement à l'imprimeur de Rabelais —, rompant avec l'homogénéité du reste du texte, lui donne d'autant plus de visibilité. Si la lecture de chacun des items s'en trouve facilitée, l'énumération suggère une multitude d'ouvrages possibles. La liste se présente d'autant plus comme un obstacle à la linéarité du récit ; cet arrêt dans la continuité du récit est à rapprocher de l'état de stagnation et de ruine de la science qu'elle critique[17].

Étudiant vieilli par ses lectures (illustration d'Ablert Robida)

Le texte parodie en premier lieu une forme préexistante, puisque le catalogue de la bibliothèque de abbaye Saint-Victor de Paris existe réellement, et a été dressé par Claude de Grandrue en deux volumes parus en 1513 et 1514[3],[18]. De catalogues ordonnés alphabétiquement et thématiquement, Rabelais propose une liste d'apparence chaotique, alternant différentes langues (français et latin macaronique) et jouant sur des similitudes syntaxiques et sonores[19]. Rabelais vise spécifiquement l'abbaye Saint-Victor de Paris pour son hostilité à l'Humanisme et à Érasme ; il n'est toutefois pas certain qu'il se soit rendu réellement dans la bibliothèque, et les livres de l'abbaye qui sont parvenus jusqu'à nous montrent qu'ils n'ont pas eu d'influence sur l'écriture de l'auteur[4].

Si la liste possède ici un nombre fini de livres, l'infini potentiel de la liste est suggéré d'une part par les ajouts parfois conséquents du nombre de titres d'une édition du texte à une autre, de l'autre par la phrase d'ouverture. Cette dernière présente en effet la liste des livres que Pantagruel « trouva », et qui ne représente peut-être qu'une partie de tous ceux que la bibliothèque contient[20].

Il est aussi à noter que la phrase de conclusion suggère que certains livres de la bibliothèque ont fait l'objet d'une impression. Ce qui signifie que lorsque Pantagruel la visite, ces livres sont en réalité des manuscrits. De tels ouvrages sont connotés négativement : c'est le signe qu'ils renferment un savoir daté, obscur et imparfait, alors que Rabelais vit à une époque où l'imprimé est déjà une norme et un gage de qualité[21]. La mention de la ville de « Tubinge » (Tübingen, Allemagne) comme lieu d'impression des livres de la bibliothèque de l'abbaye a fait l'objet d'interprétations diverses : Leo Spitzer l'envisage comme un retour à la réalité après toutes les fictions suggérées par les titres ; Paul Lacroix insiste sur le fait que la production imprimée de « Tubinge » doit être entendue comme négligeable en regard de celles de Lyon ou Strasbourg à la même époque ; Lucien Lebvre y voit la manifestation de l'intérêt de Rabelais pour « le drame des Allemagnes » ; Karl Steiff (de), dans son étude consacrée à l'histoire de l'imprimerie à Tübingen, considère la mention de cette ville comme ironique, alors qu'émerge une tendance anti-réforme qui s'éloigne de l'humanisme[22]. Au croisement de ces diverses approches, Floyd Gray postule que c'est « moins sur la ville de Tubinge et ses imprimeurs que sur une certaine indécision dans la direction que prenait l'imprimerie elle-même que Rabelais entend attirer notre attention. […] Entre autres choses donc, ce chapitre tourne sur l'évènement-charnière qu'est l'avènement de l'imprimé et la disparition du manuscrit tout en visant la politique des imprimeries qui, au lieu de favoriser les ouvrages humanistes, peu ou pas rentables, continuaient à publier des livres à gros tirage de piété ou de propagande.[23] »

Formes et fonctions d'une bibliothèque imaginaire[modifier | modifier le code]

Paul Lacroix : une satire humaniste ancrée dans le réel ?[modifier | modifier le code]

Rats dévorant un livre (illustration de Gustave Doré)

« Il n'y a rien qui vaille dans la Bibliothèque de S. Victor à Paris : ce n'est pas sans cause que Rabelais s'en mocque. »[24]

— Joseph Juste Scaliger, Scaligerana

Dans son étude consacrée au catalogue de la bibliothèque de Saint-Victor, Paul Lacroix développe l'hypothèse selon laquelle, en plus de leur nature satirique, Rabelais a construit les titres de cette bibliothèques en référence à des livres préexistant[25]. Il liste ainsi chacune des correspondances qu'il a cru déceler. Il définit ce trait comme caractéristique de la bibliothèque rabelaisienne, et reproche à ses imitateurs de n'avoir procédé de même dans l'invention de bibliothèques imaginaires. Cette interprétation du texte est aujourd'hui remise en cause[26].

« Ce qu'il y a de réel derrière chaque titre, c'est moins le souvenir de tel ou tel livre que l'idée ou l'idéal humaniste d'un bon livre, en bon latin, sur un sujet autre que scolastique. »[27]

— Floyd Gray, Rabelais et le comique du discontinu

Dans une version antérieure de son étude, Lacroix a même soutenu que Rabelais était l'auteur des catalogues de 1513 et 1514, dont il était pourtant reconnu qu'ils avaient été établis par Grandrue[28].

Une liste éparse et ludique[modifier | modifier le code]

« Pour [Rabelais], chaque titre facétieux est une nouvelle aventure linguistique ; pour le lecteur, il s'agit plutôt d'un jeu de patience. Ces titres, alignés les une après les autres, signifient par leur monotonie ; sur le plan sémantique, ils figurent la science indigeste, un exemple à éviter. »[P 10]

— Floyd Gray

Le déroulement du catalogue au sein du chapitre VII recourt à l'effet de liste. Sous l'apparence d'une accumulation désordonnés[29], différentes séries de titres se succèdent en une alternance de construction et de langue. Dans l'article qu'elle consacre à ce chapitre, Anne-Pascale Pouey-Mounou démontre que sous l'apparence de l'alternance des langues (moyen français et latin macaronique), « les auteurs de ces ‘beaulx livres’ pensent en français […]. Or, penser en français et parler en latin, c’est avoir quelque chose à cacher : le jeu français-latin dénonce […] le primat des préoccupations matérielles sous les propos spirituels.[30] ».

Ainsi, par son hétérogénéité, son potentiel de charge se trouve diffus, dilué : Rabelais disperse les attaques au fil des enrichissements. Noyés dans une longue liste, les sujets sont à peine évoqués, ce qui réduit leur importance[31]. Cette absence de régularité crée une rupture incessante qui pallie l'éventuelle monotonie que produirait une si longue liste ; cela permet de surmonter la difficulté de lecture, et donc l'ennui du lecteur[32],[33]. Aucune place n'est faite à un commentaire du livre, ou tout autre élément descriptif qui permettrait d'en savoir plus sur leur contenu, ce qui est le signe d'une condamnation : les titres parlent d'eux-mêmes. Par son contenu et sa construction, la liste est déjouée dans son utilité même : plutôt que de rassembler et d'ordonner des connaissances, elle montre le ridicule d'un savoir hypertrophié. Si la forme de la liste maintient l'illusion d'un ordre, la fonctionnalité du catalogue est en réalité réduite à néant[34].

La satire des titres créés par Rabelais vise tout autant des groupes de personnes que des individus particuliers (46 titres comportent des noms propres)[35]. Leur nature comique provient du mélange de préoccupations hautes — associés à l'esprit, le savoir, la connaissance — et basses — liées au corps, et plus précisément à l'obscène et au scatologique[36].

Influences[modifier | modifier le code]

Ce chapitre peut renvoyer aux farces et aux sotties médiévales. La forme de certains titres et leur nature parodique évoquent la Farce joyeuse du vendeur de livre à trois personnages (1515)[note 5],[37]. Rabelais a aussi pu s'inspirer de la Sottie des Coppieurs et Lardeurs, particulièrement des personnages de l’Écumeur de latin[38] et de Teste Creuse[39],[note 6].

Le catalogue évoque certains auteurs bien réels que l'on retrouve également dans ces ouvrages : quatre apparaissent dans La Farce des Théologastres[note 7], trois dans Lettres des hommes obscurs d'Ulrich von Hutten, et cinq dans les deux textes[37]. Deux livres de la bibliothèque de Saint-Victor, ajoutés par Rabelais en 1534, sont des références à ces deux ouvrages : Tarraballationes Doctorum Coloniensium adversus Reuchlin et De Auferibilitate Pape ab Ecclesia[40].

Le faux latin de certains titres et la mention d'auteurs fictifs sont des références aux Lettres des hommes obscurs d'Ulrich von Hutten[41].

Comme le synthétise Jean Paris dans Rabelais au futur[42], le catalogue peut être classé en catégories de plus en plus fictives :

  • des livres réels publiés par des auteurs réels :
  • des livres réels sans précision d'auteur :
    • no 1 : Bigua salutis
    • no 4 : Malogranatum Vitiorum
    • no 15 : Formicarium Artium
  • des livres réels aux titres déformés :
    • no 3 : Pantofla Decretorum
    • no 46 : Stratagemata Francarchieri de Baignolet
  • des auteurs réels aux titres douteux :
    • no 56 : De calcaribus removendis decades undecim, per M. Albericum de Rosata (Alberico da Rosciate, 1290-1360) ;
    • no 139 : Merlinus Coccaius, De Patria Diabolorum (Merlino Coccajo est le pseudonyme de Teofilo Folengo)
  • des auteurs réels aux livres imaginaires :
    • no 12 : Ars honeste petandi in societate, per M. Ortuinum (Hardouin de Graës (en), 1475-1542) ;
    • no 25 : Tartarerus, De modo cacandi (Pierre Tartaret) ;
    • no 40 : Beda, De optimitate tripatum (Noël Béda) ;
    • no 79 : Callibistratorium Caffardie, actore M. Jacobo Hocstratem, hereticometra (Jacques Hochstraten (en)).

Postérité[modifier | modifier le code]

Le catalogue de la bibliothèque de Saint-Victor a fait l'objet de nombreuses reprises.

Dans son Essai sur les bibliothèques imaginaires, Gustave Brunet liste 18 autres bibliothèques imaginaires dont il attribue « l'invention de ce genre de sarcasmes » à « l'Homère bouffon » qu'est François Rabelais[43].

Le dispositif littéraire de la bibliothèque imaginaire est ouvert : il permet à son auteur de l'investir par diverses préoccupations. Les titres qu'elle peut contenir ont souvent une fonction satirique (religieuse, politique ou personnelle), s'ancrant ainsi dans le contexte et l'époque propres à leur rédaction. L'efficacité et l'adaptabilité de ce dispositif a permis son réemploi et sa postérité[44].

Diffusion du genre par les traductions de l'œuvre[modifier | modifier le code]

La traduction de l'œuvre de Rabelais dès le XVIe siècle participe de la diffusion rapide du genre de la bibliothèque imaginaire.

À la fin des années 1550 Eduard de Dene crée la bibliothèque de Megaston Rondibellis qui compte 71 titres de livres imaginaires. Cette bibliothèque est contenue dans son ouvrage Testament rhetoricael. Parmi ces ouvrages, 19 sont des traductions de titres de la bibliothèque de Saint-Victor, d'autres sont des références à l'œuvre rabelaisienne[45]. Le nom de cette bibliothèque se réfère à « maistre Rondibilis » qui apparait aux chapitres XXIX à XXXIII du Tiers livre[46].

Une autre reprise est celle que fait Johann Fischart, traducteur de Rabelais vers l'allemand. Ses traductions de Gargantua et de la Pantagruéline prognostication se caractérisent par des allongements conséquents du texte original. Cependant Fischart ne traduit pas Pantagruel intégralement, et décide d'isoler le catalogue de l'abbaye de Saint-Victor dans un fascicule séparé. C'est ainsi qu'est imprimé à Strasbourg en 1590 son Catalogus Catalogorum perpetuo durabilis[47], intégralement en latin[48]. Satire du savoir encyclopédique, cet ouvrage est un catalogue de 527 titres qui imite et amplifie la liste rabelaisienne. Parmi ces titres, 137 sont directement empruntés à Rabelais. Fischart respecte l'ordre de la bibliothèque de Saint-Victor, tout en rajoutant de nouvelles références qu'il invente[45]. Ce livre est le premier catalogue de livres imaginaires imprimé de façon autonome[49].

Plus tard, un autre traducteur en allemand de Rabelais, Thomas Urquhart, traduit Gargantua et Pantagruel en 1653. Comme Fischart, Urquhart laisse les titres latins tels quel, sans les adapter ; il augmente lui aussi la liste de 4 titres[Lesquels ?] qu'il invente[50].

Dans la littérature[modifier | modifier le code]

  • Dans le livre The catalog of lost books, Tad Tuleja explique que le texte complet des 139 livres de la bibliothèque de Saint-Victor a été retrouvé en 1968 dans un manuscrit intitullé Biblia Abiblia, caché dans une salle dissimulée de la crypte de l'université de la Sorbonne[51].
  • Dans le roman Baudolino d'Umberto Eco le héros attribue à l'abbaye de Saint-Victor la possession de plusieurs manuscrits qui seront plus tard cités par Rabelais dans son roman. Parmi eux, le titre De optimitate triparum n'est plus attribué à Noël Béda, mais à Bède le Vénéréble[52].
  • Alberto Manguel, consacre aux bibliothèques imaginaires un chapitre de son livre La Bibliothèque, la nuit[53].

« La bibliothèque que Rabelais invente est sans doute la première « bibliothèque imaginaire » de la littérature. Elle est […] une satire du monde savant et monastique mais, surtout, elle offre au lecteur le plaisir d’imaginer les arguments et les intrigues sous les titres bouffons. Dans une autre de ses abbayes, celle de Thélème, Rabelais a inscrit la devise Fays ce que vouldras ; sur sa bibliothèque de Saint-Victor, il aurait pu écrire Lys ce que vouldras. J’ai inscrit ces mots au-dessus de l’une des portes de la mienne. »

— Alberto Manguel, La Bibliothèque, la nuit

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Librairie signifie bibliothèque en moyen français[1].
  2. Rabelais attribuera à lui-même l'écriture de ce livre dans le prologue qu'il donne de Gargantua[12].

    « À quel propos, en voustre advis, tend ce prelude, et coup d’essay ? Par autant que vous mes bons disciples, et quelques aultres foulz de sejour lisans les joyeux tiltres d’aulcuns livres de nostre invention, comme Gargantua, Pantagruel, Fessepinte, La dignité des braguettes, Des poys au lard cum commento, etc. jugez trop facillement ne estre au dedans traicté que mocqueries, folateries, et menteries joyeuses : veu que l’ensigne exteriore (c’est le tiltre), sans plus avant enquerir, est communement receu à derision et gaudisserie[P 5]. »

  3. Ce titre est cité à nouveau dans Le Tiers livre, au chapitre VIII, suivi d'un extrait :

    « D’icelle sont escriptz ces vers on tiers livre du Chiabrena des pucelles.
    Celle qui veid son mary tout armé, Fors la braguette, aller à l’escarmouche,
    Luy dist. “Amy, de paour qu’on ne vous touche,
    Armez cela, qui est le plus aymé”.
    Quoy ? tel conseil doibt il estre blasmé ?
    Je diz que non : car sa paour la plus grande
    De perdre estoit, le voyant animé,
    Le bon morceau, dont elle estoit friande.[P 6] »

  4. Le terme de « repertoyre » (répertoire) pour désigner la liste des livres est ajouté par Rabelais en 1537, dans l'édition de François Juste[P 8].
  5. Le vendeur de livre sur Sotties et Farces du XVe et XVIe siècle.
  6. Les Coppieurs et Lardeurs sur Sotties et Farces du XVe et XVIe siècle.
  7. La Farce des théologastres sur Gallica.

Références[modifier | modifier le code]

Éditions de Pantagruel

  1. a et b Pléiade, p. note 1 p. 1232.
  2. a et b Pléiade, p. 1231.
  3. a et b Pléiade, p. note 6 p. 1260 appelée p. 235.
  4. François Rabelais, Les œuvres de Maistre François Rabelais : accompagnées d'une notice sur sa vie et ses ouvrages, d'une étude bibliographique, de variantes, d'un commentaire, d'une table des noms propres et d'un glossaire par Ch. Marty-Laveaux, vol. I, Paris, A. Lemerre, (lire sur Wikisource, lire en ligne), p. 245-251
  5. Quarto, p. 160.
  6. Quarto, p. 665-666.
  7. Quarto, p. 160
  8. Pléiade, p. 236, variante g.
  9. Quarto, p. 444-456
  10. François Rabelais (introd., textes et notes par Floyd Gray), Pantagruel, Paris, Honoré Champion, coll. « Textes de la Renaissance » (no 12), (ISBN 2-85203-686-X), p. 30

Références

  1. « Librairie », sur Dictionnaire du Moyen Français (DMF)
  2. François Rabelais, Pantagruel, chapitre VII, sur Wikisource.
  3. a et b (la) Claude de Grandrue, Catalogue de la bibliothèque de Saint-Victor, par Claude de Grandrue (lire en ligne).
    Voir la réédition : Claude de Grandrue (Gilbert Ouy (éd.), Veronika Gerz-von Büren (éd.)), Le Catalogue de la Bibliothèque de l'Abbaye de Saint-Victor de Paris de Claude de Grandrue : 1514, Paris, Éditions du C.N.R.S., , 733 p. (ISBN 2-222-02298-3)
  4. a et b Gray 1994, p. 84-85.
  5. Cappellen 2013, p. 170.

    « Avec ce répertoire, la liste livresque rabelaisienne donne naissance à un genre dont la filiation sera multiple. Il inaugure une étendue de possibles allant de la farce au pamphlet dont plusieurs auteurs s'inspireront. »

  6. Pouey-Mounou 2020, p. 32, 34.
  7. Cappellen 2013, p. 165.
  8. a et b Nicolas Le Cadet, « Pantagruel », sur Association d’Études sur la Renaissance, l’Humanisme et la Réforme (consulté le )
  9. Cappellen 2013, p. 164-165.
  10. Pouey-Mounou 2020, p. 49-54.
  11. Lacroix 1862, p. 49-294.
  12. Pouey-Mounou 2020, p. 35.
  13. Lacroix 1862, p. 119.
  14. Lacroix 1862, p. 133.
  15. Cappellen 2013, p. 164.
  16. Cappellen 2013, p. 167-168.

    « En 1537 et 1542, le succès de Pantagruel est avéré, les rééditions ont été nombreuses dans la décennie qui précède, François Juste et Denis de Harsy pouvaient donc présenter une édition plus onéreuse en étant certains de rentrer dans leurs frais. »

  17. Gray 1994, p. 83.
  18. Cappellen 2013, p. 163.
  19. Anthology, p. 9.
  20. Anthology, p. 14.
  21. Anthology, p. 10-11.
  22. Gray 1994, p. 94-97.
  23. Gray 1994, p. 98-99.
  24. Joseph-Juste Scaliger, Scaligerana, [Rouen], (lire en ligne), p. 33
  25. Lacroix 1862, p. X.

    « Nous sommes arrivé, au contraire, à cette certitude bien établie, que Rabelais, inventant, ou plutôt en travestissant un titre de livre, a toujours eu sous les yeux ou dans la pensée un livre imprimé ou manuscrit, sinon plusieurs à la fois, comme point de départ. »

  26. Moreau 1988, p. 39.

    « On reconnaît là une méthode qui a été souvent pratiquée par les commentateurs de Rabelais — la recherche systématique, sous la fantaisie, d'allusions à la réalité — , et l'on sait que cette méthode […] n'a pas fini de susciter des polémiques »

  27. Gray 1994, p. 89-90.
  28. Gray 1994, p. 86.
  29. Cappellen 2013, p. 165.

    « On a souvent fait remarquer l'organisation chaotique de ce répertoire. Or il est nécessaire de remarquer que si la liste est désordonnée, Rabelais agence assez précisément ce désordre. »

  30. Anthology, p. 37.
  31. Cappellen 2013, p. 170.

    « La liste rabelaisienne procède par dissémination : les auteurs visés ne sont jamais regroupés, et l'amplification du chapitre au cours des rééditions ne fait que distendre leur présence. »

  32. Anthology, p. 193.
  33. Pouey-Mounou, Smith 2020, p. 14. Anthology
  34. Gray 1994, p. 90-94.
  35. Anthology, p. 194.
  36. Anthology, p. 17.
  37. a et b Cappellen 2013, p. 169.
  38. Eugénie Droz, Le recueil Trepperel : Les Sotties, Paris, Librairie E. Droz, coll. « Bibliothèque de la Société des historiens du théâtre » (no 8), (BNF 32045859), p. 149 :

    « L'Escumeur […] parle comme il parlera encore, quarante ans plus tard, chez Rabelais. »

  39. Pouey-Mounou 2020, p. note 4 p. 33.
  40. Cappellen 2013, p. 169-170.
  41. Pouey-Mounou 2020, p. 33-34, voir note n° 8.
  42. Jean Paris, Rabelais au futur, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Pierres vives » (no 4), , 256 p., « Le double et son théâtre », p. 149
  43. Lacroix 1862, p. 297.
  44. Anthology, p. 11.

    « The titles, individually and in the form of a list, constitute an ‘empty structure’ which welcomes all sorts of polemical material. […] Although the lists are defined primarily by their actuality (they were a sounding board of their time), their relatively stable form makes them a successful and lasting satirical instrument for all time. »

  45. a et b Cappellen 2013, p. 171.
  46. (en) Dirk Geirnaert, « Imitating Rabelais : Eduard de Dene », dans J. P. Smith, Éditer et traduire Rabelais à travers les âges, Amsterdam, Atlanta, Rodopi, coll. « Faux Titre » (no 127), (ISBN 90-420-0178-X), p. 66-100
  47. (la) Johann Fischart (Michael Schilling (dir.)), Catalogus catalogorum perpetuo durabilis (1590), Tübingen, M. Niemeyer, (ISBN 3-484-28046-8)
  48. Anthology, p. 18-19.
  49. Frédéric Barbier (dir.), Thierry Dubois (dir.) et Yann Sordet (dir.), De l’argile au nuage : une archéologie des catalogues IIe millénaire av. J.-C.-XXIe siècle, Paris, Éditions des Cendres, , 429 p. (ISBN 978-2-86742-230-0), « Un catalogue bien réel de livres imaginaires », p. 235-239 :

    « Dans le cas du Catalogus de Fischart […] l'impression autonome du catalogue confère à la démarche un principe de réalité, et donne à la supercherie une matérialité susceptible d'abuser, au moins quelques instants, le public. »

  50. Anthology, p. 20.
  51. (en) Tad Tuleja, The catalog of lost books : an annotated and seriously addled collection of great books that should have been written but never were, New-York, Fawcett Columbine, (lire en ligne), « The Unbook Book (1530s?) : Victor Boulemerd », p. 49-50
  52. Stéphane Mahieu, La bibliothèque invisible : catalogue des livres imaginaires, Paris, Éditions du Sandre, (ISBN 978-2-35821-098-0), p. 42-43
  53. Alberto Manguel, La Bibliothèque, la nuit, Arles/Montréal, Actes Sud/Leméac, (ISBN 2-7427-6316-3 et 2-7609-2614-1, lire en ligne Inscription nécessaire), chap. XIII (« L'imagination »), p. 245-263

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Éditions de Pantagruel[modifier | modifier le code]

  • [Pléiade] François Rabelais (Mireille Huchon (dir.)), Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade » (no 15), (1re éd. 1994) (ISBN 978-2-07-011340-8). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Quarto] François Rabelais (Marie-Madeleine Fragonard (dir.)), Les cinq livres des faits et dits de Gargantua et Pantagruel, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », , 1656 p. (ISBN 978-2-07-017772-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Corpus critique[modifier | modifier le code]

  • [Lacroix 1862] Paul Lacroix, Catalogue de la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Victor au seizième siècle : rédigé par François Rabelais ; commenté par le bibliophile Jacob et suivi d'un Essai sur les bibliothèques imaginaires par Gustave Brunet, Paris, J. Techener, (BNF 30711264, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Paul Albarèl, Quelques aperçus nouveaux sur la Bibliothèque Saint-Victor, , 33 p. (BNF 31706429)
  • [Moreau 1988] François Moreau, « La bibliothèque de l'Abbaye de Saint-Victor : (Pantagruel, chapitre VII) », Littératures, no 19,‎ , p. 37-42 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Barbara C. Bowen, « Saint-Victor, library of (P 7) », dans Elisabeth Chesney Zegura (dir.), The Rabelais encyclopedia, Westport, Greenwood Press, (ISBN 0-313-31034-3), p. 217-218
  • [Gray 1994] chap. 3 « La "librairie" de Saint-Victor », dans Floyd Gray, Rabelais et le comique du discontinu, Paris, Honoré Champion, (ISBN 2-85203-391-7), p. 83-105. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Dominique Poirel, « Une bibliothèque médiévale : la librairie « fort magnificque » de Saint-Victor », Littératures classiques, no 66,‎ , p. 27-38 (ISBN 978-2-908728-56-9, lire en ligne)
  • [Anthology] (fr + en) Anne-Pascale Pouey-Mounou (dir.) et Paul J. Smith (dir.), Early Modern Catalogues of Imaginary Books : A Scholarly Anthology, Leiden, Boston, Brill, coll. « Intersections » (no 66), (ISBN 978-90-04-41364-1, ISSN 1568-1181). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
    • [Pouey-Mounou 2020] Anne-Pascale Pouey-Mounou, chap. 2 « La Librairie de Saint-Victor et l’amplification créatrice », dans Anne-Pascale Pouey-Mounou, Paul J. Smith (dir.), Early Modern Catalogues of Imaginary Books : A Scholarly Anthology, Lieden, Boston, Brill, , p. 32-48. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Walter Stephens, « Les aventures curieuses des livres. L’imaginaire bibliographique après et avant Saint-Victor », Études rabelaisiennes, Genève, Droz, no 56 « Rabelais et l’hybridité des récits rabelaisiens »,‎ , p. 549-563 (ISBN 978-2-600-04731-9)
  • [Cappellen 2013] Raphaël Cappellen, « Rabelais et la bibliothèque imaginaire : Liste énigmatique et création générique », dans Sophie Milcent-Lawson, Michelle Lecolle et Raymond Michel (dir.), Liste et effet liste en littérature, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres » (no 59), , 628 p. (ISBN 978-2-8124-0993-6), p. 163-174. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Raphaël Cappellen, Paul J. Smith et Mireille Huchon (dir.), « Entre l'auteur et l'imprimeur : La forme-liste chez Rabelais », L'Année rabelaisienne, Paris, Classique Garnier,‎ , p. 121-144 (ISBN 978-2-406-06298-1, ISSN 2554-9111)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie des éditions de Pantagruel sur le site Association d’Études sur la Renaissance, l’Humanisme et la Réforme.