Aymon de Chissé l'Ancien
Évêque de Nice Diocèse de Nice | |
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Évêque de Grenoble Diocèse de Grenoble | |
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Gérard de Chissé |
Aymon de Chissé, mort le , est un prélat français de la fin du XIVe siècle et du début XVe siècle, évêque de Grenoble, sous le nom d’Aymon Ier, puis de Nice, sous le nom d’Aimond II. Il est l’un des quatre évêques issus de la famille de Chissé qui ont occupé le siège épiscopal de Grenoble pendant près d'un siècle.
Lors d'un colloque international (1980), l'historien Louis Binz l'appelle Aymon de Chissé le vieux pour le distinguer de son neveu, Aymon de Chissé, dit le jeune, avec qui il permute son siège de Grenoble pour Nice[1].
Biographie
Origines
La date de naissance d'Aymon (Aimon) de Chissé n'est pas précisément connue (Aymo de Chissiaco[2]), mais il semble être né vers le milieu du XIVe siècle, au château de Chissé, près de Sallanches[3]. Son père, Gérard de Chissé, est trésorier général de Savoie[3],[4].
Il est issu des seigneurs de Chissé, originaires de Faucigny, alors possession des dauphins de Viennois, et qui ont donné quatre évêques de Grenoble, entre 1337 et 1450[5],[6],[7],[8].
Il est le cousin de Rodolphe de Chissé, évêque de Grenoble (1350-1380), nommé archevêque-comte de Tarentaise et de François de Conzié, évêque de Grenoble (1380-1388)[9]. Il a pour neveu Aymon de Chissé, évêque de Nice, avec qui il permute de siège[10],[11].
Carrière ecclésiastique
Aymon est prieur de Megève (Megenta) lorsqu'il élu, en 1388, par le chapitre de Notre-Dame au trône épiscopal de Grenoble[3],[4], sous le nom d'Aymo Ier[2]. Son élection est confirmée par l'antipape Clément VII le [4]. Son activité est connue à travers les comptes rendus de ses visites pastorales ou encore la publication de statuts synodaux (Paravy, 1993).
Le pape « par une bulle du , [unit] le décanat de Savoie à la mense épiscopale de Grenoble »[4],[12].
Dès le mois de , Aymon entreprend d'unir le prieuré de Saint-Martin-de-Miséré (Montbonnot-Saint-Martin) à la prévôté de Montjoux (diocèse de Sion), ce que la médiéviste Anne Lemonde qualifie de « décision inouïe même quarante ans après la paix qui avait mis fin à plusieurs siècles d'affrontement delphino-savoyard »[9].
Il obtient du nouveau gouverneur du Dauphiné, Jacques de Montmaur, que ce dernier lui fasse hommage, en mars 1393[9],[13]. Cependant le contexte voit le recul du pouvoir épiscopal face à l'accroissement du pouvoir politique[13]. D’un fonctionnement de dyarchie, l'entrée dans le giron français fait évoluer l'équilibre des pouvoirs jusqu'à ce que, cinquante ans plus tard, l'un de ses successeurs prête hommage au dauphin[13].
Le prélat aime les arts et il fait construire dans le sanctuaire de la cathédrale un mausolée en sculpture gothique, destiné à recouvrir la dépouille mortelle des évêques de Grenoble. Durant son épiscopat, la première horloge publique de Grenoble est mise en service le [14] dans le clocher de l'église Saint-André. en 1424, Aymon de Chissé fait bâtir l'hôpital Notre-Dame dans la rue Chenoise à Grenoble.
Il parcourt inlassablement son diocèse en visites pastorales, avec une attention vigilante à la situation de son clergé comme en témoignent les procès verbaux de ces visites de 1399 à 1414[15]. Il rédige en 1415 les statuts synodaux, qui couronnent son œuvre réformatrice et pastorale[16]. Ces statuts comblent l'absence de guide où les curés de province puissent trouver des réponses à la fois élémentaires et fondamentales à leurs questions, et devient un véritable manuel du curé de paroisse d'une grande valeur[16],[17].
Le , il fonde l'hôpital Notre-Dame de Grenoble[18]. S'il se réserve l'administration, il précise qu'à sa mort l'hôpital relèvera des consuls de la ville[18],[19]. Il s'agit du dernier acte connu de l'évêque, souffrant[10].
Fin de vie
La santé d'Aymon de Chissé est fragile, elle ne lui permet plus de faire des visites pastorales[10]. C'est la raison de son absence au XVIe concile œcuménique de Constance[10].
L'historien Auguste Prudhomme (1888) indique, par ailleurs, que l'évêque souhaite « passer ses derniers jours sous un ciel plus clément »[10]. Il obtient alors l'autorisation par le pape Martin V, le , de permuter avec son neveu Aymon de Chissé, évêque de Nice[2],[10],[11].
Cependant, la peste est présente à Grenoble et dans la région à cette période, Aymon de Chissé s'est réfugié au château épiscopal de Saint-Hilaire-du-Touvet[10]. Le , le roi Charles VII, constatant la vacance du siège épiscopal, demande au Conseil delphinal de prendre des mesures[10].
Aymon de Chissé meurt le , probablement dans le château épiscopal[10], avant d'avoir pu occuper le siège de Nice[11]. L'auteur de l'Histoire des diocèses de France (1984) dédié à Nice résume son épiscopat, mais aussi celui de son neveu ainsi « Aimon Ier et Aimon II de Chissé qui ne laissent comme souvenir que leur nom »[20].
Notes et références
- Louis Binz, « Le népotisme de Clément VII et le diocèse de Genève », dans collectif, « Genèse et débuts du grand schisme d'Occident (1362-1394) », Colloque international tenu à Avignon 25-28 septembre 1978, Paris, Colloques internationaux de Centre national de la recherche scientifique, , 636 p., p. 107-123, p. 123.
- Étienne Le Camus, Ulysse Chevalier, Catalogue des évêques de Grenoble, Grenoble, Imprimerie de Prudhomme, , 24 p. (lire en ligne), p. 19-20.
- Abbé Charles Bellet, Un évêque au moyen âge; notice historique sur Aimon Ier de Chissé, évêque de Grenoble de 1388 à 1427, d'après des documents paléographiques inédits, Paris / Lyon, Piccard, , 127 p..
- Auguste Prudhomme, Histoire de Grenoble, Grenoble, A. Gratier, (lire en ligne), p. 225-226.
- Paravy, 1993, p. 86-89, « Les Chissé (1337-1450) ».
- Roubert, 1961, p. 113-115.
- Gustave de Rivoire de La Bâtie, Armorial de Dauphiné contenant les armoiries figurées de toutes les familles nobles et notables de cette province, accompagnées de notices généalogiques complétant les nobiliaires de Chorier et de Guy Allard, Lyon, Imprimerie Louis Perrin (réimpr. 1969 (Allier - Grenoble)) (1re éd. 1867), 821 p. (lire en ligne), p. 150.
- Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle (t.X. Cha-Chu.), t. 10, Évreux, impr. de C. Hérissey, (lire en ligne), p. 354.
- Anne Lemonde, Prince, seigneurs et Église à la fin du Moyen Âge. Les enjeux de pouvoir autour du prieuré de Saint-Martin-de-Miséré (XIIIe-XVe siècles), Grenoble, PUG, coll. « La Pierre et l'Ecrit », , 57-86 p. (lire en ligne), chap. 26.
- Auguste Prudhomme, Histoire de Grenoble, Grenoble, A. Gratier, (lire en ligne), p. 247.
- Paravy, 1993, p. 84-85.
- Chanoine François Trépier, Recherches historiques sur le décanat de Saint-André : pièces justificatives, t. 6, Chambéry, impr. Chatelain, coll. « Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie », , 712 p. (lire en ligne), p. 299-302.
- Paravy, 1993, p. 66.
- Gilbert Bouchard, L'histoire de l'Isère en BD, Éditions Glénat, tome 2, page 45.
- Archives Départementales de l'Isère, 4 G 254 et 4 G 255
- Bligny, 1979, p. 86 (lire en ligne).
- Paravy, 1993, p. 246.
- Auguste Prudhomme, Histoire de Grenoble, Grenoble, A. Gratier, (lire en ligne), p. 245-246.
- Bligny, 1979, p. 90 (lire en ligne).
- Hildesheimer, 1984, p. 47.
Voir aussi
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
- Bernard Bligny, Histoire des diocèses de France : Le diocèse de Grenoble, vol. 12, Paris, Éditions Beauchesne, , 350 p. (ISSN 0336-0539). .
- Françoise Hildesheimer (dir.), Histoire des diocèses de France : Les Diocèses de Nice et Monaco, Paris, Éditions Beauchesne, , 387 p. (ISBN 978-2-70101-095-3, lire en ligne), chap. 17. .
- Pierrette Paravy, De la chrétienté romaine à la Réforme en Dauphiné : Évêques, fidèles et déviants (vers 1340-vers 1530), Rome, Publications de l'École française de Rome, , 1584 p. (ISBN 2-7283-0296-0, lire en ligne). .
Articles connexes
Liens externes
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