Aye-aye
Daubentonia madagascariensis
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Classe | Mammalia |
Ordre | Primates |
Sous-ordre | Strepsirrhini |
EN A2cd+4cd : En danger
Statut CITES
L'aye-aye[1] (Daubentonia madagascariensis) est une espèce de primate strepsirrhinien qui vit à Madagascar. C'est la seule espèce du genre Daubentonia, lui-même seul membre de la famille des daubentonidés. Elle est considérée comme vulnérable à l'extinction selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Description
[modifier | modifier le code]Formule dentaire | |||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
mâchoire supérieure | |||||||
3 | 1 | 0 | 1 | 1 | 0 | 1 | 3 |
3 | 0 | 0 | 1 | 1 | 0 | 0 | 3 |
mâchoire inférieure | |||||||
Total : 18 | |||||||
L'aye-aye est le seul primate à avoir 18 dents |
L'aye-aye est un primate très particulier qui a des caractères dérivés nombreux et assez singuliers. Ses incisives rappellent celles des rongeurs, ses oreilles celles des chauve-souris et sa queue celle des écureuils. Enfin, il possède une adaptation particulière, le troisième doigt de la main est extrêmement allongé. Il a un mode de vie arboricole, ce qui le fait occuper une niche écologique voisine de celles des pics ou des écureuils sur les autres continents comme l'Europe.
Il mesure de 75 à 90 cm de long – dont 44 à 53 pour la queue – et pèse de 2 à 3 kg. Les deux sexes sont apparemment impossibles à identifier[2].
Il est insectivore et frugivore. Il déloge des larves d'insectes xylophages qu'il détecte en tapotant les troncs avec son doigt spécialisé et auxquelles il accède en élargissant les orifices en déchiquetant les couches supérieures avec ses incisives et qu'il déniche finalement avec son grand doigt muni d'une griffe. À d'autres périodes de l'année, c'est pour extraire le cœur spongieux des gales sur les branches d'Eugenia que son doigt spécialisé lui est utile.
C'est le seul primate à posséder 18 dents. En effet, les espèces du sous-ordre des strepsirrhini, dont l'aye-aye fait partie, possèdent généralement 36 dents (2 incisives, 1 canine, 3 prémolaires et 3 molaires par demi-mâchoire). Le Daubentonia est une exception et on assiste à une oligodontie (réduction importante du nombre de dents). En effet, celui-ci a perdu: 4 incisives, les 4 canines, et 10 prémolaires (4 au niveau de l'arcade supérieure, et 6 au niveau de l'arcade inférieure). Le Daubentonia ne présente plus de canine, ni de prémolaire au niveau de l'arcade dentaire inférieure.
L'aye-aye est un animal en général solitaire et nocturne, discret et difficile à observer.
Il construit des nids de feuilles généralement de forme ovoïde avec un trou d'une quinzaine de centimètres de diamètre dans les badamiers (Terminalia sp.), les hintsinas (Afzelia bijuga),les copaliers (Trachylobium verucosum), les manguiers, les litchis et les cocotiers, souvent très haut entre 10 et 15 m au-dessus du sol. Il possède fréquemment de deux à cinq nids[3].
La gestation de la femelle aye-aye est de 166 jours. Après sa naissance il doit rester environ un an avec sa mère.
Découverte, classification et taxinomie
[modifier | modifier le code]L'aye-aye a été décrit pour la première fois par Pierre Sonnerat dans son Voyage aux Indes orientales et à la Chine, publié en 1782. Le naturaliste allemand Johann Friedrich Gmelin le nomme Sciurus madagascariensis et le place donc parmi les écureuils (genre Sciurus). En 1795, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire propose de lui créer un genre particulier, qu'il nomme Daubentonia, en l'honneur de son mentor Louis Jean-Marie Daubenton. Georges Cuvier, pour qui l'aye-aye est un rongeur, renomme le genre en Cheiromys avec l'accord de Geoffroy, car « l'usage de donner des noms d'homme n'est point reçu en zoologie comme en botanique »[4].
Phylogénie
[modifier | modifier le code]Phylogénie des infra-ordres actuels de primates, d'après Perelman et al. (2011)[5] :
Primates |
| ||||||||||||||||||||||||
Sous-espèce
[modifier | modifier le code]- †Aye-Aye géant (Daubentonia madagascariensis robusta)
Répartition et habitat
[modifier | modifier le code]Il vit dans la forêt de Madagascar et dans les cavernes à flanc de montagnes.
L'aye-aye dans la culture malgache
[modifier | modifier le code]Daubentonia madagascariensis, appelé communément aye-aye par les populations locales, tient une place très particulière dans le bestiaire malgache. De multiples légendes courent sur cet animal aux mœurs nocturnes. Si le nombre d'individus a chuté au cours des dernières décennies, en revanche le mythe de l'animal maléfique s'est conservé, transmis de génération en génération. On considère ainsi qu'il porte malheur s'il apparaît dans ou aux abords des habitations et qu'il possède des pouvoirs de sorcellerie grâce à son majeur démesuré, dont se servent les devins.
L'aye-aye dans la culture internationale
[modifier | modifier le code]L'aye-aye est principalement présent dans les films d'animation Madagascar et Rango.
La franchise de jeux vidéos Pokémon lui a aussi dédié une de ses créatures, « Tag-Tag » (9e génération)[6].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Claire Harpet, Le Lémurien : du sacré et de la malédiction, L'Harmattan, Paris, 2000.
- (en) R.-A. Mittermeier et al., Lemurs of Madagascar, Tropical field book series, Conservation International, 2006 (2e éd.).
Galerie
[modifier | modifier le code]-
Scan 3D d'un crâne de aye-aye
Liens externes
[modifier | modifier le code]Infra-ordre Chiromyiformes
[modifier | modifier le code]- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Chiromyiformes Anthony and Coupin, 1931
- (en) Référence Animal Diversity Web : Chiromyiformes
- (en) Référence NCBI : Chiromyiformes (taxons inclus)
Famille Daubentoniidae
[modifier | modifier le code]- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Daubentoniidae Gray, 1863
- (en) Référence Catalogue of Life : Daubentoniidae Gray, 1863 (consulté le )
- (en) Référence Paleobiology Database : Daubentoniidae Gray 1863
- (fr) Référence CITES : taxon Daubentonia madagascariensis (sur le site du ministère français de l'Écologie) (consulté le )
- (fr + en) Référence ITIS : Daubentoniidae Gray, 1863
- (en) Référence Animal Diversity Web : Daubentoniidae
- (en) Référence NCBI : Daubentoniidae (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : taxon Daubentoniidae (consulté le )
- (fr + en) Référence CITES : famille Daubentoniidae (sur le site de l’UNEP-WCMC)
Genre Daubentonia
[modifier | modifier le code]- (en) Référence Catalogue of Life : Daubentonia É. Geoffroy Saint-Hilaire, 1795 (consulté le )
- (en) Référence Paleobiology Database : Daubentonia Geoffroy 1795
- (fr + en) Référence ITIS : Daubentonia É. Geoffroy Saint-Hilaire, 1795
- (en) Référence Animal Diversity Web : Daubentonia
- (en) Référence NCBI : Daubentonia (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : taxon Daubentonia (consulté le )
- (fr + en) Référence CITES : genre Daubentonia (sur le site de l’UNEP-WCMC)
- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Daubentonia É. Geoffroy, 1795
Espèce Daubentonia madagascariensis
[modifier | modifier le code]- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Daubentonia madagascariensis
- (fr + en) Référence ITIS : Daubentonia madagascariensis (Gmelin, 1788)
- (en) Référence Animal Diversity Web : Daubentonia madagascariensis
- (en) Référence NCBI : Daubentonia madagascariensis (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : espèce Daubentonia madagascariensis (Gmelin, 1788) (consulté le )
- (en) Référence CITES : espèce Daubentonia madagascariensis (Gmelin, 1788) (+ répartition sur Species+) (consulté le )
- (en) Référence Fonds documentaire ARKive : Daubentonia madagascariensis
- Fiche descriptive (en anglais)
Menaces et conservation
[modifier | modifier le code]Cette espèce est en danger d'extinction en raison de la déforestation mais est également victime de la chasse des Malgaches, beaucoup considérant l'animal comme un être maléfique[7].
Le aye-aye est une des dix-huit espèces de primates de Madagascar à avoir été incluse entre 2000 et 2020 dans la liste des 25 espèces de primates les plus menacées au monde (2016 ; 2018).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Annexes au Journal officiel des Communautés européennes du 18 décembre 2000. Lire en ligne.
- « http://www.tsimbazaza.com/lemur-house-tsimbazaza.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )
- Jean-Jacques Petter (préf. Yves Coppens, ill. François Desbordes), Primates, Nathan, , 256 p. (ISBN 978-2-09-260543-1), L'aye-aye, un primate différent des autres pages 84 à 91
- Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, Catalogue méthodique de la collection des mammifères, de la collection des oiseaux et des collections annexes : Catalogue des Primates, Paris, Gide et Baudry, , 96 p. (lire en ligne), p. 85
- (en) P. Perelman, W. E. Johnson, C. Roos, H. N. Seuánez, J. E. Horvath, M. A. M. Moreira, B. Kessing, J. Pontius, M. Roelke, Y. Rumpler, M. P. Schneider, A. Silva, S. J. O'Brien et J. Pecon-Slattery, « A molecular phylogeny of living primates », PLoS Genetics, vol. 7, no 3, , e1001342 (PMID 21436896, PMCID 3060065, DOI 10.1371/journal.pgen.1001342, lire en ligne)
- (en) « Grafaiai », sur bulbapedia.bulbagarden.net.
- Rédaction National Géographic, « L'aye-aye, l'étrange primate que l'on prenait pour un démon », sur National Geographic, (consulté le )