Amphibiens d'Australie

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Les espèces d'amphibiens originaires d'Australie sont toutes membres du sous-ordre des Neobatrachia qui forme le plus grand des sous-ordres des Anoures. Environ 230 espèces sur les 5 280 espèces du sous-ordre vivent en Australie et 93 % d'entre elles sont endémiques[1]. Comparée à celle d'autres continents, la diversité est faible. Elle est peut-être liée au climat d'un pays constitué pour sa plus grande part de zones semi-arides[2]. À signaler un amphibien importé volontairement et devenu invasif, le crapaud buffle, Rhinella marina.

Litoria phyllochroa est une espèce de grenouilles arboricoles courante dans les forêts orientales d'Australie.

Origine[modifier | modifier le code]

Le plus ancien fossile d'amphibien australien connu est Vieraella herbstii. L'espèce vivait avant la séparation du supercontinent Pangée en Gondwana et Laurasia il y a 180 Ma. Les fossiles de cette espèce sont datés de 188 à 213 Ma et sont présents sur plusieurs continents actuels[3], confirmant la théorie de la dérive des continents.

Certaines familles d'espèces sont restées très proches, en dépit de l'éloignement des continents. Ainsi la famille de grenouilles terrestres sud-américaine des Leptodactylidae est relativement proche de celle sud-africaine des Heleophrynidae, et de la famille australienne des Myobatrachidae[4].

Alors que les données suggèrent que les Hylidae, des grenouilles arboricoles, sont originaires de l'Amérique du Sud, on pense qu'elles ont émigré en Australie via l'Antarctique[5]. Les similitudes des mélanosomes entre les espèces des genres Litoria et Phyllomedusa laissent penser à une origine commune récente alors que les indices immunologiques démontreraient une origine ancienne[5].

La famille indienne et sychelloise des Sooglossidae est considérée comme proche de la famille australienne des Myobatrachidae. Les Sooglossidae sont plus étroitement proches des Myobatrachidae que des familles africaines ou sud-américaines. Ce qui est logique puisque, l'Inde, Madagascar et les Seychelles se sont séparés du Gondwana il y a approximativement 130 Ma.

Les principales masses continentales constituées par l'île Australie et la Nouvelle-Guinée sont restées, sauf exception, séparées par des mers, rendant la migration des espèces impossible. Cependant, au cours de certaines périodes glaciaires, comme il y a 10 000 ans, la circulation de la faune a été possible entre ces masses. Ceci fut aussi possible avec l'Eurasie, par exemple durant la glaciation de Würm. Ainsi, il est probable que Litoria caerulea ait migré d'Australie en Nouvelle-Guinée du fait de sa large distribution géographique en Australie et très sectorisée en Nouvelle-Guinée. Même chose pour les espèces du genre Nyctimystes et pour les familles des Microhylidae et des Ranidae, qui, très présentes dans l'hémisphère nord, n'occupent que l'extrême nord australien. Deux espèces sur cinquante neuf pour des Microhylidae, et seulement une sur sept cent cinquante des Ranidae sont considérées comme indigènes en Australie. Lorsqu'elles ont pu s'établir, la plupart des niches écologiques étaient occupées par des amphibiens locaux.

Populations actuelles[modifier | modifier le code]

Litoria raniformis est considérée comme en danger, sa population ayant diminué de 50 % en 10 ans.

La population des amphibiens a diminué depuis les années 1980. Trois espèces ont disparu. D'autres sont devenues rares, quatre espèces n'ont pas été trouvées depuis 15 ans et sont sûrement éteintes[6]. Les biotopes ont été modifiés, laissant moins de place aux batraciens comme les feux de brousse ou brûlis causés par l'homme sont considérés comme directement responsables de la disparition de Heleioporus australiacus, une grenouille fouisseuse géante[7], urbanisation croissante en est une autre illustration. D'autres causes comme l'apparition de la chytridiomycose, une maladie fongique fatale[8] ne font qu'aggraver le problème. Dans certains cas, toutes les espèces d'un même genre ont décliné comme pour le genre Philoria[9]. Cependant, toutes les causes du déclin ne sont pas connues.

Espèces éteintes[modifier | modifier le code]

Trois espèces sont reconnues éteintes par l'UICN
Nom Dernier
exemplaire vu

1981
1985
1979

Espèces en danger critique[modifier | modifier le code]

14 espèces sont en danger critique d'extinction selon l'UICN
Litoria booroolongensis
Nom Dernier
exemplaire vu

1980
1991
1990
1973, peut-être 1992
1994

Espèces en danger[modifier | modifier le code]

Espèces en danger d'extinction selon l'UICN
Litoria raniformis

Chorologie[modifier | modifier le code]

La répartition des espèces de grenouilles dépend directement du climat, la plus grande biodiversité se situant dans les zones tropicale et tempérée humide du pourtour australien. Les différences de pluviométrie et de température dues à l'altitude sont un autre facteur de spéciation. Le nombre peu important de spécimens et d'espèces en Australie s'explique par les conditions qui y règnent dans la plus grande partie. Ainsi, dans la plaine de Nullarbor, les températures en journée peuvent atteindre 48,5 °C alors que la température peut descendre en dessous de zéro la nuit et de plus, les précipitations sont de moins de 200 mm par an. Peu d'espèces sont donc présentes dans ce secteur.

Litoria australis

Beaucoup d'espèces se sont cependant adaptées à des environnements plus secs, choisissant de s'enterrer pour supporter la sécheresse, comme les espèces du genre Cyclorana. Les conditions de pontes, la durée de développement des œufs et des têtards varient selon l'humidité. Les espèces en zone sèche profitent souvent de mares temporaires pour se reproduire et se développer en moins d'un mois. Les têtards des Arenophryne rotunda sont même capables de se développer complètement dans leurs œufs, enfouis directement dans les dunes de sable. A contrario, des espèces vivant dans des zones très humides comme les espèces du genre Mixophyes mettent plus de 15 mois à se métamorphoser en grenouille.

Systématique[modifier | modifier le code]

Les espèces indigènes d'Australie se regroupent en quatre sous-familles à laquelle il fait ajouter celle du crapaud buffle, d'introduction récente, et qui est devenu invasif. Les espèces de grenouilles de la sous-famille des Hylidae sont les plus nombreuses puisqu'on en dénombre plus de 70. Elles ont des comportements fort différents puisque certaines sont strictement arboricoles et d'autres fouisseuses. La seconde famille en nombre d'espèces est la sous-famille des Myobatrachidae qui compte plus de 100 espèces réparties en 20 genres. Les espèces de cette sous-famille se retrouvent dans toute l'écozone australasienne, mais sont principalement présentes en Australie. Les espèces des sous-familles de Microhylidae et de Ranidae, sont peu nombreuses car arrivées plus tard. Elles regroupent respectivement vingt espèces et une espèce, alors qu'elles sont très présentes dans le reste du monde.

Bufonidae - 1 genre, 1 espèce introduite
Genre Exemple d'espèce Exemple de photo Distribution
Rhinella - 1 espèce
Linnaeus, 1758
Rhinella marina, le crapaud buffle
Hylidae - 1 sous-famille, 3 genres, 78 espèces
Genre Exemple d'espèces Exemple de photo Distribution
Cyclorana13 espèces
Steindachner, 1867
Cyclorana alboguttata
Litoria - 64 espèces
Tschudi, 1838
Litoria caerulea
Nyctimystes - 1 espèce
Stejneger, 1916
Nyctimystes dayi
Microhylidae - 1 sous-famille, 2 genres, 19 espèces
Genre Exemple d'espèces Exemple de photo Distribution
Austrochaperina - 5 espèces
Fry, 1912
Austrochaperina fryi
Cophixalus - 14 espèces
Boettger, 1892
Cophixalus exiguus -
Myobatrachidae - 3 sous-familles, 20 genres, 119 espèces (3 éteintes)
Genre Exemple d'espèces Exemple de photo Distribution
Adelotus - 1 espèce
Ogilby, 1907
Adelotus brevis
Arenophryne - 1 espèce
Tyler, 1976
Arenophryne rotunda -
Assa - 1 espèce
Tyler, 1972
Assa darlingtoni
Crinia - 15 espèces
Tschudi, 1838
Crinia signifera
Geocrinia - 7 espèces
Blake, 1973
Geocrinia laevis -
Heleioporus - 6 espèces
Gray, 1841
Heleioporus australiacus
Lechriodus - 1 espèce
Boulenger, 1882
Lechriodus fletcheri
Limnodynastes - 13 espèces
Fitzinger, 1843
Limnodynastes dumerilii
Metacrinia - 1 espèce
Parker, 1940
Metacrinia nichollsi -
Mixophyes - 5 espèces
Günther, 1864
Mixophyes schevilli
Myobatrachus - 1 espèce
Tyler, 1976
Myobatrachus gouldii -
Neobatrachus - 10 espèces
Peters, 1863
Neobatrachus pictus
Notaden - 4 espèces
Günther, 1873
Notaden bennettii
Paracrinia - 1 espèce
Heyer et Liem, 1976
Paracrinia haswelli
Philoria - 6 espèces
Spencer, 1901
Philoria frosti
Platyplectrum - 2 espèces
Steindachner, 1867
Platyplectrum
Pseudophryne - 13 espèces
Tyler, 1976
Pseudophryne australis
Rheobatrachus - 2 espèces
Liem, 1973
Rheobatrachus silus
Spicospina - 1 espèce
Roberts, Horwitz, Wardell-Johnson, Maxson et Mahony, 1997
Spicospina flammocaerulea -
Taudactylus - 6 espèces
Straughan et Lee, 1966
Taudactylus eungellensis
Uperoleia - 24 espèces
Gray, 1841
Uperoleia rugosa
Ranidae - 1 genre, 1 espèce
Genre Exemple d'espèce Exemple de photo Distribution
Rana - 1 espèces
Linnaeus, 1758
Rana daemeli -

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « WAZA - World Association of Zoos and Aquariums - Projects » (consulté le )
  2. (en) J. Barker, Grigg, G.C. & Tyler, M.J., A Field Guide to Australian Frogs, Surrey Beatty & Sons, (ISBN 0949324612)
  3. (en) « Vieraella hervstii » (consulté le )
  4. (en) « Amphibian Species of the World - Myobatrachidae Schlegel "In" Gray, 1850 » (consulté le )
  5. a et b (en) « Amphibian Species of the World - Phyllomedusinae Günther, 1858 » (consulté le )
  6. (en) « IUCN Red List of Threatened Species: Database Search » (consulté le )
  7. (en) « Giant Burrowing Frog - profile », Department of Environment and Conservation (consulté le )
  8. « Frogs Australia Network - Frog Declines » (consulté le )
  9. (en) « IUCN Red List - Philoria » (consulté le )
  10. a b c d et e (en) « IUCN Red List of Threatened Species: Espèce probablement disparue » (consulté le )

Sources[modifier | modifier le code]

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Amphibians of Australia » (voir la liste des auteurs).
  • Barker, J.; Grigg, G.C.; Tyler, M.J. (1995). A Field Guide to Australian Frogs. Surrey Beatty & Sons.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]