Am stram gram
Am stram gram (ou ams tram gram ou bien amstramgram) sont les premiers mots d'une comptine enfantine :
- Am, stram, gram,
- Pic et pic et colégram,
- Bour et bour et ratatam,
- Am, stram, gram.
Origine
Cette comptine dont les mots n'ont aucun sens (ni aucune graphie exacte) en français, est la déformation phonétique d'une ancienne comptine germanique[1]. Comme de nombreuses comptines, elle commence par l'énumération première « Un, deux, trois », soit « Eins, zwei, drei » en allemand contemporain.
La traduction de la comptine germanique donne à peu près ceci (on remarquera la ressemblance phonétique entre Reiter (cavalier en allemand) et rata dans ratatam)[1] :
- Une, deux, trois,
- Vole, vole, hanneton,
- Cours, cours, cavalier,
- Une, deux, trois.
Une autre interprétation l'apparente à la persistance d'une incantation chamanique d'origine nordique en vigueur dans les veillées funèbres chez les Francs. Elle permettrait la possession de l'officiante par l'esprit loup. Les paroles originales auraient été[2] :
Emstrang Gram
Bigà bigà ic calle Gram
Bure bure ic raede tan
Emstrang Gram
ce qui se traduirait par :
- Toujours fort Grain
- Viens donc viens, j'appelle Grain,
- Surviens car je mande au brin,
- Toujours fort Grain.
- À manger ! (Mos- incantation finale)
Le brin (tan) étant la baguette des sorts, et Grain le « Grain de la Lune », le loup céleste. À rapprocher de Ysengrin, le nom du loup dans le roman de Renart.
Variantes
On peut aussi trouver la comptine sous cette forme :
- Am, stram, gram,
- Pic et pic et colégram,
- Bour et bour et ratatam,
- Am, stram, gram ; pic ! cœur ! dam.
ou encore :
- Am, stram, gram,
- pic et pic et colégram,
- Bour et bour et ratatam,
- Am, stram, gram ; pic ! monsieur ; pic ! madame.
On peut aussi parfois ajouter les paroles suivantes à la fin de la comptine pour changer le processus de sélection et le faire apparaître moins déterminé.
- Mais comme le roi (et la reine)
- ne le veut (veulent) pas,
- ça sera toi !
Interprétations musicales notables
Mylène Farmer a fait une chanson L'Âme-Stram-Gram qui reprend les lignes de cette comptine.
Références
- Georges Ifrah, Histoire universelles des chiffres : l'intelligence des hommes racontée par les nombres et le calcul, vol. 1, Paris, France Loisir, , 1042 p. (ISBN 2-7242-8461-5), p. 518
- Karolina Resztak, « « Am stram gram » ou à la recherche des origines de la poésie », Continents manuscrits, no 5, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Pierre Poly, « Am stram gram… la chevauchée des chamanes », L'Histoire, no 305, , p. 60.