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Cornucopianisme

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Le cornucopianisme (du latin : cornu copiae, « corne d'abondance »[1]) est la croyance en des ressources illimitées et en des innovations permanentes qui permettront de toujours résoudre les problèmes rencontrés par l'humanité — épuisement des ressources (minérales, animales ou végétales), démographie infinie (croissez, multipliez), impacts écologique et climatique du développement humain, etc.

Dans le débat sur le caractère limité des ressources disponibles, le cornucopianisme s'oppose schématiquement au néomalthusianisme. Selon les universitaires Jean-Frédéric Morin, Amandine Orsini et Maya Jegen, « tant l'expression « néomalthusiens » que celle de « cornucopiens » ont un caractère péjoratif et sont principalement utilisées par leurs détracteurs pour mieux les discréditer. La majorité des auteurs néomalthusiens souscrivent plutôt à la représentation systémique et les auteurs cornucopiens à la représentation libérale de la protection de l'environnement (Bernstein, 2001 ; Clapp et Dauvergne, 2008 ; Dryzek, 2005) »[2]. Ils définissent ainsi la thèse des cornucopiens : « Selon eux, l'humanité n'est pas une population déstabilisatrice qu'il faudrait gérer, mais une espèce exceptionnelle, dotée d'une capacité unique d'innovation. Celle-ci serait telle qu'elle permettrait de repousser constamment la capacité porteuse de la Terre et qu'elle infirmerait l'idée néomalthusienne que toutes les ressources sont limitées. Elle serait, pour reprendre les termes de Julian Simon, la « ressource ultime », rendant toutes les autres ressources virtuellement illimitées elles aussi (Simon, 1981) »[2].

Dans Les Marchands de doute (2010), Naomi Oreskes et Erik M. Conway, historiens des sciences américains, soulignent que « les cornucopiens ont une foi aveugle en la technologie, que les faits historiques n'ébranlent pas », et choisissent de désigner cette tendance à travers le terme de « technofidéisme »[3]. La philosophe Anne Frémaux, partisane de la décroissance, décrit les cornucopiens comme des « techno-optimistes » et les assimile à « une école de pensée que John Dryzek (en) qualifie de « prométhéenne » en référence au fameux Titan qui vola le feu à Zeus et qui par là même permit à l’homme de manipuler et de dominer le monde »[4].

Analyse

Pour certains auteurs, en politique et en économie, le libéralisme est consubstantiel au cornucopianisme[3].

Notes et références

  1. Luc Ferry, La Mythologie grecque de A à Z pour les Nuls, EDI8, , 373 p. (ISBN 9782412066119, lire en ligne).
  2. a et b Jean-Frédéric Morin, Amandine Orsini et Maya Jegen, Politique internationale de l'environnement, Presses de Sciences Po, , 296 p. (ISBN 9782724617474, lire en ligne).
  3. a et b Naomi Oreskes et Erik M. Conway, Les Marchands de doute : ou comment une poignée de scientifiques ont masqué la vérité sur des enjeux de société tels que le tabagisme et le réchauffement climatique, Le Pommier, , 528 p. (lire en ligne).
  4. Anne Frémaux, « Pour un bon usage de l’utopie dans l’anthropocène », Revue du MAUSS permanente,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Articles connexes

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