« Annexion de la Crimée par la Russie en 2014 » : différence entre les versions

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== Déroulement ==
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Le {{1er mars}}, Le [[Conseil de la Fédération (Russie)|Conseil de la Fédération]] de Russie autorise le président [[Vladimir Poutine|Poutine]] à faire usage de la force en Ukraine<ref>[http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/03/02/malgre-les-bruits-de-bottes-kiev-tente-la-voie-diplomatique_4376244_3214.html ''Malgré les bruits de bottes, Kiev tente la voie diplomatique''], ''LeMonde.fr'', 2 mars 2014</ref>.


* Le 25 février, [[Arsen Borissovitch Avakov|Arsen Avakov]] dissout les forces anti-émeutes ([[Berkout]]) par décret ministériel<ref>[http://fr.ria.ru/world/20140226/200588703.html RIA Novosti : Les forces Berkout dissoutes par décret ministériel]</ref>. En abrogeant la loi sur les langues régionales, le parlement retire au russe (comme à plusieurs autres langues régionales, comme le [[roumain]]) le statut de langue officielle dans 13 des 27 régions (essentiellement au sud et à l'est du pays)<ref>{{article|url=http://fr.ria.ru/world/20140223/200560426.html|titre=
Nommé le 28 février à la tête de la [[marine ukrainienne]], l'amiral {{Lien|Denis Berezovski|lang=en|trad=Denis Berezovsky}} fait défection et prête serment au gouvernement de Crimée et est poursuivi pour [[haute trahison]] le 2 mars<ref>http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/03/02/defection-du-navire-amiral-de-la-flotte-ukrainienne_4376203_3214.html</ref>.
Ukraine: la Rada abroge la loi sur le statut du russe|date=23 février 2014|périodique=[[RIA Novosti]]}}</ref>. Cela implique, non seulement que tous les documents officiels doivent être rédigés uniquement en ukrainien, mais aussi que les cours dans les écoles ne doivent être dispensés qu'en ukrainien, que tous les noms de ville et autres noms propres doivent suivre l'orthographe et la prononciation ukrainienne, {{ref nec|et que les sous-titrages en russe des films étrangers soient interdits}}, ce qui serait mal vécu par la population russophone d'Ukraine.

* Le 27 février, la Russie engage des manœuvres militaires<ref>[http://www.nbcnews.com/storyline/ukraine-crisis/combat-ready-putin-orders-military-drill-ukraine-simmers-n38946 ''Combat Ready? Putin Orders Military Drill as Ukraine Simmers''], [[NBC|NBC News]].</ref> avec son armée de terre aux zones frontalières avec l'Ukraine, au prétexte de « mettre à l'épreuve sa capacité d'action<ref>[http://hamodia.com/2014/02/27/russian-moves-raise-stakes-ukraine-conflict/ Source].</ref> ». Ces mouvements de troupe couvrent en fait une mobilisation à l'échelon régional issues de la base de Sébastopol, comme les événements du week-end qui suit le révèlent.

* Le 28 février, des hommes en armes dont l'uniforme ne comprend pas de signe permettant leur identification prennent le contrôle de l'aéroport de [[Simféropol]]<ref> Prise de contrôle de l'aéroport de Simféropol, source : [http://en.interfax.com.ua/news/general/193305.html dépêche de l'agence Interfax Ukraine].</ref> ; de plus l'entrée de l'[[:en:Belbek Airport|aéroport civil de Belbek]] est bloquée par 300 combattants cagoulés<ref><u> Source </u> : [[Le Monde]] des 2 et 3 mars 2014, page 3.</ref>. Ces deux aéroports desservent la Crimée ; il s'agit d'un pré-positionnement : un communiqué Reuters le lendemain confirme le bouclage des accès aériens sur la péninsule, de district de Kirovskoïe compris<ref>[http://www.reuters.com/article/2014/03/01/ukraine-crisis-idUSL6N0LY07R20140301 ''Ukraine's Crimea main airport closed''], agence Reuters.</ref>. Le ministre de l'intérieur par intérim, [[Arsen Borissovitch Avakov|Arsen Avakov]], dénonce comme une « invasion » l'occupation de deux aéroports de Crimée par des hommes armés qu'il identifie comme soldats russes, ce que le Kremlin ne précise pas. À la suite de cet événement, le parlement ukrainien fait voter une résolution appelant la [[Russie]], le [[Royaume-Uni]] et les [[États-Unis]] à respecter l'[[1994 par pays en Europe#.C2.A0Ukraine|engagement de 1994, signé à Budapest]] visant à garantir l'indépendance de l'Ukraine en échange de son renoncement aux armes nucléaires<ref>http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/02/28/ukraine-le-ministre-de-l-interieur-ukrainien-accuse-les-forces-russes-d-invasion_4375265_3214.html</ref>.

:Dans l'après-midi [[Viktor Ianoukovytch]] tient une conférence de presse à [[Rostov-sur-le-Don]], au cours de laquelle il affirme qu'il est toujours le président légitime, sa volonté de revenir en Ukraine quand sa sécurité sera assurée, et la nécessité de tenir un référendum<ref>http://lemonde.fr/europe/article/2014/02/28/ukraine-le-president-dechu-ianoukovitch-sort-de-son-silence_4375589_3214.html</ref>.

* Le 1{{er}} mars, le [[Conseil de la Fédération (Russie)|Conseil de la Fédération]] de Russie autorise le président [[Vladimir Poutine|Poutine]] à faire usage de la force en Ukraine<ref>[http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/03/02/malgre-les-bruits-de-bottes-kiev-tente-la-voie-diplomatique_4376244_3214.html ''Malgré les bruits de bottes, Kiev tente la voie diplomatique''], ''LeMonde.fr'', 2 mars 2014</ref>.

: Le premier ministre de [[Crimée]] demande à la Russie d'intervenir militairement<ref>[http://rt.com/news/russia-ukraine-approve-miltary-371/ Russia Today] "Russian senators vote to use stabilizing military forces on Ukrainian territory"</ref>{{,}}<ref>[http://www.liberation.fr/monde/2014/03/01/oui-ce-sont-des-soldats-russes_983852 Libération, 01.03.14 : « Oui, ce sont des soldats russes »]</ref>, au motif que des hommes armés non identifiés auraient attaqué le ministère de l'Intérieur de cette [[république autonome]] au sein de l'Ukraine<ref>[http://rt.com/news/russia-crimea-sieze-gunmen-344/ Russia Today], "Gunmen from Kiev attempted to seize Crimea's Interior Ministry overnight - Russia"</ref>. Faisant suite à la demande du président russe Vladimir Poutine, le [[Conseil de la Fédération (Russie)|Conseil de la Fédération]] approuve le déploiement de forces armées dans cette région autonome<ref>[http://fr.news.yahoo.com/poutine-demande-au-parlement-lenvoi-forces-en-crim%C3%A9e-141838481.html Reuters (Yahoo), 01.03.14 : Le Sénat russe approuve l'envoi de troupes en Crimée]</ref>. La [[Flotte de la mer Noire|base navale stratégique de Sébastopol]] est en effet un élément primordial du système de Défense russe, lui conférant l'accès à la Méditerranée et aux mers chaudes.

[[Image:VOA-Crimea-unmarked-soldiers.jpg|thumb|right|300px|Déploiement à Simféropol le 2 mars. Ces soldats cagoulés qui su prendre le contrôle de la Crimée sans violence sont désignés comme les "hommes polis" par les habitants de la Crimée.<br/> ''Crédit photo : [[Voice of America]]''.]]
: Dans l'Est du pays, notamment à [[Kharkiv]] et [[Donetsk]], ainsi qu'à [[Odessa]], ont lieu des manifestations pro-russes massives, avec des heurts à Kharkiv<ref>[http://fr.news.yahoo.com/manifestations-pro-russes-massives-lest-lukraine-153751292.html Le Monde, 01.03.14 : Des manifestations prorusses massives dans l'est de l'Ukraine]</ref>. L'État russe annonce engager un processus de normalisation, d'abord en Crimée, ce que les observateurs occidentaux interprètent comme une réitération de l'[[Deuxième guerre d'Ossétie du Sud|intervention en Géorgie de 2008]] qui a mené au séparatisme de l'Ossétie du Sud et de l'[[Abkhazie#Reconnaissance du pays|Abkhazie]], à la différence que le conflit en Géorgie a commencé par une agression géorgienne après plus d'une décennie de blocus économique, ce qui n'est pas le cas du gouvernement ukrainien. Plusieurs témoins attestent de la distribution de passeports russes à des habitants d'Ukraine<ref>http://www.europe1.fr/International/Ukraine-la-tension-est-a-son-comble-en-Crimee-1901529/</ref> <ref> Photo : [https://twitter.com/aleksiskander/status/439785790227230720/photo/1 remise de passeports à six membres des Berkout au consulat de Russie de Simféropol].</ref>. La politique de distribution de passeports russes en Crimée rappelle d'ailleurs celle orchestrée en Géorgie, dans les régions d'[[Abkhazie]] et d'[[Ossétie du sud]], peu avant la guerre russo-géorgienne. À cette époque, l'un des principaux arguments invoqués par Poutine lors de son intervention était la protection de ses citoyens<ref>http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/ukraine-une-intervention-de-la-russie-serait-une-folie_1495949.html#form-comment</ref>.

[[Image:Selbstverteidigung.jpg|thumb|right|300px|Le 2 mars à [[Simféropol]], capitale de la Crimée, la population se structure en milice d'auto-défense; sur la photo les boucliers anti-émeutes sont parés des [[Drapeau de la Crimée|couleurs du drapeau de Crimée]].]]

* Le 2 mars, le vice-premier ministre de la république autonome de Crimée, Roustam Temirgaliev, annonce que toutes les forces armées de la péninsule ont soit déposé les armes, soit changé de camp<ref><u>Source</u>[http://rt.com/news/ukraine-military-russia-resign-437/ ''Ukrainian military resigning en masse in Crimea''], rapport du 2 mars 2014.</ref>. Du côté du nouveau gouvernement ukrainien, le président [[Oleksandr Tourtchynov]] a appelé à la mobilisation des réservistes<ref>[http://www.france24.com/fr/20140302-ukraine-mobilisation-armee-reserve-kiev-crimee-russie-poutine/ L'Ukraine rappelle l'ensemble de ses réservistes], [[France 24]], 2 mars.</ref> ; de plus, donnant suite à des rapports de survol de son territoire par des hélicoptères de combat, l'Ukraine ferme son espace aérien à tout aéronef non civil<ref>[http://www.ukrinform.ua/eng/news/ukraine_closes_airspace_for_military_aviation_317953 ''Ukraine closes airspace for military aviation''].</ref>. L'escalade verbale est perceptible par la convocation en urgence des vingt-huit ambassadeurs des pays membres de l'[[OTAN]] un dimanche<ref>[http://www.atlantico.fr/decryptage/ukraine-jusqu-ou-est-pret-aller-vladimir-poutine-997889.html Source : site ''Atlantico.fr''].</ref>.

: Au soir du coup de force, l'amiral Berezovsky, commandant en chef de l'[[Marine ukrainienne|amirauté ukrainienne]] a porté allégeance au camp pro-russe<ref>[http://www.bbc.com/news/world-europe-26410431 ''New head of Ukraine's navy 'defects' in Crimea''], BBC.</ref>Nommé le 28 février à la tête de la [[marine ukrainienne]], l'amiral {{Lien|Denis Berezovski|lang=en|trad=Denis Berezovsky}} fait défection et prête serment au gouvernement de Crimée et est poursuivi pour [[haute trahison]] le 2 mars<ref>http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/03/02/defection-du-navire-amiral-de-la-flotte-ukrainienne_4376203_3214.html</ref>. Mille soldats encerclent les services des douanes et des [[gardes-côtes]] à [[:en:Perevalne|Perevalnoye]], tentant sans succès de désarmer les unités ukrainiennes qui s'y trouvent. Selon les autorités à [[Kiev]] qui organisent la mobilisation générale<ref>[http://www.voanews.com/content/ukraine-calls-up-reservists/1862314.html Synthèse Voice of America] du 2 mars.</ref>, 150 000 soldats russes seraient massés de l'autre côté des frontières de l'Ukraine<ref> [http://uk.reuters.com/article/2014/03/02/ukraine-crisis-idUKL6N0LZ06220140302 Synthèse Reuters sur la crise en Crimée].</ref>. La chancelière allemande [[Angela Merkel]] obtient que Vladimir Poutine participe à des négociations avec un groupe de contact composé de diplomates européens.

* Le 3 mars, 300 manifestants pro-russes ont investi le bâtiment administratif régional de [[Donetsk]]<ref>[ http://www.strategic-culture.org/news/2014/03/03/anti-maidan-protesters-storm-regional-govt-building-in-donetsk.html 2]</ref> ; la contagion à des villes de l'Est en Ukraine des évènements du week-end en Crimée laisse craindre des conséquences de partition. 6000 troupes ont renforcé le contingent russe à Sébastopol<ref>[http://imgace.com/pic/tag/russian-troops-sent-to-russian-base-in-sebastopol/ 1]</ref>, l'effectif de l'engagement russe en Crimée étant estimé à 20 000 ; Washington estime que ''« la Russie a atteint le contrôle opérationnel de la Crimée »''<ref>[http://www.washingtonpost.com/world/national-security/us-calls-on-russia-to-withdraw-forces-from-ukraine/2014/03/01/a83d6088-a1a0-11e3-878c-65222df220eb_story.html 3]</ref>. À Moscou, la bourse a chuté de 10% lundi<ref>[http://www.theguardian.com/world/2014/mar/03/ukraine-crisis-russian-stock-market-falls 4]</ref>, le taux de change du rouble s'est effondré. En Ukraine, les citoyens volontaires en âge d'être incorporés se rejoignent dans les commissariats de district, répondant à l'appel du gouvernement<ref>[http://www.kyivpost.com/multimedia/photo/ukrainian-volunteers-prepare-for-war-as-military-on-high-alert-338111.html 2]</ref>.

:Côté diplomatique, le ministre des affaires étrangères de la fédération de Russie [[Sergueï Lavrov]] a souligné dans une allocution à Genève<ref>[http://www.euronews.com/2014/03/03/lavrov-defends-russia-s-position-on-ukraine/ allocution à Genève de M. Sergueï Lavrov]</ref> que son pays n'avait aucunement porté atteinte à l'[[intégrité territoriale]], mais assuré la sécurité des habitants russophones de Crimée face aux évènements récents à Kiev. Son homologue américain, [[John Kerry]], a décliné toute une série de sanctions possibles dont la plus retentissante mènerait à l'isolation économique de la Russie<ref>[http://abcnews.go.com/blogs/politics/2014/03/john-kerry-all-options-on-the-table-to-hold-russia-accountable-in-ukraine/ John Kerry: ‘All Options on the Table’ to Hold Russia Accountable in Ukraine].</ref>. [[Ioulia Tymochenko]] considère dans un interview que la raison de l'agression russe provient des velléités ukrainiennes à s'intégrer à l'Europe<ref>{{uk}}[http://www.unian.ua/politics/892021-timoshenko-kaje-scho-rosiya-vvela-viyska-v-ukrajinu-cherez-yanukovicha.html имошенко каже, що Росія ввела війська в Україну через Януковича]</ref>. Selon elle, la Russie vise à la capitulation de l'Ukraine<ref>{{uk}}[http://www.unian.ua/politics/892027-rosiya-pragne-povnoji-kapitulyatsiji-ukrajini-timoshenko.html Росія прагне повної капітуляції України – Тимошенко]</ref>.


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==

Version du 3 mars 2014 à 21:58

Soldats non-identifiés à Simferopol, le 2 mars 2014
Plan de la Crimée
Composition ethnique de la population de Crimée par districts et villes (2001) :
1. En rouge : Langue Russe (moy. : 59 %)
2. En jaune : Langue Ukrainienne (moy. : 24 %)
3. En vert : Langue Tatare (moy. : 12 %)
4. En violet : Langues autres (moy. : 5 %).

La Crise de Crimée de 2014 est l'occupation de la Crimée par les forces armées de la Fédération de Russie suivant le mouvement contestataire de 2013-2014 en Ukraine.

Déroulement

  • Le 25 février, Arsen Avakov dissout les forces anti-émeutes (Berkout) par décret ministériel[1]. En abrogeant la loi sur les langues régionales, le parlement retire au russe (comme à plusieurs autres langues régionales, comme le roumain) le statut de langue officielle dans 13 des 27 régions (essentiellement au sud et à l'est du pays)[2]. Cela implique, non seulement que tous les documents officiels doivent être rédigés uniquement en ukrainien, mais aussi que les cours dans les écoles ne doivent être dispensés qu'en ukrainien, que tous les noms de ville et autres noms propres doivent suivre l'orthographe et la prononciation ukrainienne, et que les sous-titrages en russe des films étrangers soient interdits[réf. nécessaire], ce qui serait mal vécu par la population russophone d'Ukraine.
  • Le 27 février, la Russie engage des manœuvres militaires[3] avec son armée de terre aux zones frontalières avec l'Ukraine, au prétexte de « mettre à l'épreuve sa capacité d'action[4] ». Ces mouvements de troupe couvrent en fait une mobilisation à l'échelon régional issues de la base de Sébastopol, comme les événements du week-end qui suit le révèlent.
  • Le 28 février, des hommes en armes dont l'uniforme ne comprend pas de signe permettant leur identification prennent le contrôle de l'aéroport de Simféropol[5] ; de plus l'entrée de l'aéroport civil de Belbek est bloquée par 300 combattants cagoulés[6]. Ces deux aéroports desservent la Crimée ; il s'agit d'un pré-positionnement : un communiqué Reuters le lendemain confirme le bouclage des accès aériens sur la péninsule, de district de Kirovskoïe compris[7]. Le ministre de l'intérieur par intérim, Arsen Avakov, dénonce comme une « invasion » l'occupation de deux aéroports de Crimée par des hommes armés qu'il identifie comme soldats russes, ce que le Kremlin ne précise pas. À la suite de cet événement, le parlement ukrainien fait voter une résolution appelant la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis à respecter l'engagement de 1994, signé à Budapest visant à garantir l'indépendance de l'Ukraine en échange de son renoncement aux armes nucléaires[8].
Dans l'après-midi Viktor Ianoukovytch tient une conférence de presse à Rostov-sur-le-Don, au cours de laquelle il affirme qu'il est toujours le président légitime, sa volonté de revenir en Ukraine quand sa sécurité sera assurée, et la nécessité de tenir un référendum[9].
Le premier ministre de Crimée demande à la Russie d'intervenir militairement[11],[12], au motif que des hommes armés non identifiés auraient attaqué le ministère de l'Intérieur de cette république autonome au sein de l'Ukraine[13]. Faisant suite à la demande du président russe Vladimir Poutine, le Conseil de la Fédération approuve le déploiement de forces armées dans cette région autonome[14]. La base navale stratégique de Sébastopol est en effet un élément primordial du système de Défense russe, lui conférant l'accès à la Méditerranée et aux mers chaudes.
Déploiement à Simféropol le 2 mars. Ces soldats cagoulés qui su prendre le contrôle de la Crimée sans violence sont désignés comme les "hommes polis" par les habitants de la Crimée.
Crédit photo : Voice of America.
Dans l'Est du pays, notamment à Kharkiv et Donetsk, ainsi qu'à Odessa, ont lieu des manifestations pro-russes massives, avec des heurts à Kharkiv[15]. L'État russe annonce engager un processus de normalisation, d'abord en Crimée, ce que les observateurs occidentaux interprètent comme une réitération de l'intervention en Géorgie de 2008 qui a mené au séparatisme de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, à la différence que le conflit en Géorgie a commencé par une agression géorgienne après plus d'une décennie de blocus économique, ce qui n'est pas le cas du gouvernement ukrainien. Plusieurs témoins attestent de la distribution de passeports russes à des habitants d'Ukraine[16] [17]. La politique de distribution de passeports russes en Crimée rappelle d'ailleurs celle orchestrée en Géorgie, dans les régions d'Abkhazie et d'Ossétie du sud, peu avant la guerre russo-géorgienne. À cette époque, l'un des principaux arguments invoqués par Poutine lors de son intervention était la protection de ses citoyens[18].
Fichier:Selbstverteidigung.jpg
Le 2 mars à Simféropol, capitale de la Crimée, la population se structure en milice d'auto-défense; sur la photo les boucliers anti-émeutes sont parés des couleurs du drapeau de Crimée.
  • Le 2 mars, le vice-premier ministre de la république autonome de Crimée, Roustam Temirgaliev, annonce que toutes les forces armées de la péninsule ont soit déposé les armes, soit changé de camp[19]. Du côté du nouveau gouvernement ukrainien, le président Oleksandr Tourtchynov a appelé à la mobilisation des réservistes[20] ; de plus, donnant suite à des rapports de survol de son territoire par des hélicoptères de combat, l'Ukraine ferme son espace aérien à tout aéronef non civil[21]. L'escalade verbale est perceptible par la convocation en urgence des vingt-huit ambassadeurs des pays membres de l'OTAN un dimanche[22].
Au soir du coup de force, l'amiral Berezovsky, commandant en chef de l'amirauté ukrainienne a porté allégeance au camp pro-russe[23]Nommé le 28 février à la tête de la marine ukrainienne, l'amiral Denis Berezovski fait défection et prête serment au gouvernement de Crimée et est poursuivi pour haute trahison le 2 mars[24]. Mille soldats encerclent les services des douanes et des gardes-côtes à Perevalnoye, tentant sans succès de désarmer les unités ukrainiennes qui s'y trouvent. Selon les autorités à Kiev qui organisent la mobilisation générale[25], 150 000 soldats russes seraient massés de l'autre côté des frontières de l'Ukraine[26]. La chancelière allemande Angela Merkel obtient que Vladimir Poutine participe à des négociations avec un groupe de contact composé de diplomates européens.
  • Le 3 mars, 300 manifestants pro-russes ont investi le bâtiment administratif régional de Donetsk[27] ; la contagion à des villes de l'Est en Ukraine des évènements du week-end en Crimée laisse craindre des conséquences de partition. 6000 troupes ont renforcé le contingent russe à Sébastopol[28], l'effectif de l'engagement russe en Crimée étant estimé à 20 000 ; Washington estime que « la Russie a atteint le contrôle opérationnel de la Crimée »[29]. À Moscou, la bourse a chuté de 10% lundi[30], le taux de change du rouble s'est effondré. En Ukraine, les citoyens volontaires en âge d'être incorporés se rejoignent dans les commissariats de district, répondant à l'appel du gouvernement[31].
Côté diplomatique, le ministre des affaires étrangères de la fédération de Russie Sergueï Lavrov a souligné dans une allocution à Genève[32] que son pays n'avait aucunement porté atteinte à l'intégrité territoriale, mais assuré la sécurité des habitants russophones de Crimée face aux évènements récents à Kiev. Son homologue américain, John Kerry, a décliné toute une série de sanctions possibles dont la plus retentissante mènerait à l'isolation économique de la Russie[33]. Ioulia Tymochenko considère dans un interview que la raison de l'agression russe provient des velléités ukrainiennes à s'intégrer à l'Europe[34]. Selon elle, la Russie vise à la capitulation de l'Ukraine[35].

Voir aussi

Notes et références

  1. RIA Novosti : Les forces Berkout dissoutes par décret ministériel
  2. « Ukraine: la Rada abroge la loi sur le statut du russe », RIA Novosti,‎ (lire en ligne)
  3. Combat Ready? Putin Orders Military Drill as Ukraine Simmers, NBC News.
  4. Source.
  5. Prise de contrôle de l'aéroport de Simféropol, source : dépêche de l'agence Interfax Ukraine.
  6. Source  : Le Monde des 2 et 3 mars 2014, page 3.
  7. Ukraine's Crimea main airport closed, agence Reuters.
  8. http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/02/28/ukraine-le-ministre-de-l-interieur-ukrainien-accuse-les-forces-russes-d-invasion_4375265_3214.html
  9. http://lemonde.fr/europe/article/2014/02/28/ukraine-le-president-dechu-ianoukovitch-sort-de-son-silence_4375589_3214.html
  10. Malgré les bruits de bottes, Kiev tente la voie diplomatique, LeMonde.fr, 2 mars 2014
  11. Russia Today "Russian senators vote to use stabilizing military forces on Ukrainian territory"
  12. Libération, 01.03.14 : « Oui, ce sont des soldats russes »
  13. Russia Today, "Gunmen from Kiev attempted to seize Crimea's Interior Ministry overnight - Russia"
  14. Reuters (Yahoo), 01.03.14 : Le Sénat russe approuve l'envoi de troupes en Crimée
  15. Le Monde, 01.03.14 : Des manifestations prorusses massives dans l'est de l'Ukraine
  16. http://www.europe1.fr/International/Ukraine-la-tension-est-a-son-comble-en-Crimee-1901529/
  17. Photo : remise de passeports à six membres des Berkout au consulat de Russie de Simféropol.
  18. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/ukraine-une-intervention-de-la-russie-serait-une-folie_1495949.html#form-comment
  19. SourceUkrainian military resigning en masse in Crimea, rapport du 2 mars 2014.
  20. L'Ukraine rappelle l'ensemble de ses réservistes, France 24, 2 mars.
  21. Ukraine closes airspace for military aviation.
  22. Source : site Atlantico.fr.
  23. New head of Ukraine's navy 'defects' in Crimea, BBC.
  24. http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/03/02/defection-du-navire-amiral-de-la-flotte-ukrainienne_4376203_3214.html
  25. Synthèse Voice of America du 2 mars.
  26. Synthèse Reuters sur la crise en Crimée.
  27. [ http://www.strategic-culture.org/news/2014/03/03/anti-maidan-protesters-storm-regional-govt-building-in-donetsk.html 2]
  28. 1
  29. 3
  30. 4
  31. 2
  32. allocution à Genève de M. Sergueï Lavrov
  33. John Kerry: ‘All Options on the Table’ to Hold Russia Accountable in Ukraine.
  34. (uk)имошенко каже, що Росія ввела війська в Україну через Януковича
  35. (uk)Росія прагне повної капітуляції України – Тимошенко

Liens internes