Utilisateur:Hamza.Tabaichount/Brouillon/Roger Provost

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Roger Provost, né à Montréal en 1911 et mort le 20 octobre 1964 dans la même ville, est un journaliste, agent d'assurance et syndicaliste québécois. Il est le premier président de l'histoire de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), poste qu'il occupe de 1957 jusqu'à sa mort en 1964.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jean Marchand et Gérard Picard (CTCC) en discussion avec Roger Provost (FTQ)
Jean Marchand et Gérard Picard (CTCC) en discussion avec Roger Provost (FTQ)

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Roger Provost est né à Montréal en 1911.Son père, Euclide Provost, est syndicaliste. Il occupe notamment le poste de secrétaire du Conseil des métiers et du travail de Montréal (CMTM) en plus d'être le fondateur ainsi que le premier secrétaire du Cercle Léon XIII (aux origines des syndicats catholiques)[1]. Roger Provost fait ses études au Collège de Saint-Jean avant d'obtenir un baccalauréat ès-art de l'université de Montréal en 1930[1].

Débuts professionnels et syndicaux[modifier | modifier le code]

Provost occupe plusieurs emplois avant de devenir président de la FTQ. Journaliste, inspecteur d'assurances ou encore employé de banque, il se démarque notamment lorsqu'il tente de syndiquer la Banque canadienne Nationale en 1942[2]. En 1947, il devient représentant de l'Union des chapeliers puis, un an plus tard, il est élu secrétaire du CMCT[2].

Poursuivant son ascension, Roger Provost est élu à la tête de la Fédération provinciale du travail du Québec (FPTQ) en 1950[3]. Alors que l'anticommunisme gagne une partie du monde syndical, il sera également nommé directeur québécois des Ouvriers unis du textile d'Amérique (OUTA) après que Kent Rowley, directeur à l'époque, se soit fait évincer pour « activités communistes »[3].

Président de la FTQ (1957-1964)[modifier | modifier le code]

Suite à la fusion de la Fédération provinciale du travail du Québec (FPTQ) et de la Fédération des unions industrielles du Québec (FUIQ), la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) naît à Québec le 16 février 1957[4]. La même journée, Roger Provost devient le premier président de l'organisation. Il organisera la grève des mineurs de Murdochville en 1957 et mènera en 1964 une lutte pour les droits syndicaux dans les secteurs publics et parapublics[2].

Mort[modifier | modifier le code]

Roger Provost décède le 20 octobre 1964, à l'âge de 53 ans, des suites d'une brève maladie[1].

Un rapport ambigu avec le Québec[modifier | modifier le code]

L'idéal des origines[modifier | modifier le code]

Pour Gabrielle Roy, le Québec ne fut jamais bien loin. Ce fut d'abord la terre des ancêtres. Une contrée mythifiée par les récits de ses parents, empreints de rêves et de nostalgie[5]. Sa mère, Mélina Roy, ne cesse de se remémorer les collines des Laurentides et la longue traversée des Prairies canadiennes en chariot[5]. Ces souvenirs ressassés s'ancreront durablement dans l'imaginaire de Gabrielle Roy, pour qui le Québec sera toujours synonyme de pays des origines[5]. Pour Ismène Toussaint, spécialiste de la littérature de l'Ouest du Canada, les Franco-Manitobains de Saint-Boniface, fidèles à leurs traditions et au catholicisme, vivent dans « une sorte de Québec recréé à l'échelle du Manitoba »[5]:

« Le regret du Québec se traduit, chez ces exilés, par un véritable culte voué à la mère patrie. Le temps, l'éloignement et l'imagination aidant, cette dernière se transforme pour eux en une sorte de paradis perdu, d'Eldorado disparu, de pays du bonheur inaccessible. Dans les romans de Gabrielle Roy, nombreux sont les pionniers à s'éteindre dans le chagrin de n'avoir jamais revu leur terre originelle. Il n'est donc pas surprenant que dans un tel contexte, la future romancière considère, elle aussi, le Québec comme son pays; non seulement elle le désignera souvent dans son oeuvre par les termes «maison», « foyer », « nid », mais elle confiera qu'il lui a toujours inspiré « un sentiment de sécurité totale ». À travers l'immense admiration qu'elle voue à ses grands-parents Landry, ces éternels « chercheurs d'horizon » - tels qu'elle les qualifie -, le Québec prend dans son esprit une dimension quasi mythique. »

Gabrielle Roy grandit en cultivant le fantasme d'un retour au Québec. Elle finira par le matérialiser après son voyage en Europe, en 1939, lorsqu'elle se lance avec enthousiasme à la conquête de Montréal et du monde littéraire. La bouillonnante métropole sera à la fois synonyme de cheminement identitaire et de découverte, alors que la jeune journaliste se mêle aux artistes d'avant-garde, à l'intelligentsia libérale ou encore aux militants socialistes[6]. C'est toutefois auprès des masses populaires, à qui elle consacre une bonne partie de ses reportages, qu'elle se sent le mieux[6]. Bouleversée par le joual et la culture du terroir, elle apprécie l'authenticité et la simplicité des hommes et des femmes ordinaires, dont elle part à la rencontre des côtes du Saint-Laurent jusqu'au fin fond de la péninsule Gaspésienne[6].

Gabrielle Roy n'est toutefois pas née Québécoise: elle l'est devenue. C'est à travers l'écriture qu'elle s'ancre véritablement au Québec. Son peuple, à qui elle se mêle en tant que journaliste, fera d'elle l'« enfant chérie » du Québec après le succès retentissant de Bonheur d'occasion[7]. Ismène Toussaint affirme que ce roman phare de la littérature canadienne consacre Gabrielle Roy en tant que « Québécoise » et « révèlera à ses lecteurs leur dignité, leur nationalité, leur âme »[7].

Nostalgie, amertume et déception[modifier | modifier le code]

La lune de miel suivant la publication de Bonheur d'occasion ne suffirait toutefois pas à résumer les rapports qu'entretenait Gabrielle Roy avec le Québec. En effet, bien qu'elle ait considéré ce pays comme le sien depuis sa tendre enfance, il provoque en elle des sentiments contradictoires. D'une part, elle réalise assez rapidement que ses proches sont en quelque sorte des apatrides ayant été forcés de quitter la terre de leurs ancêtres pour fuir la misère[8]. Cette réalisation la confronte à une crise identitaire qui l'habitera jusqu'à la fin de sa vie: elle est condamnée au statut d'étrangère partout où elle va. C'est d'ailleurs ce qu'elle constate lorsqu'elle voyage pour la première fois dans l'Est, au début de sa vingtaine. Les cousins de sa mère manifestent alors à son égard une curiosité condescendante, la percevant comme une « petite Franco-Manitobaine qui parle encore le français »[9].

Pour Ismène Toussaint, il n'est pas sûr que Gabrielle Roy soit venue s'établir au Québec animée d'une « solidarité avec son peuple enfin retrouvé ». S'appuyant sur La détresse et l'enchantement, l'autobiographie de Roy, elle suggère même que l'écrivaine « gardera toujours secrètement rancune à la « province mère » et à ses enfants de leur accueil mitigé[10] ». Bien qu'elle fut à l'origine du premier romain urbain de la littérature québécoise, Toussaint rappelle que Gabrielle Roy a aussi beaucoup de difficulté à apprivoiser les villes du Québec[10]:

« Tout comme ses personnages, la pionnière du roman urbain appartient à cette génération située à la croisée du monde rural et du monde industriel qui supporte très mal l'arrachement du terroir. Dans ses lettres à sa sœur Bernadette, elle utilise des adjectifs disproportionnés pour dépeindre Montréal: « frénétique, surpeuplée, énorme, trépidante, hystérique ». Son roman Bonheur d'occasion est particulièrement révélateur de l'étouffement qu'elle éprouve dans cette ville. Plus encore, dans Alexandre Chenevert, Montréal paraît à la fois comme le meurtrier et la prison du personnage principal. Quant à Québec, cette vieille capitale lui fait l'effet d'une « véritable forteresse », d'un « cachot  », comme elle s'en plaint à ses visiteurs. »

En fait, Ismène Toussaint estime que Gabrielle Roy est une éternelle nostalgique du Manitoba, à la fois rongée par un « mal du pays » et le regret d'avoir abandonné sa mère et le reste de sa famille. Le Québec aurait pour elle l'effet d'un miroir la renvoyant constamment à sa terre natale[11]:

« Si Gabrielle a découvert ici ses racines québécoises, elle y a surtout brutalement redécouvert ses racines manitobaines [...] Le Québec, même s'il a adopté Gabrielle Roy, ne cesse de la renvoyer à sa condition d' « étrangère », d'exilée, de « survenante », si j'ose dire - ce qui provoque en elle de grands bouleversements. Dans le quartier marginal de Saint-Henri, ce sont, toutes proportions gardées, Saint-Boniface, sa famille et ses compatriotes qu'elle retrouve; dans les Laurentides, le passé de ses aïeux; chez ses hôtes, le foyer de la rue Deschambault; et dans la nature québécoise, certains paysages manitobains. »

Toussaint considère que Gabrielle Roy a développé un mécanisme de défense pour contrer ses questionnements identitaires: la fuite. Physiquement, d'abord, puisque la romancière est incapable de demeurer au même endroit et prétexte une « extrême fatigue » pour se soustraire à ses obligations[12]. Figurativement, ensuite, lorsqu'elle crée de « petits Québec » idéalisés dans chacune de ses œuvres[13]:

« [...] un Québec miroir d'elle-même (Bonheur d'occasion est autant un portrait qu'un reportage réaliste); un Québec de l'âge d'or, incarné par l'Ungava de La rivière sans repos ou un Québec du XIXe siècle, inspiré par l'histoire de ses ancêtres; un Québec paradis, dans Alexandre Chenevert et Cet été qui chantait, où les êtres humains, la nature et les animaux parlent un langage universel. En somme, un Québec irréel qui ne peut ni la décevoir ni lui faire de mal; un Québec de papier qui se confond totalement avec son œuvre; peut-être ce Québec idéal qui, bien des années auparavant, « appelait » la petite Gabrielle, depuis la lucarne de son grenier, rue Deschambault. »

Gabrielle Roy et le nationalisme Québécois[modifier | modifier le code]

Sur le plan idéologique, bien que sensible à la destinée de l'Amérique française et profondément attachée à sa culture francophone, Gabrielle Roy voit d'un très mauvais œil la montée du nationalisme québécois au courant des années 1960. Sympathique aux réformes de la Révolution tranquille en matière de modernisation de l'État ou encore d'affirmation des droits de la femme, elle assimile le nationalisme à un courant rétrograde synonyme de repli sur soi et de haine[14]. Dans sa correspondance se confondent les termes nationalisme, indépendantisme, anarchisme et felquisme[15]. Roy assimile souvent l'opposition au Canada à une forme de fanatisme et même de racisme[15]. Elle s'oppose farouchement à René Lévesque et à son projet de souveraineté-association[16].

Publiquement, elle reste toutefois discrète à ce sujet, invoquant la « liberté » que l'écrivain se doit de maintenir face aux « idéologies éphémères »[17]. Sa seule sortie publique ouvertement partisane fait suite au fameux « Vive le Québec libre ! » du général de Gaulle, à l'été 1967. Dans une lettre envoyée au Soleil et au Devoir, peut-être animée d'une peur d'être rejetée par sa province d'adoption, avance François Ricard, l'écrivaine Franco-Manitobaine livre un plaidoyer sans équivoque en faveur du Canada:

« Je proteste contre la leçon que le Général de Gaulle prétend donner à notre pays. Je ne peux y voir que mépris pour les nobles efforts entrepris au Canada en vue du véritable progrès qui ne réside nulle part s'il ne réside d'abord dans une volonté d'entente et de respect mutuel. [...]

Comme écrivain canadien-français je n'ai jamais eu à souffrir de manque de liberté, quand j'ai voulu la prendre, ni au Québec ni ailleurs au Canada. Le fait que née au Manitoba et ayant passé là mes premières années j'y ai appris le français assez pour être plus tard reconnue comme écrivain de langue française même en France le prouve suffisamment, à ce qu'il me semble. [...]

De tout mon espoir en l'avenir humain, de toutes mes forces, j'engage mes compatriotes qui se considèrent non pas comme des Français du Canada mais des Canadiens français, à manifester en faveur de la vraie liberté au Québec.

Car elle risque fort de nous être ôtée si nous la laissons petit à petit, par inertie, aux mains des extrémistes ou des chimériques attardés en des rêves nostalgiques du passé plutôt que les yeux ouverts sur les réalités de notre condition humaine sur ce continent. La grandeur consiste non pas à défaire mais à parfaire nos liens. »

Pour Toussaint, qui s'appuie sur les travaux de l'écrivain Paul-Émile Roy, cette attitude à l'égard du nationalisme québécois peut s'expliquer par un complexe d'infériorité vis-à-vis des Anglo-Saxons qu'elle aurait développé dans le contexte minoritaire des Franco-Manitobains (sans pour autant renier ses origines)[18]. Toussaint y perçoit également une « lassitude à l'égard des revendications nationalistes » exacerbée par le « tempérament utopiste » de Gabrielle Roy, qui aura rêvé toute sa vie à une communauté des Hommes « plus harmonieuse et plus fraternelle », sans doute nostalgique des communautés agricoles que son père aidait à implanter dans l'Ouest[19].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « M. Roger Provost est décédé hier », Le Devoir,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  2. a b et c « Les dirigeants », sur Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) (consulté le )
  3. a et b Jacques Rouillard, Le syndicalisme québécois: deux siècles d'histoire, Montréal, Boréal, , p. 103
  4. Jacques Rouillard, Le syndicalisme québécois: deux siècles d'histoire, Montréal, Boréal, , p. 106
  5. a b c et d Ismène Toussaint, Gabrielle Roy et le nationalisme québécois, Lanctôt éditeur, (ISBN 2-89485-346-7 et 978-2-89485-346-7, OCLC 180689197, lire en ligne), p. 33
  6. a b et c Ismène Toussaint, p. 36.
  7. a et b Ismène Toussaint, p. 37.
  8. Ismène Toussaint, p. 38.
  9. Ismène Toussaint, p. 39.
  10. a et b Ismène Toussaint, p. 40.
  11. Ismène Toussaint, p. 41.
  12. Ismène Toussaint, p. 43.
  13. Ismène Toussaint, p. 45.
  14. François Ricard, p. 432.
  15. a et b Ismène Toussaint, p. 54.
  16. Ismène Toussaint, p. 59.
  17. Ismène Toussaint, p. 57.
  18. Ismène Toussaint, p. 62.
  19. Ismène Toussaint, p. 68.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jacques Rouillard, Le Syndicalisme québécois: deux siècles d'histoire, Montréal, Éditions du Boréal, , 335 p. (ISBN 276460307[à vérifier : ISBN invalide])

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]